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Politique Lettre à ses camarades ou le sens de l'unité

Lettre à ses camarades ou le sens de l'unité

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Camarades,
Pour l’UPC, c’est le moment ou jamais.

Nous voici tous désormais soumis par l’opinion et nos populations à un test de patriotisme et d’abnégation. C’est par l’esprit de compromis que les Upecistes referont de l’UPC ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être ; il faut pour ce faire que chacun se donne la chance de ne pas figurer parmi ceux qui auront précipité la liquidation de notre Mouvement.
C’est le moment ou jamais, car nous ne pouvons pas disposer d’autant de forces et n’étaler, chaque fois, que la faiblesse de retourner nos forces contre nous-mêmes.
C’est le moment ou jamais, au-delà des individus que nous sommes, de nos appétits divers, de nos  prétentions personnelles ou de nos insuffisances inavouées. Ne nous y trompons pas : ce n’est plus à qui parlera le plus, ni le plus fort. Ce n’est plus à qui insultera le mieux les autres ; ce n’est même plus à qui cherchera le plus à plaire à l’adversaire. Les populations du Cameroun, elles, savent depuis de longues années ce qu’elles veulent et ce qu’elles attendent de nous.
C’est pourquoi pendant que les chefs plus ou moins autoproclamés ergotent et se déchirent, la Base rappelle avec constance, en véritable « boussole », qu’il ne faut pas perdre le Nord. Cette Base se veut unitaire, unie et conquérante. Elle a déjà identifié nos Plus Grands Communs Diviseurs, tous ceux d’entre nous qui estiment qu’ils ne peuvent être militants de l’UPC que s’ils en sont les chefs. La Base avisée est à la recherche d’un Dénominateur Commun, qui saura efficacement rassembler ses Plus Petits Communs Dénominateurs. Et tenez pour certain que la Base y parviendra en réduisant nos équations personnelles et chacune de nos chétives illusions à leur plus simple expression. Ceux-qui aiment leur personne par-dessus tout et qui se préfèrent à l’UPC ont donc encore le temps de se ressaisir, pour réaliser qu’ils ont une opportunité unique : sortir grandis de l’actuelle phase de refondation de l’UPC, ou n’en plus sortir du tout pour s’être noyés dans les marécages de leurs manœuvres de positionnement. Ils seront ainsi marqués à vie comme ceux par qui le scandale de la liquidation de l’UPC est arrivé.  
C’est donc le moment pour chacun de se raboter, car c’est le moment pour l’UPC de se refonder. Mais pour refonder l’UPC par l’union et l’unité, il faut avoir une idée précise de l’une et de l’autre, a défaut d’en avoir une définition exhaustive : l’union est un processus dynamique ; l’unité, un état qui résulte de ce processus d’union. L’union suppose donc un mouvement, la marche ou la démarche à plusieurs dans une volonté de convergence qui construise un nouvel ordre upéciste, ou un nouvel état de choses dans l’UPC. L’unité est le nouvel état ainsi construit.   
L’Union des Populations du Cameroun, comme son nom l’indique, a une conscience parfaite de la pluralité des populations camerounaises et de la diversité de leurs rêves. Parce que le Cameroun est un peuple pluriel, les Pères Fondateurs en ont eu une vision d’union, pour une unité non statique mais dynamique, appelée à évoluer avec son temps. Les défis étant évolutifs, il ne s’agit surtout pas de subir l’histoire puisque l’UPC sut créer l’événement en 1948 en se donnant pour vocation de faire l’histoire du Cameroun, et de la refonder chaque fois qu’elle aura été dénaturée, comme c’est le cas ces six dernières décennies.
Ces deux axes imposent des choix exigeants aux Upécistes :

I- L’unité de l’UPC commande de sortir de nos miroirs, pour choisir sans équivoque entre la première personne du singulier et la première personne du pluriel. L’UPC des « Moi je… », l’UPC des « C’est moi qui…» est sommée de s’écarter devant l’UPC des « Nous…». Il ne s’agit plus de s’unir derrière un individu quelconque, mais bien de s’unir comme libertés et volontés individuelles engagées à servir une Cause qui nous dépasse tous, Cause trop longtemps brouillée par des compromissions personnelles de positionnement et de carrière. Les Upécistes ont tous compris qu’ils n’ont plus à faire troupeau, mais qu’ils doivent plutôt faire équipe.

