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Promesses de Paul Biya: Des miroirs aux alouettes - Page 4

Promesses de Paul Biya: Des miroirs aux alouettes - Page 4

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Index de l'article
Promesses de Paul Biya: Des miroirs aux alouettes
Les oxymores politiques de Paul Biya
Un forcing anticonstitutionnel
Paul Biya, le Boulanger qui pétrit la constitution
Paul Biya, le Boulanger qui pétrit la constitution
Une scolarité gratuitement payante
Cachez vos biens
SOS, enseignants en danger
Les Camerounais n'ont pas fini de payer le prix de divisions absurdes
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Paul Biya, le Boulanger qui pétrit la constitution
La volonté des Camerounais de voir Paul Biya quitter le pouvoir s’est manifestée depuis des années. Mais par élégance politique, une astuce politique a été trouvée par une nouvelle constitution qui lui accordait encore 14 ans. Malheureusement aujourd’hui, l’opposition et la société civile ont le sentiment d’avoir été flouées, les promesses n’ayant pas été tenues par le régime.
Suite  au discours de la Baule tenu par François Mitterrand, discours dans lequel  le président français d’alors conditionnait l’aide aux chefs d’États africains par la démocratisation de leurs pays,  le Cameroun, à l’instar de nombreux autres pays d’Afrique subsaharienne, connait, au début de la décennie 90, une crise sociopolitique qui avait failli emporter le régime de Paul Biya. Cet appel de l’ex-président français avait constitué un déclic pour une série de revendications sociales et politiques. C’est ainsi que le 6 mai 1990, les étudiants camerounais étaient sortis des amphis pour se retrouver dans les rues où ils avaient formulé un certain nombre de revendications liées entre autres, à l’amélioration de leurs conditions de vie et d’étude. Peu après, c’est la classe politique qui leur emboite le pas. Le 26 mai 1990, c’est un groupe de Camerounais épris de liberté qui descendaient à leur tour dans la rue pour le lancement douloureux du Social democratic front (Sdf). Presque un an plus tard, notamment en avril 1991, le mot d’ordre de "villes mortes" et "boycott des produits français" était lancé et largement suivi par le peuple qui réclamait l’organisation des élections libres et transparentes, à défaut de voir M. Biya partir.
Dès lors, le Cameroun s’embrasait, le pouvoir de Yaoundé vacillait et était poussé à bout. L’opposition exigeait du régime du Renouveau l’organisation, comme un peu partout ailleurs en Afrique où l’on connaissait la même crise politique, d’une Conférence nationale souveraine (Cns) à l’issue de laquelle devait sortir une nouvelle constitution reflétant la nouvelle donne sociopolitique du Cameroun. Mais face à cette revendication majeure, le président Paul Biya restait inflexible, car, trouvait-il, « la Conférence nationale souveraine était sans objet ». La pression se faisant de plus en plus forte, le "meilleur élève de Mitterrand" devait lâcher du lest et en novembre 1991, une rencontre tripartite pouvoir, opposition et société civile est organisée.

Constitution du consensus

Au cours de cette rencontre boycottée par certains leaders de l’opposition, à l’instar de Ni John Fru Ndi du Sdf, les discussions avaient porté sur plusieurs sujets liés à la vie de la nation et à son avenir politique. Mais le point qui aura le plus retenu l’attention était celui sur la révision constitutionnelle. Étant entendu que le régime de M. Biya était déjà fragilisé, ses représentants à cette rencontre n’avaient pas hésité à faire des concessions politiques qui s’étaient traduits dans la constitution publiée le 18 janvier 1996, par une disposition consensuelle, à savoir la limitation du nombre de mandats présidentiels. En effet, l’article 6 en son alinéa 2 dispose : « Le Président de la République est élu pour un mandant de sept (7) ans, renouvelable une fois ».
Au vu de cette disposition constitutionnelle, M. Biya, dont le départ immédiat était réclamé par la diffusion des tracts portant des messages du genre "Biya must go", ne devait plus se présenter qu’à deux élections présidentielles, celle de 1997 et celle de 2004. L’élégance politique l’imposait pour quelqu’un qui avait servi l’État pendant de nombreuses années et qu’on ne pouvait débarquer comme le premier quidam venu. Cela supposait qu’en 2011, l’alternance, du moins un changement à la tête de l’État serait une évidence, étant donné que ce fils de M’vomeka n’aurait plus la possibilité de se représenter. C’est cet esprit de consensus qui planait sur les travaux de la tripartite. Cet accord tacite entre le régime et l’opposition ne devait, aux dires de certains participants à cette rencontre, être trahi par aucune des parties. D’ailleurs, des pontes du parti au pouvoir ont constamment dit que leur champion était un "homme de principe" à qui il fallait faire confiance.
Malheureusement en avril 2008, suite à un projet de loi introduit par le gouvernement de la majorité présidentielle, la constitution du consensus a fait l’objet d’une révision par l’Assemblée nationale majoritairement dominée par le Rassemblement démocratique du Peuple camerounais (Rdpc), partie au pouvoir. Principalement visé, l’alinéa 2 de l’article 6. Désormais, le nombre de mandats n’est plus limité, et du coup, les partisans de Paul Biya estiment qu'il a la possibilité de se représenter à la présidentielle autant de fois qu’il le désire. Le débat est ouvert et vif. Une bonne partie des Camerounais et observateurs  avertis pensent que Paul ne devrait pas se représenter à la prochaine élection présidentielle. Ils se fondent sur le fait qu'aucune disposition de la Consitution révisée ne l'y autorise. Ils estiment en outre que la loi n'est pas rétroactive et la disposition constitutionnelle revisée concerne l'élection présidentielle à venir et non celle d'octobre 2004. Les partisans de Paul Biya soutiennent le contraire. C'est bonne guerre. La présidentielle d'octobre prochain s'annonce houleuse.
Il est vrai qu’à cet instant, nul ne peut dire si l’actuel locataire du palais d’Etoudi se présentera en octobre prochain, mais toujours est-il que le pacte politique tacitement signé aura été trahi, ce qui a fait dire à certains observateurs que Paul Biya a roulé ses adversaires politiques dans la farine. Avec cet autre exemple, l’on pourrait croire que Paul Biya est maître dans l’art des promesses politiques non tenues.  
Simon Patrice Djomo


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