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Présidentielle 2011: Paul Biya est-il rééligible ou non?

Présidentielle 2011: Paul Biya est-il rééligible ou non?

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Index de l'article
Présidentielle 2011: Paul Biya est-il rééligible ou non?
Les transes du Droit-Savoir entre machinisme théâtral et macoutisme légal
Constitution et chicane
Juridisme macoute et légalisme zombificateur
Halte au parasitage politicien d’une question constitutionnelle de fond
En réplique à Mathias Owona Nguini et à Paul-Aaron Ngomo…
Argumentaire en réplique à celui développé par les défenseurs de la thèse de l’éligibilité
Présidentielle 201 1 : de la non-rétroactivité des constitutions
Rééligibilité ou non de Paul Biya : camerouniaiseries constitutionnelles
Qui veut (même) faire échec au suffrage souverain ?
Toutes les pages
Le juridisme et l’hermeneutisme manipulateurs, outils du légisme et du légitimisme ultraconservateurs
Décidément la chasse à l’homme est véritablement ouverte pour clouer au pilori l’intellectuel et universitaire réputé monoclaste que nous sommes est lancée. Ainsi sur le net, des officines conservatrices semblent à travers des écrivaillons haineux, véritables tontons macoutes de la plume décidés à nous laminer. Ne nous référons qu’à l’infect et abject « le cas Owona Nguini » signé par un bien terne apologiste du Président perpétuel, qui témoigne bien de l’offensive de tauromachie idéologique  lancée contre l’empêcheur de tromper en rond que nous sommes. C’est dans ce climat politico-sorcier et politico-policier imposé par les propagandistes dévots de l’absolutisme présidentialiste qui affecte aussi le débat sur l’éligibilité du Président en fonction auquel nous prenons part, qu’après les Juristes d’Université, un Juriste-Bureaucrate a décidé de nous prendre à partie avec des visées qui débordent largement la critique doctrinale et correspondent précisément à une polémique doctrinaire.
La nouvelle intervention de ce Juriste-Fonctionnaire et Bureaucrate qu’est l’administrateur civil principal Christian Limbouye Yem, correspond bel et bien à une charge inséparablement politico-doctrinale et idéologico-politique. Jusque-là, ce Juriste de Bureau qui soutient mordicus la thèse de l’éligibilité du Président en fonction avait choisi comme contradicteur l’avocat Me Fidèle Djoumbissi. Alors que ses premières interventions, contrairement à celles des Juristes confirmés ou en herbes d’Université, étaient caractérisées par une gestion policée et civilisée de son positionnement dans cette polémique doctrinale, M. Limbouye Yem a commencé également à élever le ton dans sa dernière sortie contre Me Djoumbissi qui, comme nous, soutient la thèse de l’inéligibilité du Président en fonction. N’ayant pas eu de réponse de ce côté après avoir relancé la controverse menée face à Me Djoumbissi, voici que Mr Limbouye Yem décide de s’inviter dans notre controverse avec les Juristes d’Université.

M. Christian Limbouye Yem, administrateur civil principal de son état, fut autrefois un étudiant prometteur de droit qui, en tant que doctorant s’intéressait au milieu des années 1990  à des débats doctrinaux avec des congénères et/ou confrères devenus depuis d’éminents enseignants de cette discipline comme le Professeur  Bernard Guimdo (agrégé de droit public). C’est peut être le goût nostalgique de l’initiation de M. Limbouye Yem à ces passes d’armes intellectuelles et doctrinales auxquelles les Doctorants et jeunes Docteurs juristes ou politistes de l’époque tels que Bernard Guimdo, Léopold Donfack ou Luc Sindjoun se livraient, qui gagne ce Juriste de Bureau. Peut-être, en nous prenant à partie pour la sévérité et l’âpreté de notre réplique - il est vrai cinglante – au Pr MouanguE Kobila et à ses Doctorants, M. Limbouye Yem croit-il que la présente controverse n’est qu’une innocente querelle doctrinale universitaire. Peut-être notre nouveau critique feint-il d’ignorer qu’il y a bien un arrière plan proprement politique dans ce débat.
M. Limbouye Yem nous prend à partie parce que nous avons utilisé l’allégorie de l’affrontement entre lions à crinière dorée, à crinière rousse et sans crinière. Pour bien la comprendre, nous lui recommandons de prendre toutes les interventions du Pr Mouangue Kobila et de ses Doctorants-Affidés pour constater concrètement le niveau de leur violence expressive. Lorsqu’il aura noté ce que ceux qui suivent ce débat depuis le début ont remarqué, il conclura s’il est honnête que ce n’est pas nous qui avons installé ledit débat dans l’invective et l’anathème. Faire croire le contraire montrerait que M. Limbouye Yem s’inscrit lui-même dans ce qu’il qualifie de « débat pernicieux ». D’ailleurs, on verra plus loin que lui qui nous reproche « la férocité de l’expression », ne se montre pas moins farouche à notre encontre, polémique oblige. Même si le Juriste de Bureau, peu familier de l’analyse sociologique critique, de la sociologie de la connaissance,de l’analyse des idéologies et de la sociologie de la sociologie fait la moue, il faut reconnaître que des intérêts extra-scientifiques ou extra-intellectuels soutendent le débat concerné,cela de tous les côtés.
