• Full Screen
  • Wide Screen
  • Narrow Screen
  • Increase font size
  • Default font size
  • Decrease font size
Du trottoir à la rue comme en Tunisie et en Égypte - Page 4

Du trottoir à la rue comme en Tunisie et en Égypte - Page 4

Envoyer Imprimer PDF
Index de l'article
Du trottoir à la rue comme en Tunisie et en Égypte
Donner du sens à l’espérance
Pour une conscientisation des étudiants en mal d'action
Le logement estudiantin en crise au Cameroun
Au bonheur des petits métiers.
Campus : l’univers de l’insécurité
Génération sacrifiée Vs Génération privilégiée : Un débat vicieux
Du trottoir à la rue comme en Tunisie et en Égypte
Toutes les pages

Le logement estudiantin en crise au Cameroun

La place des étudiants dans la politique du renouveau sacrifiée sur l’autel des atermoiements des autorités.
41 444 bacheliers sur 71 396 candidats inscrits; soit 58,94% de réussite. Pour la session de 2010, l’office du baccalauréat du Cameroun se frotte les mains. La société civile attribue ce pourcentage en hausse à la campagne électorale du parti au pouvoir, les élections présidentielles se profilant à l’horizon. Bon gré, mal gré, les jeunes bacheliers ne crachent pas sur leur réussite, même dévaluée. Par satisfaction du travail accompli pour les uns,  par curiosité de découvrir le monde nouveau qu’est l’Université pour les autres. Ou encore par accomplissement de l’ambition d’une autonomie longtemps recherchée, se disant : « J’irai enfin vivre loin des parents qui commencent à devenir un peu trop regardant sur la gestion de mes affaires ». En réalité, l’expérience que suggère la vie solitaire d’étudiants est à mille lieues de l’imagination du calvaire lié au logement qui, bientôt, va les frapper de plein fouet.

Dès le mois d’août, l’euphorie de la réussite laisse place à l’anxiété et la réflexion sur l’inscription à l’Université. Mais, avant toute chose, il faut résoudre l’épineux et sempiternel problème de logement. Une priorité, mais aussi un impératif catégorique pour toute activité académique. Ainsi, les jeunes étudiants vont très vite avoir l’impression d’avoir été piégés. On les a félicités d’avoir obtenu le baccalauréat mais ils constatent qu’on ne s’est pas beaucoup préoccupé de ce qu’ils deviendront après. Pour le comprendre le visiteur n’a qu’à faire un tour à la cité universitaire de l’Université de Yaoundé I qui ne compte que 200 lits pour une population estudiantine estimée à 40 000 étudiants. Mieux encore, la division du logement du centre des œuvres universitaires a enregistré, pour l’année académique en cours, environ 1550 demandes de lits pour seulement 300 places disponibles. Disons 300 places supposées disponibles parce qu’en réalité, ces lits dits disponibles seraient déjà attribués à quelques proches des autorités universitaires au grand dam des miséreux désireux. Dans ce cas, le communiqué d’appel à candidature qui précède les dépôts des dossiers ne sert qu’à noyer le poisson de la corruption et des magouilles diverses. Ainsi, ne pouvant s’offrir une place à la cité universitaire où en plus les attributions sont généralement très tardives -en janvier pourtant les cours débutent en octobre de l’année précédente- ces jeunes étudiants vont se rabattre sur les mini-cités autour de l’Université, appartenant aux privés et pompeusement désignées « Zone de Résidence Universitaire(Zru)». En effet, contrairement à l’article 5, alinéa(3) de l’arrêté inter-ministériel du 30 juin 2005 portant réglementation des loyers des logements d’étudiants des Universités d’État du Cameroun, qui dispose que « La perte de la qualité d’étudiant emporte la perte du droit au renouvellement du contrat de location en zone de résidence universitaire », ces lieux sont fortement habités par des non étudiants sous le regard attentiste et complice des autorités en charge de la question. Pire encore, dans ces zones, on est comme dans une jungle où étudiants et bailleurs se livrent un combat sans merci. Pour y avoir une chambre, il faudrait d’abord braver les astuces vicieuses des prétendus agents immobiliers qui en réalité ne sont autres choses que des « ar naquo-profito-opportunistes ». Ensuite, lorsqu’on a pu trouver une chambre vide, être à la hauteur des enchères des bailleurs qui se font du beurre sur le dos des étudiants dans un contexte où la demande est outrageusement supérieur à l’offre. La grande majorité de ces bailleurs, pratiquent des prix nettement supérieurs aux prix homologués et consacrés dans la grille des loyers en ZRU de l’Université de Yaoundé I signé du 12 décembre 2007 pour le premier et le 04 octobre 2010 pour le second par le préfet du département du Mfoundi.

Morceaux choisis

« Mini-cité Doctor’s city » appartenant à Monsieur Kenfack ; prix homologué : 11 000fcfa, prix appliqué : 20 000 FCFA.

« Mini-cité de l’Entente » appartenant à Monsieur Wonkam ; prix homologué : 7 000 FCfa, prix appliqué : 10 000 FCfa. Ils sont ainsi nombreux les bailleurs qui foulent impunément aux pieds l’arrêté préfectoral qui classifie le prix des chambres en Zone de Résidence Universitaire(Zru). La seule victime de cette délinquance étant les étudiants qui se font molester au quotidien pour avoir osé citer les textes. Le cas de l’étudiante Bitang Marie Catherine (Lettre anglaise, niveau III)  tombée en syncope dans la nuit du 17/09/2010 à la suite d’une bastonnade à elle infligée par son bailleur (M. Kenfack), son épouse, son fils et son concierge est révélateur de la duplicité rampante dans ce milieu. La grille des loyers est une fuite en avant des autorités. Loin de résoudre le problème de logement contribue à exacerber les affrontements entre étudiants et bailleurs. D’autre part, les zones dites de résidence universitaire sont le théâtre d’une prolifération de bars à nulle autre pareille, entrainant une pollution sonore déconcertante. Le cambriolage et le grand banditisme y ont trouvé un terreau fertile. La surpopulation y a entrainé une promiscuité et une insalubrité notoires. N’osons pas parler du danger d’électrocution que courent les étudiants à cause de l’installation électrique anarchique orchestrée par certains bailleurs. Malheureusement, la situation n’est guère réjouissante ailleurs, car des sept Universités d’État que compte le Cameroun aujourd’hui, rares sont celles qui ont une cité universitaire. En réalité, ces cités sont symboliques. Leurs capacités d’accueil sont insignifiantes, l’État n’ayant plus construit de logement universitaire public depuis trente années, malgré l’augmentation décuplée de la population estudiantine. L’espoir d’une solution annoncée par la rumeur a fait long feu à l’Université de Yaoundé I (Université mère). L’ouverture pour l’année académique en cours des nouveaux bâtiments de 800 lits, construits par le budget d’investissement de l’enseignement supérieur sur le terrain de l’Université de Yaoundé I. Pour   des raisons inavouées, les choses trainent encore. L’Association pour la Défense des Droits Étudiants du Cameroun (Addec) et la foule des étudiants présents au meeting du 03 novembre 2010, ont fait un constat alarmant : en plus d’autres inadéquations relevées ici et là : les chambres collectives sont d’une exigüité à vous couper le souffle, pas de table d’étude, pas d’espace pour la cuisine lorsqu’on sait que les restaurants universitaires n’ouvrent leurs portes qu’en février. Bref ces bâtiments jugés irrecevables par les étudiants ont été baptisés la « cité de la honte »

Cyrille Sape
Addec



Ajouter un Commentaire


Code de sécurité
Rafraîchir