Au moins 70 000 morts sur les chemins du Renouveau
Les vampires du Renouveau-Rdpc ont peut-être besoin du sang des Camerounais pour se régénérer et avoir la vie éternelle. Les voies du Renouveau et du Roi Paul sont impénétrables.
Vendredi, 21 octobre 2016. Le train voyageurs Intercity n° 152 de Camrail, déraille à Manyaï, près de la gare d’Eséka. Le bilan provisoire est catastrophique : officiellement, près d’une centaine de morts contre environ 600 blessés. Une querelle de chiffres tient l’opinion en émoi où l’attitude constamment minimaliste et condescendante des officiels le dispute dorénavant à la rapidité de l’information relayée sur les réseaux sociaux. Dieudonné Essomba, économiste connu pour ses analyses au vitriol, déclare alors que les Camerounais ne sont qu’au début de leur peine. Cynisme ? N’y at-il pas une consubstantialité entre la mort et le pouvoir de Biya ? En cette date commémorative de 6 novembre, le chemin parcouru par le Renouveau en 34 ans, jalonné d’hécatombes, dévoile une loi statistique de série, tant la temporalité des catastrophes paraît obéir à une périodicité plus ou moins égale. Le décompte des morts du Renouveau est un devoir de mémoire.
Illustration. Au lendemain du putsch manqué du 6 Avril 1984, une répression sanglante au terme de procès expéditifs a lieu à Mbalmayo où sont exécutés près de 1500 Camerounais, originaires du Septentrion. Bilan officiel : 35 morts (lire page 9). C’est le massacre inaugural de l’ère Biya. Deux ans plus tard, dans la nuit du 15 août 1986, une explosion a lieu au lac Monoun, non loin de Koutaba. Bilan : 37 morts. On ne pouvait pas prévoir. Le 21 courant, à Nyos, le lac Lwi, abrité par un cratère éteint comme celui de Monoun, libère un gaz carbonique dont la toxicité étale sur le carreau 1746 camerounais et 5000 bêtes décimées. Des mesures auraient dues être prises. Années 90. Au plus fort de la contestation sociopolitique, les villes mortes font environ 400 morts. L’Etat d’exception imposé par le commandement opérationnel marque au compteur : 800 morts. 3 Décembre 1995, le « Nyong » en provenance de Cotonou, crashe à Youpwé. Bilan : 78 morts. Les Camerounais sont à peine remis qu’un 14 février 1998, un déraillement de Wagons-citernes transportant du carburant, renverse son contenu à Nsam Efoulan, les populations accourent pour se ravitailler, une explosion s’en suit. Bilan : 250 morts. Quatre ans plutôt, en 1994 sur la route de Soa, la réforme universitaire initiée par le Ministre Titus Edzoa compte ses premières victimes : 12 morts. Il s’en suit alors une série d’accidents de la circulation : 27 janvier 2003 à Ebombé, sur l’axe Douala- Yaoundé, les Bus de Kami et de Félicité voyages rentrent en collision : près de 100 morts. On n’en finira plus jamais de parler du triangle de la mort – axes Yaoundé-Douala-Bafoussam-Yaoundé. Illustration : dans la nuit du 3 au 4 mai 2016 sur l’axe routier Douala-Nkongsamba, 7 morts, 21 blessés. Le 20/09/2016, 6 morts sur ce même axe. Le 2 novembre 2016, 9 morts sur le carreau à Ebebda, etc. De Septembre 2003 à Juin 2006, la Lékié connait à son tour son lot d’accidents dont les pertes vont au-delà de 100 victimes. Idem dans la partie septentrionale avec la compagnie de transport Star Voyages ; 5 mai 2007, à Mbanga Pongo, 2mn après son décollage, l’avion de Kenya Airways crashe. Bilan : 114 morts. Le Ministre de transport à l’époque, un certain Issa Tchiroma Bakary est accusé alors par Marafa d’avoir empoché l’argent devant servir à indemniser les ayants droit des victimes. Février 2008, éclatent les émeutes de la faim, bilan : au moins 139 morts. 2009 : une série noire sur les chemins de fer qui enregistrent plusieurs déraillements et beaucoup de morts. Bref, si on s’en tient aux données contenues dans les rapports sur l’état de la protection civile au Cameroun produit par le Minadt, il y a en moyenne sur nos axes, 1500 morts par an, au moins 51 000 morts au bout de 34 ans.
Sans oublier les 30 morts de morts de Bakassi, et environ 2000 morts liées aux attentats et à la lutte contre « Boko Haram ». Et les crimes rituels aussi. 2014, au quartier Mimboman à Yaoundé, des crimes dits rituels sont perpétrés, c’est l’émoi dans toute la ville, une commission d’enquête est commise et l’affaire est vite oubliée ; 2016 : Nkolbisson va connaître également sa série de crimes rituels. Puis, Eséka…Et la saga semble loin d’être terminée !
Tissibe Djomond