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Prisons camerounaises : des univers de non-droit - Page 42

Prisons camerounaises : des univers de non-droit - Page 42

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Index de l'article
Prisons camerounaises : des univers de non-droit
Il a un métier dans la tête: la prison transforme la vie du voleur
Prison centrale de Yaoundé : deux médecins et neuf infirmiers pour 4600 détenus
Prison d’Edéa : des détenus apprennent à élever des porcs
Dérives de la garde à vue : en caleçon, dans des cachots infects
Mal nourris par la prison : les séropositifs abandonnent leur traitement
Pour l’empêcher de se suicider, Elle vit enchaînée à la prison d’Edéa
Prison de Mbouda: l’État investit pour adoucir le sort des détenus
À Bafang et Bangangté, les régisseurs agissent
Prison principale d’Edéa: petits métiers, petits sous et réinsertion
Dangers de la promiscuité carcérale: hommes, femmes, mineurs dans le même quartier
Depuis les émeutes de 2008: Pierre Essobo Andjama croupit en prison
Après des années de prison: ces détenus attendent le verdict du tribunal
Prison de New Bell: Les femmes logées à bonne enseigne
Plus de 80 mois derrière les barreaux
Copies de jugements égarées: Il a déjà fait neuf ans de prison en trop
Garde à vue abusiveà Bafoussam: Huit jours de calvaire dans une cellule puante
Faute de soins et menotté, un suspect meurt dans une gendarmerie de Douala
Pas facile d’être graciés par le président
Des détenus de Yabassi vivent de la corvée
En prison selon l'humeur du préfet
En prison selon l'humeur du préfet
Des gardiens de prison participent à des trafics
Un commerçant armé, abattu par la police
Cellules sans toilettes à Douala : des nids à maladies pour les gardés à vue.
Plus de trois ans en prison sans jugement
Ils distribuaient des tracts politiques : Dix sept jeunes arrêtés et torturés à Douala
Accusé de tortures : un commissaire de police devant le tribunal
Accusé de tortures : un commissaire de police devant le tribunal
Détention provisoire abusive: Il passe 21 mois en prison sans être jugé
Droit de vote: des détenus
Prison de New-Bell : des détenus victimes des pratiques sexuelles non consenties
A la prison de New Bell : Des parloirs pour riches et des
A la prison de Yabassi: adultes et mineurs logés à la même enseigne
Prison de Kondengui :
Interpellation abusive: Il paye 360 000 Fcfa pour être libéré
Des militaires abattent un jeune homme à Nkongsamba
Le trafic d’armes dans les prisons camerounaises
Douala: Hommes, femmes, enfants, entassés dans les mêmes cellules
La mort rôde dans les prisons camerounaises
Un prisonnier enchaîné se pend dans sa cellule
Mort suspecte du chef de Batcham en 2007
A l'’expiration du mandat de détention provisoire
Les droits des suspects souvent bafoués
Ces prisons où la cellule est un privilège
Me Emmanuel Pensy: Les prisons camerounaises sont des écoles de crime
Prison de Mbanga : Pauvre ration pour les pauvres
Interpellation illégale : Une victime d'arrestation abusive raconte son cauchemar
Prison de New Bell : Une visite qui peut coûter cher
Univers carcéral : les prix flambent à la prison centrale de Yaoundé
Atteinte aux droits humains : Un réfugié gardé à vue pendant sept jours à Yaoundé
Menaces sur la libération de Michel Thierry Atangana en 2012
Rapports sur le Cameroun: La vie des détenus menacée dans les prisons camerounaises
Garde à vue: des prostituées victimes de rackets policiers
Réinsertion: Jean T., ancien détenu, reprend ses études
Conditions de détention : Prisons surpeuplées et vétustes
Me Jacques Mbuny témoigne
Toutes les pages
Mort suspecte du chef de Batcham en 2007
Son épouse et deux salariés maintenus en prison

