Présidentielle 2011: comment vaincre le Sida électoral au Cameroun?

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Le Cameroun se trouve dans un ordre démocratique déviant
Avec le retour des échéances électorales, le boycott redevient un thème d’actualité en Afrique. Au Burundi, Pierre Nkurunziza avait été seul en course à l’élection présidentielle du lundi 28 juin 2010. La majeure partie de l’électorat et ses six challengers de l’opposition avaient décidé de boycotter cette échéance électorale. Au début de l’année 2011, en Centrafrique, le second tour des législatives a été boycotté par le Collectif des forces du changement (Cfc), principal rassemblement regroupant opposition et ex-rébellions qui dénonçait les résultats du premier tour et ceux de l’élection présidentielle.


Au Cameroun, à moins d’un contre temps inattendu ou d’un revirement spectaculaire, l’élection présidentielle aura lieu en octobre 2011. Il est presque certain que, au regard de l’appel des membres et sympathisants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) et de l’organisation du congrès ordinaire de ce parti annoncée pour se tenir dans les prochains jours (avant la présidentielle), l’actuel locataire d’Etoudi, le monarque présidentiel Paul Biya sera candidat de son parti à sa propre succession. D’ailleurs, les statuts de cette formation politique font du président national le candidat naturel à l’élection présidentielle. À moins que…Si Paul Biya se présente, il aura une fois de plus violé les dispositions pertinentes de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996, notamment l’article 6.2, relatif à la limitation du mandat à la tête de l’État, sous les auspices duquel il a été élu en octobre 2004. Il aura ainsi réussi, après la révision de cet article en avril 2008, à transformer frauduleusement un mandat présidentiel non renouvelable en mandat renouvelable sans prendre soin d’introduire une « clause permettant de faire que l’article 6 alinéa 2 nouveau s’applique au président en fonction, le rendant éligible et annulant toute la force contraignante de l’ancien article 6.2 » (lire le texte de Mathias Éric. Owona Nguini). Le système gouvernant ne s’embarrasse jamais de scrupules. Il n’est d’ailleurs pas à une fraude près. L’ampleur de la fraude, la roublardise et le jusqu’au-boutisme des caciques du pouvoir sont tels que si Paul Biya se présente - ou quelqu’un d’autre du Rdpc - il est presque certain qu’il sera vainqueur, compte tenu des stratégies de conservation du pouvoir mises sur pied et du verrouillage du système politique et électoral camerounais. Une victoire annoncée est d’autant plus évidente que ceux que l’on considère comme des poids lourds de l’opposition, dont notamment le Social Democratic Front (Sdf), l’Union démocratique du Cameroun (Udc), l’Alliance pour la démocratie et le développement (Add), le Mouvement progressiste (Mp), pour ne citer que ceux-là, présentent un déficit d’élaboration stratégique, de cohésion, de flexibilité…et semblent avoir perdu de vue que l’enjeu fondamental aujourd’hui est de mobiliser les Camerounais épris de changement autour d’un projet global alternatif qui viserait à fonder un nouvel ordre politique au Cameroun. Des indiscrétions inquiétantes laissent même entendre que certains parmi les leaders des partis dits de l’opposition s’apprêtent à embrasser le Rdpc sur la bouche, c’est-à-dire à prendre place autour de la mangeoire nationale. Des relations suivies existent déjà entre ces leaders de partis et certains cercles du pouvoir. D’où leur mutisme et les invitations à prendre part à des cérémonies et manifestations officielles qu’ils reçoivent de l’enfant terrible de Mvomeka’a. La bouche qui mange ou qui attend la nourriture ne parle pas.
