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RDPC: Vers un bain de sang - S'achmine-t-on vers un bain de sang?

RDPC: Vers un bain de sang - S'achmine-t-on vers un bain de sang?

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Index de l'article
RDPC: Vers un bain de sang
S'achmine-t-on vers un bain de sang?
Lutte contre la corruption:l'autre point de discorde dans le RDPC
RDPC: un parti d'état-major
Les Progressistes
Les Conservateurs
Les non-alignés
La permanence du conflit de génération
Marasme et paupérisation: sources des conflits
Mathias Eric Owona Nguini: « Le RDPC est à la croisée des chemins parce que les forces sont préoccupées par la succession présidentielle »
Toutes les pages

S'achmine-t-on vers un bain de sang?

Le parti au pouvoir vit des moments difficiles. L’horizon de 2018 reste brumeux. Les protagonistes affutent leurs armes en attendant la mère des batailles.
Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais est sous les feux de la rampe depuis que le secrétaire général du comité central a fini avec sa tournée d’installation des responsables départementaux et régionaux nommés par son président national, par ailleurs chef de l’État. Il flotte dans l’air comme un parfum de la préparation d’une grand-messe.
Sur le terrain où l’image des pontes du régime a été bariolée d’une encre noire, avec les arrestations de certains militants les plus en vue dans le cadre de la lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics, le parti au pouvoir s’est livré à une bataille communicationnelle féroce pour démentir des ‘’informations malveillantes et dénuées de tout fondement’’, propagées par des ‘’ennemis de la paix et de la stabilité politique’’ du Cameroun.
Mais force est de reconnaître qu’à chaque fois, ce forcing médiatique des exégètes du parti et autres thuriféraires du régime, n’ont contribué qu’à casser le thermomètre sans toutefois baisser la température du malade Rdpc. Et le parti va toujours mal. Passe encore que ces affaires révélées pour la plupart par des médias et organismes internationaux, soient des ‘’complots extérieurs visant à déstabiliser le Président Biya’’. Que dire alors de ces autres affaires purement internes qui mettent à nu la roublardise prédatrice d’une bande de délinquants à col blanc de la nomenklatura Rdpciste ?
Aux preuves réclamées hier aux médias nationaux avec beaucoup d’arrogance par le chef du parti, s’est substitué un discours lénifiant, moins assuré sur les dérives comportementales de ces ‘’camarades qui ont trahi les idéaux du parti’’ en détournant des centaines de milliards de francs CFA au préjudice du Trésor public. Ici encore, le parti des flammes sort laminé de ce nouveau vernissage de propreté que veut se donner le régime vis-à-vis des bailleurs de fonds internationaux. Il reste admis que l’élagage de quelques branches mortes et encombrantes de l’arbre Rdpc, ne peut aller sans des fissurations plus ou moins ouvertes dans l’armature.de fait, les pestiférés d’aujourd’hui, hier banquiers occultes du parti et agitateurs populistes, ont quelque raison de se sentir abandonnés par un parti d’État à qui ils ont tout donné (et tout repris aussi ?).

