Après le genre épistolaire développé via ses lettres ouvertes riches en révélations croustillantes et écrites derrière les barreaux de la prison centrale de Yaoundé, Marafa Hamidou Yaya a encore sorti le grand jeu. Un jeu d’écriture savamment orchestré derrière le cachot où il est désormais embastillé au Sed. Sans stylo ni feuille de papier et encore moins de moyens de communication, l’ex-ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation (Minadt), et ancien secrétaire général de la présidence de la République du Cameroun, condamné le 22 septembre 2012 à 25 ans de prison ferme pour complicité de détournement de fonds destiné à l’achat d’un avion présidentiel accordé une interview exclusive à un média international. Et Marafa Hamidou Yaya a su trouver les mots pour expliquer le procès kafkaïen dont il est l’objet depuis quelques mois.
« La longévité au pouvoir n’est ni une bonne ni une mauvaise chose en soi. Mais, indubitablement, dans le cas de Paul Biya elle se conjugue avec l’usure, l’immobilisme et la hantise du complot ». Sur la scène politique camerounaise, « parler d’alternance revient presque à proférer un tabou, à afficher une rivalité ou à passer pour un dangereux subversif », déplore sous le sceau de l’anonymat un journaliste pourtant proche du Rdpc, le parti présidentiel. Les nombreux détenus politiques de la prison centrale de Yaoundé peuvent en témoigner.