Peut être parce que M. Limbouye Yem, toujours passionné par l’analyse et la théorie juridiques ainsi que leur exploitation politico-intellectuelle et politico-idéologique, veut rebondir dans sa trajectoire de Doctorant de droit public, il a décidé de s’installer dans le débat pour  s’attirer la sympathie des pontifes universitaires du Droit soutenant la thèse de l’éligibilité. Peut-être que notre Juriste-Bureaucrate qui vient nous prendre à partie, en tirant prétexte de notre sévère  riposte au Pr James Mouangue Kobila et à ses Doctorants- Suivants, veut en profiter pour se signaler à la Hiérarchie politique et administrative aux fins opportunes, souhaitables et désirables d’une  éventuelle relance d’une carrière qui se serait décélérée. Peut-être enfin, au-delà de son goût ravivé pour le débat doctrinal, le Juriste de Bureau veut-il faire plaisir à un éminent Professeur, Seigneur de la Chaire et ancien congénère devenu Baron de la Cour placé dans l’entourage du Prince-Président  et surtout se faire remarquer par le César-Président lui-même. Il y a bien des raisons de venir porter la contradiction à un défenseur constant de l’éligibilité en fonction.
M. Limbouye Yem, qui soutient – comme il en a le droit au plan intellectuel et scientifique – la thèse de l’éligibilité du Président en fonction, veut nous imputer la responsabilité d’une « conduite fougueuse et inélégante de ce débat ». Pour faire croire cette thèse fausse, il faut faire l’impasse sur la réalité de tous les échanges médiatico-épistolaires entre le Pr Mouangue Kobila lui-même et nous puis entre l’Illustre Juriste parlant à travers ses Doctorants et nous encore une fois ! Mr Limbouye Yem qui veut être notre nouveau contradicteur doit savoir et faire savoir à ceux qui n’ont pas suivi le débat depuis le départ que ce sont les juristes partisans de la thèse de l’éligibilité qui ont installé avec les éminents Professeurs Mouelle Kombi et Mouangue Kobila, le débat dans un espace discursif et expressif marqué par le recours intimidateur à l’anathème et à l’invective pour faire taire ce que ces pontifes posés en inquisiteurs qualifient d’hérétiques. Ceux qui nous connaissent dans nos attitudes aussi bien publiques que privées, savent que nous ne manquons presque jamais de sacrifier aux exigences et obligations de politesse, de civilité et de courtoisie. Il y a néanmoins des limites à marquer expressivement par un ton ferme lorsque l’on fait fasse à des interlocuteurs et/ou contradicteurs installés de  manière souvent surfaite dans une attitude de bout en bout caractérisée par une condescendance, une arrogance et une suffisance injustifiables et inacceptables. C’est cela qui a justifié le recours de notre côté à une riposte cinglante à des contradicteurs psychologiquement suffisants mais logiquement et épistémologiquement inconsistants. Nous pensons avoir assez de maitrise de la langue pour mener la polémique sans céder grossièrement à l’injure. Si nous avons usé d’un ton cinglant, c’est parce que nos contradicteurs ont durci les jeux de langage dans cette controverse doctrinale.
M. Limbouye Yem est déterminé à saccager alors notre image qui nous vaudrait « un émerveillement qu’ont pu susciter dans l’opinion les prises de position iconoclastes de Dr Owona Nguini, inhabituelles en effet, au regard du statut social de ses origines ». En serait-il jaloux  ou plutôt les désapprouverait-il idéologiquement et intellectuellement ? Toujours est-il que ce  Juriste de Bureau nous accuse de prendre de haut de jeunes Doctorants dont le « seul crime a été d’évaluer une question objet de leur repas intellectuel quotidien alors même que telle est l’essence  du travail doctoral » ? M. Limbouye Yem a-t-il lu l’intervention « doctrinale » de ces Doctorants Suivants de leur Maître dans laquelle transparaît clairement « l’odeur du père »(Valentin Mudimbe), c’est-à-dire de leur tuteur qui est le Professeur James Mouangue Kobila ? S’il ne l’a pas fait, qu’il se la procure pour mesurer le niveau élevé de violence verbale et psychologique qui y est recelée !!
Soucieux de discréditer intellectuellement et idéologiquement notre position doctrinale. M. Limbouye Yem nous figure en sophiste lorsqu’il affirme ce qui suit : « l’appréciation des qualités académiques d’un Professeur d’université est-elle tributaire du populisme audiovisuel ou des points engrangés au cours de confrontations amphithéâtrales directes,vives et incisives, comme si les écrits supposés scientifiques avaient, en plus besoin d’entourloupes oratoires pour s’imposer ? » M. Limbouye Yem, ici, vous avez tout faux. Il n’y a rien d’illégitime ou de malsain à demander un débat avec un contradicteur dans l’espace de l’amphithéâtre .Oui,cher Monsieur, la pensée intellectuelle et/ou scientifique s’éprouve aussi dans de telles joutes expressives où l’on peut voir opérer en direct le choc des idées et des thèses et mesurer la capacité technique  autant que logique des  débatteurs d’Université,non pas seulement leur habileté rhétorique ou leur malignité sophistique ! Après tout, les conflits de méthode entre intellectuels et savants allemands se jouaient aussi dans de telles confrontations et  joutes à l’occasion de conférences ou colloques.
C’est bien à partir de studios de radios et de télévision ou dans les colonnes de la presse écrite que tous les intervenants dans ce débat se sont exprimés depuis la cursive mais incisive chronique du Pr Alain Didier Olinga et l’intervention verdictuelle et péremptoire du Pr Narcisse Mouelle Kombi jusqu’aux échanges entre le Pr Mouangue Kobila et nous ou ceux entre Mr Limbouye Yem et Me Djoumbissi. Aucune de ces interventions, même celles des universitaires n’a été faite virtuellement ou matériellement dans un cadre purement et exclusivement savant et académicien. Pourquoi alors insinuer que  de toutes ses interventions opérées depuis les sphères médiatiques de l’espace public, il faudrait considérer exclusivement les nôtres comme étant frappées par la tare du populisme audiovisuel ? Les Prs Mouelle Kombi et Mouangue Kobila n’ont-ils pas eux-mêmes pris position sur ces questions dans des médias audiovisuels comme la Crtv ou Stv ? Mr Christian Limbouye Yem en nous taxant de « populisme audiovisuel » exprime inconsciemment sa défiance en forme de dépit pour l’attrait médiatique dont nous sommes censés bénéficier non en raison de la pertinence de nos interventions mais du fait du caractère iconoclaste qui leur est prêté !.
