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Des désastres judiciaires

Des désastres judiciaires

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Index de l'article
Des désastres judiciaires
Une justice rendue au nom du ministre de la justice, de l'exécutif et de Paul Biya
Ces condamnations qui discréditent la justice camerounaise
Une justice indépendante à l'épreuve des fait
Une justice accroupie
Indépendance de la justice: attention danger!
Rendre justice la faim dans le ventre
Construire des ennemis intérieur
Me Charles Tchoungang : «Dans certaines affaires, la principale motivation ayant permis le déclenchement des poursuites a été politique »
J'accuse...
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L'injuste Tcs
Les mots ont un sens. Quand on les emploie, c’est pour dire quelque chose, pour se faire comprendre surtout si on a pris la peine de clarifier le sens de chaque notion utilisée afin d’éviter quiproquos et mésinterprétations. Ces derniers jours, pour ne pas dire ces derniers temps, un mot est régulièrement revenu dans la bouche des Camerounais, qu’il s’agisse du nouveau Code pénal récemment adopté par le Parlement et promulgué par le président de la République, ou des procès pendant devant le Tribunal criminel spécial (TCS), la Cour suprême, ou ceux dont les jugements ont déjà été rendus par ces juridictions : c’est le mot magique justice. Ce mot revient dans les expressions ministère de la Justice, palais de Justice. Ne perdons pas de vue qu'à aucun moment, on ne parle de ministère de la Vérité ou de palais de la Vérité. Cela veut dire qu’il y a très souvent un gap entre la justice et la vérité, le décalage entre ces deux réalités étant dû à l’intervention humaine.
On sait que le terme justice

désigne un idéal universel et en même temps qu’une vertu personnelle. On a aussi coutume de dire que la justice n’est pas de ce monde et que ce qui l’est c’est l’idéal de justice. À défaut de la vraie justice qui relèverait de Dieu ou des dieux, les hommes souhaiteraient avoir une qui, faute de les satisfaire entièrement, les consolerait.
Au Cameroun, hélas ! le palais de justice est devenu moins le lieu où peut se réaliser l’idéal d’équité que celui où injustices, carriérisme et pressions politiques multiformes plombent l’idéal de justice vers lequel on devrait tendre. Cette situation est surtout marquée au TCS où prévaut le devoir d’injustice avec les interventions intempestives de l’exécutif, de la Chancellerie donc des politiques dans certains procès dits emblématiques impliquant les hauts commis de l’État ou de personnalités du monde des affaires. Les affaires Marafa Hamidou Yaya, Jean-Marie Atangana Mebara, Polycarpe Abah Abah, Lydienne Yen Eyoum, Etondé Ekotto, etc., présumés coupables dès leur arrestation, en sont des illustrations patentes. On comprend pourquoi, certains Camerounais n’hésitent plus à parler de ministère ou de palais de l’injustice et estiment que le TCS est un machin aux mains de l’exécutif et de certains pouvoiristes pour liquider des ennemis réels ou supposés.
Dans ces conditions, on n’est pas étonné de constater que les charges retenues contre les personnalités suscitées et les procédures judiciaires sont démontées par des instances internationales qui qualifient leur détention d’arbitraire et exigent leur libération.
Qu’avons-nous fait pour mériter un TCS, plus généralement, une justice si injuste ?
Heureusement, dans cette mare aux canards boiteux, il y a encore des Magistrats (avec grand M) compétents et téméraires qui, même dépourvus de moyens, disent le droit malgré des pressions, et des Avocats des sans voix qui défendent des causes perdues d’avance. Chapeau !!

Source: Germinal n°089 du lundi 11 juillet 2016