Unité de l’UPC: l’impossible vérité?

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MauvaisTrès bien 

Madame le Directeur Général,

En vous présentant mes respectueux et fraternels hommages au nom de l'UPC,

Je vous remercie pour l'espace que le quotidien gouvernemental, Cameroon Tribune, a bien voulu réserver à question de l’unité de notre parti.

Pour un meilleur éclairage de l'opinion, il m'a semblé utile de vous faire tenir les pages ci-jointes, propres à rattraper quelques contrevérités pour lever certaines équivoques.

La question est pour nous d'une importance telle que la moindre légèreté en brouillerait l'intelligence au niveau national et international.

Aussi vous serais-je obligé des instructions que vous voudrez bien donner pour que notre effort de mise au point soit honorablement publié.

En vous priant de transmettre nos sentiments de sympathie à vos collaborateurs,

Je vous assure, Madame le Directeur Général, de ma bien cordiale et fraternelle estime.

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Unité de l’UPC: l’impossible vérité?

Dans sa livraison du jeudi 29 mars 2012, le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune a consacré trois pages à l’Union des populations du Cameroun, sous un titre qui exprime à la fois sympathie et préoccupation :

« UPC : l’impossible unité ? ».

Nous voudrions saluer la disponibilité de cet organe gouvernemental pour l’espace consacré à notre recherche collective de cette unité qui tient à cœur à l’UPC et à tous ceux qui s’en réclament. L’UPC a le crabe pour mascotte; et de nombreux Camerounais, c’est le cas de le dire, en pincent pour « l’âme immortelle du peuple camerounais », ouvertement ou plus discrètement. Au-delà des postures d’ostentation, un ancien de réputée mémoire avait su le dire en ses style et langage : « La crabe, c’est dans la cœur » (sic)…
Le vif intérêt, somme toute compréhensible, que les Camerounais portent ainsi à l’UPC commande que toute déclaration sur l’effort d’unité en cours de ce parti  s’inspire d’un réel souci de vérité : c’est le préalable minimal à satisfaire pour que ne soit pas davantage obscurci ce qu’on prétendait éclairer. Car c’est à ce danger d’obscurcissement que certains exposent l’opinion par leurs avis trompeusement savants, mais plutôt savamment orientés par des postures politiquement intéressées.
Nous tenons donc à faire justice à Cameroon Tribune dont les journalistes de langue anglaise se sont distingués par la sobriété de leur restitution et le souci des faits dont ils ont rendu compte, sans céder à la démangeaison d’opiner. Certes tous les journalistes de langue française n’ont pas, d’égale manière, résisté à cette tentation, mais le quotidien gouvernemental a le mérite d’avoir donné la parole aux uns et aux autres sur l’unité de l’UPC - telle du moins qu’ils se l’imaginent.
M. Armand Essogo en a convenu d’entrée de jeu, de manière lapidaire mais forte : « dire quelque chose sur l’Union des populations du Cameroun (UPC) est complexe ». La complexité de l’UPC exige prudence et recul, pour qu’un regard précis garantisse des conclusions qui, à défaut d’être objectives, soient aussi fidèles que possible à la (dé)marche du crabe.  
C’est au regard de cette complexité que nous nous reconnaissons le devoir de rattraper quelques contrevérités, de préciser des faits datés, et de nous étonner à l’occasion, le Professeur d’Histoire sollicité par le quotidien gouvernemental s’étant laissé surprendre à professer des histoires.

Quelques contrevérités
Première contrevérité
Reprenant la théorie commode de la multiplicité des tendances à l’UPC, M. Messi Bala se demande « pourquoi les tendances ont la peau dure ». Pourtant « en janvier dernier, écrit M. Essogo, les Upécistes ont entonné l’hymne de l’unité à la surprise générale ». La « peau dure » des tendances aura donc effectivement ramolli du fait de la volonté d’unité. La « surprise générale » dit assez que personne n’attendait qu’après plus de 60 ans de persécutions, de répression et de mutilations assorties de clandestinité et d’instrumentalisation, les upécistes aient résolu de se retrouver. Le Congrès extraordinaire des 17 et 18 mars 2012 est en effet l’aboutissement  de trois longues années de concertation entre toutes les tendances de l’UPC. Car même la base militante des upécistes connus sous le label des « Fidèles » s’est largement mobilisée pour l’unité à restaurer. Seule la direction reste droite dans ses bottes, état major sans troupes, obstinément « fidèle » à son exclusivisme.
Pierre Sende s’étant impliqué dans l’option du Congrès de mars le 17 janvier 2012, il y a contrevérité à parler d’une quelconque « tendance proche de Pierre Sende » au lendemain dudit Congrès. Contrevérité parce qu’il n’y a jamais eu et il n’y aura pas de « tendance Pierre Sende », bien que l’intéressé se soit, contre toute attente, mis en marge du processus pour des raisons de surestimation personnelle. Il « se voyait déjà » Président de la Commission d’organisation du Comité Directeur du 04 février et du Congrès. Nous devons à la vérité de dire que sa défection aux allures de désertion vient de ce qu’il n’a été retenu à aucune de ces responsabilités.

