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Société Prisons camerounaises: des univers surréalistes - Guy crée des bijoux et revit

Prisons camerounaises: des univers surréalistes - Guy crée des bijoux et revit

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Index de l'article
Prisons camerounaises: des univers surréalistes
Les tares des prisons du Cameroun dénoncées
Clément a vécu un enfer avant d’être libéré
Des adultes logés au quartier des mineurs
Assistance et argent au bout du coup de fil des détenus
Un détenu veut porter plainte contre l’Etat
Des policiers torturent pour faire avouer des suspects
Un condamné à mort soigne ses codétenus
Des étudiants condamnés pour avoir voulu manifester
Les détenus payent leur transfert au tribunal
Sortis de New-Bell, ils se forment et travaillent
Des nourrissons font ''leurs premiers pas''
Une ministre enferme un paysan
Les abandonnés galèrent pour survivre
Des détenus cisèlent, sculptent, cousent…
Distribution des tracts: des opposants emprisonnés dix jours
Prison de Mantoum: La réinsertion par le travail aux champs
Torturé et détenu sans motif pendant trois ans
Guy crée des bijoux et revit
Un jeune abattu à la prison de Bafoussam
Les ''pingouins'' dorment à la belle étoile
Prison de Ngambe: trop délabrée
A Bantoum, des habitants dénoncent le racket de l’adjudant-chef
Toutes les pages

Prison à Douala
Guy crée des bijoux et revit
Condamné en 2005 à 7 ans de prison, Guy Tchatho a retrouvé le goût de la vie grâce à la vente des bijoux qu’il fabrique depuis 2008.
L’allure svelte, la trentaine entamée, Guy Tchatho, détenu à la prison centrale de Douala, peut être fier. Après sept années passées dans cette geôle pour vol à main armée et détention illégale d’arme à feu, ce détenu s’est refait une santé physique et morale. Un souci tout de même : bien qu’il ait fini de purger sa peine depuis quatre mois, Guy reste en prison pour non paiement de l’amende qui, dit-il, s’élève à 233 000Fcfa.
En ce jeudi, 07 juin 2012, à l’occasion de la journée du détenu célébrée à la prison de New Bell, Guy joue des percussions à l’occasion du culte dédié à cet évènement. Loin des détenus qui, dans la cour de la prison, s’attèlent, par dizaines, à fabriquer des bijoux, des sacs, des sculptures, il est plutôt détendu. "Je possède un atelier de fabrication de bijoux et j’emploie quatre personnes. Ce qui me permet actuellement de vivre sans trop de pression, sans stress ", se réjouit-il.

 

Trois repas par jour
Il poursuit : "En une journée, nous pouvons fabriquer cinq ensembles de bijoux. Un ensemble étant composé d’une gourmette, d’une chaîne, d’une boucle d’oreille et d’une bague. L’ensemble coûte 1.500Fcfa et au détail, le bijou revient à 500Fcfa. Nos grandes ventes sont réalisées les jours de visite. De même, les détenus qui sortent pour la corvée les vendent hors de la prison". Une activité qui lui donne une certaine aisance financière. Car, depuis qu’il l’exerce, il y a de cela quatre ans, il ne s’aligne plus pour avoir les deux repas de la ration journalière qu’offre la prison. Guy dépense en moyenne 1.200Fcfa pour sa ration quotidienne en s’offrant trois repas par jour ; sans compter le salaire de 500Fcfa qu’il donne à chacun de ses employés.
"Les repas que je mange maintenant sont plus riches en vitamine. Contrairement à ceux qu’offre la prison qui sont mal cuisinés", confie-t-il. Son plus grand souci, aujourd’hui, est de pouvoir emmagasiner assez d’argent pour payer les 233 000Fcfa d’amende et retrouver sa liberté.

"Ma vie a changé"
Les débuts de Guy Tchatho n’ont pas été faciles. Lorsqu’il arrive à la prison, en 2005, il est abandonné par les siens : aucune visite d’un proche. Il va alors se battre comme il peut pour survivre dans cette prison surpeuplée. Ses journées, il les passait dans le temple de la prison pour prier Dieu à qui il confiait ses problèmes et sa situation. Sans aucun soutien, Guy Tchatho devait s’aligner pour avoir les deux rations journalières de la prison. Des repas composés de "Corn Tchaf", un mélange de maïs et de haricots, à midi, et de riz, le soir.
"Je me suis senti délaissé. Je n’avais pas d’assistance. J’ai pensé à faire quelque chose qui pouvait me faire vivre et ma prière a été exaucée", se souvient-il. Ses conditions de détention vont s’améliorer à partir du jour où il fera la rencontre d’une bienfaitrice, une journaliste. "J’ai posé mon problème à cette journaliste. Au moment de partir elle m’a laissé son contact. Deux jours plus tard, je l’ai appelée. Le lendemain, elle est revenue à la prison et m’a remis 85 000Fcfa… Et ma vie a changé".
Blaise Djouokep (Jade)