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Société Ucac: la lettre de Mgr Tonye Bakot suscite encore des réactions

Ucac: la lettre de Mgr Tonye Bakot suscite encore des réactions

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Être conséquent avec soi-même et savoir assumer ses actes

Depuis l’éclatement de Affaire Mgr Tonye Bakot au sujet de la surreprésentation des enseignants et étudiants originaires de l’Ouest à l’Ucac de Yaoundé, j’ai beaucoup hésité  pour entrer dans l’arène de ce combat à fleuret moucheté parce que c’est toujours très douloureux pour un enseignant de constater que des considérations régionalistes entrent par effraction à l’académie pour neutraliser les circuits de l’objectivité, du savoir, du mérite et de l’excellence. C’est pourquoi j’ai attendu que bien d’autres prennent position afin que je puisse me prononcer à mon tour avec beaucoup plus de recul et de sérénité. Après la mise au point du Grand Chancelier et les explications du Père Lado qui fatalement incarne l’arbre qui cache la forêt de certaines récriminations identitaires longtemps refoulées, j’ai aussi lu avec beaucoup d’intérêt la réaction « d’un groupe d’enseignants laïcs de l’Ucac » composé de trois enseignants qui ont cru devoir s’inviter dans le débat pour mettre un peu d’ordre dans une affaire où « la désinformation et la malveillance l'emportent sur la raison », mais qui au contraire, se sont complus à noyer le poisson, en se bornant à condamner les rébellions et les lettres ouvertes comme si les gens n’étaient plus libres de choisir la forme littéraire de leur expression . Ce faisant, ils ont plutôt contribué à diluer et à obscurcir volontairement l’affaire, de manière à égarer les intéressés. Je n’ai pas résisté à la tentation d’opposer mon point de vue à celui de ce groupe d’éminents universitaires dont j’attendais beaucoup, parce que je garde le sentiment que le problème de fond insidieusement soulevé par Mgr Tonye Bakot n’a même pas encore été abordé et qu’on a perdu un temps précieux à pérorer sur une genèse boiteuse et controuvée ainsi que des chiffres et des statistiques biaisés et orientés. Mais contrairement à ces enseignants d’université visiblement spécialisés dans la langue de bois, je ne distribuerai pas des appréciations telles que celles qu’ils mettent sur les copies de leurs étudiants (hors sujet, défaillances dans la forme…) parce que je respecte les points de vue de ceux qui ne pensent pas comme moi, la forme littéraire qu’ils choisissent pour s’exprimer et je suis convaincu que savoir que si «tu connais la vérité, elle te libérera » sans savoir lequel des évangélistes l’a dit et à quel verset ne fait pas de moi le plus idiot des êtres humains. Dans une lettre adressée aux autorités universitaires, tout un archevêque peut bien confondre une ville avec un département (Bafang)ou l’interrogation indirecte avec l’interrogation directe (on peut se demander pourquoi sont-ils les plus nombreux…) sans que ces peccadilles altèrent le fond de sa pensée et de son message. Ne noyons donc pas le débat dans des considérations oiseuses !

Genèse boiteuse et controuvée
Elle nous est présentée par le Grand Chancelier lui-même qui écrit : « Ce même conseil a reçu des statistiques concernant les enseignements et les étudiants de la faculté des Sciences sociales et de gestion de l’Ucac. Ces statistiques confirment le pressentiment des membres dudit conseil au sujet d’un certain nombre de recrutements des enseignants et des étudiants ».
