
Sur la grande place à Bafoussam, les habitants de la bourgade sont rassemblés en silence en ce triste 15 janvier 1971 peu avant 11h du matin. L’exécution des « rebelles » de l’Upc aura lieu d’un moment à l’autre, et les badauds sont arrivés de toutes parts.
Ernest Ouandié arrive, menotté, encadré par la soldatesque locale ; il marche droit, la tête haute et souriant, à l’image du militant infatigable qu’il a été, en compagnie de deux de ses compagnons d’infortune. L’atmosphère sur la place est très lourde et imprégnée de tristesse. Il refuse qu’on lui bande les yeux, et attaché au poteau d’exécution non loin des locaux de la police judiciaire, il préfère voir la mort dans les yeux.
Face au peloton d’exécution, il sourit toujours, et ses dernières paroles, prononcées haut et fort, resteront gravées dans l’Histoire, et dans la mémoire du peuple camerounais. Il considère qu’être exécuté pour la liberté de son pays est un honneur, et exprime sa certitude qu’après lui, d’autres continueront le combat jusqu’à la victoire. Il se met à chanter.
A peine ses mots déposés dans les esprits de ceux qui sont là sur la grande place, le crépitement des armes retentit. Après la première salve, on entend la voix d’Ernest Ouandié crier « Que vive le Cameroun », et il tombe, criblé de balles, aux côtés de Gabriel Tabeu alias Wambo le Courant, et du jeune Raphaël Fotsing. Un officier européen se détache de l’assistance, s’approche de Ouandié mourant, s’agenouille auprès de lui, met la main à son étui de revolver, se penche en avant et tire à bout portant.
Le Cameroun est officiellement indépendant depuis le 1er janvier 1960.