Seconde contrevérité
Cameroon Tribune, par la plume de M. Essogo, écrit que M. Pierre Sende, ancien Député, « est pourtant l’initiateur de la rencontre de Yaoundé ».
Il devient important de savoir que la rencontre du 17 janvier 2012 à Yaoundé est l’initiative que l’ancien « Bureau politique » de M. Kodock -  auquel appartient M. Sende - a prise le 10 décembre 2011 à Yaoundé, après consultation de l’ancien « Bureau du Comité Directeur » de M. Mandengue Ntone et Hogbe Nlénd et la Commission de Consensus. M. Sende n’avait pas été à cette réunion. C’est le 25 décembre 2011 que M. Gouet Matip, mandataire de l’UPC France, l’en a informé à Messondo. M. Sende avait entre temps unilatéralement programmé de son côté une réunion à Eséka le 30 décembre 2011, avec l’intention de se faire adouber comme porte flambeau de l’UPC dans le Nyong et Kellé. Pour la mise en scène, il avait mobilisé presse écrite et télévisée ! Informé par M. Gouet Matip de la rencontre projetée à Yaoundé pour le 17 janvier 2012, et comme pour endormir sa vigilance, Pierre Sende a proclamé qu’il ne tiendrait plus sa réunion d’Eséka désormais devenu sectaire et politiquement inopportune. Mais le 30 décembre 2011, Pierre Sende s’est quand même mobilisé pour Eséka, au mépris de la promesse faite à M. Gouet Matip, pour sa réunion au domicile d’un Officier supérieur à la retraite. C’est au cours de cette réunion d’Eséka qu’il s’est entendu vigoureusement sommer par des upécistes de réserver ce qu’il voulait dire à la rencontre collective que l’ensemble des upécistes avaient programmée à Yaoundé le 17 janvier 2012. Et voici que parti d’Eséka, et pour court-circuiter tous ses autres Camarades, M. Pierre Sende s’est précipité dans une Sous-Préfecture pour déclarer une rencontre des upécistes le 17 janvier à l’Hôtel Jouvence.
Cette flibusterie visait à frustrer et offusquer les véritables initiateurs de ladite rencontre de Yaoundé. La conséquence de cette vexation aurait été une rupture fatale à l’esprit de consensus. C’est pourtant ce dernier qui a prévalu, au-delà des égos ; cet esprit de consensus a  incité les upécistes à se dire que l’important était de se retrouver, et qu’il importait peu de savoir lequel d’entre eux avait pris un récépissé de déclaration auprès de l’Administration camerounaise. Ainsi pris à son propre piège, Pierre Sende a vu se retourner contre lui la frustration dont il comptait frapper les adeptes de l’unité et du consensus. Le souci de l’unité a ainsi permis d’éviter le piège de l’éclatement que Pierre Sende avait tendu à l’UPC.
La rencontre de Yaoundé s’est donc déroulée malgré Pierre Sende qui avait subrepticement obtenu un récépissé de déclaration pour la même date du 17 janvier, au même nom de l’UPC, mais avec un programme autre que les retrouvailles consensuelles des upécistes. Nous n’aurions pas compris ses différentes manœuvres si ses propres porteurs d’eau n’avaient, par indiscrétion, révélé que Pierre Sende avait préalablement bien préparé le terrain sa promotion administrative comme Chef de l’UPC auprès de l’Administration Territoriale, Ministère désormais entre les mains d’un de ses parents par alliance, originaire du Mbam comme Madame. Son obstination à organiser Comités Directeurs et Congrès tient de l’obsession qui l’anime de se faire désigner Chef politique de l’UPC par l’actuel Ministre de l’Administration territoriale du Cameroun, le critère n’étant plus politique, mais familial. Quand on son beau-frère, il faut bien que politique en vive…Pourquoi pas ?
Il y a donc contrevérité à attribuer « l’initiative de la rencontre de Yaoundé » à Pierre Sende. A la vérité, Pierre n’en a pas eu la paternité. Comme il ne cesse de le prouver, il n’en avait pas l’esprit non plus. Il avait plutôt programmé de se servir des upécistes, au nom de l’UPC, pour son autopropulsion personnelle, avec des appuis familiaux bien placés dans l’Administration territoriale. Les upécistes attendent de voir comment des solidarités domestiques primeront sur leurs choix  politiques.  

