La République des Vampires
Combien de cadavres des Camerounais jonchent le chemin du Renouveau du fait du mépris que l'oligarchie gloutonne au pouvoir depuis 28 ans affiche à l'égard des vies humaines ? 1000, 10 000, 100 000 cadavres ? Nul ne peut avec exactitude donner le nombre exact de personnes tuées ou portées disparues depuis l'accession de Paul Biya à la magistrature suprême. Nul ne peut également nier le fait que pendant 28 ans d'un règne sans partage, beaucoup de Camerounais ont été massacrés. Que ce soit lors des émeutes sociales, des grèves estudiantines, des catastrophes naturelles, des accidents de circulation, des incendies, lors du putsch du 06 avril 1984… ou qu'il s'agisse
des assassinats commandités des intellectuels, des hommes de Dieu, des militants des partis politiques, le bilan est macabre. Près de 1500 morts en 1984; environ 400 morts pendant les villes mortes, presque 800 Camerounais tués par le Commandement opérationnel; plus de 150 morts en février 2008; plus de 200 morts à Nsam Efoulan, environ 1785 morts au lac Nyos, pratiquement 30 morts à Bakassi; des milliers de Camerounais tués sur nos routes ou lors des catastrophes naturelles. Le Saigneur Paul Biya et le Renouveau se nourrissent-ils du sang des Camerounais ?
On se serait pourtant attendu que la principale mission de Paul Biya, comme celle de tout homme politique digne et responsable qui souhaite entrer dans l'histoire comme un homme d'État, soit d'assurer constamment et à perpétuité notre sécurité et celle de nos biens, de construire et de reconstruire en permanence notre communauté politique et de rechercher les meilleures conditions de notre survie et d'une vie bonne. Même si en 28 ans de règne et de jouissance présidentielle quelques timides efforts et réformettes ont été effectués, l'on doit reconnaître que durant cette trop longue période passé à la tête de l'État, le monarque présidentiel est passé maître de la politique du verbe.
Faut-il le rappeler, lorsque Paul Biya arrive au pouvoir en 1982, il promet monts et merveilles aux Camerounais. Une frange de Camerounais adoptent son projet de société avec enthousiasme d'autant plus que dans l'ouvrage Pour le libéralisme communautaire, écrit par certains intellectuels camerounais et qui porte son nom, il annonce "l'avènement du mérite [qui] mettra fin à l'anarchie par laquelle tout le monde pouvait se retrouver partout, mais rarement la personne qu'il faut à la place qu'il faut" et souhaite "vivement" que ses compatriotes se donnent la main pour " bâtir une société saine, c'est-à-dire une société constituée d'hommes qui se plaisent dans la compagnie les uns des autres, au lieu de se percevoir plutôt comme des loups, les uns pour les autres". Aussi se propose-t-il de promouvoir: (1) " la vraie démocratie" qui ne saurait s'accommoder de " quelques formes d'oppression, de tyrannie ou de dictature des régimes civils et militaires qui, même lorsqu'ils prétendent servir les aspirations des gouvernés, sacrifient sur l'autel de l'ordre la liberté et l'égalité"; (2) le "développement véritable" dont la finalité " consiste à accorder à l'homme des conditions d'existence telle qu'il se sente réellement un homme libre et capable de le demeurer; un homme libre qui est débarrassé de toutes sortes de préjugés coloniaux, [...] un homme qui ne vit plus sous l'emprise de la superstition et des croyances déshumanisantes", un homme de principes qui refuse de se complaire dans le mensonge et la gabegie, et qui ne vit pas " sous le régime de la peur et de l'ignorance". Cette société nouvelle, plus démocratique, plus humaine qu'il appelle de tous ses vœux est celle au sein de laquelle aucun Camerounais n'aura besoin, pour exprimer ses idées et opinions de prendre la clé des champs. Les slogans: " rigueur, moralisation, intégration nationale, stade suprême de l'unité nationale" mobilisent ses compatriotes qui y croient et envisagent l'avenir avec beaucoup d'optimisme.
Très tôt cependant, les Camerounais déchantent. Ils se rendent compte que Paul Biya est un démagogue, un spécialiste du mensonge politique. Bon jouisseur et toujours en vacances, le catalogue d'illusions qu'il a faites aux Camerounais restent au stade de promesses. Face à la recrudescence du vol, du viol des conscience, du népotisme, du tribalisme, de la gabegie, des détournements des deniers publics, ils comprennent que les "valeurs morales qu'était sensé promouvoir le renouveau ont été sacrifiées sur l'autel du mercantilisme, de la corruption, de la complaisance, du trafic d'influence, du mépris pour la vie humaine, de l'humiliation comme instrument de dialogue, du crime multidimensionnel, du vagabondage politique ... tant et si bien qu'il est difficile, aujourd'hui, même à ce renouveau, d'indiquer dans ce pays un seul modèle de vertu auquel il peut s'identifier" (Njawé, 1995). De nos jours les slogans tels que: " rigueur, moralisation et intégration nationale " laissent un goût très amer dans la bouche des Camerounais. Ceux-ci sont devenus, pour la plupart des citoyens des mythes pour idiots, des dieux constamment évoqués par les partisans du régime mais que très peu adorent.
