Pleurer-rire

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Cour permanente des miracles, pays béni des dieux, d’aucuns ajouteraient pince-sans-rire, sous la protection de la vierge Marie, le Cameroun comme il va depuis un demi-siècle ne cesse de surprendre.

Désigné pour abriter les coupes d'Afrique des nations (CAN) 2016, 2019 après avoir longtemps été moqué et ridiculisé par les pays moins avancés, le Cameroun n’a décidément pas appris de ses échecs antérieurs des organisations d’événement. À l’origine était la huitième coupe africaine des nations avec son florilège de scandales. Qui ne se souvient, comble de l’ironie, du comice agropastoral, reporté mais pourtant à maintes reprises annoncé en début d’année par la bouche la plus autorisée du pays ? Alors que le sport et principalement le football, arbre qui a longtemps caché la forêt des bricolages en tout genre, voici que le mensonge des grandes réalisations, est en passe de montrer à la face du monde et en grandeur nature ce qui arrive, quand naviguer à vue est érigé en mode de gouvernement, dans un pays où la moindre remise en question, même en dépit du bon sens,

est considérée comme une atteinte à l’image de l’État-président, selon la belle formule de Tessy Bakary. Quel est donc ce pays où questionner la gestion publique des dirigeants, fait passer le citoyen ordinaire pour un « opposant » ? À six mois de la CAN féminine, alors que les marchés de construction des infrastructures et d’achat de véhicules pour superviser les travaux des chantiers des différents stades devant abriter lesdites compétitions semblent prioritaires, rien ne rassure ! Pas même l’homologation des nouveaux stades de Limbe et de Bafoussam, claironnée en même temps que l’effondrement d’une aile de la tribune présidentielle du stade Ahmadou Ahidjo, ce 12 mai 2016, et passé sous silence, et qualifié d’éboulement de la construction d’un tunnel à cause de la pluie de la veille, comme de bien entendu !

Jusqu’ à quand va-t-on continuer à naviguer à vue, là où la logique la plus élémentaire commande sans concession, anticipation, et sérieux dans la préparation ? Au lieu de quoi, des prestidigitations d’un ministre rappelé aux affaires du football après avoir, excusez du peu, fait éliminer le Cameroun à Japon-Corée 2002 qui fit dire au président de la République qu’il était en campagne alors que le peuple attendait qu’on lui explique pourquoi les itinéraires le notre équipe fanion fut retenue et qui leur a fait côtoyer les Kosovars dans le ciel russe avec en bout des courses une élimination prématurée qui n’émeut et ne dérange même plus. Ce n’est pas les cris d’orfraie des autorités qui parlent de patriotisme à des constructeurs étrangers qui y changeront grand-chose. Ce n’est pas non plus la gestion à la petite semaine.

Francis Mbagna