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Combien pèse le groupe Fotso ?La richesse fait des jaloux. Cet adage est connu de tous. Et aujourd’hui, certains ne s’empêchent plus de dire que le Groupe Fotso en est victime. Pour les défenseurs de cette thèse, la théâtralisation qui caractérise le retrait du passeport du milliardaire Yves Michel Fotso est à inscrire dans ce registre. Cette situation n’est pas propice à un climat d’affaires
C’est le groupe Fotso qui est visé à travers la personne d’Yves Michel. Mais l’on ne saurait oublier que ce groupe qui pèse un plus de 100 milliards de FCfa et emploie près de 50 000 personnes à travers le monde est majoritairement implanté en Afrique. Ce qui revient à dire que son éventuelle disparition ferait des mécontents non seulement dans la fratrie Fotso, mais même au-delà.
Quoique nos mémoires soient par nature oublieuses, certaines des réalisations de la famille Fotso ont forcement laissé une emprunte indélébile. D’abord l’Institut Universitaire Fotso Victor. Il s’agit de ce lourd investissement que celui qui est encore le maire de Bandjoun a bien voulu rétrocéder à l’Etat du Cameroun après l’avoir construit de ses propres millions. Aujourd’hui, cette réalisation est rentrée dans le giron de l’Etat et relève aujourd’hui du porte feuille de l’université de Dschang. Des générations y ont fait leurs armes et contribuent aujourd’hui au développement du pays. Toujours à Bandjoun, il est le bâtisseur du joyau architectural qui abrite aujourd’hui l’hôtel de ville et la sous-préfecture de Koung-khi.
La touche du fils
Loin des cameras et flashes, le fils du milliardaire n’en fait pas moins. Pour la réussite du comice agropastoral d’Ebolowa, Yves Michel Fotso a remis la somme de 5 millions de francs Cfa à l’Association des élites du Sud chargé pour la réussite de ce rendez-vous du monde rural. Selon les informations confirmées auprès de M. Jean Jacques Ndoudoumou, le trésorier de ce regroupement des élites du Sud pour la réussite du comice, YMF a contribué autant que tous les ministres de cette Région, à l’instar de Jacques Fame Ndongo ou Biyiti Bi Essam. Lors de la toute dernière réunion des élites du Sud tenue dans la salle de conférences de la Caisse Nationales de Prévoyance Sociale, le Ministre Fame Ndongo, président de ce regroupement tribal a tenu à ce que la liste des contributeurs soit rendue public. Cette décision n’a pas été respectée parce que certains ressortissants du Sud ne voudraient pas que l’opinion publique se rende compte de ce que les fils d’autres régions aient contribué autant qu’eux sinon plus. Autour du donateur, une seule raison est avancée : la réussite de l’événement. « N’oubliez pas que nous faisons dans l’agro-industrie. A force de fréquenter les agriculteurs, nous avons compris qu’ils sont aussi des seigneurs et doivent être traités avec le maximum de considération.
Dans son interview accordée à trois chaines de télévision nationales en septembre 2008, l’ex Administrateur Directeur Général de la Camair soutenait que la Commercial Bank Cameroon avait déboursé de l’argent pour permettre à la Camair de faire face aux dépenses vitales. En réalité, la Camair, selon ses déclarations devait honorer des engagements tant auprès des salariés que des assureurs. Le tout avec une trésorerie déficitaire. C’est ainsi que les entreprises familiales telles que Fermencam, Pilcam ou Safca auraient aussi été mis à contribution pour sauver une entreprise étatique en plein déclin.
Le groupe Fotso totalise des investissements au Cameroun, en France, au Tchad, à Sao Tomé, en Centrafrique et au Mali. Même si dans un Etat de droit il n’existe pas de traitement de faveur, ceci en vertu du principe juridique selon lequel les hommes sont égaux devant la loi, il convient tout de même de se demander s’il n’a pas un minimum de respect de considération à réserver aux créateurs de ricchesses et d’emploi, comme à tout citoyen jouissant de tous ces droits. Parmi la batterie de droits que nous accorde la démocratie, il y a le respect de la dignité d’autrui. Ce qui veut dire qu’aucun homme ne doit être soumis à un traitement pouvant altérer son honneur et sa dignité. C’est justement cette disposition juridique qui reste bafouée chez nous.
Du coup, l’on se met à spéculer sur les raisons de la réticence des investisseurs nationaux et étrangers à s’intéresser au Cameroun. Or, lorsqu’on déconsidère un homme d’affaires, les autres hommes d’affaires s’inquiètent, se rebiffent et se rétractent, moins d’ailleurs par simple solidarité ou convenance que par crainte d’en être aussi victime un jour. Ne dit-on pas que l’argent et les affaires n’aiment pas le bruit? C’est dire s’il est des actes que l’on pose croyant tourmenter l’autre alors que l’on crache en l’air…
Olivier Ndenkop