Alors, se fondant sur cela il croit peut-être insinuer que nous ferions partie de ces gens qui ne seraient que des intellectuels d’opinion sans aucun crédit ni consistance universitaires. Il est sur la même ligne que les Doctorants ventriloques  du Professeur Mouangue, ces juristes en herbe si civilisés qui considèrent nos positions doctrinales comme des « élucubrations doctrino-médiatiques ». On voit manifestement qu’il s’agit d’une démarche stratégico-idéologique et  politico-idéologique bien huilée qui travaille à masquer le fait que la thèse de l’inéligibilité du Président en fonction est défendue par des intellectuels, lesquels sont tout aussi universitaires que ceux qui défendent la thèse contraire de l’éligibilité, que cette thèse n’est pas celle d’intellectuels qui n’auraient de valeur que dans les médias.
M. Christian Limbouye Yem n’est pas fondé à considérer que l’échange doctrinal et intellectuel entre des universitaires ne peut pas se faire de manière directe dans les arènes universitaires à l’occasion des débats et controverses d’amphithéâtres, qu’il ne peut s’opérer que par la voie épistolaire. On ne voit pas pourquoi ,sauf à redouter d’être mis en difficulté, des juristes et/ou politistes chevronnés qui défendent la thèse de l’éligibilité du Président en fonction, ne pourraient pas  affronter leurs collègues défendant la thèse contraire dans des débats publics, ne serait-ce qu’au cœur des campus et dans des amphithéâtres .Il est si facile de discréditer à distance ou de réfuter sans  contradiction directe. Nos Mysticateurs d’Académie aiment bien pontifier et pérorer sans avoir à faire face intellectuellement et / ou scientifiquement à des contradicteurs en chair et en os ! Par ailleurs, sauf à sombrer dans l’élitisme arriviste et faussement snob de ces miraculés sociaux que sont nombre de nos nouveaux évolués intellectuels, lettrés et administratifs des postcolonies d’Afrique, toujours si  prompts à mépriser les gens du commun et les citoyens ordinaires dont ils sont pourtant issus, en considérant que ceux-ci n’auraient pas à bénéficier d’un droit de savoir au sujet de ce débat sur l’éligibilité du Président en fonction, nous pensons que celui-ci ne peut pas être cantonné à l’Université compte tenu de son importance politique et institutionnelle.

Contre la conception critique du droit, le dogmatisme élitiste, arriviste et conformiste ?

Nous sommes (bien) dans une société où existent de nombreuses forces sociales et politiques historiquement et culturellement rétrogrades et réactionnaires ou des fils du peuple se montrent méprisants pour le peuple, en qualifiant de populistes ceux dont l’orientation éthique politique autant qu’intellectuelle les amène à prendre très souvent le parti du « peuple ». Nous accepterions bien d’être accusé de « populisme » à condition que celui-ci soit  un « populisme rationnel » selon le mot d’Ernesto Laclau. Cela dit, M. Limbouye Yem ne peut pas être fondé à nous prendre ainsi de haut parce que la conception critico-stratégique et critico-pragmatique du droit exprimée dans notre analyse sociopolitiste est beaucoup plus élaboré, riche, nuancée et complexe que ceux que les juristes-dogmaticiens veulent le faire croire. C’est à tort que les Juristes d’Universités et de Bureau tentent de faire passer le sociopolitiste pour un véritable mboutoukou en matière de droit-savoir !
Tenté et séduit lui aussi par le registre intellectuellement ethnocentrique du tribal-corporatisme disciplinaire plein de suffisance doctrinale inacceptable et d’autisme scientifique injustifiable, le Juriste-Bureaucrate venant en défense des Juristes de Chaire, essaie effectivement de réduire notre posture à du populisme à entendre ici comme primitivisme gnoséologique et méthodologique. M. Limbouye Yem n’est en aucune matière fondé à se croire dans le vrai s’il considère que les méthodes des sciences juridiques sont inaccessibles aux universitaires sociologues/politistes versés dans la sociologie politique du droit. Même si cela lui déplaît, il doit savoir que le droit politique n’est pas seulement un objet d’étude et de recherche pour les Juristes-Savants. Cette sphère du droit intéresse aussi les sociopolitistes dont nombre sont aussi formés et initiés à l’analyse universitaire du droit !!!
M. Limbouye Yem doit savoir que les politologues pratiquent aussi l’analyse du droit politique, même si celle-ci n’est pas généralement similaire à celle des juristes. Encore que, bien des sociopolitistes sont plus prompts à pratiquer le point de vue interne lié à la technicité du Droit-savoir que nombre de juristes ne se montrent à même d’appliquer le point de vue externe de l’analyse du droit fourni par les analyses et examens sociologiques. Les politologues comme  Alec Stone avec sa « political jurisprudence » aux Etats-Unis, Daniel Gaxie, Bernard Lacroix ou  Bastien Francois et d’autres en France, Luc Sindjoun, Fabien Nkot, Hilaire Pokam ou Mathias Eric Owona Nguini au Cameroun,  pratiquent le droit politique avec une certaine connaissance de la science juridique sans qu’ils nient aux juristes la légitimité de leur maîtrise de l’analyse savante du droit. Le dernier ouvrage du politiste Luc Sindjoun ne parle-t-il pas des jurisprudences constitutionnelles africaines ? Est-il illégitime parce qu’il a été écrit par un politiste ? Est-il pertinent même pour les juristes parce que Luc Sindjoun est agrégé, même de science politique ?
