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Prisons camerounaises : des univers de non-droit - Page 34

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Index de l'article
Prisons camerounaises : des univers de non-droit
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À Bafang et Bangangté, les régisseurs agissent
Prison principale d’Edéa: petits métiers, petits sous et réinsertion
Dangers de la promiscuité carcérale: hommes, femmes, mineurs dans le même quartier
Depuis les émeutes de 2008: Pierre Essobo Andjama croupit en prison
Après des années de prison: ces détenus attendent le verdict du tribunal
Prison de New Bell: Les femmes logées à bonne enseigne
Plus de 80 mois derrière les barreaux
Copies de jugements égarées: Il a déjà fait neuf ans de prison en trop
Garde à vue abusiveà Bafoussam: Huit jours de calvaire dans une cellule puante
Faute de soins et menotté, un suspect meurt dans une gendarmerie de Douala
Pas facile d’être graciés par le président
Des détenus de Yabassi vivent de la corvée
En prison selon l'humeur du préfet
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Des gardiens de prison participent à des trafics
Un commerçant armé, abattu par la police
Cellules sans toilettes à Douala : des nids à maladies pour les gardés à vue.
Plus de trois ans en prison sans jugement
Ils distribuaient des tracts politiques : Dix sept jeunes arrêtés et torturés à Douala
Accusé de tortures : un commissaire de police devant le tribunal
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Détention provisoire abusive: Il passe 21 mois en prison sans être jugé
Droit de vote: des détenus
Prison de New-Bell : des détenus victimes des pratiques sexuelles non consenties
A la prison de New Bell : Des parloirs pour riches et des
A la prison de Yabassi: adultes et mineurs logés à la même enseigne
Prison de Kondengui :
Interpellation abusive: Il paye 360 000 Fcfa pour être libéré
Des militaires abattent un jeune homme à Nkongsamba
Le trafic d’armes dans les prisons camerounaises
Douala: Hommes, femmes, enfants, entassés dans les mêmes cellules
La mort rôde dans les prisons camerounaises
Un prisonnier enchaîné se pend dans sa cellule
Mort suspecte du chef de Batcham en 2007
A l'’expiration du mandat de détention provisoire
Les droits des suspects souvent bafoués
Ces prisons où la cellule est un privilège
Me Emmanuel Pensy: Les prisons camerounaises sont des écoles de crime
Prison de Mbanga : Pauvre ration pour les pauvres
Interpellation illégale : Une victime d'arrestation abusive raconte son cauchemar
Prison de New Bell : Une visite qui peut coûter cher
Univers carcéral : les prix flambent à la prison centrale de Yaoundé
Atteinte aux droits humains : Un réfugié gardé à vue pendant sept jours à Yaoundé
Menaces sur la libération de Michel Thierry Atangana en 2012
Rapports sur le Cameroun: La vie des détenus menacée dans les prisons camerounaises
Garde à vue: des prostituées victimes de rackets policiers
Réinsertion: Jean T., ancien détenu, reprend ses études
Conditions de détention : Prisons surpeuplées et vétustes
Me Jacques Mbuny témoigne
Toutes les pages

A la prison de Yabassi: adultes et mineurs logés à la même enseigne
Adolescents et adultes endurcis vivent dans les mêmes cellules à la prison de Yabassi. Cette non séparation des catégories est contraire aux recommandations des Nations Unies sur le traitement des détenus.
Assis sur un tabouret de fortune à l’entrée de la cellule 7 qui donne sur la cour bruyante de la prison de Yabassi, Gilles Thomas Motassi, 17 ans, caresse ses cheveux roux. Incarcéré depuis trois mois pour complicité de vol, ce mineur a été contraint de changer de cellule quelques jours après son arrivée pour fuir les actes de violence de certains codétenus adultes. "Il y avait des gars qui fumaient dans la cellule 3 où j’étais", se souvient-il d’une voix grave. "Cela me dérangeait beaucoup. Quand je me plaignais, ils menaçaient de me frapper. C’est pourquoi j’ai payé ma mutation pour la cellule 7 où je me trouve avec des grands frères qui me donnent de temps en temps de bons conseils".
Nathalie ne peut se permettre le luxe de partir de l’unique cellule des femmes où elle vit avec les humeurs des pensionnaires plus âgées. "Quand elles font parfois des commentaires sur le sexe, je reste tranquille parce que je suis gênée. Mais, récemment, une femme m’a injurié pour cette attitude; elle a dit que je veux me comporter comme une sainte alors que je connais déjà les hommes. On est obligé de supporter tout ça", raconte cette mineure.

Quelques mesures…

Comme Thomas et Nathalie, les mineurs de la prison principale de Yabassi vivent dans les quartiers des adultes de même sexe, les garçons chez les hommes et les filles dans l’unique cellule du quartier des femmes. Construite dans les années 1933 pour accueillir 150 détenus, cette prison compte actuellement moins de 110 pensionnaires parmi lesquels une dizaine de mineurs. Pour empêcher les affrontements entre mineurs, l’administration a pris certaines mesures. "En l’absence d’un quartier pour mineurs, nous avons décidé d’envoyer les garçons qui affichent de bons comportements dans les cellules des personnes âgées. Quant aux indisciplinés, ils sont mélangés avec les hommes", explique Ngalani Romuald, régisseur de la prison principale de Yabassi. Mais, cette opération ne garantit rien puisque tous les détenus mineurs se partagent toujours la cour, la cuisine et les toilettes avec les adultes. "Quelques jours après mon arrivée, un jeune a attrapé une toux sèche parce qu’il dormait tout près d’un homme malade. C’est l’infirmier qui l’a soigné. Certains mineurs ne sont pas contents quand on les change de cellule. En journée, ils retrouvent leurs amis mineurs et adultes dans d’autres cellules pour jouer aux cartes et fumer parfois", explique le prévenu Gilles Thomas Motassi.

Encore insuffisantes

Dans ses règles minima de traitement des prisonniers, les Nations Unies recommandent que tout lieu de détention comporte un quartier pour chaque catégorie : les hommes, les femmes et les mineurs. Une recommandation peu suivie notamment dans les zones rurales. Ce qui révolte les défenseurs des droits humains. "Il n’est pas normal de mélanger les mineurs avec des adultes dans le même quartier. Outre les menaces, bagarres et intimidations, ce mélange est plus dangereux parce qu’il développe l’homosexualité dans la société", indique Jean Tchouaffi, président de l’association camerounaise des droits des jeunes.
A sa création, la prison principale de Yabassi ne disposait que d’un seul quartier où hommes, femmes et enfants utilisaient les mêmes commodités. Le respect de la séparation des catégories des détenus a commencé à prendre corps dans cette prison il ya seulement deux ans à la faveur d’un geste de l’Etat. "En 2009, un financement du budget d’investissement public nous a permis de faire construire un mur de séparation entre les hommes et les femmes ainsi que des toilettes dans les deux quartiers. Il faut dire qu’avant cette séparation, on n’a pas enregistré de cas de violence sur une femme par un homme parce que les gardiens étaient vigilants", se réjouit Ngalani Romuald. Des efforts qui doivent à présent se faire désormais en direction des mineurs.
Christian Locka (Jade)