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Livres Société civile et engagement politique au Cameroun

Société civile et engagement politique au Cameroun

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altLes activités et actions des organisations de la société civile camerounaise (OSCC) participent-elles d’un engagement politique ? Indubitablement. Pourtant, à l’observation, certaines parmi celles-ci affichent avec ostentation un apolitisme problématique. Ce parti pris qui semble peu productif et réifié peut-il être stratégiquement fondé? Ces organisations qui se proclament politiquement neutres parce que n’étant rattachées à aucun parti politique refusent, en tout cas, toute interprétation politique de leurs pensées, de leurs conduites et démarches.
Pour tenter d’éclairer ce paradoxe, les auteurs ont donné, dans le cadre de cette enquête, la parole aux premiers concernés. Ainsi, des OSCC et leurs leaders, plus d’une centaine en tout, se sont exprimées librement sur le sujet. Et le dépouillement et l’analyse de ces conversations débouchent sur des résultats étonnants et édifiants.

Dans un contexte caractérisé par une crise démocratique généralisée de l’autorité et de la légitimité politiques, où les citoyens remettent en cause la probité et la capacité des femmes et hommes politiques à faire bouger les lignes, le plus important pour les auteurs est de pouvoir attirer l’attention des OSC et du grand public sur le fait que la vie politique démocratique ne se joue pas simplement, ni seulement, au sein des organisations politiques professionnelles. Celle-ci s’exprime aussi, et sans doute mieux, à travers l’intérêt pour et la participation à l’activité politique des organisations citoyennes. Et cette participation politique, pour être efficace, doit déborder largement le phénomène électoral pour embrasser la défense des droits humains, dont les droits politiques ne sont qu’une déclinaison.

Volontiers, les auteurs font leur cette remarque judicieuse de Jean-Jacques Rousseau : « Mieux l'État est constitué, plus les affaires publiques l'emportent sur les privées dans l'esprit des Citoyens [...] Sitôt que quelqu'un dit des affaires de l'État, que m'importe? On doit compter que l'État est perdu.»

Les bonnes feuilles
''Une ségrégation instrumentale et politicienne de l’École au Cameroun
Le retour au pluralisme politique, la promulgation des lois et la signature des décrets sur les droits et libertés, au début des années 1990, communément appelées années de braise, avaient ramené le sourire aux lèvres des esprits épris de démocratie et de justice. Dans l’euphorie, ceux-ci avaient trop vite pensé que, désormais, les seuls buts légitimes qui seraient recherchés par le gouvernement devaient être l’égalité des droits de tous, l’égale dignité, la justice sociale, la sécurité, le bien-être et le bonheur de chaque Camerounais. C’était sans compter avec les manœuvres politiciennes des stratèges du Renouveau-RDPC, surtout celles du président de la République qui, pris dans le tourbillon des villes mortes et aux termes d’un périple qui l’avait conduit dans les dix (10) provinces du Cameroun, avait fait, le 4 octobre 1991, dans un discours mémorable, une déclaration selon laquelle, « L’École…aux écoliers. La politique aux politiciens », décrétant ainsi que la politique n’étaient pas l’affaire de tous les Camerounais, mais qu’elle était réservée à une catégorie seulement ou qu’une catégorie de Camerounais, les adultes, qui ne vont plus à l’École avaient plus de droits politiques que les jeunes et ceux qui poursuivent encore leurs études. Aussi, selon Paul Biya, la politique n’aurait aucune prise sur l’institution scolaire au Cameroun.
Cette ségrégation instrumentale appelle une clarification du contenu des notions, même si on peut présumer que l’orateur, en précisant que « l’école n’est pas une arène politique » voulait faire comprendre que l’école n’est pas le lieu des joutes politiciennes ou d’organisation des meetings politiques. Aussi convient-il de donner un contenu à cette notion afin de montrer comment il est incongru d’affirmer que les écoliers, sous-entendu les jeunes, mieux les apprenants, doivent être prémunis de la politique comme si elle était en soi mauvaise, ou comme si elle était seulement l’apanage des adultes ou d’une certaine élite, bref comme si les apprenants ne sont pas des citoyens. " p. 25.
**********
[...]
'' Le syndrome Tchiroma caractérise l’avènement de la théâtrocratie ou de la mystification de la communication politique. L’analyse des attitudes, des postures d’Issa Tchiroma Bakary, ministre de la Communication depuis le 30 juin 2009, et dans une certaine mesure celles de certains de ses prédécesseurs, montre que leur conception de la communication politique est essentiellement instrumentale, pour ne pas dire théâtrale, même si quelquefois on note une volonté de délibérer et « une compétition pour influencer et contrôler, grâce aux principaux médias, les perceptions publiques des événements politiques majeurs et des enjeux. ». Son contenu est marquée par le culte de la personnalité, la déification, l’idolâtrie, l’infaillibilité. Rodrigue Soffo, expert en lobbying, fait remarquer que la communication politique, mieux la propagande autour du président de la République ne renvoie à aucune réalité.
[..]
Faut-il le souligner, dans sa démarche qui relève essentiellement de la propagande et de la flagornerie, Issa Tchiroma Bakary, véritable symbole de la servilité et de la duplicité au service du monarque présidentiel, use et abuse des médias d’État, dont notamment Cameroon Tribune et la Cameroon Radio Television, devenus de simples caisses de résonnance, des amplificateurs des effets de la théatralisation, pour présenter le président de la République comme un messie qui vit en symbiose avec son peuple et communique avec lui, par télépathie, quand il est en déplacement privé ou officiel à l’étranger. Par son côté fantasque et insensible, il rappelle visiblement le Russe Ivan le terrible du XVIè siècle. À la différence de ses prédécesseurs que sont Augustin Kountchou Kouomegni, Pierre Moukoko Mbonjo, Ebénézer Njoh-Mouellé et Jacques Fame Ndongo, créatures de Paul Biya et universitaires, qui avaient le verbe étincelant, le ton docte, le savoir démonstratif, la verve sarcastique et vitriolée, bref qui savaient manier avec maestria la langue de Molière, Issa Tchiroma Bakary :
« semble porter sa servilité avec la sincérité et l’ostentation d’une pancarte de défilé [..]» '' pp.171-172.

