Cameroun: Une guerre justifiée contre Boko Haram, ses parrains et relais

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altCameroun : la guerre contre Boko et ses répercussions
Lors de la conférence de presse donnée, par les chefs d’Etat représentés au Sommet de Paris sur Boko Haram, le Président Camerounais, Paul Biya, a surpris autant son auditoire que ses pairs en annonçant qu’ils étaient là pour déclarer la guerre à Boko Haram.
Lui à qui on ne connaissait pas des accents guerriers, a-t-il eu un coup de sang ou de tête ce jour-là? Sa phrase avait-elle dépassé sa pensée ce 17 Mai 2014. D’aucuns l’ont pensé arguant même qu’il avait commis une bévue en faisant une telle déclaration. Certains de ses contempteurs iront même loin en répétant que le Cameroun n’avait pas les moyens d’une telle politique,

oubliant que depuis de nombreux mois, notre pays était l’objet tantôt de railleries tantôt de critiques acerbes quant à son attitude face à cette nébuleuse.
Que n’a-t-on pas lu ou entendu, sans une esquisse de début de commencement de preuves, que le Cameroun était devenu une base arrière de cette secte obscurantiste, contribuait, par son supposé laxisme, à la déstabilisation de son voisin, pays frère, le Nigéria.
Relayant un argumentaire sans fondement, ils n’avaient pas compris qu’en de telles circonstances, le poids des et le choc des photos revêtaient  une importance capitale.
Comment pouvait-on confondre une base arrière qui requiert camps, dépôts d’armes, munitions, carburants, vivres, moyens de locomotion, toutes choses qui ne sauraient passer inaperçues, et base de repli ou de refuge ?
Comment ne pas comprendre, qu’avec la porosité de nos frontières, les éléments de Boko Haram en difficulté, ne veuillent pas se réfugier en terre camerounaise, contre notre volonté ?
Aujourd’hui, ce sont les soldats nigérians qui usent  de cette libéralité. Doit-on aussi dire qu’elle dispose au Cameroun d’une base arrière ? Bien évidemment non.
Que serait-il arrivé si le Cameroun avait accédé à la requête nigériane d’un droit de poursuite pour son armée, ayant abandonné le terrain aux « islamistes » de Boko Haram, sur notre sol ? A coup sûr, une conflagration et une extension de cette guerre asymétrique. In fine une déstabilisation encore plus grande de notre pays et de la sous-région du Lac Tchad.
Mais à l’évidence, très peu de gens avaient noté que cette déclaration de guerre n’était qu’une réponse apportée à l’évolution de la situation sécuritaire devenue préoccupante à la frontière avec le Nigeria et aux multiples critiques dont notre pays était l’objet.
La visite éclair du Président Idriss Déby à Yaoundé, dans la foulée du Sommet de Paris, témoigna de la volonté du Cameroun, de croiser le fer avec Boko Haram dont l’action pouvait contribuer à déstabiliser notre pays, à travers une dégradation des relations avec son voisin marquée par l’incapacité de ce dernier à juguler le phénomène Boko Haram.
L’impressionnant  déploiement  militaire qui s’ensuivit conforta la thèse d’une action préparée de longue date et non d’une phrase qui aurait échappé au Président de la République.
Pendant que certains sceptiques glosaient, ergotaient, péroraient sur l’improvisation, les destinataires du message présidentiel de Paris, les premiers concernés, Boko Haram, accusèrent réception de celui-ci tout en mesurant cinq sur cinq l’impact et la nouvelle donne sur le terrain.
Marge de manœuvre désormais réduite en cas de refuge des combattants sur notre territoire, après affrontement avec les soldats nigérians, difficulté de transit sur notre sol, d’armes provenant du Soudan, Libye, via le Tchad.
La réponse ne se fit pas attendre. On note depuis lors, de nombreuses attaques meurtrières contre le Cameroun et incursions sur notre territoire.
L’interview d’avant séjour aux USA du Président de la République qui a suscité moult interprétations « Le Boko Haram ne dépassera pas le Cameroun » confirme que notre pays est résolument engagé dans une bataille pour éradiquer chez nous les métastases (version originelle ou locale) de Boko Haram dont la tumeur se trouve dans l’Etat du Borno au Nigeria.