Comme nous l’apprenons, l’affaire est donc partie d’un « pressentiment » que tous les représentants nommés par les conférences épiscopales du Cameroun, de la Centrafrique, du Congo (Brazzaville), du Tchad, du Gabon et de la Guinée Équatoriale qui constituent  le conseil supérieur de l’Association des conférences des évêques d’Afrique Centrale (Acerac) ont spontanément et simultanément éprouvé de ce qu’un « certain nombre de recrutements des enseignants et des étudiants » de la Faculté des Sciences Sociales et de Gestion, au contraire de ce qui se passe dans les autres établissements de l’Ucac à Ekounou et à Nkolbisson, ne se faisaient pas de manière très « catholique ». Mission a alors été donnée à Mgr Tonye Bakot, Grand Chancelier de l’Ucac, de vérifier (confirmer) ce pressentiment (hypothèse) par des chiffres (statistiques). Cette tâche est d’autant légitime que, précise l’archevêque, « l’université catholique n’appartient pas à un pays, encore moins à une région du Cameroun qui en compte 10 ». Elle appartient naturellement aux six pays membres de l’Acerac .Comme le précise le Groupe des Enseignants Laïcs de l’Ucac, « c’est un bien commun au service de la sous-région de l’Afrique Centrale ».
Le combat du Grand Chancelier se veut donc être celui de l’équité dans la distribution des enseignants et des étudiants de l’Ucac de Yaoundé en tenant compte de tous les pays membres de l’Acerac et de toutes leurs régions internes. Les statistiques et les chiffres qu’il présente à l’appui du « pressentiment » commun devraient donc faire ressortir la répartition des enseignants et des étudiants de tous les six pays de l’Acerac pour la gouverne de ces détracteurs en mal de « désinformation et de malveillance ». Malheureusement, tel n’a pas été le cas, puisqu’en ce qui concerne les enseignants associés, on observe qu’il n’y a aucun étranger, et, pour les enseignants permanents, le Grand Chancelier se borne à annoncer qu’il y a « 04 non Camerounais », sans nous dire pourquoi, dans le souci du « partage et de la probité éthique » que prône l’Eglise, les autres pays ne sont pas représentés parmi les enseignants associés, ni comment il a réussi à partager équitablement les 04 non Camerounais entre les 05 pays restants. Le Groupe des Enseignants laïcs ne s’en émeut guère!
Quant à la répartition des étudiants, il ne fait pas la moindre allusion aux non Camerounais et cela non plus ne dérange aucunement les défenseurs du « bien commun au service de l’Afrique Centrale » qui ont volé au secours de l’Archevêque ! Pour la clarté du débat, le Grand Chancelier aurait dû publier aussi la répartition des étudiants par pays. Ne pas l’avoir fait prouve à suffisance que la seule chose qui le préoccupait réellement était la répartition des enseignants et des étudiants entre les différentes régions du Cameroun. Les autres membres de l’Acerac ne s’étant jamais à notre connaissance plaints de leur sous-représentation à l’Ucac causée par une région hégémonique camerounaise, on comprend mal que les représentants des autres conférences épiscopales, au lieu de défendre les intérêts des enseignants et étudiants des pays dont ils sont les ambassadeurs,  aient eu la malencontreuse idée de s’ingérer aussi grossièrement dans les affaires intérieures du pays hôte en demandant la création d’une commission d’enquête tendant à contrôler une répartition régionale dont le dénouement ne contribuera pas à augmenter le nombre d’étudiants ou d’enseignants ressortissants de leurs pays respectifs. Le Grand Chancelier doit donc avoir le courage d’assumer des actes qu’il a manifestement posés de son propre chef en se cachant derrière une sollicitation douteuse et une procédure faussement scientifique qu’il a suivie, en utilisant des statistiques volontairement biaisées et orientées. Car je dois à la vérité de dire mon embarras devant cet enseignant qui, selon le Grand Chancelier, au lieu d’enseigner, a passé son temps à enquêter sur les origines régionales des étudiants qu’il avait devant lui et « il lui a été donné de constater que sur les 42 étudiants qu’il avait en face de lui, 30 venaient d’un seul département : Bafang (sic) (Ouest) » si tant est que Bafang est un département. Et comment ce curieux enseignant aurait-il couru rendre compte directement au Grand Chancelier, passant par-dessus le Vice-Doyen, le Doyen et le Recteur, qui l’on recruté et qui sont ses patrons directs, s’il n’était pas en mission commandée?