Sûrs de leur victoire à la prochaine élection présidentielle et après avoir pris dans leurs rets certains leaders politiques et/ou d’opinion, Paul Biya,  ses camarades et sympathisants se demandent comment ils procèderont pour faire avaliser par certaines puissances occidentales devenues, ces derniers temps, rétives, intransigeantes et très regardantes sur les questions de démocratie et de droit de l’homme, la forfaiture électorale qu’ils sont en train de nouer sous les yeux des Camerounais apathiques. Pour parvenir à leur fin, ils usent de tous les artifices.  Entre autres : nomination d’un évêque et de personnalités accommodantes, proches de certains cercles du pouvoir et dignitaires du régime et issues de la « société civile » au sein du Conseil électoral d’Elections Cameroon (Elecam) ; promesses faites aux partenaires bilatéraux et multilatéraux d’organiser une élection transparente, équitable et juste, etc. Pourtant , toutes ces « garanties » ne changent rien au dispositif de verrouillage électoral mis en place, habilement et souverainement contrôlé par l’hyperpuissante Direction générale des élections qualifiée de Minadt bis par des observateurs avertis (Lire la contribution d’Hilaire Kamga)
Face à toutes ces manœuvres qui se nouent sous leurs yeux, face à l’apathie de certains leaders politiques et d’opinion, face à leurs timides  réactions, les citoyens camerounais ont l’impression que certains partis dits de l’opposition et des leaders d’opinion ont déjà jeté l’éponge lorsqu’ils annoncent qu’avec Elecam, même reconfigurée, il n’y aura pas d’élection au cours des prochains mois. Qu’à cela ne tienne, ces acteurs politiques dénoncent ainsi, et à raison, une structure chargée de conduire le processus électoral et dont les principaux responsables sont des anciens membres du Rdpc qui avaient été obligés de démissionner de ce parti après leur nomination. Pour ces partis donc, principalement le Sdf, Elecam est incapable d’organiser une élection crédible, c’est-à-dire  libre, transparente, équitable et juste. Mais, ces partis iront-ils jusqu’à prôner le boycott de l’élection présidentielle à venir comme ce fut le cas en 1997 ? Rien n’est moins sûr et aucun Camerounais sérieux ne le souhaite.
Au moment où le monarque présidentiel vieillissant Paul Biya (30 ans de règne sans partage, environ 50 ans dans la haute administration et 80 printemps d’ici quelques mois), incapable de tenir un conseil des ministres après plus de 26 mois, est visiblement fatigué de se reposer à Etoudi et s’occupe le plus souvent, semble-t-il, de ses problèmes de santé, ce serait une erreur monumentale si l’opposition et les forces du changement choisissent de boycotter l’élection présidentielle à venir. D’abord, parce que  l’élection présidentielle dans nos républiques bananières est « l’occasion parfois unique pour chaque candidat, de donner à la nation une certaine lisibilité de son programme s’il en a un, ou de sa vision du destin national, à moins que ce soit d’étaler sa nullité…tout ceci en attendant le jour où préfets et sous-préfets [et les responsables d’Elecam] deviendront patriotes et républicains pour respecter la volonté du peuple exprimée dans les urnes », affirme Jean Baptiste Sipa, directeur de la publication du quotidien Le Messager.
Ensuite, parce que les temps ont changé et rien ne sera plus comme avant. Et comme le dirait Cheikh  Hamidou Kane, « L’ère des destinées singulières est révolue ».
Enfin, parce que le Cameroun entre dans une zone de turbulence et d’incertitude démocratiques, tous les ingrédients étant réunis pour une conflagration sociale et l’élection présidentielle à venir pouvant être le détonateur d’une crise sociale majeure si rien n’est fait dans le sens de l’apaisement, de la recherche d’un consensus sur la question électorale au Cameroun et de la recherche des solutions aux maux qui gangrènent la société (corruption endémique, chômage des jeunes, absence d’eau, de logement et d’infrastructures, cherté de la vie, stratégie jusqu’au-boutiste du chef de l’État perpétuel, insécurité inquiétante, etc.).
