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Indignation
Il fallait bien s’y attendre. Paul Biya a adressé une lettre de condoléances à la famille de Pius Njawé. Il a remis à certains membres de ladite « famille » une rondelette somme de 10 millions de F Cfa. C’est normal. Il est humain et a déjà touché du doigt certains aspects des souffrances humaines. Lui qui a déjà eu à enterrer plusieurs membres de sa famille. Il a même érigé Pius Njawé en héros. On peut le dire. Honnêtement, cela veut dire que l’homme n’est pas insensible. Mais, là où le bât blesse, c’est que, sur le plan politique, et du vivant de Pius Njawé, le système néocolonial et patrimonial qui tient les Camerounais captifs de leur instinct de conservation lui avait causé toutes les misères.
Il était même devenu un pestiféré. Mort, c’est-à-dire devenu inoffensif, les vampires et les cannibales qui
ont confisqué notre patrimoine commun l’érigent en Héros national. Plaise à Dieu que ce geste magnanime du chef de l’État ne soit pas une façon de sabrer du champagne sur la tombe du valeureux Combattant pour les droits civiques. Il est regrettable, voire dommageable, que des membres d’une “famille” qui ne maîtrisent ni les enjeux, ni les combats menés par Pius Njawé en viennent à accepter ce « cadeau empoisonné » offert par les pouvoirs publics. Pourtant de son vivant, Pius Njawé avait refusé de se s’acoquiner avec un système prébendier. Ces membres de la « famille » n’ont-ils pas le sens de l’honneur ? Ont-ils oublié ou savent-ils seulement ce que pensait Pius Njawé de ces jouisseurs impénitents et de ce système peuplé de cannibales et de vampires ? Du système en place, Njawé disait que les « valeurs morales qu’étaient sensé promouvoir le renouveau ont été sacrifiées sur l’autel du mercantilisme, de corruption, de la complaisance, du trafic d’influence, du mépris de la vie humaine, de l’humiliation, du vagabondage politique…tant et si bien qu’il est difficile, aujourd’hui, même à ce renouveau, d’indiquer dans ce pays un seul modèle de vertu auquel il peut s’identifier». Pourquoi les membres de cette « famille » n’ont-ils pas refusé ce qui s’apparenterait aux yeux de Njawé comme de l’argent sale, comme l’avait fait Odile Tobner, veuve de feu Mongo Beti quand elle avait été approchée par les hommes du pouvoir après le décès de son Illustre époux ? Cette manœuvre avait commencé aux États-Unis. D’où la réaction indignée de Dzana Seme. Une consolation : heureusement que cet argent sale est remis à la « famille » et non au journal Le Messager.