Statistiques biaisées et orientées
L’utilisation des chiffres et des statistiques donne à la démarche du Grand Chancelier une démarche apparemment scientifique qui permet de manipuler mais qui ne trompe  que ceux qui ont un intérêt à ne pas vouloir gratter le vernis trompeur des chiffres et des pourcentages pour traquer la vérité. C’est pourquoi le groupe d’enseignants laïcs de l’Ucac conduit par le très respecté Titi Nwell peut malicieusement écrire : « Statistiques à l'appui, le document fait apparaître un grand déséquilibre entre une Région et le reste du pays concernant les origines des étudiants camerounais inscrits à la Faculté des Sciences Sociales et de Gestion », et peut même doctement ajouter : « Le principe hégélien selon lequel " tout ce qui est réel est rationnel " est bien connu. C'est ainsi que la situation du déséquilibre révélé par les statistiques et communiquée au Doyen est de nature à être comprise, et il lui a été demandé de l'expliquer ».  Mais le Groupe se garde bien de nous donner la situation de répartition régionale qui prévaut dans les autres Facultés de l’Ucac aussi bien à Ekounou qu’à Nkolbisson pour que nous ayons des éléments fiables de comparaison. C’est pourquoi nous nous devons de relever que les chiffres et les statistiques ne confirment la « réalité et la rationalité hégéliennes » que s’ils sont accompagnés de toutes les données qui facilitent la comparaison et la compréhension. Sinon, ils deviennent simplement manipulateurs ! Et c’est bien le cas dans l’affaire qui nous interpelle, parce que le réel dont il est question est manifestement illusoire et apparent !
Le Père Lado qui est au centre de la controverse a posé une question cruciale sur les critères qui ont présidé au classement des enseignants et étudiants par région : « : Nom ? Lieu de naissance ? Noms des parents ? Si oui, du père ou de la mère ? Et à quoi correspondent les régions au Cameroun ? Unité administrative ? Culturelle ? Ethnique ? Religieuse? Pourquoi avoir mis Nord-Ouest et Sud-Ouest ensemble ? Le Nord signifie-t-il Grand Nord ? » Cette question qui aurait pu éclairer le débat a été jusqu’ici minutieusement éludée ! En ce qui concerne les recrutements des enseignants et des étudiants,  nous devons à la vérité de reconnaître que le nombre et le pourcentage des enseignants affichés ne nous sont d’aucun secours si nous n’avons pas de réponse à cette question et ensuite si on ne nous a pas précisé le nombre de dossiers par région remplissant les critères exigés par les responsables de l’Ucac dans leur appel à candidature. Par exemple, si le seul originaire de l’Est retenu sur 29 professeurs permanents comme l’indique les données de comparaison du Grand Chancelier était l’unique candidat de cette région qui  avait déposé un dossier remplissant toutes les conditions requises, il s’ensuivrait que l’Est a eu 100%, sauf à passer sous silence les profils de départ pour lancer un autre appel à candidature en direction de cette région pour les besoins d’un équilibre régional factice. C’est ainsi qu’on aimerait bien savoir parmi combien de dossiers en règle les 09 et les 11 professeurs permanents respectivement originaires de l’Ouest et du Centre, ainsi que ceux de toutes les autres régions, avaient été sélectionnés. On risquerait fort bien de débusquer de gros lièvres que des chiffres et des statistiques ne contribuaient qu’à masquer! Mais, comme je l’ai dit d’entrée de jeu, le problème de fond est manifestement ailleurs.