Le boycott serait par conséquent un choix suicidaire et/ou une attitude complice des partis d’opposition dans le contexte actuel marqué par l’existence des faiblesses (nombreuses) d’un système déliquescent, l’apparition des lignes de fracture au sein du système gouvernant et la fébrilité - la peur a vraiment changé de camp - qui s’est emparée, depuis quelque temps, du régime, de Paul Biya et de ses thuriféraires, de quelques caciques qui cherchent à conserver leurs privilèges (1) en embouchant, sans conviction et sans convaincre, les trompettes de la souveraineté et du patriotisme auxquels ils ne croient pas et qui appellent les Camerounais à se lever comme un seul homme pour faire échec « aux sombres et lugubres» projets que nourriraient les puissances tutélaires devenues intransigeantes et rétives et qui, aujourd’hui, ont marre des présidents perpétuels à la tête des États alors qu’hier elles ont aidé ( et continuent d’ailleurs d’aider) le système en place à se maintenir et à se perpétuer.  
Les absents ont donc toujours tort, dans toutes les variantes du réalisme ordinaire. Même si cette position est discutable, car elle laisse transparaître des figures imposées de la résignation que résument les fameux « laisser le temps au temps », « le pouvoir vient de Dieu », «  tout le monde ne peut pas devenir président de la République », il reste que face à un adversaire déloyal, tout puissant, qui foule aux pieds les règles qu’il  a  lui-même établies, tant que le rapport de force ne penche pas encore du côté de l’opposition et des forces du changement qui se trouvent à l’extérieur et/ou à l’intérieur du système en place, la finalité consisterait à le circonvenir dans son propre jeu, tout en développant des stratégies efficaces de conquête du pouvoir politique.
S’il est vrai que le boycott d’une élection présidentielle est une manière de dévaloriser la réélection du président sortant, s’il est aussi vrai qu’au Cameroun « les échéances électorales ne sont plus que les millésimes de putréfaction » (Stephen Smith, 1997), avec des scrutins truqués (lire le texte de Patricia Ndam Njoya) et quelquefois précédés de violence, le charcutage des listes électorales, l’abstentionnisme de la majorité de la population et des citoyens qui estiment que le bulletin de vote ne vaut rien, le découpage intéressé des circonscriptions électorales, etc., il reste constant qu’au Cameroun, certains leaders des partis politiques, principalement ceux de l’opposition qui se gargarisent à tout propos et hors de propos du mot de démocratie et à tout ce qui a trait à l’État de droit, ne se souviennent des échéances électorales qu’à la dernière minute - et souvent il est déjà trop tard - moment choisi par les uns et les autres pour brandir un catalogue de revendications relatives aux conditions d’organisation des élections. Et même lorsqu’ils formulent lesdites revendications un peu plus tôt, comme c’est le cas pour les critiques formulées au sujet d’Elecam, ils le font si timidement et sans conviction que le pouvoir en place se dit que « le chien aboie la caravane passe ».
C’est dire si l’opposition camerounaise, ou ce qui en tient lieu, a sa part de responsabilité dans la situation actuelle du  Cameroun. Stephen Smith fait observer que : « Dans le pourrissement général, elle [l’opposition] a joué aux saprophytes et accéléré la décomposition du tissu social. Entre deux scrutins, entre deux scissions et deux choix stratégiques parfaitement contradictoires, elle s’est fait manipuler, racheter, marginaliser ou laminer, c’est selon. Ne travaillant pas sérieusement, elle non plus, par exemple à son implantation organisationnelle, elle se réveille à l’occasion toujours trop tard, toujours sans vision ».
Répétons-le quitte à choquer : tant qu’il n’y aura pas acceptation par tous  des règles du jeu politique et de l’alternance, le Cameroun sera toujours installé dans un ordre démocratique déviant. En outre, souligne Christian Cardinal Tumi, un système démocratique digne de ce nom «n’est pas seulement le résultat d’un respect formel des règles, mais le fruit de l’acceptation convaincue des valeurs qui inspirent les procédures démocratiques : la dignité de chaque personne humaine, le respect des droits de l’homme, le « bien commun » comme fin et critère de régulation de la vie politique. S’il n’existe pas de consensus général sur de telles valeurs, la signification de la démocratie se perd et sa stabilité est compromise ». (2)