*************

"À la thèse suivante : il y a à la démobilisation collective des motifs et mobiles imputés, du moins couramment, aux autres, ou bien à nous-mêmes, mais en réalité ils ne sont imputables à personne car ils sont inhérents à des structures qui ne dépendent de personne en particulier, et qui accompagnent et déterminent l’action de tous. Pour le dire autrement, la décrue des mouvements sociaux protestataires en faveur de causes pourtant légitimes comme l’exigence du bien-être en matière de fourniture en énergie, en prestations diverses, ou en fait de droits humains divers, ne procède pas, fondamentalement, de ce que, grevés de tares multiples et diverses, les uns ou les autres auront commis des fautes ; elle s’explique par ce qui rend possible toute faute, celle des autres comme les nôtres. Par suite, la moindre modification qualitative et méliorative de notre situation est fonction de la saisie correcte de ses lois de fonctionnement. Et non pas d’investissements effectués sur les tribus et les individus, pour s’assurer la rectitude de leur conduite et l’efficience possible de leur « gouvernance ».
En discutant du rapport de la société civile à l’engagement politique, j’aimerais ainsi pouvoir contribuer à extirper ce débat de l’ornière, où il s’enlise d’ordinaire, des arguments dirigés contre les personnes, les autres autant que nous-mêmes. Mais ne serait-ce pas résoudre un problème avant de l’avoir convenablement posé, me dira-t-on peut-être ? Et si, plaidera-t-on encore sans doute, les autres et nous-mêmes étions précisément en cause ? C’est justement de la sorte qu’on a accoutumé de poser le problème de notre situation, la question de ce qui advient de nous, de notre ‘’démobilisation collective’’ par exemple : je veux dire en termes de responsabilité et de culpabilité, le nœud de la question étant, pour bien des gens, de savoir qui de nous ou des autres est ‘’responsable’’ ou ‘’coupable’’ de la faiblesse des mouvements sociaux protestataires. Contre cette orientation de la discussion et sa polarisation outrancière sur la question du ‘’qui’’, j’en appelle volontiers, pour ma part, à la remarque judicieuse de La Rochefoucauld qui disait, à juste titre, que « les querelles ne dureraient pas longtemps si le tort n’était que d’un côté ». J’affirme, en conséquence, que les torts sont forcément et par principe partagés entre les autres et nous, que la part effective de la responsabilité ou de la culpabilité de chacun est fonction de son degré d’implication réelle dans le cours des choses, qu’on n’a pas encore fait accomplir à la connaissance de nos problèmes le grand bond qu’on imagine quant au ‘‘ c’est la faute des autres, étrangers, blancs, etc’’, on substitue l’autoflagellation, la mortification du ‘’c’est notre faute à nous, race, ethnie, tribu, clan, ou individu, etc.’’ pp. 2.02-2.03