M. Limbouye Yem, souffre de la même maladie intellectuelle que le Pr Mouangue Kobila, celle d’avoir une vision scotome du droit comme optique réductrice et fragmentée qui est liée à une conception corporatiste et exclusiviste du Droit-savoir et du Droit-action. Dans une telle perspective, les sciences juridiques sont le domaine exclusif des juristes. Si personne, pas même nous, ne nie les privilèges d’analyse du juriste en matière de Droit, il faut seulement indiquer à Limbouye Yem et à ses semblables, coreligionnaires en dogmatique juridique que les méthodes des sciences juridiques sont beaucoup plus riches, diverses et hétérogènes qu’ils ne veulent le dire ; cette situation étant liée à la  pluralité épistémologique, méthodologique et technologique des écoles. Mr Limbouye Yem doit savoir, si il ne le sait pas qu’il existe par exemple aux Etats-Unis, une école d’analyse juridique d’orientation  réaliste basée sur le sociological law dont les orientations n’ont rien à voir avec la dogmatique juridique. Non cher Christian Limbouye Yem, vous n’avez pas raison ! Les sciences quelles qu’elles soient, ne sont pas grand-chose, même les sciences juridiques, sans articulation et sans circulation transdisciplinaires du savoir. Ce n’est pas faire preuve, comme vous le dites de « confusion méthodologique » que de le noter. Aujourd’hui à l’ère de la science de la « complexité » (Edgar Morin ; Le Moigne), on ne peut se contenter du douillet confort des « épistémologies régionales » (Gaston Bachelard) ! Vous qui parlez de méthode, n’avez-vous pas remarqué que votre science de rattachement(le Droit) réplique en son sein les autres disciplines ? N’avez-vous pas noté que les sciences juridiques ont leur propre épistémologie et philosophie (théorie du droit et introduction au droit), leur propre histoire intellectuelle (histoire des idées et des doctrines juridiques et politiques), leur propre histoire des faits juridiques (histoire du droit des institutions et des faits sociaux),leur propres sciences économiques et de gestion ( droit des affaires et des sociétés),leur propre sociologie (sociologie interne du droit ou sociologie juridique) ou même leur science politique (droit constitutionnel et régimes politiques ou institutions politiques).
En tant que socio-politiste, qui plus est intéressé à l’analyse du droit politique, nous ne somme pas heurtés pour d’oiseuses et  douteuses raisons de tribalisme disciplinaire,que d’éminents juristes-publicistes-constitutionnalistes  tels que les Professeurs Maurice Duverger (France) ou Joseph Owona (Cameroun) publient respectivement des manuels intitulés Droit constitutionnel et régimes politiques ou Droits constitutionnels et institutions politiques du monde contemporain. Pourtant, si nous nous laissions saisir par l’ethnocentrisme professionnel et disciplinaire du politiste étriqué qui considère que les institutions politiques sont des objets qu’on pourrait et/ou qu’on devrait même réserver aux politologues, les juristes  se contenteraient de limiter leurs études, recherches et analyses au(x) seul(s) terrains de(s) droit(s) constitutionnel(s).
Il est inexact de considérer que pour tous les volets de ce débat sur l’éligibilité du Président en fonction, nous nous sommes appuyés sur les méthodes du politiste pour élaborer et présenter notre position doctrinale. Sauf à faire preuve d’une mauvaise foi caractérisée, que les faits observables démentent facilement et rapidement, le fait d’être politologue ne nous a  aucunement empêché de recourir à l’exégèse et à l’herméneutique juridiques classiques, tout en les mobilisant au service d’une orientation doctrinale différente de celle du Pr. Mouangue Kobila. L’usage de ces registres du droit savant, lorsque nous le sollicitons doit être apprécié de la même manière que quand il est mobilisé par les juristes, sauf à faire croire que ce qui importe c’est plus notre identité de politiste que nos raisonnements théorico-doctrinaux. Nos arguments ne sont pas différents substantiellement de ceux des juristes Alain Didier Olinga (universitaire) ou Fidèle Djoumbissi (avocat). A eux, pourrait-on dire qu’ils n’ont pas raison seulement parce qu’ils ne sont pas des juristes ?