Les conséquences multiformes de cette guerre
Une économie locale en panne et obligée de s’adapter à la situation de guerre qui prévaut dans la région. L’insécurité tout en réduisant l’activité économique a amené les autorités à prendre des mesures draconiennes qui, par ricochet, a plongé encore davantage l’économie de la région dans une stagnation.
Le couvre-feu à partir de 18H jusqu’à 6H du matin, la restriction de la circulation des motos-taxis et la fermeture des frontières ont plombé le secteur informel, soupape de sécurité sociale dans une région qui souffre d’une carence d’infrastructures, d’une absence d’emplois pour les jeunes.
Même le trafic du Zoua zoua a pris du plomb dans l’aile. Autrefois vendu à 450 FCFA le litre, il est subitement passé à 650 FCFA.  Les quantités disponibles ont chuté.
Il en est de même pour les autres importations de produits notamment manufacturés. Nos concessionnaires de véhicules risquent, en ce moment, la rupture de stocks de pièces détachées.
Le coton, principale richesse de la région et dont une partie de la production était exportée, certes frauduleusement vers le voisin,  subit les contrecoups de cette guerre.
Le riz paddy de la SEMRY, les productions d’oignons  sans oublier la production animale ne s’écoulent plus en direction de notre voisin.
Les échanges Nigeria-Cameroun-Tchad s’en trouvent également réduits avec comme conséquence première un manque à gagner pour nos douanes et donc pour notre budget. Lorsqu’on se rappelle que cette région battit, l’année dernière l’un des records nationaux de perception de recettes douanières, l’on imagine le trou dans les caisses pour cette année.
Selon l’APA, l’agence panafricaine de presse « Les échanges économiques et commerciaux entre le Cameroun et le Nigeria qui culminent à 382 milliards de francs CFA par an pourraient chuter cette année, à cause de l’insécurité entretenue par la secte islamiste nigériane Boko Haram, et la fermeture des frontières par le Cameroun à cause de l’épidémie Ebola qui sévit au Nigeria, voisin, a-t-on appris de source officielle.
D’après, le ministère camerounais du Commerce, cette situation pourrait déboucher sur la réactivation de la contrebande, tant il est vrai qu’il est difficile de sécuriser une longue frontière de plus de 1500 Km que partagent les deux pays. Le 18 août 2014, afin de se prémunir contre l’épidémie de l’Ebola, qui sévit en Afrique de l’Ouest et dont des cas ont été signalés au Nigéria, les autorités camerounaises ont décidé de fermer les frontières avec la première économie du continent africain. Avec un marché d’environ 170 millions de consommateurs, le Nigéria est le premier fournisseur du Cameroun avec près de 22 pour cent des importations. »
Les différents enlèvements d’étrangers dans la région, notamment d’ouvriers chinois dans le parc de Waza, symbole touristique du Septentrion, ont créé une saignée dans le secteur. Source de rentrée, les hôteliers du Septentrion affichent des taux de remplissage pratiquement nuls depuis les recommandations des pays occidentaux à leurs ressortissants de ne plus s’y rendre.

Un risque épidémique et une crise alimentaire accrue
L’afflux de nombreux réfugiés nigérians combiné aux risques d’inondations pose de sérieux problèmes aux autorités sanitaires de notre pays. Déjà, en temps normal, elles ont du mal à faire face à l’épidémie de Choléra qui y sévit, de manière récurrente, en raison d’une absence d’infrastructures de santé, de personnels médicaux, d’une pénurie d’eau potable, l’arrivée de populations étrangères, même encadrées dans des centres d’accueil, n’ont fait qu’aggraver les risques épidémiques.
Ebola qui se propage  en Afrique de l’Ouest avec quelques cas déjà détectés au Nigeria, constitue une menace supplémentaire pour notre pays. Les flux migratoires en raison de l’insécurité à nos frontières n’arrangent pas les choses.
Par ailleurs, cette région souffre d’un déficit alimentaire chronique qu’essaie de résorber les  autorités aidées par des organisations non gouvernementales comme le P.A.M (Programme Alimentaire Mondial). L’accroissement  de la population de réfugiés d’une part et avec la pluviométrie de cette partie du pays, provoquant assez souvent des  inondations et des destructions de biens et productions agricoles d’autre part, on n’est plus loin de la disette.

