• Full Screen
  • Wide Screen
  • Narrow Screen
  • Increase font size
  • Default font size
  • Decrease font size
1982 -2017: 35 ans de sang, de larmes et d'inertie - La République des crimes capuleux et de l'inertie

1982 -2017: 35 ans de sang, de larmes et d'inertie - La République des crimes capuleux et de l'inertie

Envoyer Imprimer PDF
Note des utilisateurs: / 0
MauvaisTrès bien 
Index de l'article
1982 -2017: 35 ans de sang, de larmes et d'inertie
La République des crimes capuleux et de l'inertie
Soeurs de Djoum tortuées, violées puis assassinées
Les assassins de Mgr Jean-Marie Benoît Bala courent toujours
Yves Plumeu: les mobiles restent inconnus, 26 ans après
L'assassinat de l'intelligence
Mgr Jean Kounou, Abbé Bikoa, Abbé Apolinaire Claude Ndi: Des meurtres non élucidés d'hommes de Dieu
Mgr Simon Pierre Tonyè Bakot: Les affaires d’argent emportent l’Archevêque de Yaoundé
Au royaume des moeurs sataniques
L'histoire du Renouveau-Rdpc s'écrit en lettres de sang
Au 100 000 morts sur les chemins du Renouveau
Qui a assassiné le colonel Nnanga Abo'o Pépin
Toutes les pages

La République des crimes capuleux et de l'inertie

À entendre parler Paul Biya, on peut lui donner le Bon Dieu sans confession. Le chef de l’Etat camerounais, en 35 ans de règne sans partage, a réussi à faire du Cameroun, un cimétière des hommes de Dieu, une république où verbe et action ne se conjuguent pas, une gélenne pour ses compatriotes.

Il n’y a point de doute. Mgr Jean Marie Benoit Bala, évêque du diocèse de Bafia a été assassiné. La mise en scène orchestrée par les commanditaires avait pour objectif de frapper les imaginations et de donner un écho mondial à ce crime crapuleux, en même temps qu’ils lançaient un sérieux avertissement à tous ceux qui tenteraient d’entraver leur désir démoniaque de se nourrir de la substance vitale des autres. Sans oublier que derrière cet acte ignoble digne de Lucifer, on ne saurait évacuer l’hypothèse selon laquelle, les parrains de cet assassinat odieux lançaient un sérieux défi à Paul Biya, en montrant aux Camerounais que rien ne leur arrivera, car, quelles que soient les conclusions des enquêtes ouvertes, c’est eux les véritables détenteurs du pouvoir. Tout comme l’hypothèse d’un assassinat politique ne saurait être évacuée, si l’on s’en tient aux silences du Vatican, des chancelleries occidentales basées à Yaoundé et si l’on prend en compte la batterie de moyens utilisés pour éliminer le prélat. Le process suivi dans sa mise à mort incline à penser qu’il ne s’agissait pas d’un simple châtiment, mais que les assassins recherchaient des informations. Mais alors, lesquelles ?
Ce n’est d’ailleurs pas pour la première fois que l’on assiste à la théâtralisation et à la spectacularisation d’un assassinat au Cameroun. La défenestration en plein jour du pauvre Djomo Pokam des hauteurs d’un hôtel huppé située en plein cœur de Yaoundé est une illustration patente. Tout comme l’assassinat odieux de Mgr Bala n’est que le dernier d’une très longue série qui pousse les observateurs avertis à affirmer que le Cameroun est le cimetière des hommes de Dieu.
Le paradoxe est qu’à chaque fois qu’un assassinat odieux est commis, les pouvoirs publics annoncent l’ouverture d’une enquête en vue de déterminer les coupables et autres commanditaires. Mais, jamais, les conclusions desdites enquêtes n’ont été rendues publiques et les commanditaires inquiétés. Pourquoi ?
La raison est simple. Les enquêteurs de la police et de la gendarmerie, le plus souvent, font bien leur travail, mais dès lors que leurs conclusions convergent vers une ou des personnalité (s) ou vers des pontes les plus symboliques du régime, un voile sombre recouvre les enquêtes et du coup s’installe l’impasse.
De sorte que les éléments du rapport d’enquête sur la catastrophe ferroviaire d’Eséka publié, le 23 mai 2017, par le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngo Ngoh, sont perçus par une bonne partie de l’opinion publique comme une nième fumisterie liée au lancement de la campagne présidentielle de 2018.
De fait, un étranger dont on ne peut soupçonner la moindre malveillance à l’égard du régime en place, même parachuté accidentellement dans notre pays, et qui s’intéresse à la gouvernance politique locale, ne manquera pas d’observer que l’un des problèmes majeurs du système gouvernant institué par Paul Biya depuis 1982 réside dans le fait que la volubilité du verbe ne suit pas l’action. Autrement dit, comme nous l’avons déjà souligné, au lieu de s’inscrire dans un registre d’un gouvernement et d’une gouvernance où verbe et action se conjuguent, l’ordre gouvernant actuel au Cameroun excelle dans le gouvernement du verbe dérisoire où les mots se limitent aux mots.