Le problème de fond : la malhonnête congénitale des originaires de l’ouest
Au de-là des statistiques et des chiffres, le problème de fond que le Grand Chancelier a voulu présenter, c’est que les ressortissants de la région de l’Ouest sont des gens foncièrement et congénitalement tribalistes, égoïstes, malhonnêtes et tricheurs. Il est convaincu que s’il y a déséquilibre à l’Ucac, cela ne s’explique nullement pas par le mérite, mais par une machinerie de fraudes minutieusement mise au point par le ressortissant de l’Ouest qui a pignon sur rue à la Faculté des Sciences Sociales et de Gestion de l’Ucac. Le schéma subtilement présenté dans sa correspondance est simple : le Père Lado, Vice-Doyen de la Faculté des Sciences Sociales et de Gestion, originaire de l’Ouest, recrute ou fait recruter frauduleusement et majoritairement « ses frères » comme enseignants associés et permanents. Ceux-ci mettent sur pied  « des stratégies de signes » qu’ils communiquent aux ressortissants de l’Ouest et qui permettent de les « identifier lors des concours et des examens » afin de les favoriser dans les corrections. Pour ceux de l’Ouest qui n’ont même jamais mis les pieds dans une salle de classe à l’Ucac, le Père Lado signe de fausses attestations de réussites qui permettent de leur octroyer des diplômes. Et la boucle est bouclée !
C’est pourquoi le Grand Chancelier pose ses questions qui n’ont qu’une valeur rhétorique : « Comment se fait-il que la seule région de l’Ouest compte près de 60% des étudiants à Ekounou ? Est-ce parce qu’ils embrassent les filières scientifiques et commerciales plus que les autres ? Ou bien est-ce parce qu’ils bénéficient d’un traitement de faveur ? Ou est-ce parce qu’ils trichent ?
Il n’a pas besoin d’attendre de réponses car il les connaît déjà depuis longtemps !
De manière à peine voilée, le Grand Chancelier suggère que c’est de cette façon que les enseignants originaires de l’Ouest se comportent partout où ils officient et que leurs succès scolaires ne devraient plus tromper personne. Et en tant que professionnel de l’éducation, j’ai beaucoup de peine à penser que le Grand Chancelier puisse encore garder à l’Ucac des enseignants qui faussent aussi grossièrement les fondements du mérite scolaire. Les corrupteurs étant aussi coupables que les corrompus, le Grand Chancelier, pour des besoins de salubrité morale, devrait, après avoir déterminé de manière irréfutable les responsabilités, nettoyer l’Ucac de tous les enseignants et étudiants originaires de l’Ouest pour faute lourde et tricherie organisée ! Le groupe d’enseignants laïcs est resté étonnamment muet sur cette accusation grave qui pèse sur leurs collègues. Comment interpréter un tel silence ?
Ces accusations qui jettent l’opprobre sur les ressortissants de toute une région et les indiquent subtilement à la vindicte des autres Camerounais et pays membres de l’Acerac sont d’autant graves qu’elles n’ont aucun fondement. Quant au recrutement des enseignants, le Père Lado est catégorique : « Je signale qu’aucun ressortissant de la région de l’Ouest ne siège au comité de recrutement et que, jusqu’ici, il n’y a pas eu de Recteur originaire de la région de l’Ouest. Donc, s’il y a surreprésentation de la région de l’Ouest dans le corps enseignant, la Faculté n’y est pour rien. C’est le rectorat qu’il faut interroger ! ».
Veut-on nous faire avaler qu’à l’Ucac le Père Lado, simple Vice-Doyen, est si puissant qu’il puisse imposer au Doyen et au Recteur (un Centrafricain), de ne recruter majoritairement que ses frères de région ? Quant aux étudiants, les Camerounais aimeraient qu’on ressorte les copies des originaires de l’Ouest pour leur montrer à quoi ressemblent ces fameux signes qui permettent d’identifier leurs copies d’une part et d’autre part qu’on les soumette à des contre-corrections dans un pays et par des correcteurs consensuellement désignés ! On est aussi bien impatient d’avoir la situation de la représentation régionale des enseignants et des étudiants dans les autres Facultés de l’Ucac, et surtout, celle qui prévalait à la Faculté des Sciences Sociales et de Gestion avant l’arrivée du Père Lado, pour illustrer comment en 05 ans de présence au poste de Vice-Doyen, il a transformé son établissement en un quartier de son village. Et puisque Mgr Tonye se présente comme le défenseur du partage et de l’équité nationale, il pourrait aussi nous donner les statistiques de représentation régionale des évêques au Cameroun, dans les autres universités privées et d’Etat, des grandes écoles,  dans l’armée, la police, la gendarmerie, les entreprises publiques et parapubliques, le commandement, la haute administration etc. On le prendrait un peu plus au sérieux !  
