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Les Injustices de la justice - Page 6

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Index de l'article
Les Injustices de la justice
Page 2
Que nul ne saisit la justice s'il n'est riche...
Abus de justice: lenteurs judiciaires et procès expéditifs se côtoient
Une justice aux mille maux
L'ombre de la Chancellerie plane sur les prétoires
Au service de l'injustice
Dans l'univers mafieux des cabinets
Maitre Jean-Marie Nouga: La création du TCS a revélé les faiblesses de la justice
L'erreur judiciaire, par Daniel Mekobe Sone
Toutes les pages

L'ombre de la Chancellerie plane sur les prétoires
Dossiers téléguidés ou suivis, disparition des pièces, pressions sur les juges… Les justiciables sont régulièrement livrés pieds et poings liés à la vindicte d’une justice aux commandes de la hiérarchie.
Dossiers téléguidés et traités hors des prétoires, décisions connues à l’avance, pressions sur les juges, disparitions des pièces des dossiers dans les services de greffe… La litanie des maux qui minent notre justice ne saurait être exhaustive. De fait, ces maux vont de pair avec les griefs faits à ceux qui ont la charge de penser la justice camerounaise sans oublier les hommes à qui échoit l’honneur de la rendre au nom du peuple. Dès lors se pose une lancinante question, celle de savoir si la justice est effectivement rendue au nom du peuple. Si cette justice est juste et équitable pour tous les justiciables. Si tous les camerounais sont égaux devant la loi. La réponse qui coule de source est non. Les justiciables connaissent des fortunes diverses selon qu’ils sont fortunés ou démunis, acquis à la cause et aux idées de ceux qui nous gouvernent ou rebelles.
Et de fait, les cas de dossiers téléguidés et pilotés depuis des bureaux cossus sont légion. Des tribunaux ordinaires aux juridictions d’exception, en passant par la haute juridiction, le constat désabusé des justiciables qui ne se reconnaissent pas dans des décisions rendues par des juges corrompus est le même. De manière anecdotique, nombre de justiciables parlent de décisions rendues en leur défaveur par des juges convaincus de corruption qui, une fois l’argent empoché se comportent comme de véritables mercenaires des prétoires. Illustration de cette dérive corruptrice des magistrats (juges comme procureurs), les tribunaux de première et grande instance de Monatélé dans le département de la Lékié. Les cas de monnayage de décisions des juges auront culminé en 2014, éclaboussant l’institution judiciaire dans son ensemble. Tant et si bien que, exaspérée, la Chancellerie avait fini par procéder à une véritable purge au sein des tribunaux de ce département. Un chamboulement qui avait fait dire à nombre d’observateurs que la purge venait à point nommé, empêchant ainsi que la gangrène n’envahisse tout le corps.

Justice instrumentalisée
Autre tableau poignant illustrant cette incurie de notre justice, autre propos désabusé d’un initié : « nous avons la fâcheuse l’impression d’être livrés pieds et poings liés à l’ogre d’une justice instrumentalisée. Il faut que les choses changent, que nous ayons affaire avec une justice équitable », ainsi s’exprimait Me Mong, membre du collectif pour la défense de Olanguena Awono à l’occasion d’un point de presse. L’avocat dénonçait ainsi les injustices et autres dérives d’une justice qui venait d’infliger une lourde peine de prison à son client. Dans le collimateur de l’auxiliaire de justice, les juges du Tribunal criminel spécial qui donnaient l’impression de se livrer à un récital, d’être des marionnettes actionnées par une main invisible et de livrer un verdict que leur dictait une voix inaudible. C’est pour s’élever contre les mêmes dérives d’une justice aux ordres que Me Assira Engoute, le conseil de Atangana Mebara fut contraint de prendre la délicate décision d’abandonner son client, pieds et poings liés, devant la barre du Tribunal criminel spécial, pour affronter seul un collège de juges missionnés pour cette cause pendante et qui ne faisaient pas mystère de leur détermination à se payer le scalp d’un supplicié qui pourtant n’était pas à sa première condamnation : l’ex-Sgpr avait vu tant d’autres. Mais cette fois les magistrats étaient allés trop loin dans leur inféodation. Une autre condamnation programmée pour Atangana Mebara qui avait tôt fait de humer le roussi. Me Assira qui s’était résolu à revenir défendre son client ne se faiasit non plus d’illusions sur la sentence finale. Les faits leur donnèrent raison : 25 ans de prison de plus pour l’ancien-Sgpr.
Lorsqu’on intègre dans l’analyse les cas de pièces de dossiers subtilisées dans les greffes des juridictions par des greffiers qui privent ainsi les justiciables et les juges – au cas où ils ne sont pas dans le coup - d’éléments leur permettant d’asseoir leurs décisions, l’on conclut aisément à une justice inéquitable, injuste, inféodée et souvent à tête chercheuse. Surtout si l’on tient compte de cet autre paramètre que constitue les décisions non rédigées ou lentes à l’être, plusieurs années après que le juge se soit prononcé. Toute chose qui prive ainsi le justiciable de la prérogative reconnue par la loi d’exercer des voies de recours encadrées dans des délais stricts.
E.M & Maheu