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Ma foi: un Cameroun à remettre à neuf |
La communauté politique et la société civile |
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Les Bonnes feuilles

Alors sommes-nous entrés dans une période d’unanimisme politique ? Sans doute pas.
D’abord parce que l’indifférence que nos compatriotes affichent lors des scrutins électoraux et leur grande abstention semblent traduire une profonde insatisfaction vis-à-vis des attentes des politiques. C’est un désaveu qu’il nous faut prendre en réelle considération pour re-partir de nouveau.
Ensuite, il m’a été donné de constater que les scrutins qui, malheureusement, se suivent et se ressemblent toujours. Et toujours les mêmes récriminations : fraudes massives, tripatouillages qui ne font même plus honte au parti au pouvoir, puisqu’ils sont toujours les vainqueurs. Le parti s’y complaît. C’est sa vie. C’est sa stratégie. Et cela, malgré les courants divers qui traversent depuis « les gouvernements d’ouverture nationale » ce qu’on appelle à souhait, la majorité politique de notre pays.
Mais, il est fort probable que le Cameroun rentre dans une période où les démarcations entre partis politiques soient à nouveau renforcées, permettant aux Camerounais de distinguer chaque idéal politique pour se prononcer avec toute objectivité. Un véritable espace de débat politique doit donc s’ouvrir. Non pas qu’il n’en existe pas, mais que chacun des politiques pense d’abord à la nation avant son bien-être particulier. Et par cet ouvrage, je voudrais y apporter ma modeste contribution.
Je ne suis pas un politique, je n’espère pas l’être par respect de ma vocation de prêtre.
Si les principes sur lesquels notre « vivre ensemble » se construit ont été largement éprouvés par les abstentions massives aux élections, nul doute qu’il reste à bâtir ce « vivre ensemble », autrement et maintenant. Quelles que soient les responsabilités exercées, l’enjeu est d’importance. Parler de « débat politique », suppose qu’on reconnaisse la pluralité des engagements, la confrontation des idées, etc.
Délicate question au sein de la communauté où les chrétiens et tous les autres croyants sont majoritaires.
Alors quoi ? Que faisons-nous de notre foi ?
Le lecteur voudra bien m’excuser du nombre considérable de citations de textes du magistère de l’Église évoqués dans ce livre. Je le fais à dessein parce que je me suis rendu compte, tout au long de mon ministère pastoral, que l’ignorance de l’Enseignement social et doctrinal de l’Église est fatale pour les chrétiens catholiques. Quand ils entendent ou lisent certaines affirmations, les moins informés tirent la conclusion hâtive que cela sort de la tête de l’auteur pour les importuner ; pourtant ces choses existent pour les instruire et les former. Qui sait, peut-être en lisant ce livre, quelques-uns y trouveront ce qu’ils n’ont jamais eu l’occasion de découvrir par eux-mêmes. L’Église est riche et vieille de plus de deux millénaires ; puiser dans son expérience séculaire est une véritable école de sagesse.
Je suis débiteur de nombreuses personnes qui m’ont aidé de leurs conseils et critiques, ont enrichi mon travail en apportant des informations enrichissantes, ou ont saisi mes textes manuscrits. Je me garde de mentionner leurs noms, non par ingratitude, mais pour des raisons évidentes et afin d’éviter toute catégorisation. Qui sait, peut-être en lisant ce livre, dont j’assume seul les forces et les faiblesses, quelques-unes y trouveront ce qu’ils n’ont jamais eu l’occasion de découvrir par eux-mêmes.
Christian Cardinal Tumi, Ma foi: un Cameroun à remettre à neuf, Douala, Véritas, Chapitre 2 pp.15-18.