Prix (le jour de la dédicace) 10 000 FCFA
En Librairie depuis le 28 octobre 2015 (15 000 FCFA)
Principaux points de vente: Les librairies et Kiosques à journaux du reseau Messapresse (Douala-Yaoundé-Bafoussam), L'Harmattan Cameroun, Saint Paul (Yaoundé), Peuples Noirs, Equinoxe (Clé-Yaoundé).

Sommaire
Avant-propos..........................................................................................15
Introduction............................................................................................17
Objectif de l’étude....................................................................................19
Hypothèses de recherche...........................................................................20
Méthodologie...........................................................................................21
Champ de l’enquête...................................................................................21
Choix de l’échantillon...............................................................................22
Les difficultés rencontrées.........................................................................22
Approches conceptuelles..........................................................................23

Première partie : L’opinion des mouvements sociaux.........................45
1: Dites-nous qui vous êtes.....................................................................47
Données générales....................................................................................47
Statut juridique et modes organisationnels..............................................47
Les valeurs des organisations...................................................................69
2: Perception des partis politiques et de leurs leaders........................79
Perceptions des partis politiques...............................................................79
Perception des leaders des formations politiques......................................86
3: Rapport entre OSC, partis et formations politiques........................91
Rapport avec les partis et formations politiques........................................91
Perception et rapport avec d’autres OSC.................................................101
Problème du rapport OSC, partis et formations politiques......................103
4: Attitude face aux violations des droits des citoyens et la non-résolution des problèmes sociaux...................................................................119
5 : Démobilisation presque collective...............................................................123
6 : Perspectives......................................................................................139

Conclusion: Un contexte sociopolitique tumultueux et contraignant..153
La montée des périls sécuritaires aux frontières du Cameroun..............153
Les crises de la politique et de la démocratie en lien avec les luttes sociales ................165
Les crises organiques et logistiques de la politique................................174
Les crises logistiques................................................................................179
Les atouts d’une société civile gagnante..................................................182

Deuxième partie : Manières de voir....................................................185
1- Concept, conceptions et cadrages juridico-politiques ou socio-politiques de la société civile au Cameroun : entre encastrement et désencastrement morpho-historiques, Mathias Eric Owona Nguini..................................187
2- Comment expliquer la démobilisation politique collective ou la faiblesse des mouvements sociaux protestataires en faveur des causes légitimes (Absence d’eau, d’électricité, de voirie, violation des droits humains...)? Guillaume Henri Ngnépi..........................................................................199
3- Société civile, professionnalisation des méthodes d’action et stratégie autonome à long terme, Roger Kaffo Fokou.............................................263
4- Émiettements de la société civile camerounaise : obstacles ou atouts dans les processus des mutations sociopolitiques, Rodrigue Mboda... 271
5- Les organisations des jeunes et l’ordre politique au Cameroun, Cabral Libii............................325
6- Pouvoirs traditionnels, illusion de neutralité et engagement politique au Cameroun, Alawadi Zelao....................339
7- Comment subvertir le réflexe partisan de l’administration publique, afin d’en faire un vigile du pluralisme politique et de l’État de droit?, Jean-Baptiste Sipa............................................................................................353
8- Société civile et capitalisation de l’apport des luttes nationalistes d’avant indépendance, Henriette Ekwe,...................................................363
9- OSC et opposition politique : de la résistance à l’alternance, Albert Moutoudou.......................................................................................................369
10- Dynamiques de regroupement et mécanismes institutionnels de représentation de la société civile dans ses relations avec les partenaires publics, Alougou Many Germain Colet................................................................. 377
11- L’intégration de la société civile camerounaise dans la société civile mondiale, Christophe Courtin.................................................................389
Annexe: Sigles et abréviations des 122 OSC cibles de l’enquête.......399