Un militantisme alimentaire et administratif
A ces brèches ouvertes dans la coque du Rdpc par l’opération épervier’’, sont venues se greffées des luttes âpres pour le positionnement au sein de l’appareil du parti et de l’État en prévision de l’échéance de 2018 avec toutes ses incertitudes. Il ne se passe pas un seul jour sans qu’il soit signalé dans quelque structure locale du Rdpc des déchirements entre ses membres. Ces dissensions récurrentes qui fragilisent une formation politique où le militantisme alimentaire s’est depuis longtemps substitué aux convictions idéologiques affirmées, donnent du parti des flammes l’allure d’un pantin désarticulé, que des motions de soutien hypocrites et des séminaires de relance n’arrivent plus à masquer la triste réalité.
Adossé à l’administration publique pour survivre politiquement en tant formation majoritaire, le Rdpc, de plus en plus traversé de courants antagonistes, affaibli par des scandales financiers gargantuesques et sclérosé par un immobilisme démocratique en amont, est aujourd’hui une formation politique d’obédience alimentaire et administrative.
Que serait d’ailleurs le parti du président Biya sans l’Administration ? De quel poids pèserait cette formation politique sur l’échiquier national sans les préfets, les sous-préfets et autres hauts fonctionnaires carriéristes dont le rôle de proconsuls du parti lui assure sur le terrain une majorité nominale de façade ? Contrairement aux autres formations politiques –SDF et UPC par exemple- où hier les voix contestataires étaient systématiquement brisées par l’exclusion des rangs, le Rdpc fait dans un registre plus cool en maniant aussi bien la dissuasion (pertes d’avantages matériels et financiers) que la persuasion (promesses de nomination à des postes importants) pour faire rentrer les têtes de turcs dans les rangs, même si ces derniers temps les apparatchiks et autres faucons veulent durcir le ton. Étant un parti à dominante administrative, le procédé donne des résultats admiratifs. Il est d’ailleurs employé avec succès pour débaucher quelques cadres ambitieux dans les partis dits de l’opposition. Albert Nzongang a failli revenir à la maison, si on en croit les révélations faites par les médias au sujet de ses tractations nocturnes avec le secrétaire général du comité central Jean nKuete.
Nous l’avons relevé plus haut, l’Administration est le vivier militant du parti au pouvoir, pour des raisons évidentes de carrière et de positionnement alimentaire. Imaginez un jeune fonctionnaire sans aucune étiquette politique affichée, qui par la magie du décret est nommé Proviseur du lycée d’une localité perdue dans la forêt équatoriale. Ipso facto, il devient dans cette petite bourgade villageoise une ‘’personnalité ressource’’ du Rdpc, et en tant que telle devra assister à tous les meetings et conférences du parti. Par la même occasion, notre nouveau cadre du parti doit répondre aux convocations des élites extérieures du Rdpc dans son terroir natal afin d’apporter sa contribution multiforme au rayonnement de sa formation politique. Voilà comment on devient militant du ‘’grand parti national’’. Plus on occupe un poste quelque peu d’importance, plus on affiche ostensiblement son zèle militant. A contrario lorsque la position sociale ou politique est perdue, la foi aux idéaux du parti s’émousse inexorablement.
Comment appelle-t-on ce genre de formation politique ? Un parti d’État-major, avait fustigé une voix autorisée. C’est dans ce contexte brûlant que son prochain congrès est attendu impatiemment par les militants, même si chacun ne croit guère à une quelque révolution au sein de cette formation qui souffre d’un déficit certain de démocratie.
Reste à craindre que le choc des ambitions ne débouche sur un bain de sang comme cela avait failli être le cas en 2004 quand la rumeur du décès de Paul Biya s’était propagée comme une trainée de poudre. En effet, après la rumeur annonçant le décès de Paul Biya, heureusement démentie par  son retour triomphal en terre camerounaise le 09 juin 2004, certaines élites du Centre, du Sud et officiers généraux de l’armée, soutenus par des membres influents et véritables théoriciens du G11 dont un ministre encore en poste et compagnie, qui estiment que le pouvoir leur appartient et qu’il ne pourra plus jamais leur échapper,  avaient - selon des informations parvenues aux oreilles des journalistes de l’Association des journalistes économiques du Cameroun (Ajec) réunis, le 5 juin 2004, en session ordinaire pendant cette période à la Friedrich Ebert Stiftung à Yaoundé -  projeté de s’accaparer du pouvoir politique en procédant à l’élimination physique du président de l’Assemblée nationale, M. Cavaye Yéguié Djibril, de certains compatriotes, de certains journalistes impertinents et à l’embastillement  de beaucoup d’autres. Aussi, en ce temps-là, des rumeurs avaient-elles fait état de l’utilisation de l’armée pour mettre le pays à feu et à sang au cas où le pouvoir échappait à certains groupes biens organisés qui contrôlent certaines sociétés de gardiennage, véritables milices privées dont la constitution et la prolifération avait été favorisées à dessein. Que Dieu nous préserve. A bon entendeur !!!!
Serge Alain Ka’abessine