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Médias Au nom de notre amitié - Médias

Au nom de notre amitié - Médias

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Index de l'article
Au nom de notre amitié
Pius Njawé: Fin tragique d’une vie titanesque
Pius N. Njawe plus vivant que jamais
Pius Njawé : Né pour combattre
Pius N. Njawe: Bloc-notes du Bagnard
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Pius N. Njawe plus vivant que jamais

Les témoignages affluent de partout et sont tous unanimes non seulement sur la grandeur du maître, du confrère, du combattant, de l’ami ou du frère qu’il était, mais aussi sur le bien fondé des actions qu’il menées en faveur de la justice sociale, des droits de l’homme et de la liberté tout court.

Aussitôt la nouvelle de la mort de Puis N. Njawe connue, de nombreux  témoignages sont enregistrés sur internet et dans les journaux. Toutes ces réactions qui viennent des quatre coins de la République et du monde entier, saluent la mémoire d’un grand homme.
Issa Tchiroma Bakary, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement qui s’est dit consterné quand il a appris la nouvelle de la mort tragique de "notre compatriote", rappelle qu’il avait des "relations assez particulières avec le directeur de publication de Le Messager" qu’il a côtoyé au début des années de braises "quand nous menions notre combat pour l’amélioration des conditions des vies des Camerounais". Quant à Grégoire Owona, secrétaire général adjoint du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), très attristé par cette mort tragique, dit garder de Pius N. Njawe "le souvenir d’un journaliste engagé et d’un esprit libre".
Du côté de l’opposition, des réactions ont aussi été enregistrées. Pour Ni John Fru Ndi, président national du Social democratic front (Sdf), la presse camerounaise perd en ce "grand homme" qu’il a, lui aussi, côtoyé pendant les années de braise, un de ses "grands vétérans". Anicet Ekane du Manidem pense qu’avec le décès brusque et poignant de celui qu’il qualifie de combattant "c’est la racine de la presse privée qui s’écroule". Anicet Ekane invite par ailleurs la jeunesse camerounaise à chercher des "repères dans la vie de Njawe". Emboitant le pas au Manidem, la Dynamique, par la voix de son président Albert Dzongang, regrette la perte de quelqu’un de cette trempe avant de conclure que la mort de Njawe "constitue une page qui se referme dans l’histoire du Cameroun".
Au sein de la société civile dont Pius N. Njawe se sentait très proche, le poids des mots témoigne de la douleur ressentie. Le cardinal Tumi, archevêque émérite de Douala, reconnaît en Njawe "un homme de conviction, un homme courageux, un patriote" qui était animé par l’amour de la vérité et de la liberté d’expression. Pour sa part, le citoyen Hilaire Kamga, Secrétaire permanent et porte-parole de la Plate-Forme de la Société Civile pour la Démocratie, pense que "cette triste et dévastatrice nouvelle du décès du citoyen/combattant Pius Njawe […] constitue une des plus graves que notre pays ait connus depuis deux décennies de lutte pour la libération du Cameroun". Tandis que Blaz J.E Essomba du groupe Blaz Design Management and Investment S.A reconnaît de Pius Njawe que sa "hargne aux combats est demeurée intacte", le Révérend Jérôme Ebua, quant à lui estime que ce grand legs laissé à la postérité doit être valorisé.  
Dans la corporation, la consternation est aussi perceptible. A titre individuel ou à travers une association, les confrères de M. Njawe ne tarissent point d’éloges sur l’exemplarité professionnelle de ce défenseur des libertés.  Pour Nta à Bitang, vice-président de l’Union des journalistes du Cameroun (l’Ujc), "l’Ujc et la grande famille de journalistes du Cameroun subissent une grande perte" avec le décès du patron du Messager. Quant au Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc), par la plume de son premier secrétaire a. i, "Pius Njawe était surtout un humaniste très sensible aux difficultés de la vie de ceux qui l’entouraient.  Ce qui enfaisait un gestionnaire plutôt  paternaliste". Le président de la Presse économique du Cameroun (Press Eco), François Bambou, pour sa part, reconnaît que ce "professionnel autodidacte était une grosse pointure pour la presse nationale et un des pionniers du développement de la presse indépendante au Cameroun".
A côté de ces associations, les amis et confrères ont exprimé également leur douleur. Abodel Karimou est directeur de La Gazette, journal dans lequel Pius N. Njawe a fait ses premiers pas en journaliste en tant que localier. "Pour la presse camerounaise […],  c’est une figure emblématique […] un journaliste engagé […] parti de manière brutale et à un très mauvais moment", surtout que les futures échéances électorales s’annoncent très chaudes. Il aurait en tout cas souhaité qu’il fût là pour continuer le combat du changement. Henriette Ekwé, directeur de la publication du journal Bebela, évoque la mémoire de Pius en parlant aussi d’un "journaliste engagé", tandis que  Ferdinand Chindji Kouleu, enseignant de journalisme et ami de Njawe, souhaite pour sa part, qu’"on ne laisse pas tomber Le Messager, mais qu’on le fasse grandir encore plus" étant entendu qu’il était "quelqu’un de courageux, de téméraire, une très forte personnalité qui était convaincu de son combat." La brutalité de cette mort suscite des interrogations quand on sait que M. Njawe n’était pas tendre avec le régime. Du coup, l’on comprend que André Parfait Bell, directeur de publication de Foot Africa et Hera, espère qu’il soit mort dans "un accident ordinaire". Quant à Melvin Akam, ancien rédacteur-en-chef au Messager, est convaincu que "tous ceux qui fleurissent dans les kiosques ainsi que ces nombreuses radios et télévisions nées après 1995, sont quelque part les fruits du combat de Pius Njawe pour la liberté d’expression".
La réputation de Pius N. Njawe, tout comme la portée de son combat traversent les frontières du triangle national. Ainsi, de l’extérieur, de nombreux messages ont aussi été enregistrés. Abdou Diouf, ancien chef d’Etat sénégalais et actuel secrétaire général de la Francophonie, regrette la disparition d’"un pionnier de la presse indépendante en Afrique francophone". Le deuxième conseiller à l’Ambassade de France à Yaoundé, Jean Louis Roth, se dit d’autant ému du décès de Pius Njawe qu’il a été en conversation téléphonique avec lui la veille de sa mort. Le journaliste sénégalais Babacar Touré parle de son illustre confrère camerounais comme de quelqu’un qui "nous a marqué en même temps qu’il a laissé une empreinte indélébile sur la marche de l’espace-temps démocratique et du champ toujours en friche des libertés et de l’engagement citoyen". "Pius Njawe devrait vivre encore pour parachever ses nombreux combats dont celui pour la sécurité", regrette Diao Diallo, journaliste guinéen.
Plusieurs autres témoignages ont été enregistrés, mais ce qui reste à souhaiter est que cet élan de solidarité se manifeste davantage afin les œuvres de celui dont nous regrettons tous la brutale et tragique disparition aujourd’hui, alors même qu’il n’avait pas encore achevé ses multiples combats, ne connaissent point le même sort que leur auteur, la mort. Car comme il l’avait déjà dit dans un entretien accordé à Edmond Kamguia K. de La Nouvelle Expression, en 1991 : « J’estime que nos héros doivent continuer au-delà même de la mort ». N’en est-il pas un aujourd’hui ?

S.P.D



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