Le combat en faveur des droits de l’homme est permanent

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A l'occasion de la Journée mondiale des Droits de l'homme et de l'attribution à l'Union européenne du Prix Nobel de la Paix, S.E.M. Raul Mateus Paula, Ambassadeur, Chef de délégation de l'Union européenne (UE) en République du Cameroun a convié à une réception, le 10 décembre 2012, au siège de l’UE à Yaoundé , Ambassadeurs, responsables des médias, personnalité de la société civile, représentant des administrations.

Excellence, Monsieur le Secrétaire Général au Ministère des Relations Extérieures,
Excellences, Chers collègues Ambassadeurs,
Messieurs les Présidents,
Chers représentants des administrations et des organisations de la société civile impliquées dans la défense des droits de l'homme,
Chers représentants de la presse,
Mesdames et Messieurs, Chers invités,

C'est pour moi à la fois un plaisir et un honneur de vous accueillir aujourd'hui dans les murs de notre maison, la Délégation de l'Union européenne au Cameroun, pour fêter deux événements qui nous tiennent particulièrement à cœur.
Tout d'abord, un événement qui se répète chaque année, le 10 décembre, à savoir la Journée mondiale des Droits de l'homme. Vous savez tous quelle importance l'Union européenne attache au respect des droits fondamentaux de tous les individus, hommes et femmes. Les droits de l'homme sont même un des axes centraux de la politique extérieure de l'Union européenne. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant: parmi les valeurs communes à tous les Etats membres de l'Union européenne figure bien sûr l'attachement aux droits de l'homme, tels que définis notamment par la Déclaration universelle des Droits de l'homme de 1948.