Aussi, à environ 70 jours d’une échéance décisive, l’élection présidentielle, une élection majeure, il va sans dire, les citoyens camerounais ordinaires sont-ils sevrés des mobilisations et des débats autour des programmes politiques des prétendants au trône présidentiel alors qu’ailleurs, au Sénégal et en France par exemple, pour ne pas citer les États-Unis, les hostilités ont déjà été engagées pour la présidentielle qui aura lieu respectivement en février et avril 2012.
Pourtant, les partis de l’opposition et les forces du changement devraient  pouvoir créer un cadre de concertation pouvant leur permettre de régler les questions d’intérêt commun, de concevoir et de promouvoir des projets alternatifs crédibles, des approches politiques novatrices et efficaces, bref un cadre pour une véritable synergie d’action et d’association en vue de l’instauration d’un nouvel ordre politique et l’alternance au Cameroun. Certes nous rétorquera-t-on, il s’agit d’une manière voilée de soulever la lancinante et lassante  question de la candidature unique de l’opposition. Aussi précisera-t-on, pour masquer un égocentrisme rédhibitoire, que depuis les premières élections pluralistes organisées au Cameroun au début des années 90, des coalitions et des alliances ont toujours été formées. Soit. Mais, une rhétorique et un sophisme qui visent à évacuer le problème de fond soulevé. Car, la réalité est implacable : dans le champ politique camerounais caractérisé par une prolifération démentielle des formations politiques et une élection présidentielle à un tour, aucun parti ne peut gagner seul ; aucun parti, hors mis le Rdpc, parti administratif, n’a jusqu’ici atteint une envergure nationale(3).
Face à une situation entretenue et encouragée par le pouvoir en place qui sait diviser pour mieux régner, l’opposition et les forces du changement devraient tirer les leçons de ce qui s’est fait ailleurs. Et comme nous le disions dans l’une de nos éditions, c’est ici que l’exemple de l’opposition sénégalaise interpelle l’opposition camerounaise. « Face aux manœuvres politiciennes du très décevant président sénégalais Abdoulaye Wade dont les visées dynastiques sont manifestes, les leaders de l’opposition sénégalaise ont su taire leurs divergences et querelles intestines pour faire bloc contre la Coalition Sopi (changement) au pouvoir depuis 2000. Réunie sous la bannière de Benno Siggil Sénégal (« Unis pour restaurer l’honneur du Sénégal ») ou d’And Ligeey Sénégal (« Ensemble pour bâtir le Sénégal ») en wolof, l’opposition sénégalaise, après avoir réussi à convaincre l’opinion publique de la nécessité de barrer la voie à l’instauration d’une dynastie, a fait tomber dans son escarcelle presque toutes les grandes villes du Sénégal lors des élections locales du 22 mars 2009(Dakar où Karim Wade briguait le fauteuil de maire, Thiès, Diourbel, Kaolack, Saint-Louis, Louga, Nioro, Fatick, Podor etc.)»(4). Aussi Le Mouvement du 23 juin 2011, coalition de plus de 60 partis d’opposition et d’organisations de la société civile sénégalaise, a-t-il exigé et obtenu le retrait par le gouvernement d’un projet de loi instaurant la vice-présidence de la République et la création par Abdoulaye Wade d’un ministère spécifiquement chargé des élections. Ce mouvement continue d’exiger, à  travers des manifestations, la non-candidature du président sénégalais en fonction à la présidentielle de février 2012.
Jean-Bosco Talla
* Cet éditorial qui a subi de profondes mises à jour a été publié dans Germinal n°058 sous le titre Le mal électoral
(1) Toute une bourgeoisie vit aujourd’hui de ses liens avec l’État, et verrait très mal le pouvoir lui échapper.
(2) Compendium de la doctrine sociale de l’Église (CDSE), Liberia Editrice Vaticana, 2005, n°407, cité par Christian Cardinal Tumi dans son ouvrage, Ma foi : un Cameroun à remettre à neuf, Douala, Véritas, 2011, p.46.
(3) Lors des dernières consultations locales, le Rdpc s’est présenté seul dans près de 80 circonscriptions électorales.
(4) Germinal, n°50 du 17 février 2010, p.3.
NB. Ce dossier a été publié dans Les Dossiers et Documents de Germinal, n°010, juillet-août 2010.


