• Full Screen
  • Wide Screen
  • Narrow Screen
  • Increase font size
  • Default font size
  • Decrease font size
Elections au Cameroun: Transparence opaque - Page 6

Elections au Cameroun: Transparence opaque - Page 6

Envoyer Imprimer PDF
Index de l'article
Elections au Cameroun: Transparence opaque
Un jeu au dé pipé et à l’enjeu vicié
Les élections bancales au Cameroun de A à Z
L’impartiale dépendance
Nécessité d’un code électoral unique et consensuel
Le fichier électoral virusé
La réalité diverse des commissions électorales nationales
Mathias Eric Owona Nguini
Toutes les pages

Le fichier électoral virusé

Quand entend les uns et les autres spéculer sur l’informatisation du fichier électoral, on peut immédiatement penser que c’est une panacée. Peut-être perdent-ils de vue que c’est l’outil information que les élections avaient été truquées au Tchad et au Togo.
L’informatisation du fichier électoral est elle une panacée au sempiternel problème des fraudes électorales organisées à répétition par le pouvoir Rdpc pour se maintenir au pouvoir ? En tout cas, après avoir goûté à la fraude électorale sous toutes ses formes, les camerounais ne savent plus à quel Dieu de la transparence se vouer. Ils se sont déjà rendu compte qu’Elecam est une antichambre du parti au pouvoir, chargée d’assurer la réélection de ce dernier. Et la dernière piste que les forces du changement comptent explorer pour se débarrasser d’un régime dictatorial qui les opprime depuis 28 ans est celle de l’informatisation du fichier électoral. Une exigence de plus en plus martelée. Seulement, au regard des expériences du Tchad, du Togo, de la Côte-d’Ivoire…il s’avère que ce dernier gadget électoral n’est pas une solution miracle. Ce qui fait dire à certains experts de la question qu’il ne pourra pas empêcher le Rdpc de jongler avec les voix des électeurs afin de s’assurer un passage en douce et même en douleur.
Il y a quelques années déjà, le gouvernement  lançait à grand renfort de publicité, le fameux projet Sigipes, Informatisation du Système Intégré de Gestion Informatique du personnel de l’État et de la Solde. Un projet qui devait permettre d’assainir les finances publiques et mettre un terme aux irrégularités telles que les perceptions de double salaire, les grossissements des salaires de certains fonctionnaires…Aujourd’hui, ce projet est resté au niveau des « bonnes intentions ». Bilan des courses : les Camerounais ont su jongler avec le Sigipes.

Prévaricateurs
Les prévaricateurs ont plus d’un tour dans leurs poches. Ils savent toujours contourner l’armada d’ordinateurs et de serveurs chèrement acquis par l’argent du contribuable pour continuer à spolier les coffres-forts du pays, non sans la complicité  de certaines personnes chargées d’y mettre un terme. Un triste exemple qui devra tempérer l’ardeur et la foi des Camerounais en l’informatisation du fichier électoral.
Si cette informatisation présente des avantages certains au niveau du coût d’impression des cartes électorales, il reste que c’est l’homme qui sera aux commandes des ordinateurs. Et l’utilisation d’une souris d’ordinateur et de certains programmes pour attribuer le nombre incomptable de voix à un candidat lamda ne sera pas plus difficile que bourrer une urne. Là où il fallait trainer une pile de bulletins et réussir à les introduire discrètement dans une urne fut-elle transparente, un simple clic suffit. En pianotant sur un clavier d’ordinateur, il est plus facile de coller un zéro au résultat d’un candidat préféré et il prend une avance considérable sur ses challengers.
Marcel Fouda Medjo, enseignant d’université, ne dit pas autre chose. Pour lui, « si l’on admet que l’informatique offre des possibilités accrues de déceler et de prévenir les fraudes électorales, il convient aussi de reconnaître qu’elle offre exactement les mêmes possibilités pour une manipulation frauduleuse des données. En effet, s’il est facile de constater qu’un programme informatique réalise certaines opérations, il est beaucoup plus difficile de vérifier que sous certaines conditions, il n’en réalise pas d’autres. On peut faire faire n’importe quoi à un ordinateur de sorte qu’il peut changer de fonctionnement à telle ou telle heure s’il a été programmé ainsi. Les possibilités de l’informatique peuvent donc permettre aussi bien de prévenir les fraudes que de les aggraver en les rendant de surcroît plus difficile à déceler. ». A ce sujet, l’exemple que vient de nous livrer la Côte-d’Ivoire est assez illustrateur. Par la complicité de la société française Sagem, le président de la Commission Électorale indépendante de ce pays a réussi à introduire 50 000 noms d’électeurs fictifs sur la liste électorale. Seule la diligence des membres du Fpi, parti du président Laurent Gbagbo a permis de démasquer la manœuvre. Ce président de la Cei qui avait juré la main sur le cœur qu’il sera indépendant a été viré de son poste. C’est dire que l’outil informatique est insuffisant pour mettre un terme aux intensions des fraudeurs. Il en faut plus.
Au Cameroun, cette informatisation à défaut d’être un vœu pieux, engendra d’autres problèmes ; à commencer par le sort des électeurs des zones rurales. C’est une lapalissade : le pays de « Grandes Ambitions », malgré son potentiel hydro-électrique reste assez peu connecté à l’énergie électrique. Ce qui fait que tous les compatriotes des campagnes seront écartés du processus. Sauf si les pouvoir publics  prennent l’engagement de doter toutes les circonscription de matériel informatique adéquat et d’électrifier toutes les villes et villages du Cameroun. Autant de défis qu’il faut bien résoudre au préalable.
Maheu



Ajouter un Commentaire


Code de sécurité
Rafraîchir