Troisième contrevérité
Cameroon Tribune dit de Thomas Biyick, ancien Secrétaire à l’organisation, qu’il est «désigné Secrétaire Général par intérim après la disparition de l’ancien Secrétaire Général ». Ce que le quotidien ne dit pas, sans doute pour ne l’avoir pas su, c’est qu’il s’agit d’une « auto désignation ». Cette auto proclamation a eu lieu pendant la neuvaine qui a suivi le décès d’Augustin Frédéric Kodock. Neuf jours après l’enterrement d’un parent, la famille restreinte se retrouve et procède à un rituel d’adieu, que les Basa’a nomment « Liso moo ». Dans le cas d’espèce, les Ndôgsul, clan d’appartenance de M. Kodock, se sont retrouvés pour ce rituel d’adieu au défunt. C’est au cours de ce rituel domestique que les Ndôgsul ont estimé qu’en bon ressortissant du clan Ndôgsul, Thomas Biyick était désormais qualifié pour prendre la relève d’un Ndôgsul décédé. L’UPC venait d’être réduit au statut d’héritage familial, un véritable un bijou de famille. Et les bijoux de famille, ça reste en famille, pardieu ! Ainsi, une fois l’appartenance clanique érigée en certificat de compétence politique, M. Thomas Biyick n’avait plus à se poser de question : il s’est aussitôt bombardé « Secrétaire Général par intérim », pour ainsi dire dans la plus stricte intimité clanique.
Chacun réalise qu’il y a contrevérité à se prévaloir d’un titre en occultant la manière plutôt cavalière dont on s’est arrogé une responsabilité aussi exigeante. Pour désigner cette manière d’usurpation, la langue française dispose d’un terme qui rime avec imposture.
Mais si les contrevérités susmentionnées contribuent à brouiller la visibilité de l’effort d’unité de l’UPC, les histoires que raconte un Professeur d’Histoire perturbent encore plus gravement   l’opinion nationale.

Professeur …d’histoires ?
Le Pr. Daniel Abwa  est donc « spécialiste de l’histoire politique du Cameroun » !  La lecture de son interview confirme cependant l’urgence, pour le Cameroun, d’avoir des historiens qui ne racontent plus des histoires.
 « Le problème des tendances à l’UPC, déclare-t-il, est [donc] une vieille querelle parce que Um Nyobè, qui a donné une âme immortelle au parti, n’a pas eu le temps de préparer un successeur. L’Upc souffre de l’absence de Um Nyobè et c’est la raison pour laquelle les tendances se multiplient ».