Sortir de la grande illusion électroale

 

Voici pourquoi il n’y aura pas d’élection libre, transparente, équitable et juste au Cameroun en 2011 à moins que…
A la question « Peut-on organiser une élection crédible, c’est-à-dire libre, transparente, équitable et juste au Cameroun ? », l’on peut opter pour répondre à plusieurs types d’approches. La plus répandue est celle des juristes qui rentrent dans le corps des instruments de droit élaborés en vue de gérer les processus électoraux pour les analyser et voir s’ils se prêtent au jeu d’une élection démocratique. Je ne doute pas qu’un tel examen, conduit avec rigueur, ne permette d’apporter une réponse fiable à une telle question. Mais attention : le foisonnement des détails peut entraîner la confusion et déboucher sur des ambiguïtés insurmontables. Le fonctionnement des sociétés obéit en fait à des lois strictes, qui s’appliquent avec la même rigueur que les lois qui régissent la causalité naturelle. « L’extérieur des choses est important pour moi, disait le peintre Otto Dix, car en exprimant la forme extérieure on saisit aussi l’intérieur… Je ne veux voir que l’extérieur, l’intérieur en découle de lui-même ». Telle cause produit donc forcément tel effet, si bien que lorsque l’on a identifié de façon certaine une cause ou un faisceau de causes cohérentes, s’attendre à un effet non correspondant même sur la foi d’indices évidents trahit une volonté de se bercer d’illusions, sans doute pour ne pas avoir à affronter, faute de « couilles », une réalité dure et désagréable. On peut dire la même chose autrement : la nature fonctionne sur un principe de cohérence interne et externe, qui fait que le macrocosme reflète toujours le microcosme, la cohérence externe renvoyant à la cohérence interne. lire la suite


A la recherche d'un consensus introuvable
Introduction
Le processus électoral au Cameroun est constitué par l’ensemble des opérations et actions qui concernent la préparation, l’exécution et l’évaluation du choix politique de mandataires désignés par la technique institutionnelle de l’élection réalisée à travers la sommation des votes de mandants. Ce processus politique concerne alors tout ce qui a trait aux conduites et actes relatifs aux choix public effectué de manière concurrentielle, libre, intègre, transparente et sincère entre des candidats qualifiés par les critères d’éligibilité à concourir pour pourvoir des positions de pouvoir par la voix du vote. Cette dynamique peut correspondre à différents types de scrutin (présidentiel, législatif, régional, municipal) ou modes de scrutin (un ou deux tours, majoritaire ou proportionnel, scrutin uninominal ou de liste) Ledit processus même avec Elecam n’est pas toujours aujourd’hui basé sur un consensus politique fort entre les différentes parties prenantes du jeu politique camerounais. Le consensus électoral au Cameroun reste peu crédible.
Le processus électoral correspond à la mise en place et en œuvre d’une mécanique politique et institutionnelle relative à l’organisation de la désignation par le suffrage universel d’élus, technique pourvoyant par le vote l’accès à des mandats de représentation. Lire la suite

 


Un fichier électoral virusé
Malgré l’avancée de la technologie informatique dans le monde et son introduction dans les programmes scolaires au Cameroun, les responsables chargé d’organiser la prochaine élection présidentielle n’ont pas jugé nécessaire d’informatiser le processus électoral pour dissiper les inquiétudes qu’ils inspirent, relativement aux  fraudes électorales.
Suivant le parallélisme de forme, les camerounais et camerounaises se rendront aux urnes au mois d’octobre prochain pour élire leur futur président de la République; car dans ce pays d’Afrique centrale peuplé de près de 20 millions d’âmes, la dernière élection présidentielle a eu lieu en octobre 2004. Le compte à rebours est donc lancé pour les candidats qui s’apprêtent à solliciter les voix de leurs concitoyens pour briguer un mandat de 7 ans à la tête de l’État en cas de récolte de la majorité des suffrages exprimés. À leur tour, les électeurs se rendront dans les différents bureaux de vote pour s’acquitter d’un devoir citoyen et de citoyen.  Lire la suite