Alors que les Juristes de Bureau ou d’Université tentent de nous empêcher de circuler dans les sphères du Droit savant, ils se taisent quand les juristes se fraient une voie dans les domaines de la science politique. C’est ici l’occasion de rappeler à Mr. Limbouye Yem que nous n’avons précisément jamais fait « table rase du grade et du pouvoir magistral » de l’Agrégé de droit » qu’est le  Pr Mouangue Kobila , nous en avons seulement dénoncé l’usage dolosif et abusif. Nous n’avons évoqué nos enseignements et publications que parce que le Pr Mouangue Kobila tentait de faire croire que nous étions sans spécialisations précises ! Façon de dire que nous n’étions qu’un médiatique sophiste ! Pour être honnête, il faut restituer correctement ces éléments dans leur contexte. Cela dit, n’a-t-on pas vu d’ailleurs le  Pr  Mouangue Kobila lui-même s’avancer dans l’analyse politique des transitions démocratiques en Amérique Latine et en Afrique à partir de ces remarques sur le droit constitutionnel et le droit électoral comparés ?! Est-ce juste et pertinent de permettre aux juristes de s’introduire dans les domaines de la science politique alors qu’on interdit aux politistes de s’inviter sur les territoires de la science juridique ? Cela relèverait d’une éthique intellectuelle bien étrange ! M. Limbouye Yem  n’est pas dans le vrai, quand il laisse croire que nous ne faisons pas la part entre « l’analyse politiste, la philosophie et la sociologie du droit et le droit savant ; ce qu’il appelle la posture du droit ». Il serait présomptueux pour lui, au vu de notre bagage, de nos centres d’intérêt et surtout de nos interventions dans le débat doctrinal considéré, de nous donner des leçons là-dessus. Précisément en raison de l’orientation polyvalente de notre formation académique et de notre travail intellectuel et/ou scientifique, -ce qui ne change pas notre rattachement disciplinaire à la science politique- nous savons précisément démêler l’écheveau complexe de l’analyse multi- spécialités des actes et faits juridiques. Sans prétendre se situer à un point de vue olympien  qui correspondrait au « géométral de tous les perspectives » (Baruch Spinoza), on peut dire qu’il y a un intérêt décisif à avoir une vision relationnelle et dynamique de l’analyse du droit qui sache combiner les méthodes. Au fond, c’est ainsi que l’on peut se mettre à distance des querelles stériles ou infantiles sur le « politico-centrisme » ou le « juridisme » en travaillant à relativiser les points de vue qui fondent ces positions. Le dire, n’est en rien céder à la « confusion méthodologique ». La position de Mr. Limboye Yem  ou des Juristes d’Université basée sur un juridisme obtus est aussi faible  voire plus fragile que celle du  politologisme obstiné  que nous  ne partageons pas, pour avoir été formé aux matières juridiques de l’intérieur et non seulement à l’analyse politiste ou sociologique. Comme l’indiquent précisément des chercheurs aussi différents que Jacques Chevallier et Bastien Francois, on peut travailler dans une optique épistémique de complémentarité entre science juridique et science politique ! Il serait effectivement présomptueux au vu de nos interventions, de prétendre nous donner des leçons là-dessus, puisque nous savons précisément dans notre orientation polyvalente, démêler dans l’écheveau complexe de l’analyse des actes et des faits juridiques, ce qui relève de tel ou de tel autre aspect. Ses remarques sur le « politico-centrisme » illustrent pour l’essentiel les replis identitaires épistémiques et scientifiques de ceux qui pratiquent le tribalisme disciplinaire. Ce dont il est question au fond n’a rien à voir avec le politico-centrisme ou le juridisme. On peut regretter précisément que ne disposant pas d’une formation interdisciplinaire, Mr. Limbouye  ne voit pas l’intérêt de combiner les méthodes tout en étant averti de leur spécificité.Dès lors, il faut sortir du conservatisme intellectuel  souvent accompagné de conformisme idéologique qui veut voir dans la conception sociopolitiste du droit, une forme de populisme doctrinal et scientifique. Si c’en était, ce serait du « populisme  rationnel »,
Cela étant dit, reprécisons ce qui suit à l’adresse de M. Limbouye Yem : il faut  vraiment sortir du conformisme intellectuel souvent accompagné de conservatisme idéologique qui veut voir dans la conception sociopolitiste du droit basée sur des analyses critico-stratégiques et critico-politiques,une forme de populisme politico-intellectuel ou  politico-doctrinal.
Ce qui est clair et ne peut être interprété autrement, c’est que la loi nouvelle de 2008 ne peut modifier le mandat présidentiel tel que formé en 2004.
Que le citoyen ordinaire ou l’honnête homme qui s’intéressent  au  débat sur l’éligibilité du Président en fonction ne s’y trompent pas : ce qui est en jeu dans cette controverse, ne relève pas seulement de la technicité, de la positivité, de l’objectivité et de la scientificité. Un tel état de choses est précisément lié au fait que cette controverse renvoie aux questions de doctrine. Or qui dit doctrine renvoie à des ressorts dogmatiques ou métaphysiques de facture théologico-politique ou ontologico-politique, ce qui est lié à des éléments idéologico-politiques.
Lorsque M. Limbouye Yem tente de faire croire de manière sophistique que c’est sur la base de la loi nouvelle d’avril 2008 qu’il faut apprécier l’éligibilité du Président en fonction et que cette loi est claire et ne saurait être interprétée, il occulte délibérément le fait que le Président en fonction exerce un mandat acquis comme non renouvelable et qui doit s’exécuter comme tel. M. Limbouye Yem qui confiait sa méfiance vis-à-vis  des « entourloupes oratoires », nous embarque ici dans des pirouettes herméneutiques qui correspondent bien par leurs contorsions et torsions interprétatives à de véritables entourloupes scripturales. Pourquoi en matière d’entourloupes, l’écrit serait-il (alors) préférable à l’oral ? Est-ce parce que c’est notre Juriste Bureaucrate qui est l’auteur de telles entourloupes ?
Comme ses compères en interprétation dogmaticienne que sont les Juristes d’Université dont nous récusons la pertinence dans leur intervention dans ce débat sur l’éligibilité du Président en fonction, M. Limbouye Yem - suivant en cela les Prs Mouelle Kombi et Mouangue Kobila – interprète  le problème posé avec le dessein politique doctrinal et / ou politico-idéologique de forger même pur le forçage interprétatif, une légitimation technique – en réalité techniciste – de l’éligibilité du président en fonction au Cameroun, ceci à l’approche de la future élection présidentielle toujours envisagée jusqu’ici en octobre 2011. Où l’on voit que notre Juriste de Bureau est à envisager ici comme un Légiste de Cour  et un Glossateur d’Etat, un membre de la prestigieuse confrérie des Administrateurs civils qui  fait partie de la cléricature bureaucratique présidentialiste dévouée pour l’essentiel à l’Empereur présidentiel. A ce titre, il opère dans un horizon politico-doctrinal marqué par l’obsession de légitimer à tout prix la (re) éligibilité du César-Président.