II- L’unité de l’UPC commande ensuite de s’inscrire à l’école de l’humilité, pour réapprendre à accepter l’autre, à l’écouter déjà, quitte à réfuter son point de vue, argument à l’appui. L’unité qui doit germer de la dynamique d’union exclut l’exclusion et s’ouvre à l’ouverture de tous à tous. Que les débats, que des disputes même s’organisent, mais à l’intérieur de la Maison UPC, pour qu’en cas de besoin, la lessive se fasse en famille. Nos Cadres et Militants en ont largement compétence et qualité. Leurs Conférences de demain et d’après demain constituent le creuset approprié pour des rencontres collégiales de conception, d’analyse et de mise en perspective. Car l’unité de l’UPC, que personne ne doit confondre avec l’unanimité, passe par la reconquête de l’identité politique de l’UPC.

Si grand, si pressant et si crucial est en effet le besoin de clarification idéologique et d’orientation stratégique que tout se jouera à notre aptitude individuelle et collective à reconnaître courageusement nos limites et manquements, pour renoncer à la prétention de noter ou de régenter les autres, afin d’opérer plutôt la métamorphose que le Peuple du Cameroun attend de chaque upeciste et de toute l’UPC. Au regard de tout ce dont il a été cruellement frustré, c’est à l’observation tout le Cameroun qui se tourne désormais vers l’UPC. En attendant d’être définitivement consolidée, l’unité enfin réaffirmée exigera d’être confirmée comme le rendez-vous quotidien d’un Mouvement avec le Destin d’un Peuple. Pour tout Upéciste, loin de tout esprit de privilèges, cette obligation implique plus de devoirs que de droits.
Dans une UPC ainsi perçue, personne n’est plus de trop, paradoxalement parce que personne n’est plus indispensable. Le moment est venu de guérir des reflexes d’exclusion et du ridicule des préséances. Laissez venir à…l’UPC, tous ceux qui se réclament de l’Upécisme. La vigilance militante se chargera en temps opportun de tamiser pour séparer la graine de l’ivraie. Car bien qu’imprégnée de la culture du compromis, l’UPC ne saurait plus ni se greffer par compromission à quelque formation politique que ce soit, ni en attendre le moindre salut par dépendance ; car en dehors de partis rejetons de l’UPC nés de révoltes justifiées, bien des formations politiques au Cameroun ne justifient leur création que par la volonté d’infiltration, d’instrumentalisation ou de liquidation de l’UPC.   
La reconquête de l’identité et de l’indépendance de l’UPC s’impose donc à l’intelligence politique comme le ciment de son unité, pour l’indépendance à reconquérir du Cameroun.
Sauf erreur, tel pourrait bien être le sens de l’unité de l’UPC, entendez la signification et l’orientation de nos retrouvailles dans un engagement conséquent, patriotique et collectif.
Ce pari de l’unité ne sera pas gagné par un simple jet de dé. Le hasard, au demeurant, n’y trouve aucune place. Mais fort étonnamment, nous abusons du droit qu’a chacun de nous d’exprimer son point de vue, et affirmons régulièrement que  rien de bon ni de positif n’est fait tant que notre point de vue à nous n’est pas totalement adopté. Cette manière d’intolérance est une faiblesse dont le piège est de cristalliser des disputes, de générer des crispations ou des ruptures qui incitent la mauvaise foi à multiplier artificiellement les points de désaccord accessoires dès qu’un point d’accord essentiel est trouvé :
1- hier, c’était, clamait-on, l’inaptitude des Upécistes à se retrouver dans une même salle. Les Upécistes y sont parvenus le 17 janvier 2012. Non du fait de celui qui a subrepticement obtenu de l’Administration un récépissé de déclaration, mais parce que la volonté collective  et longtemps déclarée des Upécistes était déjà de se retrouver.  
