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Ces Assassins des libertés publiques - Comment le dauphin, René Sadi, ménage sa monture

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Index de l'article
Ces Assassins des libertés publiques
Ci-gisent les libertés publiques
Loi n°90/055 du 19 décembre 1990, portant régime des réunions et des manifestations publiques (extraits)
Des sous-préfets avides d'amalgames fallacieux
Retour déguisé de l'ordonnance 62 réprimant la subversion
Comment le dauphin, René Sadi, ménage sa monture
Le panthéon des assassins des libertés publiques
Loi n°054 du 19 décembre 1990 portant maitien de l'ordre
Le cadre normatif de l’exercice de la liberté de réunion et de manifestation publiques : Le Cameroun à l’épreuve des autres systèmes juridiques
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Comment le dauphin, René Sadi, ménage sa monture

De plus en plus cité comme étant le dauphin du Prince, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Minadt) passe à la deuxième phase de sa stratégie qui consiste à transformer progressivement le Cameroun en un État-liberticide, au cas où…
Pour ses thuriféraires, René Sadi est incontestablement le prochain président du Cameroun. Dans leur argumentaire, ceux-ci soutiennent qu’il est le fils spirituel caché d’Ahmadou Ahidjo. Ce faisant, plus que tout autre candidat du RDPC, il peut compter éventuellement sur une certaine classe politique française nostalgique d’Ahidjo, mais aussi sur le soutien des islamo-peuls du groupe géopolitique baptisé Grand Nord. Il y a étudié et parle bien le peulh. Un atout majeur qui se greffe à celui de la situation géographique de son Yoko natal situé à équidistance du nord et du sud, et à l’embastillement du comité central et du bureau politique du RDPC du temps où il était secrétaire général. Même s’il éprouve quelques difficultés à imposer ses hommes au poste de gouverneurs ainsi qu’au niveau des services centraux de son ministère, toujours est-il que le successeur Sadi tisse sa toile au niveau de la préfectorale et peut compter sur la puissance financière du groupe Bocom dont on dit à tort ou à raison qu’il sera le parrain de l’ombre. La prorogation récente des carrières de plusieurs préfets et sous-préfets est présentée au Minadt comme prime de fidèlité offerte par le successeur Sadi à ses obligés d’un genre nouveau. Elle participe de sa stratégie de conquête du pouvoir, même si les stratèges de Paul Biya veulent instrumentaliser cette mesure pour la présidentielle anticipée. Cette mesure est de tout même curieuse, au moment où les fonctionnaires se retrouvant dans la même situation sont appelés sans manière à faire leurs droits à la retraite.
Tout ceci mis ensemble contribue à renforcer ce que ses contemplateurs nomment Avantage Sadi. Rien de surprenant donc que la phase 2 du renforcement de son avantage soit orientée vers l’élimination de ses adversaires possibles et potentiels à son plan. Tel est, nous semble-il, l’enjeu de l’État liberticide qui se met progressivement en place au Minadt, sous l’ère Sadi. Ce qui amuse dans ce jeu, c’est l’hypocrisie qui consiste à présenter ses différentes actions contre l’exercice des libertés publiques comme une preuve de sa fidélité supposée au régime de l’homme du Renouveau.
Le futur président de la République ne se laisse pas aborder par les sans-dents. Pour le rencontrer facilement, il faut être soit un collègue du gouvernement, soit un diplomate accrédité au Cameroun, soit quelqu’un de son cercle restreint. Les plus chanceux parmi les sans-dents et autres va-nu-pieds qui ont été reçus en audience ont dû atteindre un, voire deux ans après avoir introduit leurs demandes d’audience, celles des indésirables et autre pestiférés étant simplement jetées aux calendes camerounaises.
Alors même que l’homme tisse sa propre toile, comme Amadou Ali hier avec l’arme de l’Épervier, et d’autres dauphins dont la longévité aux affaires n’est pas nécessairement liée à la compétence, mais plutôt, est le trophée de la réussite de la duplicité.
En effet, le 9 décembre prochain, il aura passé cinq années à la tête du Minadt en survivant à deux réaménagements gouvernementaux. L’entrée et la sortie d’un gouvernement relève du « pouvoir discrétionnaire du chef de l’État ». Mais il faut être particulièrement de mauvaise foi pour dire que René Sadi ne travaille pas assez pour mériter son poste et surtout pour s’y maintenir. Tenez : en cinq ans, le magistère de l’inoxydable René Sadi est en passe de battre le record des interdictions des réunions et manifestations publiques au Cameroun. Il y a d’abord eu l’interdiction du Congrès de l’une des factions de l’Union des populations du Cameroun à Yaoundé. Quelques temps après, les autorités administratives de la capitale ont effectué un nouveau tour de vis en interdisant la réunion de lancement du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, MRC. Peu de temps avant, une marche pacifique pour protester contre le vol du bébé de Vanessa Tchatchou à l’Hôpital gynéco-Obstétrique de Yaoundé connaissait le même sort. Toujours dans la capitale, les conférences débats dénommées La Prande Palabre, organisées depuis 2011 par le journal Germinal ont été interdites par le sous-préfet de Yaoundé I. Privant ainsi les citoyens de ces échanges de haut vol qui façonnaient leur citoyenneté. Dans les régions, les choses ne vont guère mieux. Les autorités administratives multiplient les interdictions de réunions et manifestations publiques, alors que celles-ci relèvent du régime de la déclaration et non de celui de l’autorisation. Les 23 et 30 avril dernier, le sous-préfet de Bertoua Ier a interdit deux meetings du MRC en usant de l’expression fétiche et passe-partout « Trouble à l’ordre public ». Le 29 avril 2016, au cours d’une rencontre entre le président du MRC, Maurice Kamto et le patron des préfets et sous-préfets, René Sadi, ce dernier n’est pas allé par quatre chemins pour justifier la conduite de ses affidés qui, pour lui, font du bon boulot ! Et pourtant, avec sa nomination à la tête du Minadt le 9 décembre 2011, beaucoup de Camerounais de bonne foi avaient pensé que l’ancien diplomate mettrait en avant la force du dialogue et du consensus qui sont les maîtres-mots en diplomatie. C’était manifestement oublier que les trois décennies passées à l’ombre d’Ahmadou Ahidjo et Paul Biya ont fait de René Sadi un réactionnaire pur jus !
Né le 21 décembre 1948, René Emmanuel Sadi fait ses études à l’Université du Cameroun (unique à l’époque). Il entre à l’Institut des relations internationales du Cameroun et en sort diplomate. Après un bref séjour à l’ambassade du Cameroun au Caire en Égypte et au ministère des relations extérieures, il intègre la présidence de la République. On le retrouve déjà dans l’équipe de l’ombre d’Ahmadou Ahidjo. Après le jeu de chaises musicales du 4 novembre 1982, René Sadi intègre l’équipe Biya en 1985 comme directeur adjoint du Cabinet civil. Le faiseur de roi va le balader à plusieurs postes stratégiques : Secrétaire général adjoint à la présidence en 2004, Secrétariat général du comité central du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc) en 2007, chargé de mission à la présidence et Minadt, le natif de Yoko dans la région du Centre est pressenti comme celui qui prendra la tête de ce Cameroun où la tradition veut que c’est le président en fonction qui choisisse son remplaçant. En bâillonnant tout contre-pouvoir, René Sadi joue donc sa propre partition politique. Un avenir que l’hebdomadaire Jeune Afrique et autres journaux locaux voient en rose, avec Sadi assis dans le trône présidentiel, d’Etoudi
Olivier Atemsing Ndenkop