Gouverner, c’est manger.
Il y a fort longtemps que Jean Marc Ela avait fait le triste constat des crises systémiques de l’action au Cameroun à travers l’expression, « les mots sont fatigués », contenue dans son ouvrage: Innovations sociales et renaissance de l’Afrique noire. Les défis du monde d’en bas. En substance, l’éminent sociologue à travers cette expression rendait compte de ce qu’au Cameroun le décalage constant entre le verbe et l’action installe le Camerounais dans un scepticisme permanent à l’égard des discours de l’ordre dirigeants et des poings levés de quelques leaders d’une certaine opposition, dans un contexte de crises socioéconomique et sociopolitique, où gouverner, c’est manger.
Pour nourrir en permanence cette escroquerie politique, les idéologues du régime des déclarations d’intention et de l’inertie aux affaires mobilisent un vocabulaire incantatoire au service des dérobades présidentielles : « j’y veillerai personnellement », « le temps du président n’est pas le temps des médias », « je vous verrai », « je vous ai compris ».
Pourtant on peut faire bon marché des promesses présidentielles non tenues, de ses engagements sans suite. On peut marquer un temps d’arrêt pour illustrer notre propos, sur le constat d’échec du gouvernement des grandes ambitions dressé par le chef de l’État dans son discours de fin d’année 2013. Depuis lors, comme le dit le chansonnier camerounais Cirage « On attend » le séisme annoncé en vue du retour à l’efficacité de l’action gouvernementale. Lequel devrait aboutir à la réduction de l’obésité gouvernementale ambiante dont la seule raison d’être est d’engraisser les têtes de prou des réseaux clientélistes permettant au leader présidentiel d’assouvir son obsession d’éternité.
Lorsque les attentes des populations s’expriment (absence d’eau, d’électricité, de voirie urbaine, existence de nombreux carrefour cacas, existence de nombreuses structures d’abrutissement telles les débits de boissons, des multinationales de Dieu, les effectifs pléthoriques dans les amphis et les salles de classe, etc.), comme il a très souvent fait le constat, le refus de mettre en application la prérogative présidentielle qui consiste à sanctionner à démissionner des collaborateurs qu’il a nommés le rend politiquement responsable des indélicatesses et de l’incurie de ses ministres. Quand il les maintient en poste, même après avoir stigmatisé avec la dernière énergie leur manière de servir, comme il l’a fait le 31 décembre 2013, le citoyen perçoit et interprète ce maintien comme une incohérence et une approbation de leur manière de servir.  Le comble est qu’il maintient certains d’entre eux, même quand tous les Camerounais, à la suite du FMI et de la Banque mondiale font le constat de la banqueroute de l’économie camerounaise qui ne survit aujourd’hui que grâce aux financements extérieurs sous forme de dette ou d’emprunts obligataires, du fait de l’incompétence avérée du casting en charge des finances et de l’économie et de leurs alliés tapis à la primature, expert en plan d’urgence ; un groupe de prédateurs passés maitres dans l’art de multiplier à l’infini les projets budgétivores, sans impact réel sur l’économie. Cette pratique inspire aujourd’hui certains départements ministériels qui ont trouvé l’idée géniale d’organiser des conférences sans enjeux réels, sinon, que celui d’alimenter leurs stratégies d’accumulation personnelle en vue de financer les projets de succession de leur champion qu’ils disent sous cape fatigué et incapable de gouverner. Ce qui explique d’ailleurs les blocages observés dans la réalisation des projets structurants et autres initiatives de ce genre. Comme c’est le cas avec la Camair-co.