C'est que la galaxie paupolienne est peuplée de vampires, de sorciers et de cannibales. Pour reprendre les mots du philosophe Fabien Eboussi Boulaga, disons que les vampires et/ou les sorciers (noir) se nourrissent du sang et de l'énergie vitale des autres. Ils les vident de leur substance et énergie vitales jusqu'à les transformer en zombies serviles (les morts vivants) ou jusqu'à ce que mort s'en suive. Les pratiques quotidiennes de Paul Biya et de certains de ses plus proches collaborateurs obéissent au principe et à la logique du vampirisme et de la sorcellerie. Ils s'accaparent ou donnent à des sectes maléfiques occidentales de l'argent qui aurait permis la survie de nombreux camerounais sans envisager l'impact et les conséquences de ces vols qui privent les malades et des hôpitaux de médicaments, les institutions scolaires et universitaires de bibliothèques, de laboratoires, de tables blancs, de toilettes, de salles de classe et d'infirmeries, etc.
Leurs pratiques sexuelles déviantes et déshumanisantes participent de la même logique. En demandant à leurs partenaires sexuels, le plus souvent de même sexe, de se courber pour ramasser argent et promotion dans la haute administration, ils veulent non seulement dominer (avoir ou conserver la puissance qu'ils confondent avec le pouvoir), mais aussi et surtout aspirer, mieux pomper ou sucer l'énergie vitale de leurs multiples partenaires (vampirisme énergétique) en entrant en contact direct (" full contact ") avec le lieu où est logée la pointe du coccyx ou sacrum au de dessus de l'anus et que les Hindous appellent kundalini, point à partir duquel l'énergie commence son ascension dans la colonne vertébrale puis pénètre dans le système nerveux central.
Ainsi va la république de Paul Biya. Une république des vampires, des barbares où la violence et la cruauté n'épargne pas les morts et les disparus, une république où il ne suffit pas que les morts soient morts, mais où il faut " les signer (eux-mêmes et ce dont leur vie et mort avaient été le témoignage) à jamais dans l'inexistence et les exiler dans le chaos de l'innommé ", pour parler comme Achille Mbembé.
Sa Majesté Paul Biya, Roi du Cameroun, devrait écouter le sang de ses compatriotes qui crie dans un " État " où la justice, accroupie et pourrie ne dispose d'aucune indépendance véritable ; un " État " assassin et cannibale où les acteurs des crimes crapuleux et odieux se pavanent impunément en bénéficiant des réseaux de brigandage, de corruption et de concussion, après avoir confisqué les appareils de l'État.
Le pogrome
Yaoundé, 06 avril 1984. Il est un peu plus de 3 heures du matin. Une pluie torrentielle arrose la ville. Quelques étudiants de l'Université de Yaoundé, qui étaient au " front ", et qui n'ont pas pu rejoindre leurs chambres, parce que bloqués par l'orage qui est en train de s'abattre sur la ville, se demandent comment faire pour regagner leur domicile. Soudain, ils entendent des coups de feu du coté de la garde présidentielle située à un jet de pierre du campus. Ils n'y prêtent pas beaucoup attention. Certains soutiennent qu'il s'agit des grondements du tonnerre.
Pourtant, quelque chose d'étrange se produit non loin du campus et dans la capitale politique du Cameroun, abondamment arrosée en cette fin de saison des pluies. Des chars d'assaut de la garde présidentielle, des camions militaires conduits par des soldats (en majorité originaires du nord Cameroun) sous le commandement du colonel Salé Ibrahim, patron de la garde présidentielle, et du capitaine Awal Abassi, vont dans tous les sens. Lire la suite
Parole aux acteurs
Les temps n’a pas effacé les mémoires
35 condamnés à mort exécutés à Mbalmayo
En sommes-nous si éloignés?
