Jeunes : Le droit à la parole
Selon Hilaire Sikounmo, dans son ouvrage Jeunesse et Éducation en Afrique, « même si le système scolaire contrarie la famille africaine en bien de domaine, il renforce l’infirmité de l’éducation parentale en continuant de soumettre la jeunesse à une mesquine loi du silence qui hypothèque la survie même de la communauté ». Pour l’auteur de Débris de rêves, le travail d’assujettissement des enfants commence dès le bas âge dans la famille est parachevé de façon plus systématique par l’école étrangère. Cette position corrobore celle de Confucius, selon laquelle « une éducation qui exige l’obéissance aux parents et aux maîtres forme la base pour une obéissance absolue aux maîtres de la société ».
Dans nos sociétés, les jeunes n’ont presque rien à dire. Le droit à la parole est nié chez les plus jeunes. Les adultes pensent à leur place. Ils sont très souvent traités comme des animaux que le berger amène au pâturage sans leur demander quelles herbes ils veulent manger.
Comme le souligne Roger Kaffo la jeunesse scolaire "fait la fierté des autorités et c’est elle qui a défilé pour donner l’éclat approprié aux manifestations du 11 février. Que représente-telle au juste ? À 58%, elle a pu cahin-caha se hisser au niveau d’une classe de CM2. À partir du niveau 3 du secondaire, elle ne représente plus que 26% de sa classe d’âge ; au niveau terminal, à peine 5%. La grande majorité des jeunes n’a donc pas été sur les places de fête le 11 février. Où était-elle et qu’était-elle en train d’y faire pendant ce temps ? C’est son affaire. Ces jeunes-là, que le train de l’école a abandonné trop tôt sur un quai d’une gare perdu n’a pas les armes pour se frayer un chemin dans la jungle de la vie actuelle et se consume dans la débrouillardise, traquée comme des hordes de bêtes féroces par l’armée des urbanistes et des fiscalistes de la république. Leur salut se trouve dans les petits métiers informels du marché noir et du trafic en tous genres où près de 90 fois sur 100 l’échec et la misère sont au rendez-vous pour la vie. Quant à la fraction qui a pu suivre des études et glaner des parchemins, elle finit elle aussi sur le trottoir, au sens propre du terme, se prostituant dans tous les petits métiers pour gagner son bout de pain." Visiblement, au Cameroun, tous les ingrédients sont réunis pour que les jeunes partent Du trottoir à la rue comme en Tunisie et en Égypte. Profitant de la célébration de la fête nationale de la jeunesse, Germinal sort des sentiers battus et choisit de donner la parole aux jeunes de l’Association de défense des droits des étudiants au Cameroun (Addec), afin que librement, ils essayent d’évoquer certains de leurs problèmes. Ces journalistes d’un jour n’ont pas donné leur langue au chat. Avec la fougue juvénile, ils ont dit ce qu’ils avaient sur le cœur, en ce qui concerne la politique, l’engagement, la citoyenneté, l’insécurité dans les universités camerounaises, la crise de logement, la duplicité des bailleurs, entre autres.