Quant à la fausse attestation, le Père Lado, après avoir précisé qu’il n’existe aucun ressortissant de l’Ouest dans le circuit de production des attestations, ajoute : « Une simple comparaison lors du dernier Conseil du Recteur de cette année académique, en présence de tous les chefs d’établissement de l’Ucac, a montré que ma signature et celle du cosignataire (qui n’a curieusement pas été mentionné par le Grand Chancelier) avaient simplement été forgées. Le Doyen et le Recteur peuvent en témoigner »
Donc, si le Père Lado s’en était déjà expliqué à un tel niveau, pourquoi le Grand Chancelier persiste-t-il, malicieusement, après avoir précisé que ladite fausse attestation profite à un ressortissant de l’Ouest, à le présenter comme le premier suspect ? La façon dont il en parle ne laisse aucun doute sur son intime conviction : « Le Père Ludovic Lado l’aurait-il signé ? J’en doute ! Je ne pense pas que le Vice-Doyen l’ait fait. Toutefois, il faudrait lui poser la question pour qu’il nous rassure. ». Pourquoi le Grand Chancelier fait-il croire que c’est le Père Lado qui inaugure les problèmes de faux diplômes et de fausses attestations alors qu’il sait bien que « la signature d’un de ses prédécesseurs avait aussi été imitée et frauduleusement utilisée avant d’être découverte » ? Le Groupe des enseignants laïcs qui lui aussi revient là-dessus est-il au courant de ces informations ? En tout cas, le diagnostic ayant été biaisé et orienté dès le départ, on ne pouvait que s’attendre à une médication d’exception qui est, comme nous allons le voir, la thérapeutique de l’amputation !

Thérapeutique de l’amputation
Les « statistiques » du Grand Chancelier, comme il fallait bien s’y attendre, confirment sans coup férir le pressentiment concerté du Conseil et révèlent un « déséquilibre régional devenu scandaleux ». Le Conseil ne se préoccupe pas des origines du déséquilibre, ne s’embarrasse pas de l’analyser afin de le comprendre et se hâte de prescrire à la Faculté des Sciences Sociales et de Gestion « d’éviter que le déséquilibre régional ne perdure, et qu’on corrige progressivement cette situation devenue scandaleuse, parce que l’université catholique n’appartient pas à un pays, encore moins à une région du Cameroun qui en compte 10 ». On dirait un remède-miracle préparé depuis longtemps et mis en lieu sûr pour éradiquer une maladie qui commençait déjà à devenir une épidémie, un cancer ! La thérapeutique de l’amputation participe de la médecine du pire, car elle revient tout simplement à couper la main pour soigner le doigt !
Le Grand Chancelier propose de : « [ …]  rétablir les choses là où on le peut, et ce progressivement : « A valeur égale sur le plan intellectuel, il faudrait aussi penser à recruter des enseignants venant d’autres régions et, si possible, respecter les quotas de telle manière que l’Ouest ne soit plus majoritaire en enseignants associés ni en enseignants permanents ».
Pourquoi Mgr et Grand Chancelier ne va-t-il pas une fois au bout de sa logique pour fixer d’avance le quota tribal d’enseignants et d’étudiants qui entreront à l’Ucac, ainsi que le quota régional de chrétiens et de paiement du denier de culte ? Chaque région saurait d’avance à quoi s’en tenir et on éviterait ainsi de sordides cachoteries !  
