Transition vers une vraie succession ? Mais Paul Biya, qui s'est longuement questionné sur cette nouvelle candidature, sait le scrutin risqué. A l'heure des printemps arabes, un basculement du Cameroun, comme lors des émeutes de février 2008, inquiète. De fait, des pressions amicales sont venues des présidents Nicolas Sarkozy et Barack Obama, lui demandant de préparer la relève. Les Nations unies, qui craignent un embrasement post-électoral, font également pression pour un mandat négocié. En mission à Yaoundé début août, le représentant spécial du secrétaire général et chef du bureau régional de l'Onu pour l'Afrique centrale, Abou Moussa, s'est inquiété des éventuelles conséquences d'une réélection. Mêmes appréhensions de la part du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, qui a rencontré Paul Biya durant sa retraite genevoise. Ce dernier lui aurait confié se représenter une dernière fois pour "assainir le climat politique", tout en affirmant vouloir désormais préparer sa succession dans un délai de deux ans, notamment en abandonnant la présidence du Rdpc... Avant de regagner son village de Mvomeka'a !
Pressions judiciaires. Illustration de l'état socio-juridique du Cameroun : en s'asseyant à son bureau, le prince d'Etoudi a pris connaissance d'une plainte pour détention arbitraire le visant directement. Elle a été déposée le 29 juillet auprès de Sylvia Zimmermann, doyenne des juges d'instruction du Tgi de Paris par Me Caroline Wassermann et Christian Charrière-Bournazel. Ulcérées par les conditions d'emprisonnement de leur cliente Lydienne Yen Eyoum-Loyse, ex-avocate de l'État camerounais arrêtée en janvier 2010 dans le cadre de l'opération Épervier, les deux robes noires ont étendu cette plainte à plusieurs magistrats camerounais, dont le ministre de la justice Amadou Ali. Française de par son mariage, Lydienne Yen-Eyoum est toujours en détention provisoire dans une cellule de la prison de Kondengui, à Yaoundé. Le 18 août, une nouvelle demande de mise en liberté a été rejetée. Or, une telle détention ne peut excéder dix-huit mois au Cameroun. Interpellé sur cette affaire par plusieurs intermédiaires hauts placés dans le village franco-camerounais, le chef de l'État cultive, comme à son habitude, son mutisme. Le parquet suivra-t-il l'action des avocats parisiens ? La France l'affirme désormais haut et fort : "Les temps ont changé en Afrique !". Alors...
Source: La Lettre du Continent n° 617 du 25 août 2011