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Du trottoir à la rue comme en Tunisie et en Égypte - Page 2

Du trottoir à la rue comme en Tunisie et en Égypte - Page 2

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Index de l'article
Du trottoir à la rue comme en Tunisie et en Égypte
Donner du sens à l’espérance
Pour une conscientisation des étudiants en mal d'action
Le logement estudiantin en crise au Cameroun
Au bonheur des petits métiers.
Campus : l’univers de l’insécurité
Génération sacrifiée Vs Génération privilégiée : Un débat vicieux
Du trottoir à la rue comme en Tunisie et en Égypte
Toutes les pages
Donner du sens à l’espérance
Le souci de construire une nation prospère, la détermination à faire triompher les valeurs qui élèvent l’homme et font honneur à notre pays, ne sont pas la préoccupation exclusive de quelques élites, membres de clubs hermétiques, institutionnels ou non. Les visages séniles qu’affichent la plupart des leaders des appareils politiques – appareils politiques que l’on sait être (ou censés être) des cadres indispensables et de loin les plus importants où l’on conçoit collectivement une vision du progrès, exprime la volonté et élabore les stratégies adéquates de sa mise en œuvre à travers l’occupation des postes de responsabilité les plus sensibles au sein de l’État – est le signe du choix de confiscation de l’engagement politique par une caste dont les compétences jusqu’ici n’ont pas été à la hauteur des attentes du Cameroun. Les stratagèmes connus qui se manifestent par diverses pratiques d’embrigadement, de servitude et d’endormissement des esprits des jeunes afin de leur garantir un rôle de marionnettes malpropres, achèvent de convaincre la communauté nationale de n’accorder d’emblée aucun crédit à toute expression de leur part d’un attachement à l’idéal d’une société où se meuvent à suffisance les valeurs les plus nobles. Cet état de fait donne inéluctablement l’illusion, oui l’illusion, auprès des observateurs non avertis d’un refus, et même d’une incapacité de la vigueur juvénile de s’impliquer de manière résolue sur le long et rugueux chemin de la construction de la nation. À y voir de plus près, et en prenant en compte l’histoire politique et les acteurs qui la vivifiaient, dans la mesure où les éminents hérauts de la liberté, auteurs des pages les plus glorieuses de la lutte pour l’émancipation et la dignité de notre peuple étaient dans leur grande majorité des jeunes, l’on ne peut qu’être désolé et particulièrement amer de constater que le système actuel, qui à un moment donné de son existence s’est collé de manière pompeuse l’étiquette de « renouveau », est, conformément à la logique du système colonial qui l’a engendré, responsable de la situation regrettable de l’abandon du champ politique par une importante majorité des membres les plus frais de la communauté nationale. Le renouveau, dont les principaux animateurs, jeunes à l’époque et impopulaire encore aujourd’hui, ont bénéficié du casting orchestré par les colons d’antan, par la pollution de la mémoire collective, le culte accru de l’apolitisme, véritable stratégie d’abrutissement massif, détruit la dignité du citoyen, entretient à suffisance une démission et une complicité active de nombreux jeunes ainsi dépouillés de toute conscience éveillée, au drame du sous-développement que nous connaissons et à la pérennisation d’un système où les élites ont fait du pouvoir « rien de moins qu’une vaste machine à jouir » comme l’a dit Achille Mbebe dans la narration de ses souvenirs d’enfance (Cameroun mon pays). En effet la fameuse et honteuse phrase « l’école aux écoliers et la politique aux politiciens » du grand fauve, prédateur en chef, et le souvenir du contexte dans lequel elle fut prononcée, au même titre que la vraie fausse histoire du Cameroun enseignée à la jeunesse, à travers les programmes scolaires, les médias et autres cinquantenaire de l‘indépendance, participent de la volonté d’embastillement de l’esprit critique, l’intolérance des opinion divergentes, l’inhibition des consciences politiques, l’apologie du suivisme et la pensée dictée qui sévit en milieu scolaire et s’étend aussi, avec aisance, dans tous les espaces de la « République ». La censure voire le bannissement des esprits les plus brillants de notre nation dans le but de construire une jeunesse sans repères crédibles participe de la même logique. Le moins que l’on puisse ajouter, c’est simplement que l’autre tactique, qui constitue un pan important de cette « vision » du système, en tout temps, a consisté à appauvrir le peuple pour mieux jouir de sa sève, exploiter sa vaillance à des fins totalement opposées à ses intérêts. Le chômage chez les jeunes est à un niveau déplorable, la formation est à l’image piteuse, des infrastructures obsolètes qui plus est se raréfient au fil du temps. Des prédateurs patentés, conscients de la réalité bien explicitée par Maurice Kamto, devenu par ailleurs membre important du système, selon laquelle « la pensée ne fleurit pas sur des terres ravagées par la misère », prestes dans leurs diverses besognes malsaines, accentuent par la privatisation et la personnalisation des ressources et deniers publics, la précarité en partie responsable de la facilité avec laquelle sont organisées les motions et autres marches, non-sens, de soutien au potentat, prédateur en chef, sont constitués des charters pour des votes multiples et des brigades  d’applaudissement aussi assourdissants qu’inconsistants, aux vibrations ravageuses pour l’essor de la démocratie. Cette ambiance propice à la profusion des béni-oui-oui, où la promotion sociale est très souvent le fruit de l’adaptation et de l’inclination au vice, a ceci de particulièrement dramatique pour notre génération, qu’elle a construit dans les esprits, une sorte de préjugé qui considère tout engagement dissident chez les jeunes comme suspect, dénué de toute conviction progressiste réelle, mais par contre, motivé par le seul désir du gagne-pain. Elle laisse planer sur ces derniers, inconsciemment installés dans une léthargie légendaire, l’insulte qui consiste à laisser entendre qu’ils sont incapables de défendre avec fermeté, loyauté et intégrité des convictions qui engagent leur destin, parce que moulés dans un système où règne le pouvoir du vice et la loi du plus fort. Mais tout n’est pas perdu. Pas encore. Car, malgré la présence des aventuriers et des «arnaco-profito-opportunistes » qui foisonnent en milieu du leadership jeune et qui reflètent pitoyablement les conséquences dévastatrices du travail – reconnaissons-le, efficace – d’avilissement du renouveau, malgré les préconçus qui persistent à cet effet et suscite de la méfiance et parfois du rejet, des leaders jeunes exprimant des convictions sincères, manifestant avec ardeur un engagement progressiste, existent bel et bien et arrivent à se faire entendre dans cet environnement dont le caractère hostile à la contradiction pour des raisons de « dressage » ne souffre d’aucune ambigüité. C’est parce qu’existent ces esprits vifs et consciencieux, qui parviennent à se souscrire de ce « soufisme à la renouveau » que notre génération peu donner du sens à l’espérance.

André Benang

Addec, Source, Germinal n° 070



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