Pour ses thuriféraires, René Sadi, bien que sommeilleux, est incontestablement le prochain président du Cameroun. Dans leur argumentaire, ceux-ci soutiennent qu’il est le fils spirituel caché d’Ahmadou Ahidjo. Ce faisant, plus que tout autre candidat du RDPC, il peut compter éventuellement sur une certaine classe politique française nostalgique d’Ahidjo, mais aussi sur le soutien des islamo-peuls du groupe géopolitique baptisé Grand Nord. Il y a étudié et parle bien le peulh. Un atout majeur qui se greffe à celui de la situation géographique de son Yoko natal situé à équidistance du nord et du sud, et à l’embastillement du comité central et du bureau politique du RDPC du temps où il était secrétaire général. Même s’il éprouve quelques difficultés à imposer ses hommes au poste de gouverneurs ainsi qu’au niveau des services centraux de son ministère, toujours est-il que le successeur Sadi tisse sa toile au niveau de la préfectorale et peut compter sur la puissance financière du groupe Bocom dont on dit à tort ou à raison qu’il sera le parrain de l’ombre. La prorogation récente des carrières de plusieurs préfets et sous-préfets est présentée au Minadt comme prime de fidèlité offerte par le successeur Sadi à ses obligés d’un genre nouveau. Elle participe de sa stratégie de conquête du pouvoir, même si les stratèges de Paul Biya veulent instrumentaliser cette mesure pour la présidentielle anticipée. Cette mesure est de tout même curieuse, au moment où les fonctionnaires se retrouvant dans la même situation sont appelés sans manière à faire leurs droits à la retraite.
Source: Germinal, n°087.
Succession présidentielle: La guerre totale - René Sadi: Le parangon de l'inertie
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René Sadi: Le parangon de l'inertie