2- Une fois cet obstacle levé, il a fallu lever le malentendu qui grippait l’idée, pourtant importante, de la Conférence des Cadres. Chacun ayant fini par reconnaître l’intérêt de cette  opportunité, ce malentendu a été levé à Douala le 28 janvier 2012.
3- Mais voici que le Comité Directeur convoqué le 04 Février 2012 en continuation des assises du 17 janvier a servi de prétexte à des malentendus factices: les uns excipant de l’absence d’un récépissé de déclaration, les autres estimant que tel ou tel de leurs   mentors n’étant pas présents, les décisions à prendre ne seraient ni valables, ni « légales ».
4- Et d’aucuns de se persuader dans l’intérêt de leur propres calculs que c’est exclusivement par le baptême de l’Etat-Parti au pouvoir que l’UPC devra travailler comme Mouvement politique !
Chaque fois que cela arrange leurs calculs du moment, des Upécistes oublient que l’UPC est une Association qui fonctionne sur la base de ses propres statuts ; que la déclaration de réunion a valeur d’information de l’Administration, et que ce n’est pas du tout un récépissé de déclaration qui confère leur légalité aux conclusions et résolutions d’une Association comme l’UPC. Plus pitoyable encore, des Camarades parmi les plus en vue se répandent dans les médias pour déclarer que le Congrès convoqué par le Comité Directeur du 04 février n’aurait pas lieu parce que les seuls Upécistes ’’vrais et authentiques’’ qu’ils sont l’empêcheraient en s’appuyant non plus sur des Upecistes, mais fort curieusement sur l’Administration de l’Etat-Parti au pouvoir, explicitement sur ces Agents électoraux du parti au pouvoir que sont encore certains Préfets et Sous-préfets du Cameroun.
Si certains ténors de l’UPC savent depuis longtemps s’organiser en minorité de nuisance, ils ne réussissent malheureusement plus qu’à étaler de graves contradictions qui trahissent leur inconséquence politique : comment en effet comprendre qu’après avoir dénoncé le Bureau de l’UPC comme vendu et comme gadget à la solde du RDPC, ces Upécistes ’’vrais et authentiques’’ programment de mieux se vendre à l’Administration du même RDPC pour empêcher que se tienne un Congrès où les Upécistes enfin réunis se proposent de se donner  une Direction unique ? Les acteurs d’une telle inconséquence politique ne font-ils pas injure à la perspicacité des populations du Cameroun en s’imaginant qu’elles se tromperont d’UPC ?  
Aucun événement concernant l’UPC ne peut plus se lire par la grille désormais triviale des individus, mais au regard des enjeux collectifs nationaux. Au-delà des maladresses dont sa  mise en place peut être entachée, le Bureau de l’UPC est essentiellement provisoire. Il n’a qu’une tâche de mise en route d’un processus qu’il appartient aux Upécistes de prendre en main, de conduire et d’orienter vers ce qu’ils considèrent comme le destin de l’UPC. La situation est inédite, ce qui peut expliquer la frilosité que chacun observe ; mais elle n’est ingérable que pour ceux qui avaient définitivement parié contre l’unité de l’UPC et qui, à tel ou tel autre moment, avaient bénéficié de confortables facilités pour qu’il en soit toujours ainsi. L’on observe, dans certains cas, que ce sont curieusement les mêmes qui tiennent à se faire le plus négativement entendre, surtout en dehors des assises de l’UPC, alors que c’est de l’intérieur, et en toute dignité, qu’ils pourraient valablement exposer leurs griefs et propositions, sans  naturellement chercher à les imposer à leurs Camarades.
