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Dégage! - Page 9

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Index de l'article
Dégage!
Le Renouveau atteint de cécité stratégique
Mensonges explosifs
Paul Biya : l’immobile à grand pas vers l’émergence
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Paul Biya ou le degré zéro de la communication
Paul Biya, un jouisseur impénitent
Insécurité : le lourd passif du Renouveau
Un destin si funeste
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Insécurité : le lourd passif du Renouveau

Sous le Renouveau, le spectre de la sécurité a pris le large dans certaines régions, notamment à l’extrême nord du Cameroun, en raison de l’abandon criminel et l’extrême indigence des populations.
Sur le plan diplomatique, la situation du Cameroun préoccupé au plus haut point les autorités et la communauté dite internationale. Le Département d’État américain vient de réagir à certaines allégations qui font du Cameroun, une destination dangereuse. Il ne reconnait pas avoir classé le Cameroun comme l’un des pays les plus dangereux au monde. La précision a été apportée par l’ambassade des États-Unis au Cameroun : «Contrairement aux récents articles publiés dans certains médias camerounais, le Département d’État et le Conseil pour les relations internationales n’ont pas classé le Cameroun comme le deuxième pays le plus dangereux au monde». Dans un droit de réponse signé le 16 février, le service de communication de l’ambassade des USA affirmait déjà qu’ « il n’y a jamais eu un tel rapport publié par le gouvernement américain ». Au contraire, les États-Unis « pensent que le Cameroun est un pays paisible en dépit des défis liés à Boko Haram ». Toutefois, « il y a cependant un avertissement pour les voyageurs en vigueur mentionnant les préoccupations dans la région de l’Est et demandant aux citoyens américains d’éviter tous voyages dans les régions du Nord et de l’Extrême–Nord à cause des menaces sécuritaires actuelles ».
Nous sommes en diplomatie et ces gymnastiques verbales se justifient. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Cameroun se meurt, car quadrillé par l’insécurité. À l’Est, dans le septentrion, la menace plane. Le spectre des otages bat son plein jusqu’à présent. Cette insécurité grandissante doit bel et bien être considérée comme un passif du régime en place. Gouverner, c’est prévoir a-t-on coutume de dire. Les autorités camerounaises n’ont rien fait pour éviter cette guerre ruineuse. D’après les estimations du Fmi, la guerre contre la secte islamiste Boko Haram aurait coûté entre 170 et 340 milliards de F.cfa. Inutile d’entrer dans les détails dans ces régions, mais l’actualité quotidienne montre à suffisance que la situation s’est empirée dans l’Extrême-Nord de sorte qu’au cours d’un mini-sommet sur la sécurité dans la sous-région d’Afrique centrale à Paris, le 17 mai 2014, Paul Biya indiquait à la presse : « Nous sommes ici pour déclarer la guerre à Boko Haram ». Après cette déclaration, le pays est devenu la cible de nombreuses attaques de la secte islamiste nigériane. De nos jours, dans l’Adamoua, l’insécurité semble avoir envahi tous les quartiers. À l’exception du Mayo Banyo, tous les autres départements sont concernés par le phénomène des prises d’otages. Le 8 février dernier, au cours d’une rencontre organisée à Women’s International League for Peace and Freedom (Wilpf) a indiqué qu’actuellement au Cameroun, 34 000 armes légères sont en circulation.

Enlèvement
Boko Haram a particulièrement sévi dans l’Extrême-Nord. Six des dix enseignants de langue chinoise de l’université de Maroua (Uma) ont quitté l’établissement le 26 mars 2016 pour des raisons d’insécurité. La plupart des chancelleries ont rappelé leurs compatriotes vivant dans la région de l’Extrême-Nord. Des enlèvements à Ngaoundéré battent leur plein. Le Quotidien Le Jour du 14 mars 2016 révèle que « 18 personnes, pour la plupart des éleveurs, ont été enlevées dans la journée de samedi 12 mars 2016, dans les villages Saltaka, Tchabal-Naboul, Tchabal-Mounguel et Margol par un groupe d’hommes lourdement armés et habillés en tenues militaires ». Les victimes sont des éleveurs, commerçants et des adolescents vivants dans les localités touchées par ce rapt.
Des fronts ou des ilots d’insécurité se sont installés dans l’Extrême Nord du pays et à l’Est. Les enlèvements des populations, les assassinats se poursuivent malgré la résistance de l’armée camerounaise. Le gouvernement camerounais ne semble pas avoir suffisamment pris la mesure de ce danger que représente le terrorisme qui défie quotidiennement les autorités traditionnelles, les autorités administratives.
Le Cameroun est en guerre. Avec la porosité de nos frontières, toutes les mesures nécessaires s’imposent pour assurer la sécurité du pays à ses frontières et assurer, à l’intérieur, la sécurité des hommes et des biens. L’insécurité est aggravée par la confusion instaurée autour de la délivrance des Carte nationale d’identité (Cni) et l’établissement des actes d’état civil, qui a fait en sorte que plusieurs étrangers et même des djihadistes , Au cours de la réunion des Élites du Nord tenue le 02 juin 2014, au sujet de Boko Haram, le Dgsn Martin Mbarga Nguélé a déclaré parlant de la Cni: « nous disons que l’objectif de sécurisation de la CNI n’a pas été atteint comme souhaité. Le faux s’y était installé. C’est la raison pour laquelle certains adeptes de Boko Haram ont la nationalité camerounaise. Nous allons y veiller désormais”. Des Camerounais se demandent comment on est arrivé à cette situation critique dans le septentrion. Selon le récent rapport de l’Institut national de statistique (INS) sur la 4e enquête camerounaise auprès des ménages (Ecam 4), le septentrion est passé d’environ 7,1 millions en 2007 à 8,1 millions en 2014 sur une population estimée à 22 millions d’habitants. Le Grand- Nord n’échappe pas à cette évolution de la démographie. Mais, la pauvreté s’accroit également. Selon les enquêtes Ecam 2, 3 et 4, la région de l’Extrême-Nord caracole en tête avec 74,3% de personnes pauvres, contre 65,9 en 2007 et 56,3 en 2001. Le Nord lui emboite le pas avec 50,1 en 2001 ; 63,7 en 2007 et 67, 9% en 2014. La région de l’Adamaoua n’est pas épargnée, bien qu’elle ait connu une petite baisse en 2014. De 52,9% en 2007, le pourcentage de la frange de la population pauvre est descendu à 47,1% en 2014. L’indigence des populations a fait en sorte que cette région devienne une terre fertile pour les actions de Boko Haram ou il a procédé aux recrutements. Si l’État n’avait pas « pénétré » en brousse pour reprendre une formule chère à Jean Marc Ela, nous serions donc en paix. Au cours de sa dernière visite d’État au Nigeria les 3 et 4 mai 2016, Paul Biya a déclaré entre autres : « Je crois que les pays de la zone du Lac Tchad, et particulièrement le Nigeria et le Cameroun, auront intérêt, une fois le phénomène terroriste éradiqué, à se concerter pour en prévenir la réapparition. Il s’agira bien entendu de dispositions communes d’ordres militaire et sécuritaire, mais aussi de mesures de nature à accélérer le développement des régions concernées. Nous savons, en effet, que le sous-développement, c’est-à-dire la pauvreté et l’ignorance favorisent les entreprises de mouvements terroristes tels que Boko Haram. » Mais pourquoi n’a-t-il prévenu cette situation avant ? Encore moins assurer le développement des populations camerounaises en général et du septentrion en particulier ? L’histoire retiendra cette infortune comme l’un des passifs du Renouveau.
Ikemefuna Oliseh