Bien entendu l'Union européenne n'a pas le monopole des droits de l'homme, et j'ajouterais que les droits de l'homme sont un combat permanent, et que même des Etats ayant une vieille tradition dans ce domaine ne sont pas à l'abri de faux pas, ce qui suppose une vigilance constante, notamment parce qu'il y a, naturellement, une tension permanente entre le respect des droits de l'homme et d'autres considérations légitimes de politique publique, comme la sécurité, la moralité publique ou la lutte contre le terrorisme ou le crime organisé. Les autorités publiques doivent donc rechercher sans cesse un point d'équilibre, délicat et jamais parfait, entre ces considérations.
Et c'est ici que la société civile organisée a un rôle crucial à jouer, et ce tant dans l'Union européenne ou dans les autres pays développés – je parle ici sous le contrôle de leurs représentants ici – que dans des pays en développement comme le Cameroun. Je voudrais donc saluer les représentants de la société civile qui sont présents parmi nous aujourd'hui,  car ils jouent un rôle essentiel au développement du respect des droits de l'homme, par le dialogue critique mais constructif qu'ils entretiennent avec les autorités. Et je n'ignore pas qu'ici comme ailleurs les représentants de la société civile, et notamment les défenseurs des droits de l'homme, prennent parfois des risques importants, pour eux-mêmes et pour les leurs, en faisant ce qu'ils pensent être leur devoir. Je tiens donc ici à les saluer pour leur engagement.
Mais je voudrais aussi saluer ceux qui, au sein de l'administration camerounaise, œuvrent, chacun à leur niveau, pour aider à faire des droits de l'homme une réalité chaque fois plus tangible. Permettez-moi donc en particulier de saluer ici le rôle d'organisations comme la Commission nationale des droits de l'homme et des libertés (CNDHL) ou la Commission nationale anti-corruption, tant il est vrai que, pour l'Union européenne, la corruption est un fléau qui empêche bien souvent l'individu de jouir pleinement de ses droits fondamentaux.
Enfin, je voudrais également saluer les collègues des autres Ambassades et organisations internationales qui partagent les valeurs et les préoccupations de l'Union européenne dans ce domaine.
Permettez-moi aussi, chers partenaires camerounais, de vous assurer que l'Union européenne continuera à être à vos côtés pour appuyer votre pays dans ses  efforts pour progresser dans la protection des droits de l'homme. Et croyez bien que nous le ferons toujours avec franchise, certes, mais dans un esprit de dialogue constructif et en dehors de toute intention de donner des leçons. Je souhaite saluer d'ailleurs à cette occasion le dialogue fructueux développé depuis plusieurs années sur ces questions avec les autorités camerounaises dans le cadre du dialogue politique structuré et souhaite qu'il puisse continuer à s'approfondir. Je ne doute pas que le Cameroun aura à cœur de profiter de son second examen périodique dans le cadre du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, au printemps prochain, pour montrer au monde qu'il prend ses engagements au sérieux et est bien décidé à continuer à progresser dans ce domaine.
Mais nous sommes également réunis ici pour célébrer un autre événement, à savoir la remise, en ce moment-même à Oslo, du Prix Nobel de la Paix 2011 à l'Union européenne, représentée par les Présidents du Conseil européen, du Parlement européen et de la Commission européenne.
C'est bien entendu un grand sujet de fierté pour tout le personnel de la Délégation de l'Union européenne au Cameroun, et je pense pouvoir affirmer que nos collègues des Ambassades et Consulats des Etats membres de l'Union européenne présents au Cameroun partagent cette fierté. L'Union européenne est en effet une œuvre collective et novatrice qui a réussi à établir un vaste espace de paix et de sécurité dans un continent qui était jadis le théâtre de conflits récurrents. C'est d'ailleurs sans doute cette dimension de l'Union européenne qui explique le mieux qu'elle continue à attirer de nombreux pays européens qui n'en sont pas encore membres, malgré les sérieuses difficultés économiques auxquelles elle fait actuellement face: comme vous le savez sans doute, l'Union européenne s'apprête à accueillir en son sein un nouvel Etat membre, la Croatie, et des négociations sont en cours avec d'autres pays candidats. Au-delà, l'Union européenne s'attèle depuis des années déjà à définir les contours d'un partenariat toujours plus étroit avec ses voisins d'Europe de l'est, du Caucase et du Bassin méditerranéen.
C'est précisément parce qu'elle a fait l'expérience des guerres fratricides que l'Union européenne attache tant d'importance au maintien et au rétablissement de la paix, mais aussi, de plus en plus, de manière préventive, à la prévention des conflits, et ce partout où la paix apparaît fragile ou menacée. Certes, nous avons la chance de vivre dans un pays qui est fier d'être un havre de paix. Mais d'autres parties de l'Afrique, y compris en Afrique centrale, ont moins de chance. C'est la raison pour laquelle l'Union européenne appuie de manière aussi déterminée les efforts de l'Union africaine et des organisations sous régionales comme la CEEAC pour développer une architecture de paix et sécurité de nature à répondre efficacement à toutes les menaces à la paix et à la sécurité. Celles-ci ne manquent hélas pas, comme nous l'ont tristement rappelé les exactions commises au début de cette année dans le Nord Cameroun par des braconniers puissamment armés impliqués dans le commerce illégal d'ivoire.Le Cameroun accueille sur son territoire deux "Ecoles nationales à vocation régionale" dans le domaine de la formation des personnels civils et militaires susceptibles d'intervenir notamment dans le cadre d'interventions menées sous l'égide de la CEEAC, de l'Union africaine ou des Nations Unies, à savoir l'Ecole internationale des forces de sécurité (EIFORCES) et le  Cours supérieur interarmées de défense (CSID). Et je suis heureux que l'Union européenne soit à même d'apporter un appui tant technique que financier au développement de ces deux institutions. Je me félicite d'ailleurs de ce que plusieurs autres Etats non africains leur apportent ou envisagent de leur apporter également un appui. L'Union européenne est bien placée pour savoir que la paix, comme  la défense des droits individuels et de la dignité humaine, se conquiert tous les jours; que rien ne remplace, dans la poursuite de ces objectifs, un dialogue sans tabous entre les autorités et la société civile, par la proximité de cette dernière avec la souffrance humaine et le rôle qu'elle peut et doit jouer pour dénoncer les injustices et des inégalités.  Enfin, l'Union européenne est profondément persuadée que les êtres humains aspirent à une vie en paix et ont droit à une même dignité indépendamment des frontières, de la couleur de leur peau, de leurs croyances ou de leurs orientations personnelles. Je vous invite donc à lever avec moi votre verre aux droits de l'homme et aux efforts de l'Union européenne en faveur de la paix, que l'attribution de ce Prix Nobel vient saluer.Je vous remercie.

 

S.E. M. Raul Mateus Paula
Yaoundé,10 décembre 2012