Comment comprendre ce fatras où le sophisme le dispute à l’incohérence ?  
Le problème est querelle, parce que…Mais Um Nyobè a-t-il « donné une âme immortelle au parti », ou a-t-il simplement constaté, au vu de l’engagement patriotique des Camerounais, que le parti était désormais « l’âme immortelle du peuple camerounais » ? Quel historien conséquent songerait à dire de l’UPC qu’elle est un parti où l’on « prépare des successeurs » ? L’UPC ne se reconnaît nullement dans cette culture des « Dauphins » propre aux formations politiques monarchistes dont Daniel Abwa a certainement une bonne expérience. A l’UPC, tout se règle prioritairement au mérite, et devant des Délégués dont chaque membre s’estime, entre autres droits, celui de choisir ceux qui doivent le conduire. Mais faire l’historien pour un parti quand on est militant historien d’un autre type de parti conduit à ce type d’amalgame. On a donc vu le Professeur  mélanger périodes, temps et registres : quand il proclame l’implosion imminente de l’UPC, c’est en   flagrante négation et méconnaissance de l’inclusion des upécistes : l’historien tarde à actualiser ses fiches ; autrement il aurait noté qu’au-delà des égos dont il se fait une fixation commode, le Prof. Jean Michel Tekam est revenu à la maison mère, et que le Commandant Kissamba, Ngouo Woungly Massaga, a choisi de mettre sa riche expérience au service de la refondation de l’UPC.  
Mais Daniel Abwa tient à ses histoires: « Je reste donc sceptique sur leur capacité à surmonter leurs égos (…) je ne vois pas l’UPC se reconstituer en un seul parti parce qu’on a affaire à des égos surdimensionnés ». Quand l’historien déserte ainsi les faits passés pour se risquer à écrire l’histoire de l’avenir, il change de discipline : ce n’est plus de l’histoire, c’est de la prospective. Et  la prospective que Daniel Abwa nous a servie n’a même plus de la prévision, puisqu’elle s’enlise plutôt dans la prédiction. En matière de science, le plus grave n’est pas de ne pas comprendre ; le plus grave c’est de faire semblant d’avoir compris.
L’UPC n’est pourtant pas un parti de paris où le hasard fixe les destins sur des coups de dés ; c’est un parti de défis où seules des convictions soutenues par des sacrifices inspirent des concessions difficiles mais lucides. Le Congrès extraordinaire de mars est donc un démenti à ceux qui n’y croyaient pas et qui, pour ne pas devoir se recycler, persistent à souffler sur la moindre étincelle susceptible d’embraser l’UPC. Par fétichisme de la division, M. Messi Bala a donc pu écrire que « l’unité impossible de l’UPC est historique ». Or voici qu’après trois longues années de concertation et de concessions patriotiques, des camarades qui ne se saluaient pas hier s’embrassent déjà, et se concertent pour l’avenir tant de leur parti que de leur patrie. On comprend que cela ne rende pas tout le monde heureux, surtout pas nos Professeurs en upécisme de la division.
Mais pour ceux, rares, qui ont eu le courage scientifique d’étudier l’histoire politique du Cameroun, l’histoire de l’UPC enseigne que l’unité de l’UPC ne se définit pas par l’unanimité des upécistes. On peut comprendre qu’il soit difficile à un militant de parti unique d’admettre que l’unité ne soit pas l’unicité. Mais dans l’UPC, l’unité n’a rien à voir avec l’unanimité de façade observable ailleurs. L’UPC n’exerce aucun chantage pour aucune fonction dans aucun organigramme de l’Etat. L’UPC n’exerce aucune menace judiciaire sur les libertés d’aucun citoyen camerounais. Les upécistes savent qu’ils ont le droit de s’exprimer. Ils savent que leur unité, comme la démocratie, est toujours à parfaire. C’est donc librement et fort résolument que le train de la réconciliation des upécistes au sein de l’UPC s’est mis en branle, en vue de la réconciliation des populations du Cameroun au sein de la nation. A chacun de choisir sa gare d’embarquement.  
Tribulations résiduelles
Il ne suffit donc pas que deux ou trois camarades en mal de positionnement tentent fébrilement de démonter les rails pour qu’aussitôt ils deviennent des chefs de « tendances ». MM. Pierre Sende, Thomas Biyick, Bernard Ouandji ne représentent pas une couleur politique propre à les distinguer comme « tendances » de l’UPC. Ils n’ont pas produit une nouvelle pensée politique, bien qu’ils affichent d’énormes appétits. Il s’agit de camarades dont l’un, Vice-président accidentel dans l’ancien « Bureau politique » pendant deux semaines, s’est rapidement fait sanctionner par la vigilance des militants UPC de l’Ouest Cameroun. Le second, dont le seul atout est le clan, s’est confirmé inapte à remplir une cabine téléphonique à Puma, sa base présumée. Quant à Pierre Sende, il est …vachement célèbre à Messondo comme « M. 1800 !», du nombre de voix par lequel il a fait perdre Augustin Frédéric Kodock en 2007 ! Mais pourquoi ne pas prétendre diriger l’UPC maintenant qu’on a « son » beau frère comme MINATD au Cameroun?
La rage de se faire remarquer signifie qu’on n’est pas remarquable. Dans le cas d’espèce, les upécistes exhortent ce trio incontinent à se ressaisir pendant qu’il est encore temps. Car ainsi que l’observe Cameroon Tribune par la plume de M. Essama Essomba, leurs tribulations marginales et résiduelles ne semblent « pas avoir entamé la pondération et l’optimisme du Président du Comité Directeur. Pour Louka Basile, en effet, la dynamique unitaire est en marche, malgré des sons de cloches divergents encore entendus ici et là ».
Il s’agit pour l’UPC de renaître, de se refonder, de se reconstituer pour retrouver la place que l’UPC n’aurait jamais dû perdre dans son fief national. Etre, et être d’abord. Non point contre qui que ce soit, mais  pour les populations du Cameroun.
Bien que l’unité de l’UPC qu’on prétendait impossible souffre plutôt de l’impossible vérité, il faut continuer de se le dire entre Camerounais, entre Upecistes du Cameroun et de la Diaspora : « Soyons ! »                                                
Charly Gabriel MBOCK
Secrétaire National à la Communication
Porte Parole de l’UPC