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Catastrophe ferroviaire d'Eséka: ces vérités cachées - Paul Biya, l'aloi du silence et de l'opacité

Catastrophe ferroviaire d'Eséka: ces vérités cachées - Paul Biya, l'aloi du silence et de l'opacité

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Index de l'article
Catastrophe ferroviaire d'Eséka: ces vérités cachées
Paul Biya, l'aloi du silence et de l'opacité
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Paul Biya, l'aloi du silence et de l'opacité
Sous le Renouveau, le Cameroun a connu toute sorte de crimes, d’incendies, de coups de vol, etc. Mais, tous n’ont toujours pas été élucidés. Pourtant, des commissions d’enquête ont toujours été créées. Tout semble se passer comme si cela était voulu par le régime de M. Biya qui a fait de l’opacité sa règle de gouvernance.

Une fois de plus, Paul Biya a promis, juré sur la tête de nos ancêtres. S’adressant à ses compatriotes, le 31 décembre 2016, à l’occasion de la fin d’année 2016 et du Nouvel An 2017, il rappelle : « Au moment où l’année 2016 s’achève, je ne saurais oublier le deuil qui, de façon inédite, a frappé notre pays, lors de la catastrophe ferroviaire survenue à Eséka. C’était un moment de grande douleur pour la nation entière. Notre peuple a su faire preuve de solidarité dans ce drame. L’enquête approfondie que j’ai prescrite dira la vérité. J’en tirerai les conséquences, je m’y suis engagé ». Ce n’est d’ailleurs pas pour la première fois qu’une telle promesse est faite aux Camerounais. Plusieurs catastrophes ont jalonné l’histoire du Cameroun. Des commissions d’enquêtes, quelquefois alimentaires, ont souvent été mises en place. Les rapports ont été rédigés et transmis au chef de l’État. Ils dorment au fond de ses tiroirs.
Août 1986. Des dizaines de centaines de compatriotes du Nord-Ouest perdent la vie, après avoir inhalé un gaz toxique. Même les animaux n’avaient pas pu résister à la toxicité de ce gaz mortel. Les aides et autres assistances des pays amis n’avaient pas pu faire taire les rumeurs des plus naïves au plus pernicieuses. Pendant que certains évoquaient une émanation de gaz du fond du Lac Nyos qui jouxte le village, d’autres poussaient l’impertinence jusqu’à croire que ce qui arrive à ces populations est le résultat des essais des bombes nucléaires… Une telle inflation dans les supputations se justifie par le retard et même l’absence d’une bonne communication autour d’un évènement aussi grave. On peut donc penser que la commission d’enquête créée n’avait pas servi à grand-chose. Mais, les pouvoirs sont presque restés de marbre.  
Autre évènement malheureux, même attitude. Le 14 février 1994, le quartier Nsam à Yaoundé vit un drame : des dizaines de Camerounais sont calcinés dans un incendie au moment où ils étaient en train de puiser du carburant des citernes tombées suite au déraillement des wagons d’un train. Au-delà des larmes, de la prise en charge des sinistrés et leurs familles, après le déguerpissement des populations environnantes, l’on s’attendait à ce que les autorités de Yaoundé rendent publics les résultats de l’enquête de la commission mise sur pied par le président de la République. Malheureusement, les Camerounais ne savent pas encore exactement ce qui s’était réellement passé au quartier Nsam ce jour ; tout comme ils ignorent encore quelles sont les responsabilités des uns et des autres et par conséquent, les sanctions y afférentes.
Dans la liste des sinistres qu’a connus le Cameroun ces dernières années figure en bonne place l’explosion de la poudrière du quartier général à Yaoundé. Là aussi des rumeurs de coup d’État sont allées bon train, et la commission d’enquête créée à cet effet semble n’avoir été qu’un décor formel puisque ses résultats n’ont jamais été rendus publics. Les Camerounais ne savent donc pas exactement ce qui s’était passé en 2002. Bien sûr, les questions militaires sont très sensibles, mais pourquoi avoir informé l’opinion de la création d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur cet incendie ?
Dans cette affaire, comme dans bien d’autres, à l’instar de l’incendie du palais de verre de Ngao Ekellé, des marchés de Bafoussam, Douala, Ngaoundéré, etc., des coups de vols répétés dans les ministères, des crimes de sang, etc., où des Commissions d’enquête sont créées, l’opacité arrange le gouvernement, puisqu’il est difficilement acceptable que l’on promette de faire la lumière sur une chose, et que l’on s’obstine à entretenir le flou l’obscurité et le flou qui sont entretenus.

Mépris et arrogance
Il n’y a pas mille manières de mépriser un peuple au nom duquel l’on prétend tirer sa légitimité lorsqu’on n’est pas capable ou que l’on refuse délibérément de mettre à sa disposition la vérité, celle qui n’est pas travestie dans l’intérêt de ceux qui gouvernent. Quand les intérêts de la République sont menacés par des actes irresponsables, ou lorsque les contours d’un incendie, par exemple, échappent encore à la compréhension de l’opinion que peut et doit attendre le peuple du gouvernement ? Il est évident qu’il n’y a que la vérité et non des entourloupes que ce peuple attend.
Au Cameroun, on a le sentiment que la valeur éthique du peuple ne préoccupe pas assez l’oligarchie gouvernante. Sinon, comment comprendre que l’on n’ait jamais rendu publics les résultats de l’enquête d’une commission, pourtant créée pour non seulement comprendre et éclairer le citoyen, mais aussi pour penser des mesures correctives, voire participatives. Au lieu de s’acquitter de ce devoir républicain, le gouvernement a toujours préféré jouer la carte de la langue de bois, celle qui consiste à invoquer le caractère sensible et stratégique d’une information pour ne pas la mettre à la disposition des Camerounais. D’ailleurs nombreux sont les Camerounais qui ont plus qu’une simple conviction, presque la certitude qu’au pays de Paul Biya, une commission d’enquête est synonyme d’opacité autour d’une affaire. La conséquence d’une telle attitude est simple : c’est qu’en l’absence d’une information officielle fiable, le cancer social appelé rumeur enfle et se métastase au sein de l’opinion. Espérons simplement qu’un jour viendra où le jour se fera sur toutes ces affaires obscures. Et que Paul Biya tiendra parole, en tirant toutes les conséquences de la catastrophe ferroviaire, où officielle le train de la mort a emporté 81 vies humaines. We don’t lose anything to wait
Maheu