Comment comprendre que l’on continue de consacrer tant de milliards pour le redressement d’une compagnie aérienne qui ne décolle plus ? Le plus surprenant est que le siphonnage des deniers publics dans ce cas de figure porté à la connaissance du leader présidentiel n’entraine pas jusque-là le déclenchement de l’action publique, encore moins les sanctions politiques.
Où en est le président du RDPC avec l’opération mani pulite ( mains propres) annoncée comme une nouvelle canonnière dans son discours prononcé lors du dernier congrès de son parti tenu le 21 juillet 2006, en ces mots : « Nous avons encore, je dois le dire, un grave problème de morale publique. Malgré nos efforts pour les combattre, la fraude ; les détournements de deniers publics, la corruption continuent de miner les fondements de notre société. J’ai eu souvent à m’exprimer sur le sujet et de dire ma détermination à éradiquer ces comportements à-sociaux. Des sanctions sévères ont été prises au cours des derniers mois. Nous n’allons pas nous arrêter en chemin. Ceux qui se sont enrichis aux dépens de la fortune publique devront rendre gorge » ?  
À entendre parler Paul Biya, on peut lui donner le Bon Dieu sans confession. Pourtant depuis lors, les Camerounais assistent à un traitement sélectif ou à tête chercheuse des dossiers qui s’apparente à la purge politique. Sinon comment comprendre la mise sous les verrous de certaines hauts responsables et hautes personnalités dans certains dossiers alors que d’autres sont épargnés ou protégés, quand on n’organise pas leur sortie du pays comme ce fut le cas dans le dossier Sic et l’affaire Dayas Mounoumé ? Une immunité de poursuite injustifiable ne semble-t-il pas être décrétée au bénéfice de certains ministres et DG considérés par des Camerounais comme les papes de la corruption du régime Biya ? Comment comprendre notre banqueroute totale, à telle enseigne que le Cameroun est aujourd’hui livré pieds et poings liés aux institutions financières que sont le FMI et la Banque mondiale ? Comment peut-on dire chaque fois aux Camerounais que l’on est déterminé à combattre l’inertie et l’entretenir par l’indécision et les calculs politiciens ?
En outre, les Camerounais ont l’impression qu’aux yeux du chef de l’État, certains services sont inutiles pour le bon fonctionnement des institutions de la République. Sinon ils ne comprennent pas pourquoi sous son nez et sa barbe des postes importants dans le fonctionnement de la présidence de la République peuvent rester vacants des mois, voire des années durant. Comment un même responsable peut-il cumuler à la fois le poste de ministre et de DG d’une société parapublique sans que cela ne gêne pas Paul Biya ? Qu’est-ce qui peut justifier la mise en berne du Conseil constitutionnel, alors que le 30 septembre 2013, à sa sortie du bureau de vote, le président de la République avait annoncé l’imminence de la mise en place de cette institution importantissime dans le fonctionnement de la démocratie camerounaise et des institutions de la République ?
Toutes ces raisons associées aux multiples verrous des présidents de l’ombre tapis à la présidence qui n’entendent pas sacrifier les ministres et hauts responsables parrainés, font dire à quelques observateurs avisés, et à juste titre, que la publication du rapport sur le carnage d’Eséka ainsi que les effets attendus ne sont qu’un enfumage du gouvernement perpétuel utilisé comme rampe de lancement de la campagne présidentielle de 2018. Ceux-ci n’hésitent d’ailleurs pas à dire que les conclusions de l’enquête engagée après l’assassinat crapuleux de Mgr Bala seront renvoyées aux calendes camerounaises. Just wait and see.
Ikemefuna Oliseh
Jean-Bosco Talla



Ajouter un Commentaire


Code de sécurité
Rafraîchir