Les élections bancales de A à Z

Face à la gravité des situations que connaissent les camerounais en matière électorale, après précisément les élections couplées de 2002, et au regard de ce que nous rencontrions sur le terrain, au fil  des élections successives, il nous est apparu important et utile de revenir avec humour de A à Z, sur des mots qui disent tout, avec à l’appui des dessins d’enfants, partant des mots sans commentaires. Tout cela aboutissant à l’expression d’un drame que connait tout un peuple.
Le malaise est perceptible ; nous sommes ici dans un contexte où les concepts qui ont un sens tels Élection, Démocratie, qui ne demandent que des actions conséquentes, connaissent hélas, des exploitations diverses, pour répondre aux desidera ta des acteurs qui sont au pouvoir et dont l’objectif affiché est coûte que coûte de s y maintenir, peu importe que leur bilan soit positif ou négatif. Les raisons avancées ne manquent pas. Les plus communes sont : l’Afrique a ses traditions-réalités profondes…le phénomène des élections est importé…Ou  encore : Ne nous laissons pas tromper par les marchands d’illusions (allusion faite à tous ceux des Camerounais qui entendent faire passer un autre discours ou agir autrement) ; les ennemis du Cameroun guettent, tapis dans l’ombre (allusion faite aux pressions extérieures). Que chercher encore ? Lorsqu’on est un îlot de paix et de  stabilité entouré de pays en guerre ? Le Camerounais mange à sa faim, il suffit de planter pour récolter…Le Cameroun n’est pas la Côte d’Ivoire, n’écoutez pas ceux qui n’ont rien, car ceux qui parlent sont souvent ceux là qui n’ont rien à perdre….Lire la suite

 


Entre cécité stratégique et connivence tactique
À l’approche de chaque élection, et plus singulièrement pour cette élection présidentielle de 2011, le landernau politique camerounais semble être animé par une fièvre qui rappelle assez banalement un rituel mille fois éprouvé sous nos latitudes. Rituel auquel  les acteurs de notre société politique se sentent  obligés de sacrifier à la veille des échéances électorales. Rituel fait de manœuvres d’acteurs en mal de positionnement ou en quête de visibilité et dont le but proclamé est de prendre le contrôle des appareils politiques afin, le moment venu, de se parer du titre de champion d’une quelconque écurie candidate à la prise du pouvoir.
Cette mobilisation somme toute normale n’est pas condamnable en soi si, parallèlement à celle-ci, des actions sont menées en vue d’orienter comme il se doit le peuple camerounais vers les principaux enjeux de l’heure. Les coups bas et les coups médiatiques ne nous semblant pas, si jamais ils l’ont été par  le passé, les meilleurs moyens  de réconcilier les Camerounais/es avec la politique.
À ce jour, parmi les questions qui polarisent l’attention des acteurs politiques de divers bords figure, comme par le passé, celle de la réforme du système électoral camerounais à côté de celle de la candidature unique de l’opposition.  Cette première est voulue principalement par les partis politiques de l’opposition et la majorité du peuple camerounais qui sont favorables à la mise en place d’un système électoral libre et transparent, répondant à l’essentiel des critères en vigueur dans les démocraties modernes. L’essentiel de leurs revendications, par ailleurs fondées,  est restée jusqu’ici lettre morte. Pis encore, l’exécutif et son assemblée d’enregistrement, faisant preuve d’autisme, ont verrouillé plus encore le jeu électoral tout en faisant du saupoudrage plus pour se crédibiliser aux yeux d’une certaine communauté internationale que pour d’avantage répondre aux exigences et aspirations de nombreux/ses camerounais/es. Lire la suite