La Conférence des Cadres est l’illustration parfaite de ce type de propositions. Tantôt mal présentée, tantôt mal comprise par les uns au début et plutôt combattue par d’autres, la Conférence des Cadres s’est affinée après débats comme une instance de grande importance, à ouvrir à tous ceux qui se réclament de l’Upécisme. Ceux qui s’en seront délibérément éloignés ne pourront donc s’en prendre qu’à eux-mêmes. Il ne manquera de prétextes à personne, la mauvaise foi étant la chose la mieux partagée, d’aucuns  s’étant décidés à organiser leur auto exclusion pour se donner par facilité le rôle commode d’accabler ceux qui tentent de rebâtir une UPC crédible et mobilisatrice.
Et c’est précisément au regard de cette ambition de crédibilité que nous voudrions souligner trois ou quatre points :
• Le rôle du Bureau actuel de l’UPC est essentiellement préparatoire. Ses membres ont des responsabilités de service et non de commandement. Leur mission s’arrête au seuil du Congrès. Il serait donc étonnant qu’un Upéciste n’ait pas mesuré la prudence de cette disposition ou l’importance de ce Congrès pour la refondation de notre Mouvement. Car pour tous ceux qui rêvent de renverser certains signes négatifs, de revoir certaines méthodes et de diligenter la renaissance de l’UPC, c’est incontestablement le moment.
• Vous rêvez sans doute de diriger l’UPC. Vous vouliez être un Chef dans l’UPC. C’est tout à fait légitime. Préparez donc chacun ses arguments pour convaincre les congressistes de vous confier leurs suffrages, puisque ce sont les congressistes qu’il faudra convaincre. Cela veut dire que vous devrez nécessairement prendre part au Congrès. Car ce n’est ni de la périphérie, encore moins de l’extérieur de l’UPC que les Upécistes résoudront ce qu’ils estiment être les problèmes de l’UPC. Il ya Internet, certes, mais il ya surtout Entre nous.  Internet ne vaut pas Internous.  Et c’est d’abord entre nous qu’il nous faut réapprendre à nous parler, sans intermédiaire, loin des medias chaque fois que nécessaire.
• Les contraintes de temps pourraient nous obliger à accélérer certaines actions pour tenir la gageure des échéances politiques de la nation. Qu’on ne prétende surtout pas que l’UPC commet un délit en voulant se présenter à des élections. La raison d’être de toute formation politique est de conquérir les leviers du pouvoir pour faire valoir ses idées, décider ou participer aux décisions. Disserter sur l’UPC est une chose. Faire gagner l’UPC est tout autre chose: il faut convertir nos savantes dissertations en suffrages dans les urnes. C’est sur le terrain que cette action se mesure pour chacun ; et l’UPC doit reprendre le pouvoir pour renforcer son unité restaurée. Se préparer à des élections ne saurait donc être une faute quand on prétend faire de la politique.
• L’unité de l’UPC tient à la restauration de son identité, pour la reconquête de son fief national. Personne ne déroulera de tapis rouge aux Upécistes désormais en demeure de choisir entre une UPC de libération et une UPC de Collabos. Ce choix implique pugnacité et rupture, dans une vision conquérante qui fasse reconnaître l’UPC comme force d’alternance au Cameroun. Au-delà de nos révolutions de salles de bains, il s’agit d’une métamorphose opérationnelle qui devra, par intelligence politique, capitaliser l’existant pour conquérir de nouveaux espaces politiques.
A l’esprit de division et de suspicion qui tente de nous convaincre que nous n’en avons pas les moyens, il faut résolument opposer l’esprit de rassemblement.
Pour le Cameroun, le temps de l’avenir n’est plus le futur simple ; le temps de l’avenir, c’est  l’UPC de l’indicatif. Sa conjugaison ne se fera plus à la première personne du singulier, mais  à la première personne du pluriel. C’est par cette humilité d’inclusion combative et de mise en convergence de nos prétendues incompatibilités que se reconnaît l’Union des populations du Cameroun. C’est par elle que se définit l’UPC. C’est elle enfin qui donnera un sens à notre unité  -  à ne plus confondre avec l’unanimité.
Salutations patriotiques.
Charly Gabriel Mbock
Ecrivain, Homme politique