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Société Prisons camerounaises: des univers surréalistes - Des détenus cisèlent, sculptent, cousent…

Prisons camerounaises: des univers surréalistes - Des détenus cisèlent, sculptent, cousent…

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Index de l'article
Prisons camerounaises: des univers surréalistes
Les tares des prisons du Cameroun dénoncées
Clément a vécu un enfer avant d’être libéré
Des adultes logés au quartier des mineurs
Assistance et argent au bout du coup de fil des détenus
Un détenu veut porter plainte contre l’Etat
Des policiers torturent pour faire avouer des suspects
Un condamné à mort soigne ses codétenus
Des étudiants condamnés pour avoir voulu manifester
Les détenus payent leur transfert au tribunal
Sortis de New-Bell, ils se forment et travaillent
Des nourrissons font ''leurs premiers pas''
Une ministre enferme un paysan
Les abandonnés galèrent pour survivre
Des détenus cisèlent, sculptent, cousent…
Distribution des tracts: des opposants emprisonnés dix jours
Prison de Mantoum: La réinsertion par le travail aux champs
Torturé et détenu sans motif pendant trois ans
Guy crée des bijoux et revit
Un jeune abattu à la prison de Bafoussam
Les ''pingouins'' dorment à la belle étoile
Prison de Ngambe: trop délabrée
A Bantoum, des habitants dénoncent le racket de l’adjudant-chef
Toutes les pages

Pour une vie moins dure à New Bell
Des détenus cisèlent, sculptent, cousent…
Bijoux, œuvres d’art, sacs, restauration : les prisonniers de New Bell à Douala travaillent pour tenter de vivre mieux. Des "petits" métiers encouragés par les Nations Unies, comme on l’a déjà vu à la prison d’Edéa.
Marteau à la main, Hervé Ngansop s’attelle à donner une forme humaine à ce qui n’était encore, il y a quelque temps, qu’un vulgaire morceau de bois. Visiblement très occupé par son travail, il ne se préoccupe pas des visiteurs. Il n’a qu’un souci en tête : "Fabriquer le maximum d’objets d’art afin de les vendre au plus vite et gagner un peu d’argent".
Nous sommes jeudi, jour de visite à la prison centrale de Douala à New Bell. Comme Hervé Gansop, de nombreux détenus y vont du marteau, de la scie à métaux, de l’aiguille, pour modeler bijoux, objets d’art et sacs que d’autres détenus proposent aux visiteurs dans la cour du pénitencier.

 

Prix accessibles
Les prix varient. Pour un ensemble de bijoux composé d’une chaîne, d’une gourmette, de deux boucles d’oreilles et d’une bague, le client doit débourser 1.500 Fcfa et 500 Fcfa s’il veut s’offrir un seul de ces bijoux. Pour les objets d’art, les prix peuvent aller jusqu’à 5000 Fcfa, voire 10000 en fonction de la qualité de la sculpture choisie. Un sac coûte environ 1000Fcfa. Et il faut débourser 2000 Fcfa pour entrer en possession d’un tableau.
Le métier nourrit son homme, confient les détenus. "Les gens viennent s’approvisionner ici en prison parce que les prix sont relativement bas", explique Marcel. Ces marchandises sont aussi vendues hors de la prison par les détenus qui sortent pour faire la corvée. Contre rémunération, bien sûr. "Ils peuvent recevoir 500Fcfa ou 1000Fcfa en fonction de la quantité. Ils vendent aussi la marchandise à un prix plus élevé, prennent le surplus et nous apportent le montant sur lequel nous nous sommes mis d’accord", explique Guy Tchathou, fabricant de bijoux.
Le travail de ces corvéables ne s’arrête pas là. Car après avoir vendu les créations de leurs collègues, ils achètent la "matière première" et l’introduisent en prison avec l’accord des gardiens qui exigent une taxe d’entrée, aux alentours de 20% de la valeur du produit.

500Fcfa de salaire quotidien
Autre façon de gagner de l’argent en prison : se lancer dans la restauration. Christopher, par exemple, est propriétaire d’un restaurant qui emploie certains de ses codétenus. Ils reçoivent un salaire journalier de 500 Fcfa en plus du repas auquel ils ont droit. Le salaire quotidien est le même pour tout détenu employé, quelle que soit l’activité.  
"Cela nous permet de nous nourrir décemment, de ne pas manger les mauvais repas que nous offre la prison", reconnaît un prisonnier. Des détenus confient que cela leur donne aussi de quoi payer les droits de cellule au "chef" et de ne pas dormir à la belle étoile. La prison de New Bell étant désormais connue pour sa surpopulation carcérale et son manque d’infrastructures (environ 3000 prisonniers pour une structure d’accueil de moins de 800).
Blaise Djouokep, Jade