Un risque accentué de paupérisation et un retard a l’allumage de nombreux projets de développement
La guerre nécessite une mobilisation de moyens financiers et humains énormes. Le coût d’opportunité de ces dépenses pour la Nation, est considérable sans oublier celui des destructions de biens. Combien d’argent faudra-t-il dépenser pour reconstruire les écoles, les centres de santé incendiés par les éléments de Boko Haram.
L’enlèvement des chinois travaillant sur un chantier de réhabilitation routière dans la région, a provoqué le départ  de tous les autres y séjournant pour accompagner les projets de développement. Promise à devenir une zone pétrolière, l’Extrême-Nord risque de voir s’éloigner ses perspectives. En effet, la société chinoise chargée d’explorer le bassin sédimentaire du Logone et Chari, a mis provisoirement fin à ses travaux, après cet enlèvement alors qu’elle avait décelé à Makary, des indices promoteurs de pétrole dans la zone.
D’autres projets d’envergure comme celui de faire de Kousseri, un hub ferroviaire, à partir du prolongement de notre réseau ferroviaire de Ngaoundéré vers Garoua, Maroua et Kousseri puis N’Djamena, avec une bretelle vers le Nigeria, la construction d’un oléoduc acheminant le pétrole nigérien et son raccordement à celui de Doba-Kribi, risquent d’être retardés si l’insécurité persiste dans la région.
Rien, même la pauvreté, l’absence d’emploi dans cette partie de notre pays, ne peut justifier que les jeunes puissent succomber aux sirènes des recruteurs de Boko Haram.
Ce n’est pas en collaborant avec cette secte dangereuse dans la destruction de leur pays qu’ils trouveront emploi et prospérité. Tout au contraire, en obligeant la Nation à consacrer plus de moyens pour sa défense que nécessaire, ils retarderont encore davantage la réalisation des  projets qui auraient pu les sortir de la misère qu’ils décrient à juste titre.

L’unité et la collaboration comme armes efficaces contre cette nébuleuse
En somme, plus ils contribueront à l’instabilité, plus ils auront moins de chance de trouver le chemin de la prospérité.
Dans sa dernière livraison sur l’actualité du « CAMEROUN EN GUERRE » sur le réseau social Facebook, le DP du journal « L’ŒIL DU SAHEL », Guibaï Gatama nous relate ainsi l’histoire d’une réaction citoyenne de la population d’une petite localité de l’Extrême-Nord.
« Les populations de Vreket (Mayo-Tsanaga) ont fait montre d’un grand courage lors de l’attaque de leur village, dans la nuit du 27 au 28 août 2014, par des éléments de Boko Haram. Après que les assaillants eurent tué le chef du village, Idama Gatama, des jeunes remontés ont réussi à arrêter un membre de Boko Haram (Mahamadou Yacouba) qu’ils ont «sécurisé» jusqu’à l’arrivée de l’armée. »
La page Facebook « Armée Camerounaise » de conclure «Un exemple de soutien de la population à  notre Armée tout citoyen est un soldat c'est dans l'unité que nous aurons le dessus »
En effet, il serait contreproductif de tomber dans le piège de la stigmatisation de nos compatriotes de cette région, de la collaboration avec nos ennemis  tant de l’intérieur que de l’extérieur. C’est tout le Cameroun  qui est touché même si les plus durement touchés sont nos compatriotes du Septentrion.
@Adrien Macaire Lemdja