Message des leaders du «Mouvement J'Ose »
L'armée nationale vient de libérer le peuple camerounais de la bande à Biya, de sa tyrannie, de leur escroquerie et de leur rapine incalculable, inqualifiable. Oui, l'armée a décidé de mettre fin à la politique criminelle de cet individu contre l'unité nationale de notre cher pays. En effet, le Cameroun vient de vivre au cours de ces quinze derniers mois qu'a duré le régime Biya les heures les plus noires de son histoire. Son unité mise en péril, la paix interne troublée, sa prospérité économique compromise, la réputation nationale ternie.. Lire la suite
L'assassinat de l'intelligence
Un prêtre jésuite assassiné dans des conditions non encore élucidée. le pouvoir en place à Yaoundé entretient avec les intellectuels camerounais dissidents un rapport violent et meurtrier
Le père Engelbert Mveng, prêtre de la Compagnie de Jésus (Jésuite), est assassiné le 24 avril 1995. Au petit matin, le petit village de Nkolfané (dans la banlieue ouest de Yaoundé) découvre le corps du père jésuite Engelbert Mveng, étranglé, couché dans son lit face au plafond. Dans la nuit, des assassins, sans doute commandités, avaient fait leur triste besogne. Impossible de dire quelles sont les origines de la mort du Père Mveng. C'est l'émoi dans le monde entier. Léopold Sédar Senghor appelle la présidence de la République du Cameroun. L'ancien président sénégalais ne comprend pas qu'un homme comme Engelbert Mveng ait pu vivre sans garde du corps. Des voix vont courir pour révéler que l´assassinat du Père Mveng est l´œuvre de "groupes mystiques'´, pratiquant des cultes exotériques et se disputant le contrôle de l´apparat de l´Etat. Ils procèdent à l´élimination des intellectuels, des gens qui dérangent. La disparition du Père Mveng est aujourd´hui encore ressentie comme une perte monumentale pour l´Eglise catholique locale, le Cameroun et toute l´Afrique. Outre la prêtrise, le religieux était historien émérite, artiste distingué, théologien réputé et intellectuel intègre. Lire la suite
Le pionnier passe à la trappe
Prêtres et religieuses assassinés au Cameroun (liste non exhaustive)
Mgr Jean Kounou : Originaire du Département de la Lékié, ordonné prêtre en 1941. Etudes théologiques au Grand Séminaire de Mvolyé. Prélat de Sa Sainteté. De 1959 à 1979, Curé à Ngomedzap, Diocèse de Mbalmayo. Il est assassiné en 1982, en même temps que l'Abbé Materne Bikoa. Les deux assassins sont entrés chez lui. L'un d'eux était le cuisinier.
Père Engelbert Mveng : Le matin du 23 avril 1995, le Père Engelbert. Mveng fut trouvé mort, une profonde blessure à la tête. Un meurtre inexplicable, puisque rien n'avait été emporté de sa chambre. Lire la suite
Villes mortes : 100 à 400 morts sans responsables connus
Le pouvoir a respecté sa tradition fondatrice et historique de la liquidation, dans le sang, des revendications populaires. Des centaines de Camerounais sont passés de vie à trépas sans qu'à ce jour, les auteurs de ces massacres aient été appelés à assumer leurs forfaits.
Saura-t-on jamais la vérité sur ce qui s'est réellement passé lors des "Villes mortes" qu'ont connu, d'avril à fin octobre 1991, les quartiers des principales villes et provinces dites frondeuses au Cameroun ? Bien malin qui pourrait répondre avec exactitude à cette terrible question. Plus de 17 ans après, la plus longue opération de protestation de l'histoire politique postindépendance n'a toujours pas livré son véritable bilan. Pas plus que les responsabilités politiques et pénales n'ont été établies.
En effet, ni le gouvernement camerounais - qui prétendait ouvrir l'espace politique à la concurrence mais massivement contesté - , ni la communauté internationale -, qui avait fait croire aux différents peuples à travers le monde que le droit de manifester pacifiquement les désaccords avec leurs dirigeants était garanti par les conventions internationales dont la Déclaration universelle des droits de l'homme, n'ont initié ni même encouragé une procédure quelconque, qu'elle soit administrative ou judiciaire, pour établir les responsabilités éventuelles dans les tueries et autres exactions qui ponctuèrent l'espace public pendant les 8 mois de crise politique marquée par des manifestations populaires violemment réprimées. Lire la suite
Le feu, les casses et les morts
A l'orée de l'année 1990, un vent de démocratie souffle sur le monde. La chute du mur de Berlin (''rideau de fer'' séparant l'Est et l'Ouest de l'Allemagne) en 1989, le discours du président français François Mitterrand à la Baule (France) en 1990, l'ouverture du président soviétique M. Gorbatchev vers une société plus libre dans son pays et les pays satellitaires du bloc de l'Est, constituent les signes annonciateurs de l'air de liberté qui traverse désormais toute la planète
En Afrique au début des années 90, le vent de liberté est d'autant plus attendu, que des peuples ploient sous les régimes à partis uniques, avec leurs lots de dérives et de travers. Au Cameroun, des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent au sein de l'opinion pour réclamer la fin du parti unique et l'instauration du multipartisme.
