Aujourd'hui, les centres hospitaliers camerounais inspirent inquiétudes et mort plutôt qu’assurance et santé. En témoignent les scandales à répétition : Affaire des bébés volés, Affaire Monique Koumateke…
L’image a fait le tour du monde. Une femme procédant à une césarienne post mortem à l’entrée de l’hôpital Laquintinie de Douala en 2016 ! Chirurgienne de circonstance, la sœur de Monique Koumatete voulait sauver la vie des jumeaux que cette dernière portait en son sein. Hélas, les jumeaux mourront comme leur mère Monique Koumateké!
On croyait la page tournée. Que non. Quelques mois après le drame de Laquintinie, une autre Camerounaise a perdu son quintuplés à l’hôpital central de Yaoundé. Ici, la cause aussi était aussi simple qu’incroyable : absence de couveuses. Inimaginable pour un pays qui entend être émergent dans moins de deux décennies.
Greffé à l’hôpital général de Yaoundé pour améliorer la qualité des soins de santé, l’Hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé est entré dans la conscience collective à travers une scabreuse affaire de bébé volé. En effet, une jeune fille, Vanessa Tchatchou y ayant suivi ses visites prénatales, sera délestée de sa progéniture une fois sortie de ses entrailles. L’affaire fit grand bruit entre 2011-2012. La détermination de Vanessa Tchatchou restera vaine. L’enfant ne sera pas restitué. Mais l’affaire aura le mérite de délier les langues. Avec la médiatisation que l’ « affaire du bébé volé de Vanessa » connaitra, d’autres femmes osent désormais révéler leur affaire à elles. C’est ainsi que des cas de vol d’enfants sont signalés dans d’autres hôpitaux à Yaoundé (hôpital de la police) et ailleurs. À cela il faut ajouter l’esprit mercantile qui a fait son nid dans les hôpitaux. Les patients sont devenus de véritables vaches à lait. Au mépris du serment d’Hippocrate qu’ils ont prêté, les médecins et autres aides-soignants ne s’occupent désormais que des patients qui ont de l’argent; s’érigeant au passage en chantre du chantage et de la corruption. La faiblesse et la vétusté du plateau technique ne sont pas un gage de fiabilité. Autant de manquements qui ont considérablement terni l’image des hôpitaux publics.
Les usagers se sont tournés vers les structures sanitaires pour espérer être mieux servis. Mais globalement, les mêmes maux reviennent : vénalité du personnel soignant, absence d’équipements…
Et pourtant, comme l’a reconnu le ministre de la Communication le 4 mai 2016, « un pays qui se développe est un pays en santé ». Issa Tchiroma s’exprimait ainsi lors d’une conférence de presse donnée dans ses services en compagnie de son collègue de la santé publique, André Mama Fouda.
Nos ministres et assimilés sont les premiers à avoir constaté cette descente aux enfers du système sanitaire national. Convaincus qu’on a autant de chances de guérir dans nos hôpitaux que d’y mourir, ils quittent le pays dès les premiers signes précurseurs d’une maladie même bénigne pour aller se faire soigner ailleurs.
Pourtant, tous les experts s’accordent à dire que le meilleur moyen de réduire les taux de morbidité et de mortalité dans un pays consiste à lui doter d’une assurance maladie. Au Cameroun, l’idée est agitée depuis des années, mais les faits, comme d’habitude, tardent à venir. En effet, dans sa section « protection sociale », le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi prévoit pourtant : “Le gouvernement, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et les exclusions, s’est engagé à consolider les acquis, réorganiser structurellement les organismes de sécurité sociale existants d’une part et à élargir le champ d’application matériel, personnel et professionnel de la sécurité sociale au plus grand nombre d’autre part, notamment vers les catégories jusque-là en marge du système. Dans cette optique, deux projets de loi-cadre ont été élaborés. L’un portant sur le régime de la sécurité sociale prévoit un dispositif comprenant : (i) la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM), (ii) la Caisse Nationale des Personnels de l’État (CNPE),(iii) la Caisse Nationale de Sécurité sociale (CNSS), (iv) les mutuelles de santé (pour les risques maladie) et les mutuelles sociales (pension, vieillesse, invalidité, décès, chômage, etc.), p.81
Six ans après, ces réformes restent de simples promesses. Et pourtant, la Caisse nationale d’Assurance maladie (CNAM) par exemple aurait permis à plusieurs personnes démunies de bénéficier des soins de santé partiellement pris en charge par la CNAM. De leur côté, les médecins soigneraient les patients sans au préalable leur exiger d’asphyxiantes espèces sonnantes et trébuchantes, mais convaincus qu’ils seront payés à coup sûr par la CNAM. Avec un personnel en bonne santé, les entreprises augmenteront leur productivité. L’État en tirera profit avec des impôts et taxes en hausse. Le nombre de décès diminuera, augmentera la main-d’œuvre si importante pour relever les défis d’une véritable l’Émergence.
O. A. N
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Hôpitaux : des mouroirs du Renouveau