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Des procès politiques maquillés en infractions de droit commun - Lydienne Yen Eyoum et Michel Thiérry Atangana: au mauvais endroit, au mauvais moment

Des procès politiques maquillés en infractions de droit commun - Lydienne Yen Eyoum et Michel Thiérry Atangana: au mauvais endroit, au mauvais moment

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Index de l'article
Des procès politiques maquillés en infractions de droit commun
Des procès politiques maquillés en infractions de droit commun
L'ombre de l'exécutif plane sur les procès
Marafa Hamidou Yaya; l'ennemi intime de Paul Biya
Polycarpe Abah Abah: dans les filets de ses adversaires politiques
Les mille miracles judiciaires de l'affaire Titus Edzoa
Amadou Ali et Akame Mfoumou complotent
Lydienne Yen Eyoum et Michel Thiérry Atangana: au mauvais endroit, au mauvais moment
Jean-Marie Atangana Mebara, Urbain Olanguena et Cie: des procès en sorcellerie
Opération Epervier:ce grotesque défilé de boucs-émissaires
Mathias Eric Owona Nguini: le Cameroun est inscrit dans la voie avancée de Zombification, de Décomposition et de Putréfaction morales
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Lydienne Yen Eyoum et Michel Thiérry Atangana: au mauvais endroit, au mauvais moment
Me Lydienne Yen Eyoum et Michel Thierry Atangana Abega sont deux clients de l’ « Opération épervier » dont les parcours ont quelque chose d’anecdotique. Au regard de ce qui ressemble à un acharnement, la part du hasard et de la malchance ne peuvent seuls suffire pour expliquer les procédures kafkaïennes de leur procès.   
altAccusé  de « détournement de deniers publics, tentative de détournement et trafic d’influence en coaction », Michel Thierry Atangana Abega est  condamné à quinze années de prison, à l’issue d’un long procès dont la procédure particulière est digne de figurer dans les livres record Guinness. C’est à 4 heures du matin que tombe la sentence. Procès au cours duquel, il ne lui avait pas été permis de présenter les moyens de sa défense. Est-ce sa proximité supposée à Titus Edzoa, compagnon d’infortune qui vaut l’arrestation et sa condamnation ?
Me Lydienne Eyoum quant à elle, ne paye-t-elle pas sa proximité avec l’ancien ministre Polycarpe Abah Abah ? L’arbitraire d’un pouvoir en mal d’action d’éclat, revêtu pour la circonstance des habits nobles de la lutte contre la corruption, s’est abattue sur elle, inculpée de détournement de deniers publics.
C’est dans une cellule de 12 m² qu’elle partage avec une quinzaine de codétenues que Me Lydienne Yen Eyoum, l’avocate franco-camerounaise se bat pour se faire écouter depuis le 10 janvier 2010. Les faits incriminés remontent à 2004, alors avocate de l’Etat camerounais, l’intéressée se serait indûment appropriée l’argent de l’Etat, à la faveur d’une opération de recouvrement auprès de la Société Générale de Banque du Cameroun.
La longueur des procédures et le peu de cas fait à certaines dispositions du nouveau code de procédure pénale questionne la sincérité de l’établissement de la vérité dans les deux affaires. A cet égard la période de détention provisoire de dix-huit mois dépassée en date du 8 juillet 2011 a fait sortir de leur gond deux avocats français qui l’ont exprimé dans une tribune publiée par Libération du 18 mai. Contre toute attente et dans un journal qui n’a rien à voir avec celui dans lequel  parut la dite tribune, c’est tout un directeur du cabinet civil de la présidence qui se sent offusqué et répond dans Cameroon-Tribune.
Qu’on le veuille ou non, l’intrusion de l’exécutif dans les procès n’est pas fortuite. Il n’est pas jusqu’au lieu de détention qui ne soit matière à caution. Pour Thierry Michel Atangana par exemple, c’est le Secrétariat d’Etat à la défense récemment érigé en centre de détention. Une bonne quinzaine d’années après que ces détenus y aient épuisé leur condamnation. Dans le cas de Lydienne Eyoum, les changements de ministres à la tête du Ministère des finances et la proximité réelle ou supposée avec certains d’entre eux a contribué a complexifié la nature des missions qui lui étaient assignées au départ.

 

 

Directives
Un magistrat rencontré dans son bureau au palais de justice de Yaoundé, par le reporter de Germinal confiait sous le couvert de l’anonymat : « Nous subissons de multiples pressions de la part de la chancellerie. Nous ne pouvons rien. Nous ne sommes pas organisés en syndicat pouvant défendre nos intérêts collectifs. Si individuellement un magistrat engage une action pour changer la situation, c’est à ses risques et périls […]. Ce qui est paradoxal. Dans le cas de Me Eyoum, elle est dans son droit. Son affaire n’aurait jamais prospérer si la chancellerie n’était pas derrière. Les multiples violations de ses droits et ceux de la défense sont des preuves que mes collègues en charge dudit dossier n’ont pas les mains libres. S’ils tentent de manifester une velléité d’indépendance dans cette affaire, ils seront affectés hors de Yaoundé. Un collègue honnête qui était à Douala et dont l’indépendance était légendaire en sait quelque chose. Il poirote aujourd’hui quelque part dans le septentrion simplement parce qu’il a voulu bien faire son travail. Au stade actuel de l’ «Opération épervier », les magistrats ont les mains liées et aucun d’entre eux ne peut oser aller à l’encontre des directives de l’exécutif transmises via la chancellerie. Vous comprenez pourquoi les arrestations opérées dans le cadre de l’ «Opération épervier » ne sont pas des initiatives du parquet, de la justice. C’est toujours l’exécutif qui demande d’arrêter Untel. C’est dommage pour notre justice et pour l’image du Cameroun. » No comment !
Cette déclaration du magistrat traduit la réalité vécue dans cette affaire qui avait été déclenchée après que le secrétaire général de la présidence de la République, à l’époque des faits,  Laurent Esso ait instruit, dans la correspondance n°156/c6/Sg/Pr du 29 décembre 2009, le ministre de la justice, Amadou Ali de faire déférer Mes Eyoum et Cie devant le tribunal de Grande instance du Mfoundi.
«Mon brillant collègue Gilbert Schlick, peut bien se tuer, comme il l’avait fait à l’audience, pour démontrer que les magistrats n’ont pas vu cette directive de l’exécutif, il ne convaincra personne, puisque celles-ci sont antérieures à la décision qu’il a prise. De plus, il a été décerné aux concernés un mandat de détention provisoire, comme il est stipulé dans cette lettre du ministre d’État. Si moi je l’ai vu circulé à plus forte raison ceux qui ont le dossier entre les mains», conclut ce magistrat prêt à quitter le corps ou à trouver mieux ailleurs si l’opportunité s’offre à lui. Malchance, embarras et compagnie, comme le titre d’une nouvelle à succès de Francis Bebey, résume à suffisance le parcours judiciaire des deux clients, Thierry Michel Atangana et Lydie Yen Eyoum.
En définitive, leur proximité avec Titus Edzoa pour le premier et les différents ministres de finances pour la deuxième dans le cadre des missions à elle confiées, loin de leur garantir la quiétude, les a placés dans une situation insupportable! Humainement !
Ikemefuna Oliseh