Chris Fomunyoh ne veut pas cautionner une mascarde électorale

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Mesdames et Messieurs,

Pendant plusieurs années, il y a eu d'intenses spéculations sur une candidature éventuelle de ma part à l'élection présidentielle d'octobre 2011.
Comme certains parmi vous peuvent le témoigner, j'ai eu à solliciter beaucoup de conseils de mes compatriotes durant la dernière décennie et notamment pendant les trois dernières années.
Pendant cette période, j'ai bénéficié énormément du soutien et des encouragements de mes compatriotes de différents horizons et de différentes régions de notre pays; et pour cela, j'en suis très reconnaissant.
J'ai aussi eu à apprécier à sa juste valeur l'attachement de mes compatriotes aux valeurs de la démocratie et de la bonne gouvernance. Je suis resté très sensible et avec beaucoup d'admiration pour le combat que mènent ceux-ci ici au bercail comme dans la diaspora, pour une démocratie véritable dans notre triangle national.
Comme j'ai eu à le dire aux medias, aux différents acteurs politiques et de la société civile depuis l'année dernière, je comptais être en parfaite communion avec mes compatriotes en octobre 2011.
En même temps, et cela depuis les deux dernières décennies, je n'ai cessé d'exprimer mes inquiétudes quant au risque d'un processus électoral bâclé, surtout compte tenu de l'historique des élections contestées dans notre pays.
J'ai toujours eu à souligner qu'à l'heure de la démocratisation, une élection ne se limite pas aux activités du jour du scrutin, mais c'est tout un processus avec plusieurs indicateurs et des étapes multiples à franchir, et dont chacune devrait bénéficier de la confiance des populations.
Dans les préparatifs du scrutin d'octobre, un certain nombre de faits se sont produits au point de bouleverser mon sens de l'équité, du fairplay et de la transparence.
Il s'agit notamment :
- du manque du consensus autour du cadre électoral depuis la révision de la constitution de 2008 qui a fait sauter le verrou sur la limitation des mandats présidentiels ;
- des contradictions sur l'interprétation de la clause concernant l'éligibilité du président en exercice;
- du débat assez polarisant sur Elecam et la perception de partialité de certains des membres de son conseil;
- de l'amendement du code électoral  visant à priver l'organe en charge de l'organisation de l'élection (Elecam) de la responsabilité de publier les résultats provisoires, comme cela se fait dans toutes les démocraties du monde ;
- et de la gestion assez opaque du chronogramme de l'élection. L'effet cumulatif de ces différentes actions a marqué mon esprit et les esprits de milliers de démocrates Cameroun
L’effet cumulatif de ces différentes actions a marqué mon esprit et les esprits de milliers de démocrates Camerounais du risque que nous courons dans un processus électoral qui semble conduit dans l’embuscade, et pressenti pour obtenir un résultat prédéterminé.
Après de multiples consultations et un examen de conscience profond, mes amis et sympathisants, les compatriotes qui me soutiennent et moi-même, avons  décidé que je ne pouvais pas, en mon âme et conscience, prêter mon nom à cet exercice.  J’ai grand espoir en mon pays ainsi qu’aux attentes très élevées par rapport à moi-même et pour ce qui est de mes compatriotes également. Je sais que nous sommes capables de faire mieux que ce qui nous est servi dans les conditions actuelles.  Nos populations et notre patrie ne demandent pas moins.  Dans les années à venir, je continuerai à m’engager aux cotes des autres compatriotes démocrates, militants des partis politiques, toutes tendances confondues, leaders et activistes de la société civile, les jeunes et les femmes, ainsi que les populations à la base, dans le monde rural notamment, pour nous assurer que notre pays retrouve la place qui devrait être la sienne parmi les démocraties émergeantes du continent et du monde.
Je vous remercie pour votre bienveillante attention.
Douala, le 13 septembre 2011
Chris Fomunyoh