Aspects juridiques de la "succession" à la tête de l'État au Cameroun
Pr Alain Didier Olinga*
La notion de succession pose au juriste une interrogation relativement simple : dans quelles circonstances et selon quelles modalités procède-t-on au renouvellement du titulaire de la fonction présidentielle en droit constitutionnel camerounais ?
Au moment où les sociétés africaines entendent, vaille que vaille, enjamber le chemin de la démocratie pluraliste, en consolidant la dévolution électorale du pouvoir politique, il peut être déroutant de raisonner en termes de succession pour traiter du problème de la transition ou du changement au sommet de la structure étatique. La sémantique successorale, en soi, peut relever de la provocation, ou à tout le moins de l'anachronisme analytique. Avant d'aller plus avant dans l'étude, deux remarques liminaires doivent dès lors être faites.
Premièrement, lorsqu'il aborde aujourd'hui la question des modalités juridiques de la "succession " à la tête de l'État, le juriste-constitutionnaliste africain est quelque peu tenté d'être gagné par un sentiment d'inutilité, au regard de l'ingéniosité politique dont font preuve plusieurs dirigeants africains pour contourner les obstacles juridiques dressés par les constitutions sur le chemin de leur volonté de se maintenir durablement au pouvoir. Une certaine lucidité, ou désillusion, commande probablement de laisser les réalités politiques décider de ces choses éminemment politiques, avec l'espoir que ce sera le moins mal possible pour la survie de l'État, de la Nation et de la paix civile. Lire la suite