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Direction générale des impôts: au royaume des prédateurs - Page 3

Direction générale des impôts: au royaume des prédateurs - Page 3

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Index de l'article
Direction générale des impôts: au royaume des prédateurs
Quand les chefs d’établissement servent de boucs émissaires
Indignation des chefs d’établissement
Les impôts au cœur d’un réseau parallèle de faux timbres fiscaux
Répartition des tâches
Un réseau aux connexions profondes
Dans le labyrinthe d’une Causa Nostra tropicale
La lettre qui avait dévoilé le pot aux roses
Les machines installées au Cameroun par Mercury
Toutes les pages
Indignation des chefs d’établissement
Les responsables des établissements scolaires ont été accusés par Crescence Monique Ndzié, chef de la division du recouvrement des timbres, de n’avoir pas respecté le dispositif mis en place pour le compostage des dossiers des candidats aux examens officiels. Ils sont révoltés contre ces accusations fallacieuses et demandent aux responsables des impôts de balayer devant leur cour.
Tous les proviseurs accusés ou non par Crescence Monique Ndzié, chef de la division du recouvrement des timbres, le 31 mai 2011, sont particulièrement ébahis et révulsés lorsqu’on aborde avec eux cette « affaire » des faux timbres constatés sur les fiches d’inscription des candidats aux examens officiels. Leur étonnement est d’autant plus grand que tous ont respecté les directives à eux données par les responsables de Minfi leur indiquant les perceptions des finances où ils devaient composter les dossiers d’examen. Presque tous n’ont jamais vu l’appareil utilisé pour le compostage des dossiers. Ils ne connaissent même pas comment il fonctionne.
Marie Crescence Owona, proviseure du lycée bilingue de Mendong tombe des nues lorsqu’on évoque avec elle ce sujet. « J’ai même appris, affirme-t-elle, que j’ai été indexée dans cette affaire de faux timbres sur les dossiers d’examen. On m’a même dit que je serais la complice d’un certain monsieur. Mais, jusqu’aujourd’hui, personne ne m’a encore dit quoi que ce soit. J’attends d’être confrontée à mes accusateurs pour leur dire mes quatre vérités. Voyez-vous, j’ai respecté les consignes qui nous ont été données. J’ai envoyé composter  une partie des dossiers à la perception de Tsinga et l’autre partie à la perception de Biyem Assi. D’où vient-il qu’on m’implique dans cette affaire ? », s’interroge-t-elle. Madame Tsimi Evouna, proviseure du Lycée de Tsinga est formelle : « les dossiers reçus dans [son] établissement ont été compostés à la Perception de Tsinga »

Proviseur médusé

Le proviseur du lycée d’Ekounou n’en revient pas. Il est médusé quand il apprend que ses dossiers comportaient des faux timbres. Immédiatement, il invite son intendant à prendre part à l’entretien entre lui et le reporter de Germinal. Avant de passer la parole à son intendant, il déclare : « Quelle est cette histoire de faux timbres ? Nous avons suivi toutes les indications données par les agents de la perception de Mvog Mbi.  Les responsables des impôts ne doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes au lieu de se défausser sur les chefs d’établissement ». L’intendant prend alors la parole pour donner les détails autour de cette question. « Ici au lycée d’Ekounou, des commissions avaient été mises sur pieds par le proviseur pour recevoir les dossiers des candidats aux différents examens : une commission pour les candidats réguliers au baccalauréat, une autre par les candidats réguliers au probatoire et une dernière pour les candidats libres au probatoire et au baccalauréat. Dans un premier temps, nous avons collecté les dossiers et les frais y afférents. Ensuite, les dossiers ont été déposés à la perception de Mvog Mbi. Après le compostage, on nous avons été appelés pour venir les chercher. L’année scolaire écoulée, nous avions apporté une première vague des dossiers à la perception, puis les agents des impôts étaient venus ici au lycée pour récupérer la deuxième vague pour les opérations de compostage. Voyez-vous, nous n’y sommes pour rien », affirme-t-il. Avant de se retirer, il précise que les candidats libres allaient eux-mêmes faire composter leurs dossiers. De même, poursuit-il, « les établissements d’attache nous apportaient les dossiers de leurs candidats déjà compostés »
À quelques nuances près, la même procédure a été suivie par les responsables des lycées d’Anguissa et de Nkol Ndongo.

Ni quittance, ni reçu

Tous les responsables d’établissement rencontrés, qu’ils soient du public ou du privé, ne comprennent pas pourquoi, les agents des impôts ont toujours refusé de leur délivrer une quittance ou un reçu après la perception de l’argent des timbres qu’ils leur versent après le compostage des dossiers d’examen, comme le souligne Simon Marie Joseph Akono Akono, proviseur du lycée de Nkol Ndongo. « Cette situation est incompréhensible et embarrassante pour nous. Nous donnons des millions de francs Cfa aux agents des impôts pour le compostage des dossiers. Mais, ils ne nous délivrent ni quittance, ni reçu. Si on nous accuse aujourd’hui d’avoir détourné cet argent, comment pouvons-nous nous justifier ? Quelles preuves avons-nous pour nous en sortir ? La bonne foi ne suffit pas quand on a en face de soi des gens qui sont décidés à vous broyer », s’indigne-t-il visiblement perplexe et anxieux.
À la perception de Tsinga, un agent est convaincu qu’il s’agit d’un procédé destiné à faire composter les dossiers avec les machines déclarées hors d’usage alors qu’elles fonctionnent officieusement. « Nous connaissons leurs méthodes. Ils s’engraissent sur le dos des contribuables et de l’état en déclarant qu’une machine est en panne alors qu’elle travaille dans le noir. Vous ne pouvez démêler cette affaire en éludant cet aspect », confie-t-il.
Vrai ou faux ? Toujours est-il que tout laisse à penser que les responsables des impôts sont au courant et au cœur de la mafia des timbres fiscaux, n’en déplaise à Crescence Monique Zinga Ndzié.
J.-B. Talla