 


Problématique du code électoral au Cameroun

 

Depuis la mise en chantier du processus de démocratisation en 1990, le Cameroun est à la recherche d’un équilibre normatif et institutionnel reflétant la mutation socio-politique de la décennie dont la fin s’annonce, et capable de servir de facteur régulateur du système politique au troisième millénaire.
De manière globale, la société camerounaise est en transition d’un système à un autre, vers un nouvel agencement dont les contours définitifs ne sont pas encore totalement fixés et objectivés. Cette situation de transition affecte aussi, naturellement, l’environnement juridique. L’on vit en effet non seulement une transition du droit, mais aussi avec un droit de transition, un droit transitoire, en tout cas inachevé. Cette transition du droit est particulièrement perceptible sur le terrain du droit constitutionnel et, plus spécifiquement encore, du droit électoral. Il paraît dès lors utile de saisir les éléments qui concourent à l’énonciation, à la concrétisation et à la mutation de cet ensemble normatif dont l’importance pour la vie politique n’est plus à démontrer. En somme, il s’agit de se pencher sur le processus de création du droit électoral.
Bien qu’une étude des méthodes particulières de production d’un droit endogène doive être conduite au sujet des divers secteurs de l’ordre juridique national camerounais, le droit électoral paraît un excellent site d’observation, pour plusieurs raisons. Lire la suite

 


Elecam est incapable d'organiser des élections crédibles au Cameroun
Le droit au vote est, de par les législations nationale et internationale, un droit fondamental du citoyen. Ainsi, le choix des leaders politiques et des autorités publiques à divers niveaux de l’administration constitue une responsabilité civique importante pour chaque citoyen. Dès lors, il n’importe pas seulement que toutes les personnes qui ont qualité pour élire les leaders politiques et les dirigeants prennent part à cet exercice, mais que l’État les y autorise et les protège afin que les consultations électorales soient transparentes, libres et justes. Une élection  libre  veut dire que l’on ne saurait contraindre ou empêcher un citoyen de prendre part à cette élection en tant que candidat ou électeur. Une élection  juste veut dire une élection organisée de manière impartiale, équitable et transparente en donnant les chances égales de perdre ou de gagner à toutes les parties en présence. En conséquence, l’organisateur se doit d’être neutre.
Pour être libres et transparentes, les élections doivent être régies par des principes démocratiques et des règles consensuelles qui garantissent la fiabilité et la crédibilité de tout le processus.
La loi 2006/011 du 29 décembre 2006 portant création, organisation et fonctionnement d’Elections Cameroon (Elecam) ainsi que toutes ses modifications ne permet pas d’organiser une élection libre et juste au Cameroun (II) violant ainsi de manière flagrante un droit fondamental constitutionnellement protégé du citoyen camerounais (I) Lire la suite

 


Problématique de la proclamation consensuelle des résultats de la prochaine élection présidentielle
Dans l’imaginaire populaire en Afrique noire francophone en générale, la démocratie est perçue comme un processus devant aboutir à l’élection du candidat soutenu si bien que dans le cas contraire, on conteste d’office la transparence du processus et on parle d’élections « non démocratiques », « non transparentes », « injustes » ou « non équitables ». Donc, selon que l’on appartient au camp des vainqueurs ou à celui des vaincus, le jugement varie considérablement. Le cas de la proclamation des résultats des élections présidentielles du 28 novembre 2010 en Côte d’Ivoire illustre encore bien cette perception car, on a pu voir que chaque clan politique soutenait mordicus l’élection « démocratique » de son candidat malgré les irrégularités évidentes attestées de part et d’autre. De plus, la « Constitution [Conseil constitutionnel] » avait été à la fois rejetée par le « candidat de l’extérieur » et ses alliés de la Communauté internationale lorsqu’elle les déclarait « perdants » et magnifiée par les mêmes acteurs lorsqu’elle leur permettait enfin d’être investis au pouvoir.
De nos jours donc, la « justice » et la « démocratie » sont définies par le vainqueur. On parlera de « parodie » de justice si à l’issue du processus, on est victime du droit ou de la « primauté » du droit lorsqu’on s’en sort profiteur. La justice camerounaise, à l’image de celle de la Côte d’Ivoire, n’est pas encore suffisamment consensuelle. Le Cameroun n’est pas encore un État de droit au sens où la loi ne renvoie pas à un référentiel accepté et reconnu de tous. Lire la suite

