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Médias La Grande Palabre dans le collimateur des sous-préfets - Page 2

La Grande Palabre dans le collimateur des sous-préfets - Page 2

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La Grande Palabre dans le collimateur des sous-préfets
Penser au Cameroun constitue une menace au même titre que Boko Haram
Loi n°055/90 du 19 décembre 1990 fixant le régime des réunions et manifestations publiques
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Penser au Cameroun constitue une menace au même titre que Boko Haram

Au royaume du Renouveau, penser est un crime au même titre qu’un acte terroriste
En prolongeant, depuis février 2011, comme cela se fait partout dans les États démocratiques, dans le cadre des conférences-débats dénommées « La Grande Palabre », sa mission de service public d’information, d’éducation, de débat et d’analyse des thématiques qui sont régulièrement abordées dans l’espace public médiatique en général, et dans ses colonnes, en particulier, Germinal et les animateurs de ce forum de discussion citoyenne ne pouvaient pas s’imaginer qu’après quatre années d’échanges sans heurts, l’une de ses rubriques préférées par les lecteurs serait dans le collimateur du préfet du Mfoundi et des sous-préfets des arrondissements de Yaoundé. En initiant une série de conférences-débats, Germinal et les responsables de cette espace de la parole et de la citoyenneté n’avaient qu’une seule idée à l’esprit : monter au front contre tous les obscurantismes, tous les fondamentalismes, toutes les xénophobies ; libérer la parole ; promouvoir la culture politique informée, du dialogue et de la tolérance au Cameroun ; contribuer au renforcement de la citoyenneté, à la démocratisation du savoir pour éloigner le fanatisme et la manipulation des masses, et par conséquent favoriser les alternances et les alternatives basées sur la compréhension et l’acceptation mutuelles. Des objectifs qu’ils croient nobles.
Les différentes décisions d’interdiction, aux motifs bizarres et quelque peu saugrenus, sont les preuves patentes de l’inexistence d’un État de droit au Cameroun. Les sous-préfets des arrondissements de Yaoundé, à travers leurs décisions liberticides, infligent un cinglant démenti aux prétentions dont se gargarisent les défenseurs de l’ordre établi, prêts à monter au créneau pour dénoncer des complots imaginaires ourdis contre le Cameroun chaque fois que le Cameroun est mis à l’index dans les rapports des organisations de défense des droits humains.
Peut-être ne faudrait-il pas s’attarder sur les élucubrations et les fantasmes de monsieur Mamadi Mahamat, sous-préfet de l’arrondissement de Yaoundé 5 qui pousse son zèle jusqu’au ridicule en invoquant des motifs qui n’existent que dans son esprit.
Tout comme il n’est pas utile de s’arrêter sur le motif selon lequel Germinal ne serait pas dans son rôle quand il organise une conférence-débat ou qu’il n’aurait pas la qualité pour le faire. Une affirmation qui est en contradiction avec la position des défenseurs de l’intérêt de l’État dans les procès engagés par Germinal contre l’État du Cameroun et qui, dans leurs mémoires en défense, écrivent noir sur blanc que cet organe d’information est dans son rôle et a le droit d’organiser une réunion publique.
Mais, il serait plus instructif d’accorder une attention particulière au motif invoqué par Tsanga Foé et Yampen Ousmanou et selon lequel « La Grande Palabre n’a pas d’existence légale » pour dénoncer ce complot que ces autorités administratives, qui agissent sous l’instigation de Jean Claude Tsila, préfet du Mfoundi, ourdissent contre la pensée. Ce motif prouve à suffisance que ces sous-préfets entretiennent volontairement l’amalgame et la confusion entre l’organisateur Germinal, et la réunion publique (un événement) : la conférence-débat dénommée ‘’La Grande Palabre’’ qui est, en réalité, une rubrique de cet organe d’information (Cf. p.12 version papier du journal) et qui se présente comme un forum d’expression et d’échange scientifique autour des thèmes sociopolitiques exposés par des personnalités et intellectuels d’horizons divers, sélectionnés en raison de leur expertise avérée sur les thèmes retenus. Par conséquent, La Grande Palabre, n’est ni une association, ni une ONG, ni une organisation de la société civile au sens de la loi n°900/053 du 19 décembre 1990, mais un simple synonyme de Conférence-débat, dénomination choisie par souci de contextualisation ou d’africanisation des concepts ;
Aussi, en alléguant le défaut d’existence légale de La Grande Palabre, messieurs Tsanga Foé et Yampen Ousmanou affirment implicitement qu’un séminaire, un colloque, un symposium, une réunion publique, une table ronde, une rencontre, un congrès, une conférence-débat fut-elle dénommée « La Grande Palabre », doivent avoir une existence légale.  A tort. Au Cameroun, le ridicule ne tue pas.
Interdire systématiquement les réunions et manifestations publiques, formes d’expression consacrées par la Constitution, empêcher les citoyens de se réunir pour penser les banalités camerounaises, c’est bien la preuve qu’au le Cameroun la principale menace est moins “Boko Haram” que la liberté d’expression
Somme toute, ayant depuis longtemps pris conscience de leur rôle, les initiateurs de La Grande Palabre ont fait leur ces propos de Henry De Montherlant. La vérité existe et existera toujours. Il suffit d’en payer le prix. Selon eux en tout cas, penser n’est un délit que dans les régimes non démocratiques.
Jean-Bosco Talla