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Livres Des complexes qui corrodent

Des complexes qui corrodent

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Les varia que propose Amos Meyat au public constituent un genre qui ne court pas les rues. La catégorie en elle-même n'est pas nouvelle, puisque, déjà, J. K. Cunningham en parle dans Poètes américains contemporains de Howard Nemerov. Il y fait allusion au court poème qui se présente « nu au lecteur, dépouillé de contexte. » Il y fait l'évocation de Virgile qui serait l'inventeur du genre. On procédait alors par insertion du poème dans le texte en prose. Les Consolations Philosophiques de Boèce et Vitae Nuova de Dante Alighieri, sont des ouvrages de ce genre. « Dans ces deux œuvres, les poèmes gagnent en stature grâce au texte en prose qui les enchâsse. » Le poème qu'on lit en effet au cours d'un roman ou au sein d'un essai nous reste plus facilement en mémoire que celui qui se trouve dans son propre contexte.
En dehors des poèmes comme soulignent les ouvrages ci-dessus de Boèce et de Dante Alighieri, on trouve dans Ces Complexes qui corrodent en intercalaires, des textes en prose. L'auteur qualifie lesdites insertions de profanes. Il entend exprimer la différence conceptuelle qui caractérise ces écrits.

On trouve dans ces Varia cinq textes en prose et sept poèmes. Des textes, il se dégage que les insertions concourent toutes à soutenir le texte qui les tient comme en une action constrictive. On comprend que la sélection ne relève pas du hasard. Le texte qui traite des complexes, dans sa reptation, se démarque par les « marches » et « les marques », et descend de son perchoir par les remèdes que l'auteur propose contre les complexes qui rouillent, à tous égards, la société humaine.
Le premier poème, lui, de Y Apothéose, retrace l'élection de Barack Obama à la présidence du pays de l'Oncle Sam, comme de la réalisation d'un rêve. Scansion exprime un souhait d'anniversaire, Espiègles Muses et Intercessions du poète parle des introspections qui émaillent au jour le jour le métier de poète. Cours magistral est une rétrospective sur la guerre en Irak, du règne de Bush-fils tandis que Transmutations est une image béatifique du Pape Jean Paul II lors de ses funérailles à Rome.
Ce panorama démontre que l'auteur est un intellectuel confirmé tant il prend part aux débats politiques de son temps. Il ne s'écarte pas de la mondialisation et de la globalisation qui s'érigent en rouleaux compresseurs dans l'humanité d'aujourd'hui Par ailleurs, partant d'une appréhension analytique, tous les textes en intercalaires demeurent de la coloration des complexes dont souffre la société universelle. Outre qu'ils se comportent comme des entremets, ces entre-deux sont des vacuités indispensables à la vie de l'ouvrage. Qu'on ne s'y méprenne pas, Amos Meyat est loin d'anathématiser le florilège ancien ! Il ajuste l'ambition de lui redorer plutôt le blason par une lecture des survenances que celle de l'a priori.
Le genre d'Amos Meyat, ne peut être que savant. On constate de nos jours, amèrement, que l'audiovisuel et la caméra-trottoir livrent une bataille sans merci au livre. Il revient donc aux auteurs de faire feu de tout bois pour ramener la lecture à l'ordre du jour.
Ces complexes qui corrodent nous offrent une œuvre de ce genre, pleine d'ingéniosité et capable de réconcilier le lecteur avec la lecture, avec les Belles-Lettres.
Hubert Mono Ndjana, préfacier
Amos Meayt, Ces complexes qui corrodent, Ydé, Lupeppo, 2009, pp. 6-7

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