 

 


De la nécessite d'une alternance politique au Cameroun en 2011
Conditions d'une élection libre, juste, transparente et d'une transition maîtrisée
« La volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics », Article 21, alinéa 3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme
L’alternance comporte des vertus en soi, en politique comme en toute organisation hiérarchique. Elle est même consubstantielle à un progrès durable, car même les régimes animés des meilleures intentions secrètent au bout d’un certain nombre d’années des anticorps au progrès et au développement. Le cas de Cuba illustre bien cette dérive, comme le Zimbabwe ; ces régimes ayant incarné dans les premières années des modèles d’organisation et progrès social, se sont ensuite auto-consumés par une classe dirigeante qui n’a pas su se renouveler. La Chine, sans être démocratique, a trouvé la parade en imposant une alternance consensuelle à la tête de l’état tous les 10 ans approximativement. En Angleterre, comme en Espagne et dans les pays de l’Europe du Nord où la monarchie a survécu, la pérennité de la royauté n’a été possible que parce qu’elle est compensée par une stricte limitation des pouvoirs de la couronne, qui est cantonnée à un rôle essentiellement protocolaire. Il parait évident à l’heure actuelle que le statu quo d’un régime comme celui du Maroc où la dynastie royale exerce perpétuellement et sans partage un pouvoir héréditaire, de même que la longévité de certains régimes d’Afrique – Cameroun, Angola, Guinée Équatorial, Burkina Faso, Zimbabwe, etc. - ne sont plus tenables. Ces régimes sont condamnés par leur longévité même à une rupture révolutionnaire, du fait d’une distanciation inévitable avec le temps entre le bien-être auquel tout peuple aspire et l’incompétence du gouvernement qui le conduit. Lire la suite

 


Evolution du cadre juridique et perspective d'une élection crédible sous l'ère Elecam en 2011

 

1. Considérations introductives

Au moment où le Cameroun se prépare à vivre l’un des évènements les plus déterminants de sa maturation politique et surtout, démocratique, une réflexion sur le cadre juridique du système électoral camerounais s’avère utile et indispensable dans l’optique de construire dans l’opinion publique camerounaise  et internationale une conscience forte capable de ne pas trahir son destin et d’assumer dignement ses responsabilités citoyennes. C’est dans cet ordre d’idées qu’il convient avant toute chose de jeter un regard rétrospectif sur le contexte historique des élections au Cameroun, tout en mettant en exergue l’intérêt de l’implication citoyenne en matière électorale.

1.1 Présentation du contexte historique  des élections au Cameroun et intérêt de l’implication citoyenne

Les élections libérales démocratiques remontent à l’Athènes ancienne et aux démos qui se rassemblaient sur la place publique pour débattre des affaires de la cité. Depuis cette époque, une élection publique n’est jamais un évènement ordinaire, un banal fait de société. En tant qu’acte individuel, elle est un choix politique qui participe à la dévolution du pouvoir. En tant qu’acte collectif et solennel, elle est un rituel dont le principe est la transformation ou la conversion, au moyen du mécanisme formalisé de la passation et selon des règles établies, d’une pluralité des pouvoirs particuliers en un pouvoir indivis, concentré en un tout symbolique et représentatif. Ainsi définie, une élection n’est pas un simple moment, une parenthèse, un intermède. Elle est un évènement sociétal total, dynamique et historique, qui tire ses arguments du passé et réalise son projet dans le futur. L’élection arbore toutes ses meilleures couleurs dans un système politique ancré dans l’acceptation de la pluralité politique, dans le multipartisme. Lire la suite