Le Cameroun, un Etat voyou
Le Cameroun est-il un État de droit ? Oui diront avec enthousiasme les thuriféraires du régime. Pourtant, si on en croit les rapports des organisations des sociétés civiles nationales et internationales, la réalité est toute autre. Amnesty International, Freedom house, Reporters Sans Frontières, Human Rights Watch, la commission nationale des droits de l’homme et des libertés (CNDHL), les organisations de la société civile camerounaise (OSCC) ont très souvent dénoncé de multiples et récurrentes violations des droits de l’homme dont se rendent coupables les autorités administratives, les forces de défense et de sécurité, les forces de maintien de l’ordre et certains magistrats.
A chaque fois, le gouvernement s’est toujours défendu, en traitant ces organisations de tous les noms d’oiseaux et en les accusant de mauvaise foi et d’être à la solde de l’Occident. Aux yeux du gouvernement, il s’est toujours agi d’un acharnement incompréhensible qui n’est pas un fait du hasard. Car, il ne comprend pas que des organisations, aussi variées et venant d’horizons divers, en viennent toutes à chaque fois à conclure sur des contre-vérités aussi manifestes que celles contenues dans leurs différents rapports.
La raison est pourtant simple, le Cameroun est un État où les droits humains sont très souvent bafoués, un État qui foule allègrement aux pieds les conventions internationales dûment signées et ratifiées. Un tel État, n’est-il pas un État de non-droit, autrement dit un État Voyou ?
Après de multiples récriminations amères formulées contre les agissements des autorités administratives, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Minadt), René Emmanuel Sadi avait demandé aux gouverneurs des régions, à l’ouverture de la conférence annuelle des gouverneurs tenue à Yaoundé le 19 juillet 2016, d’agir de façon que le Cameroun soit perçu comme un État de droit, de se « soumettre au droit et de savoir concilier, à chaque fois, dans l’exercice de [leurs] fonctions, les exigences d’ordre sécuritaires avec celle relative à l’expression et à la promotion des libertés inhérentes à l’État de droit ». Car, la puissance publique « n’est ni une puissance absolue, encore moins une puissance illimitée, mais bien une puissance encadrée par le droit et mise au service de l’État dans l’intérêt des citoyens et pour le progrès socioéconomique et le développement de notre pays ».
De nombreux Camerounais avaient estimé que ce n’était que des mots. A raison. Puisque moins de deux mois après la tenue de ladite conférence, précisément le 15 septembre 2016, pour ne citer que ce cas, le sous-préfet de l’arrondissement de Yaoundé V débarquait au siège de la CSP pour interdire verbalement la tenue d’une conférence organisée à l’occasion de la journée internationale de la démocratie.
Maheu
Les chantiers de l'inertie dans un Etat voyou - Le Cameroun, un Etat voyou
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