La manœuvre juridico-politique de facture sophistique opérée par Mr. Christian Limbouye Yem consiste à faire passer pour déductive et spéculative notre argumentation favorable à la thèse de l’inéligibilité du Président  en fonction qui est, pour nous, l’interprétation normative pertinente de la situation : le mandat du Président en fonction obtenu et acquis de manière irréversible comme mandat non renouvelable en Octobre 2004, est juridiquement réglé et régi par le régime établi lors de sa formation ; lequel régime définit aussi les conditions et modalités de sa cessation ainsi que les contraintes attachées à la mise en œuvre de ses effets. Parce que ce mandat a été acquis sous l’auspice d’une clause de limitation des mandats et qu’il était un deuxième mandat présidentiel de 7 ans, il s’agit bel et bien d’un mandat non renouvelable qui n’a pu être affecté par la modification constitutionnelle d’avril 2008, sauf à accepter une rétroactivité de cette  loi de révision alors que celle –ci n’a pas mentionné de clause de rétroactivité.
Ce qui est clair ici, c’est qu’on ne peut pas appliquer la loi nouvelle de 2008 telle qu’énoncée pour bloquer les effets contraignants de la limitation des mandats qui ont fait que le mandat présidentiel d’octobre 2004 a de manière constante  et consistante, un caractère non renouvelable. Laisser croire le contraire, c’est accepter qu’une loi de révision d’avril 2008 vienne modifier le caractère non renouvelable d’un mandat présidentiel acquis comme tel par la voie de l’exercice du suffrage souverain en octobre 2004. Admettre une application rétroactive de la loi d’avril 2008 à la situation juridique de ce mandat présidentiel dont le régime a été définitivement établi en octobre 2004, c’est aller contre le principe constitutionnellement exprimé de  la non rétroactivité de la loi ! Cela est d’autant plus difficile à défendre pour justifier l’éligibilité (renouvelée) du Président en fonction, que la loi d’avril 2008 n’a pas mentionné de clause de rétroactivité !
Le Juriste de Bureau posé en Légiste de Cour, tente à nouveau une diversion doctrinale valant stratégiquement manœuvre abusive, dolosive et déceptive d’interprétation, quand il veut faire croire dans sa démarche juridico-idéologique que le mandat du Président est renouvelable parce que l’article 6.2 ancien de la Constitution a été abrogée en 2008. Pour convaincre, M. Limbouye Yem veut faire croire que notre argumentation nous amène à soutenir que l’article 6.2 nouveau doit se conformer à l’article 6.2 ancien ! Il s’agit ici d’un faux problème astucieusement et malicisieusement forgé pour servir idéologiquement et stratégiquement dans une manipulation logico-rhétorique destinée à semer le doute à propos de notre thèse de l’inéligibilité, pour faire croire à la véracité de la thèse de l’éligibilité  du Président en fonction en état actuel du droit ! En effet, dans notre argumentation nous ne disons pas que l’article 6.2 ancien de la Constitution est supérieur à l’article 6.2 nouveau, ce qui serait effectivement absurde.Ce que nous disons vraiment c’est simplement ce qui suit : l’article 6.2 ancien est celui qui était en vigueur au moment où le mandat présidentiel de 2004 s’est formé. C’est donc cet article 6.2 qui établit la limitation des mandats présidentiels introduite par la révision de janvier 1996 qui a fait que le mandat présidentiel de 2004 soit acquis et exécuté comme un mandat non renouvelable. L’absence d’une clause de rétroactivité dans la loi révisée d’avril 2008 fait que ce mandat présidentiel d’octobre 2004 conserve sa nature non renouvelable. Le prétendu exercice d’anamorphose dont M. Limbouye Yem veut s’autoriser pour  justifier la non-pertinence de la thèse de l’inéligibilité de président en fonction n’est que le prétexte pour justifier un subterfuge sophistique !  Une telle manœuvre juridico-herméneutique n’est pas sans arrière-pensées politiques et idéologiques !
Le Juriste de Bureau comme les Juristes de la Chaire qui croient tous avoir le monopole savant de définition et d’application de la méthodologie juridique, oublient que la thèse de l’inéligibilité du Président en fonction n’est pas seulement défendue par le politologue que nous sommes,ce qui montre la vacuité logique et épistémologique caractérisant les astuces rhétoriques utilisées dans la manœuvre idéologique-corporatiste destinée à délégitimer statutairement la pertinence (intellectuelle et scientifique) de l’intervention du sociopolitiste-spécialisé dans l’analyse critique du droit dans le débat. On ne saurait effectivement oublier que la thèse que nous soutenons est initialement défendue par l’éminent juriste Alain Didier OLINGA avant que d’être relayée par nos soins. Nous avons juste complété cette thèse en en  précisant les volets politistes, sociologiques et philosophiques. Que nos grands juristes répondent enfin à la question substantielle posée par le Pr. Olinga : Est-ce qu’un mandat présidentiel acquis comme mandat non renouvelable en octobre 2004 dans le cadre d’une clause de limitation des mandats existant depuis 1996, peut devenir renouvelable en avril 2008 parce que cette clause de limitation a été supprimée sans que l’on entre dans la pratique de la rétroactivité ?