Accusés, sans preuves formelles, de complicité d’assassinat du chef supérieur de Batcham en décembre 2007, son épouse et deux hommes de sa Cour sont maintenus en prison depuis trois ans et demi, en détention provisoire.
De la prison centrale de Mbouda où elle est détenue, Aimée Kagho crie sa détresse. Elle est soupçonnée de complicité de meurtre après la mort suspecte de son mari, Francis Hervé Tatang. "C’est pénible de vivre ici depuis 42 mois, sans être fixée sur son sort. Je suis fatiguée de rester dans cette prison sans jugement. Pourquoi les autorités judiciaires prolongent-elles cette détention au-delà du délai légal de 18 mois ? "
Aimée Kagho a été arrêtée en janvier 2008, peu après la mort du chef supérieur du groupement de Batcham survenue en décembre 2007. En même temps que ses deux co-accusés Etienne Métino, serviteur à la Cour de la chefferie de Batcham et Simon Gnonem, secrétaire du défunt chef. Ils font alors partie des six suspects arrêtés par le commandant de la brigade de gendarmerie de Batcham, Pmoumié Mamouda. Fin 2008, une ordonnance de renvoi les accuse, tous les trois, de coaction d’assassinat et de dissimulation de preuves. Ils croupissent, depuis, en prison malgré les procédures d’appel.
Aujourd’hui âgée de 28 ans, Aimée Khago ne sait plus à quel saint se vouer pour sortir de cette impasse. Elle se fait du souci pour ses enfants, notamment pour sa fille, âgée de 9 mois au moment de son arrestation. "Que vont devenir mes enfants sans moi ? ", se demande-t-elle, en larmes.

…En attendant la vérité

Le lundi 6 juin dernier, la déception des trois co-accusés est encore montée d’un cran. Patrice Ekambi, la magistrate chargée de les entendre à la chambre de contrôle de l’information judiciaire de la Cour d’appel de l’Ouest à Bafoussam, était absente. Conséquence : ils n’ont pas pu être confrontés à Me Pierre Tchinda, huissier de justice à Bamenda, maire de la commune de Batcham, et surtout l'un des plus fidèles notables du défunt. Un point clé de la procédure exigé par Me René Manfo, avocat de la famille de Francis Hervé Tatang. "En tant que membre de la cour royale, Me Tchinda doit être entendu car il a entretenu des relations étroites avec le défunt. Faisant partie des notables présents à ses côtés, il peut nous expliquer certaines choses utiles à la manifestation de la vérité ", soutient l’avocat.
Il demande le maintien en détention d’Aimée Kagho et de ses deux co-accusés "tant qu’ils ne dévoileront pas les véritables commanditaires de l’assassinat du chef de Batcham". Une option que récusent les accusés qui ont introduit une demande de mise en liberté provisoire, rejetée par la chambre de contrôle de l’information judiciaire à la Cour d’appel de Bafoussam.

Samira joue sans se douter

À quelques mètres de la case familiale aux portes branlantes, Samira Mamefouet Sonkwé, 4 ans joue avec des enfants de son âge. Elle n’a aucune idée du drame que vit sa mère, Aimée Kagho, détenue à la prison centrale de Mbouda, à une dizaine de km de là… Elle ne voit pas non plus le handicap de sa grand-mère, Colette Nguenfouo, 60 ans, qui tire la jambe droite, ni celui de son grand-père, François Mbogning, 80 ans, paralysé du côté gauche.
Colette est seule pour subvenir aux besoins d’une famille de 14 enfants mineurs. "Je n’ai plus la force pour cultiver mon champ comme avant. Je travaille la terre en bordure de ma case. Ce qui donne une petite récolte qui ne permet pas de nourrir ma famille. Depuis qu’Aimée est en prison, je n’ai plus mangé de riz. Aimée était pour nous un soutien inégalable", se lamente la vieille femme.

Parias

Elle n’en exprime pas moins sa détermination à combattre pour survivre dans ce contexte difficile. "L’affaire du Fo’o Francis Hervé Tatang continue de faire des vagues à Batcham, explique Jean-Jules Yemeli , animateur à radio Ngiembon. Personne ne souhaite en parler publiquement", dit-il.
Quant aux familles dont des membres sont soupçonnés d’une implication quelconque dans le décès du chef Francis Hervé Batang, "elles sont souvent traitées en parias", précise, pour sa part, Hermann Dzoyem, conducteur de moto-taxi. La famille d’Aimée Kagho n’échappe pas à cette sanction populaire. Avant le jugement.
Guy Modeste Dzudié (Jade)