Barbarie ou Etat de droit!
Près de 1500 morts en 1984; environ 400 morts pendant les villes mortes, presque 800 Camerounais tués par le Commandement opérationnel; plus de 150 morts en février 2008; pratiquement 30 morts à Bakassi; des hommes de Dieu, étudiants, intellectuels, humbles citoyens assassinés ou portés disparus; des milliers de Camerounais tués sur nos routes, 79 morts à Eséka, plus de 2000 morts dans la lutte contre Boko Haram...
Des dizaines et des milliers de corps de Camerounais tués et/ou assassinés jonchent le chemin du Renouveau. Le Saigneur Paul Biya et le Renouveau sont de véritables vampires ayant transformé des Camerounais en zombies.
Il suffit d’évoquer ce bilan pour que courtisans et thuriféraires de Paul Biya sortent de leur gong. L’ONG Amnesty International en sait quelque chose, elle qui après avoir publié un rapport accablant les forces de défense et de sécurité s’est vue attribuer tous les qualificatifs dévalorisants.
Il est vrai que le Cameroun est engagé dans une lutte contre la barbarie. Mais, si nous luttons contre les barbares en devenant nous-mêmes barbares, ces barbares auront
réussi à faire en sorte que nous soyons identiques à eux. Nous serons exactement comme ces étourdis qui disent « imbécile, tu es mal élevé ».
On peut bien questionner intellectuellement la démarche et les résultats des enquêtes d’Amnesty international, sans verser piteusement et pitoyablement dans ce chauvinisme qui tendrait à installer un régime qui a fait de la violation des droits humains son dada quotidien, dans l’insolence et le despotisme monarchiques.
Les regards comme ceux d’Amnesty sont les bienvenus dans un pays où certains gouvernants minables ne gesticulent et n’embouchent les vuvuzelas de la flagornerie et du griotisme les pus abjects que quand notre nudité est exposée en mondovision par les ONG et les médias étrangers. Dans certains cas, nous avons encore à prouver que nos méthodes sont différentes de celles qu’employaient les Khmers rouges qui sévissaient au Cambodge
Nos décideurs, les détenteurs provisoires du pouvoir politique, notre vuvuzela national, n’ont pas compris que contre le discrédit, les vieilles recettes ne marchent plus et ne peuvent rien. Ils découvrent ahuris les méfaits désastreux du mensonge et de la roublardise érigés en mode de gouvernement.
L’enjeu ? Barbarie ou Etat de droit. Le pire ou le meilleur de nous-mêmes.
Source: Germinal n°109, du 8 août 2017