Claude Abé: Le Cameroun est une poudrière
Germinal : Répondant aux questions des journalistes lors de son séjour de travail en France, du 28 janvier au 05 février 2013, le président de la République du Cameroun, M. Paul Biya affirme que «personne n’est éternel», sous-entendu même lui. Peut-on comprendre que dans sa démarche il n’exclut pas un éventuel départ du pouvoir ? Ou veut-il dire que même (ou seule) la mort biologique finira par le faire partir du pouvoir ?
Pr. Claude Abé : La réponse donnée aux journalistes par le Président Biya sur le perron de l’Élysée peut paraître en elle même insignifiante puisqu’il s’agit d’un truisme. En effet, en, tant que homme, dès que l’on naît, on est assez vieux pour mourir comme on a coutume de l’entendre dire. De ce point de vue, il ne s’agit donc pas d’une trouvaille particulière. Cette déclaration aurait pu demeurer ainsi si elle ne venait d’un dirigeant africain qui a déjà séjourné trois décennies au pouvoir sans discontinuer. Elle aurait également pu demeurer dans le registre de l’insignifiant si la Constitution camerounaise n’avait pas été retouchée en avril 2008 pour permettre à Monsieur Biya de se représenter, c’est-à-dire de compétir une fois de plus à l’élection présidentielle d’octobre 2011. Ce qui précède indique dès lors qu’il ne s’agit pas d’une déclaration insignifiante comme elle peut apparaître de prime abord. Elle est hautement symbolique surtout si l’on prend en compte l’environnement sociopolitique camerounais du moment, le temps mis au pouvoir et l’âge de son auteur, 80 ans depuis le 13 février dernier. Un environnement où tout le monde, ou presque, songe à la succession de l’auteur de cette phrase, y compris ceux qui signent le jour les motions de soutien et fabriquent les appels du peuple pour lui attester de leur soutien sans faille et indéfectible et qui se posent la question du moment de son départ sous cape dans les salons feutrés ou au creux de l’oreille du compagnon fidèle. C’est également un environnement où les récentes modifications touchant aux institutions qui sont chargées de l’organisation et de l’encadrement du processus de dévolution du pouvoir, soit en termes de composition (Cour constitutionnelle) ou de désignation (Elecam) n’incitent pas à croire à un départ imminent de Monsieur Biya. Lire la suite
Top Chrono: Les soubressauts d'une fin de règne - Claude Abé: Le Cameroun est une poudrière
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