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Prisons camerounaises : des univers de non-droit - Page 29

Prisons camerounaises : des univers de non-droit - Page 29

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Index de l'article
Prisons camerounaises : des univers de non-droit
Il a un métier dans la tête: la prison transforme la vie du voleur
Prison centrale de Yaoundé : deux médecins et neuf infirmiers pour 4600 détenus
Prison d’Edéa : des détenus apprennent à élever des porcs
Dérives de la garde à vue : en caleçon, dans des cachots infects
Mal nourris par la prison : les séropositifs abandonnent leur traitement
Pour l’empêcher de se suicider, Elle vit enchaînée à la prison d’Edéa
Prison de Mbouda: l’État investit pour adoucir le sort des détenus
À Bafang et Bangangté, les régisseurs agissent
Prison principale d’Edéa: petits métiers, petits sous et réinsertion
Dangers de la promiscuité carcérale: hommes, femmes, mineurs dans le même quartier
Depuis les émeutes de 2008: Pierre Essobo Andjama croupit en prison
Après des années de prison: ces détenus attendent le verdict du tribunal
Prison de New Bell: Les femmes logées à bonne enseigne
Plus de 80 mois derrière les barreaux
Copies de jugements égarées: Il a déjà fait neuf ans de prison en trop
Garde à vue abusiveà Bafoussam: Huit jours de calvaire dans une cellule puante
Faute de soins et menotté, un suspect meurt dans une gendarmerie de Douala
Pas facile d’être graciés par le président
Des détenus de Yabassi vivent de la corvée
En prison selon l'humeur du préfet
En prison selon l'humeur du préfet
Des gardiens de prison participent à des trafics
Un commerçant armé, abattu par la police
Cellules sans toilettes à Douala : des nids à maladies pour les gardés à vue.
Plus de trois ans en prison sans jugement
Ils distribuaient des tracts politiques : Dix sept jeunes arrêtés et torturés à Douala
Accusé de tortures : un commissaire de police devant le tribunal
Accusé de tortures : un commissaire de police devant le tribunal
Détention provisoire abusive: Il passe 21 mois en prison sans être jugé
Droit de vote: des détenus
Prison de New-Bell : des détenus victimes des pratiques sexuelles non consenties
A la prison de New Bell : Des parloirs pour riches et des
A la prison de Yabassi: adultes et mineurs logés à la même enseigne
Prison de Kondengui :
Interpellation abusive: Il paye 360 000 Fcfa pour être libéré
Des militaires abattent un jeune homme à Nkongsamba
Le trafic d’armes dans les prisons camerounaises
Douala: Hommes, femmes, enfants, entassés dans les mêmes cellules
La mort rôde dans les prisons camerounaises
Un prisonnier enchaîné se pend dans sa cellule
Mort suspecte du chef de Batcham en 2007
A l'’expiration du mandat de détention provisoire
Les droits des suspects souvent bafoués
Ces prisons où la cellule est un privilège
Me Emmanuel Pensy: Les prisons camerounaises sont des écoles de crime
Prison de Mbanga : Pauvre ration pour les pauvres
Interpellation illégale : Une victime d'arrestation abusive raconte son cauchemar
Prison de New Bell : Une visite qui peut coûter cher
Univers carcéral : les prix flambent à la prison centrale de Yaoundé
Atteinte aux droits humains : Un réfugié gardé à vue pendant sept jours à Yaoundé
Menaces sur la libération de Michel Thierry Atangana en 2012
Rapports sur le Cameroun: La vie des détenus menacée dans les prisons camerounaises
Garde à vue: des prostituées victimes de rackets policiers
Réinsertion: Jean T., ancien détenu, reprend ses études
Conditions de détention : Prisons surpeuplées et vétustes
Me Jacques Mbuny témoigne
Toutes les pages
Accusé de tortures : un commissaire de police devant le tribunal

François Alexandre Bekom Essomba est accusé d’avoir maltraité une femme gardée à vue dans une cellule de la Division régionale de la police judicaire de Bafoussam.

Une vingtaine d’audiences ont déjà été programmées au tribunal de cette ville. Sans résultat.

Catherine Sylvie Leukoué garde les séquelles des sévices qu’elle a subis, en 2004, dans les locaux de la Division régionale de la police judicaire à Bafoussam. Selon un de ses parents, cette ex-employée de maison chez un cadre d’une entreprise d’électricité de la ville présente quelquefois des signes de trouble mental. Notamment quand on évoque devant elle le nom de son présumé bourreau, le commissaire de police Alexandre François Békom Essomba, actuellement en service à la délégation générale de la Sûreté nationale à Yaoundé.

Arrêtée, torturée, innocentée

Les faits remontent au 11 novembre 2004, date à laquelle un vol a été perpétré chez le couple Zoa, où Sylvie Leukoué était employée de maison. Considérée comme suspecte, elle est arrêtée par la police. "Après le départ des voleurs, les policiers, dirigés par le commissaire de police Bekom Essomba Alexandre François, arrivent sur les lieux. Sans fondement juridique, le commissaire conduit ma petite sœur Leukoué au siège de la Division régionale de la police judicaire à Bafoussam, l’enferme pendant quatre jours et exerce, en personne, sur elle de multiples tortures et bastonnades à l’aide de câbles électriques. Ces exactions ont plongé la petite Leukoué dans le coma, au sein même du commissariat, comme l’atteste le certificat médico-légal établi à cet effet", soutient un parent de la victime ayant requis l’anonymat. Malgré les menaces et les tortures, Sylvie Leukoué, 19 ans au moment des faits, ne passera jamais aux aveux.
Elle est innocentée lorsqu'un présumé chef de gang, nommé Anicet, passe aux aveux complets, après deux semaines de garde à vue (du 21 décembre 2004 au 05 janvier 2005) dans les locaux de la compagnie de gendarmerie de Bafoussam II. Torturé, ce dernier aurait rendu 80% des effets volés à M. Zoa. Mais les policiers ne se sont jamais donné la peine de reconnaître le tort causé à Sylvie Leukoué.

Lenteurs et tracasseries judiciaires

Et pourtant… Lors d’une audience du 17 août dernier, le juge a rejeté les exceptions introduites par le commissaire Alexandre François Békom Essomba qui sollicitait, avec l’appui du représentant du ministère public, Désiré Mbénoun, de ne pas être jugé sur place. Depuis 2006, une vingtaine d’audiences ont déjà été programmées au tribunal de Bafoussam. Sans résultat. La prochaine se tiendra le 21 octobre.
La partie civile dénonce les nombreux blocages entourant cette affaire. Depuis son enrôlement au tribunal, en aout 2006, plus d’une vingtaine d’audiences ont été renvoyées pour "non signification du mandement au prévenu". L’affectation du commissaire Bekom Essomba de la police judicaire de Bafoussam au commissariat de sécurité publique de Mbalmayo, en octobre 2006, complique encore la procédure. "Au cours de l’audience du 15 octobre 2010, la cause est une fois de plus renvoyée pour le même motif qu’en février 2009 alors qu’il existait dans le dossier une preuve de signification du mandement au prévenu par voie d’huissier", raconte un proche de la victime.
Pour celui-ci, les faits de torture accablant le commissaire Bekom Essomba sont avérés. Cet homme en tenue avait déjà défrayé la chronique, en 2004, pour avoir ouvert le feu sur quatre journalistes de Bafoussam. La délégation générale à la sûreté nationale pourrait, par ailleurs, être désignée civilement responsable et être appelée à payer pour les nombreux abus de pouvoir reprochés à ce commissaire.
Guy Modeste Dzudie (Jade)