Les élections bancales au Cameroun de A à Z
Autour des élections s'est développée toute une culture qui caractérise bien des populations africaines et qui, sans nul doute revêt d'autres dimensions sous d'autres cieux. L'expression culturelle qui en découle s'inscrit dans un système où les mots revêtent des significations un peu à l'image des institutions en place dans chaque pays comme c'est le cas pour le Cameroun. C'est qu'il y a un grand fossé entre ce qui est mis en place comme organe avec des objectifs précis définis dans les textes et ce qui se fait lors de l'application, dans la pratique. Une administration est là pour servir en toute neutralité tous les citoyens mais l'administrateur va modeler son action dans l'intérêt de celui qui a signé l'acte de sa nomination ; tout est ainsi personnalisé. L'institution dans toute sa personnalité ne vit pas et demeure une conquête pour devenir réalité. Les populations réalisent de plus en plus qu'elles sont bafouées. Au stade où nous en sommes cependant, elles agissent à travers les mots et quelquefois des comportements c'est à dire des revendications et des manifestations. Ici, encore malheureusement, ces revendications et manifestations sont vouées à l'échec. Dans la culture régnante, les manifestations ne doivent point se faire ; on ne doit pas marquer son mécontentement face au " prince " ! La démocratie ainsi a un autre sens, elle est comprise et appliquée différemment ...
Nous sommes ici au pays où les concepts qui ont leur sens, demandent des actions conséquentes par les citoyens, connaissent des exploitations des plus diverses pour répondre aux préoccupations des acteurs principaux du moment ; alors pour ceux qui, de plus en plus nombreux, attendent d'autres attitudes et résultats, face aux risques qu’ils courent, ils s’en remettent à l’humour. Derrière l’humour, il y a un drame: celui d’un peuple; il faut le vivre car les élections constituent dans toutes société la voie par laquelle peut se construire ou se détruire le bonheur de chaque membre ou toute la soicété.
Patricia Tomaino Ndam Njoya
Source: Les élections bancales au Cameroun de A à Z, Minsi,/EAE, Yaoundé, 2004, pp.15-16