Si la constitution est un acte abrogatoire par essence, celle actuelle du Cameroun n’a pas abroge la proclamation et la protection communes du principe de la non-rétroactivité de la loi

Conscient qu’il ne lui est pas facile de répondre avec sagacité et perspicacité à la question sur la manière dont la loi nouvelle d’avril 2008 révisant l’article 6.2 de la Constitution relatif à la limitation de mandats prévalant depuis janvier 1996, loi qui rétablît l’éligibilité infinie à la Présidence de la République, peut transformer la nature et le régime juridiques d’un mandat présidentiel acquis comme non renouvelable en octobre 2004, M. Limbouye Yem tente une nouvelle manœuvre de diversion doctrinale. Notre Juriste de Bureau tente de faire croire que parce que la Constitution est un acte abrogatoire par excellence, cela légitime la thèse de l’éligibilité du Président en fonction parce que c’est désormais la loi nouvelle qui s’appliquerait, et ceci de manière immédiate.
En faisant croire faussement que l’article 6.2 nouveau fonde l’éligibilité du Président en fonction, M. Limbouye Yem comme les Prs Mouelle Kombi et Mouangue KOBILA, use d’une argumentation qui n’est pas fondée théoriquement ni techniquement. Qui plus est, une telle argumentation est carrément en dehors du champ du débat ! En effet, personne ne met en question le fait que les dispositions d’une Constitution puissent être abrogées ! Ce que nous contestons c’est la thèse qui veut faire croire qu’il est légalement légitime de s’appuyer sur la loi nouvelle d’avril 2008 pour apprécier l’éligibilité du Président en fonction ! En fait la loi de 2008 ne permet pas de rendre le Président en fonction éligible à nouveau parce quez cette loi n’a pas pris le soin de prévoir une clause de rétroactivité comme mention légale dérogeant au principe constitutionnellement établi de non-rétroacivité de la loi. Dès lors les nouvelles dispositions énoncées en avril 2008 restent inapplicables au Président en fonction !
Si la Constitution a été abrogée en son article 6.2 en avril 2008, cela ne permet pas de revenir sur le caractère non-renouvelable du mandat présidentiel obtenu en octobre 2004 dont le régime formé à ce moment ne peut être transformé par la loi nouvelle d’avril 2008, sans que l’on soit dans une situation de rétroactivité qui est précisément contraire au principe de la non- rétroactivité de la loi qui n’a pas été abrogée à l’occasion de la révision de 2008 ! Par ailleurs le mandat acquis et formé comme non renouvelable en 2008, n’est pas parvenu à expiration, n’ayant pas non plus été abrogé par la révision de 2008. Ce mandat présidentiel se poursuit alors tel quel, comme cela a été établi dans le cadre de la limitation des mandants sous l’auspice de laquelle il a été formé. En effet, la limitation des mandats présidentiels consacrée en janvier 1996 a été concrètement actionnée à l’occasion de l’élection présidentielle d’octobre 2004, scrutin remporté par le Président sortant qui avait exercé un premier mandat de 7 ans entre novembre 1997 et octobre 2004.  
Le raisonnement inverse que tente Christian Limbouye Yem est formellement intéressant mais pragmatiquement artificiel, précisément parce que c’est un raisonnement … inverse ! Cela veut dire en clair que ce raisonnement ne correspond pas à la situation et au problème juridiques posés à propos de l’éligibilité du Président en fonction au Cameroun tel qu’envisagé depuis avril 2011. Par cette nouvelle manœuvre logico-rhétorique, c’est précisément M.  Limbouye Yem qui  nous mène à nouveau en bateau par un raisonnement sophistique. Il veut effectivement s’autoriser de ce raisonnement inverse pour brouiller la situation au détriment de la thèse de l’inéligibilité du Président en fonction. Dans l’hypothèse qu’il développe, le Président n’est pas comme dans le cas qui nous intéresse actuellement au Cameroun, initialement tenu par une limitation des mandats au moment  où il est élu. La limitation des mandats présidentiels n’intervient ici que par la suite.
On voit donc que ce cas d’école ne correspond pas au profilage normatif qui est celui du cas concret qui se pose actuellement au Cameroun. Ce n’est précisément pas la même configuration historico-juridique ou juridico-institutionnelle dans une situation ou passe de la limitation des mandats à la non-limitation (cas concret du Cameroun passé du régime de 1996 à 2008 au nouveau régime prévalant depuis 2008) et une autre part de la non-limitation des mandats à la limitation des mandats (cas d’école utilisé à des fins de diversion doctrinale par M. Limbouye Yem) On ne peut alors sérieusement s’appuyer sur cette hypothèse pour réfuter notre thèse parce que ce cas d’école correspond à d’autres aménagements juridico-phénoménologiques, à d’autres raisonnements juridico-logiques et à d’autres enchaînements juridico-technologiques !

La révision constitutionnelle de 2008 ne suffit pas a rendre le président en fonction rééligible parce qu’elle ne transforme pas un mandat présidentiel non renouvelable en mandat renouvelable

Sauf à cautionner complaisamment une logique symbolique et pratique de coup de force interprétatif et normatif conduisant vers  la voie décisionniste et exceptionnaliste de restauration autoritaire du présidentialisme plébiscitaire, on ne peut soutenir en l’état actuel de notre droit constitutionnel que le Président en fonction est éligible.  Seule une clause de rétroactivité aurait pu le rendre éligible. Ce n’est que dans le dessein de légitimer une  stratégie juridico-politique, socio-politique et stratégico-politique quasi-putschiste de restauration déverrouillée du pouvoir perpétuel que des membres conformistes et légitimistes de la cléricature bureaucratique présidentialiste soucieux de plaire au Prince présidentiel éternitaire et immunitaire se convertissent en Légistes-Sophistes de la Cour prêts à tous les artifices interprétatifs pour rationaliser( au sens psychanalytique du terme) la stratégie crypto-autoritaire et néo-autoritaire de déguisement démocratico-plébiscitaire du gouvernement perpétuel.