Le Groupe des Enseignants Laïcs de l’Ucac nous rappelle fort opportunément que « À l'Ucac, seules la compétence et l'excellence sont les critères fondamentaux, prescrits par les Pères fondateurs à la communauté universitaire ». C’est le même refrain que chante le Grand Chancelier. Mais, on est profondément gêné par cette duplicité et cette hypocrisie qui font parler à la fois du souci de l’excellence et du « respect des quotas de telle manière que l’Ouest ne soit plus majoritaire en enseignants associés ni en enseignants permanents » en  cas de valeur égale ou inégale sur le plan intellectuel !
J’aurais bien aimé qu’on consulte les étudiants non originaires de l’Ouest pour savoir si, après ce qu’ils déboursent comme frais de pension, ils aimeraient être enseignés par des professeurs, recrutés, non pas selon les critères d’excellence mais simplement pour empêcher l’Ouest d’être majoritaire et pour respecter des quotas régionaux.
J’aimerais bien croire que « Aucun Bamiléké n'est persécuté à l'Ucac, étudiant ou enseignant et qu’aucun ne saurait d'ailleurs l'être, au regard des objectifs et des statuts de cette université », comme l’écrit le Groupe des Enseignants laïcs de l’Ucac et que lorsqu’on claironne à la face du  monde que les Bamilékés ne sont nombreux à l’Ucac que parce qu’ils trichent avec la complicité des enseignants Bamiléké, un tel dénigrement ne participe en aucun cas de la persécution morale. Nous osons bien croire que « les problèmes internes de l'Ucac n'ont rien à voir avec les problèmes politiques du Cameroun. Et que toute confusion entre l'Ucac et l'environnement politique du Cameroun relève de la mauvaise foi » et « regrettons donc qu'une association aussi sérieuse et respectée que la Laakam n'ait pas fait cette nécessaire distinction ». Mais quand nous savons que le Père Lado a écrit une lettre ouverte aux évêques pour dénoncer leur incohérence et leur cacophonie sur le plan politique ; qu’il a écrit une autre pour réclamer un code électoral plus consensuel et démocratique ; que ceux qui nous rassurent semblent se réjouir des malheurs des insoumis et ont cru devoir se mettre à trois pour nous prêcher l’évangile de la soumission, de la résignation, de la génuflexion, de la servilité et de la négation de soi en criant « Non aux lettres ouvertes » et en « exigeant » «Que chacun se soumette aux autorités en charge. Car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent sont constituées par Dieu. Si bien que celui qui résiste à l'autorité se rebelle contre l'ordre établi par Dieu. Et les rebelles se feront eux-mêmes condamner », nous ne pouvons ignorer pour qui ils roulent ! Surtout que ce Groupe qui défend le statut quo et l’ordre établi est très proche du Conseil Electoral qui en octobre dernier a reçu trois milliards de francs de fonds occultes pour tripatouiller les élections !
Peut-être veut-on nous rappeler que l’autorité d’Hitler, de Mussolini, d’Idi Amin Dada et celle de bien d’autres sanguinaires que le monde a connus venaient aussi de Dieu et qu’on a eu tort de les combattre et que de même, le peuple de Dieu aurait dû accepter l’autorité des pharaons qui les asservissaient en Egypte !  Puisque ce qui est réel est rationnel, si un jour on se rendait compte que 60% d’enfants qui passent le Cep, le Bepc, le Probatoire, le Bacc et la Licence étaient originaires de la même région, devrions-nous aussi considérer ce déséquilibre comme scandaleux et prendre des mesures pour « le corriger progressivement » ? Autant écrire à Dieu pour lui demander de corriger progressivement la population de la Chine (1milliard 500 millions) jusqu’à ce qu’elle atteigne celle la Guinée Équatoriale (400 000 habitants) ! On comprendra enfin que Dieu n’aime pas les déséquilibres et que la Terre est un bien commun et appartient à tout le monde !  
Yaoundé, le 12 Aout 2011
Pr. Takougang Jean (99 84 60 40 ; Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. )
Diplômé de l’Ucac (Dialogue Social et Dih)
Traducteur Principal
Prof. Associé de Traduction à Ydé I