Le pouvoir en place se raidit face à cette demande. Certains thuriféraires, aujourd'hui dans l'opposition, organisent des marches contre ce qu'il appelle le ''multipartisme précipité''.
Le 26 mai 1990, le Social Democratic Front (Sdf), parti politique crée à Bamenda, défile dans les rues de la ville et c'est la répression policière. Bilan : 6 morts et de nombreux blessés. Acculé, le pouvoir Rdpc lâche du lest. Le 19 décembre 1990, sont promulguées les lois dites de la liberté, qui instaurent le multipartisme intégral au Cameroun. Entre temps, une structure dénommée ''Coordination des partis de l'opposition'' se créée à Douala en octobre 1990, avec pour président du Directoire provisoire, Samuel Eboua, par ailleurs président du parti l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp). Lire la suite
Le chemin de Damase
Monarques assassins et camarades de Paul Biya
C.O. : Paul Biya caporalise Douala
Le Renouveau catastrophique
Après son intronisation comme chef de l'État, le 06 novembre 1982, des esprits chagrins, des superstitieux le déclaraient mal parti. Et pour cause, le règne du natif de Mvomeka'a commencait avec l'apparition des catastrophes. En 1984, alors qu'il n'est qu'à sa deuxième année à la tête de l'État du Cameroun, le lac Monoun vomit du gaz. Lire la suite
Indignation du prélat
J'ai l'honneur de vous adresser cette lettre concernant le mal que fait le "Commandement Opérationnel " dans le Littoral.
En effet, depuis la mise en place du dit Commandement, des nombreux cas de torture, de blessures graves et d'assassinats sont signalés sur des victimes innocentes ou peut-être coupables mais sans jugement. Lire la suite
Quand Biya perd le Nord
La faim justifie les moyens
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Emeutes
Cameroun, un volcan en activité
Pierre Mila Assouté, président du Rdmc
Pierre Mila Assouté : Le régime du Président Ahmadou Ahidjo était un régime autoritaire et policier, un régime de grande peur, mais en même temps, c'était un régime responsable, sécuritaire.
Quant au Président Paul Biya, son régime est une autocratie oligarchique corrompue, autoritariste et irresponsable. C'est un régime de jouisseurs à la fois pernicieux et insidieusement violents. La libre expression et la ploutocratie sont pratiquées comme des alibis de persuasion internationale en matière de démocratie.
Que diriez-vous, s'il vous était demandé de comparer, au fond, le système Ahidjo et celui de Paul Biya en termes de vision politique, de gouvernance, de gestion des hommes et des biens?
Le régime de Biya est fondamentalement la continuité du régime Ahidjo, notamment aux plans néocolonial et de la perception des processus de reproduction du pouvoir. Seulement, le premier, M. Ahidjo était un homme d'État fier de lui tandis que le second M. Paul Biya, ne l'est pas vraiment. Lire la suite
Trois crimes politiques capitaux d'Ahmadou Ahidjo dans l'histoire du Cameroun
Lettre à Sa Majesté Paul Biya, Roi du Cameroun
Pour une fois, je me permets de vous faire une lettre que vous ne lirez probablement pas. Peut-être cela vaut-il mieux que vous ne la lisiez pas. Elle pourrait vous faire avoir les nerfs en boule. Peut-être un de vos conseillers officiels et officieux ou les services de renseignement vous feront une économie de son contenu, bien sûr en ménageant votre susceptibilité. En tout cas, il vaut mieux que l'on vous fasse parvenir une note de synthèse.
Si j'ai choisi ce procédé, c'est simplement parce que dans d'autres circonstances, après avoir été une des victimes du trafic d'influence qu'exercent, très souvent, certains proches collaborateurs de votre épouse sur certains ministres, dont notamment Jean-Stéphane Biatcha, secrétaire exécutif de Synergies africaines et Christophe Foé Ndi, intendant principal du Palais, je vous avais fait parvenir une correspondance qui est restée lettre morte. Aussi suis-je d'autant plus fondé à m'adresser à vous de cette manière que vous affirmiez, il y a quelques années, que la société nouvelle que vous ambitionnez de construire est celle au sein de laquelle aucun Camerounais n'a besoin, pour exprimer ses idées et opinions, de prendre la clé des champs. Lire la suite