L’argument faux que M. Limbouye Yem tente de faire avaler en s’appuyant sur l’exemple des nouvelles valeurs indiciaires qui s’appliquent aux nouveaux fonctionnaires ou aux anciens fonctionnaires, ne tient pas la route. Il n’y a, au plan substantiel, rien à voir entre les valeurs indiciaires applicables aux salaires des fonctionnaires anciens ou nouveaux et la question de l’inviolabilité normative d’un mandat présidentiel acquis comme mandat non renouvelable ; laquelle contrainte d’inviolabilité pèse de manière statutaire sur le Président en fonction. Dès lors, celui-ci ne peut se prévaloir des nouvelles règles d’éligibilité posées par la révision d’avril 2008, d’autant que cette révision n’a pas comporté de clause de rétroactivité.
Contrairement à ce que M. Limbouye Yem veut faire et laisser croire, ni ce Juriste de Bureau ni les Juristes d’Université n’ont raison aussi bien aux plans technique que politique, sauf à admettre que le contenu technique de la controverse sur l’éligibilité du Président en fonction soit examinée dans une perspective légitimiste et conformiste dans laquelle il faut à tout prix, même par le forçage politique de la science et de la technique du droit, démontrer au prix des sophismes les plus critiquables démontrer la légalité de la thèse de l’éligibilité. On peut alors se demander qui chicane vraiment dans ce débat et qui veut à tout prix faire passer pour scientifique, « une réorganisation plus ou moins conceptualisée de ses désirs politiques ». S’il est évident que nous avons tous certainement des désirs politiques, ceux de nos contradicteurs de l’Université sont  clairement établis à l’occasion de leurs signatures apposées au bas de la motion de soutien et de remerciement adressé au Président Paul BIYA par des universitaires, militants ou sympathisants du Pouvoir qui ont usurpé a leur profit
l’identité institutionnelle de l’Université d’Etat pour appeler le Président en fonction à se représenter et le remercier pour sa magnanimité en faveur des universités. N’est-ce pas le Pr. Mouangue Kobila qui laissait entendre qu’il y aurait des problèmes de paix ou de développement si le président Biya  ne pouvait se représenter à l’occasion de la prochaine élection présidentielle ? Ne sont-ce pas là des désirs politiques clairement exprimés ? Faut-il croire alors que ces désirs, contrairement aux nôtres ne peuvent faire l’objet d’une réorganisation conceptuelle dans la controverse doctrinale posée ? M. Limbouye Yem n’avoue-t-il pas ainsi ses propres désirs politiques tout en exprimant  aussi quelques calculs et visées  de carrière en choisissant de plaire au Prince-Président, rejoignant ses collègues juristes dans la glose du pouvoir perpétuel .De toutes les manières ,c’est une question de principe aux plans de l’éthique juridico-politique et de l’esthétique idéologico-politique, nous sommes opposés aux stratégies crypto-autocratiques et crypto-monocratiques qui visent à dissimuler la logique absolutiste du présidentialisme derrière une manipulation plébiscitaire du suffrage universel .Il n’est en rien illégitime de se démarquer des manipulations politiciennes qui plus est conservatrices de la science et de la technique du Droit visant à favoriser une captation absolutiste et présidentialiste de la démocratie parlementaire .D’ailleurs ,l’ère des satrapies présidentialistes proconsulaires d’Afrique postcoloniale à forme pseudo-pharaonique est révolue et ne cadre pas avec la maturation envisagée du temps mondial de la démocratie représentative ,constitutionnelle et polyarchique .II n’y a en effet rien de bien sérieux du point de vue du Droit-savoir ou du Droit-action dans des systèmes ayant des gouvernances et tenances présidentielles de 30 ou 40 ans où les manœuvres absolutistes ont achevé de patrimonialiser et de curialiser les institutions républicaines et démocratiques au profit de la longévité dirigeante et dominante d’Empereurs présidentialistes .Il convient alors de démystifier intellectuellement et :ou scientifiquement les tours absolutistes de passe-passe tant prisés par les juristes et politistes qui se rangent parmi les légistes légitimistes et conformistes du pouvoir postcolonial, néo-colonial et endo-colonial qui veulent faire croire qu’un système qui entretient la  phagocytose présidentialiste et absolutiste des institutions et du droit de la République au profit du gouvernement perpétuel et personnel peut décemment être qualifié de système démocratique parce qu’il fait un  usage plébiscitaire du suffrage universel !
Trêve de sophisme ! Que le Juriste de Bureau réponde techniquement, pas politiquement à la question suivante : comment transforme-t-on un mandat présidentiel acquis comme non renouvelable en octobre 2004 en mandat renouvelable en septembre ou  octobre 2011 parce qu’on a modifié la Constitution en avril 2008 pour supprimer la clause de limitation des mandats valable de janvier 1996 à avril 2008 .De notre point de vue, on ne saurait cautionner ni scientifiquement, ni philosophiquement, ni éthiquement ni politiquement le droit forcé et le pouvoir au forceps  que le légitimisme conservateur et ses idéologues ? savants et techniciens principalement posés en clercs de l’Etat présidentialiste, veulent imposer par des artifices herméneutiques. Il faut souligner les biais politiques et stratégiques d’une reconduction électorale forcée du Président en fonction par un rouleau compresseur électoral plébiscitaire, cet état de choses correspondant à une logique institutionnelle et constitutionnelle portée  à célébrer la culture de l’arbitraire gouvernant ou existentiel du « up high » et du « sisia » au risque de prêter le Cameroun à des manipulations constitutionnelles récurrentes qui vont y alimenter des risques d’une guerre civile peut-être plus proche qu’il y paraît. A bon entendeur, salut !



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