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Les dossiers noirs de la République: Au moins 15000 morts en 28 ans de règne

Les dossiers noirs de la République: Au moins 15000 morts en 28 ans de règne

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Index de l'article
Les dossiers noirs de la République: Au moins 15000 morts en 28 ans de règne
Le pogrome
Parole aux acteurs
Les temps n’a pas effacé les mémoires
35 condamnés à mort exécutés à Mbalmayo
Message des leaders du «Mouvement J'Ose »
L'assassinat de l'intelligence
Le pionnier passe à la trappe
Prêtres et religieuses assassinés au Cameroun (liste non exhaustive)
Villes mortes : 100 à 400 morts sans responsables connus
Le feu, les casses et les morts
Le chemin de Damase
Monarques assassins et camarades de Paul Biya
C.O. : Paul Biya caporalise Douala
Le Renouveau catastrophique
Lettre du Cardinal Christian Tumi au Gouverneur du Littoral
Quand Biya perd le Nord
La faim justifie les moyens
Cameroun, un volcan en activité
« Le Biyaïsme est un mauvais accident de l'histoire de notre nation»
Trois crimes politiques capitaux d'Ahmadou Ahidjo dans l'histoire du Cameroun
Lettre à Sa Majesté Paul Biya, Roi du Cameroun
Toutes les pages

La République des Vampires

Combien de cadavres des Camerounais jonchent le chemin du Renouveau du fait du mépris que l'oligarchie gloutonne au pouvoir depuis 28 ans affiche à l'égard des vies humaines ? 1000, 10 000, 100 000 cadavres ? Nul ne peut avec exactitude donner le nombre exact de personnes tuées ou portées disparues depuis l'accession de Paul Biya à la magistrature suprême. Nul ne peut également nier le fait que pendant 28 ans d'un règne sans partage, beaucoup de Camerounais ont été massacrés. Que ce soit lors des émeutes sociales, des grèves estudiantines, des catastrophes naturelles, des accidents de circulation, des incendies, lors du putsch du 06 avril 1984… ou qu'il s'agisse

des assassinats commandités des intellectuels, des hommes de Dieu, des militants des partis politiques, le bilan est macabre. Près de 1500 morts en 1984; environ 400 morts pendant les villes mortes, presque 800 Camerounais tués par le Commandement opérationnel; plus de 150 morts en février 2008; plus de 200 morts à Nsam Efoulan, environ 1785 morts au lac Nyos, pratiquement 30 morts à Bakassi; des milliers de Camerounais tués sur nos routes ou lors des catastrophes naturelles. Le Saigneur Paul Biya et le Renouveau se nourrissent-ils du sang des Camerounais ?

On se serait pourtant attendu que la principale mission de Paul Biya, comme celle de tout homme politique digne et responsable qui souhaite entrer dans l'histoire comme un homme d'État, soit d'assurer constamment et à perpétuité notre sécurité et celle de nos biens, de construire et de reconstruire en permanence notre communauté politique et de rechercher les meilleures conditions de notre survie et d'une vie bonne. Même si en 28 ans de règne et de jouissance présidentielle quelques timides efforts et réformettes ont été effectués, l'on doit reconnaître que durant cette trop longue période passé à la tête de l'État, le monarque présidentiel est passé maître de la politique du verbe.

Faut-il le rappeler, lorsque Paul Biya arrive au pouvoir en 1982, il promet monts et merveilles aux Camerounais. Une frange de Camerounais adoptent son projet de société avec enthousiasme d'autant plus que dans l'ouvrage Pour le libéralisme communautaire, écrit par certains intellectuels camerounais et qui porte son nom, il annonce "l'avènement du mérite [qui] mettra fin à l'anarchie par laquelle tout le monde pouvait se retrouver partout, mais rarement la personne qu'il faut à la place qu'il faut" et souhaite "vivement" que ses compatriotes se donnent la main pour " bâtir une société saine, c'est-à-dire une société constituée d'hommes qui se plaisent dans la compagnie les uns des autres, au lieu de se percevoir plutôt comme des loups, les uns pour les autres". Aussi se propose-t-il de promouvoir: (1) " la vraie démocratie" qui ne saurait s'accommoder de " quelques formes d'oppression, de tyrannie ou de dictature des régimes civils et militaires qui, même lorsqu'ils prétendent servir les aspirations des gouvernés, sacrifient sur l'autel de l'ordre la liberté et l'égalité"; (2) le "développement véritable" dont la finalité " consiste à accorder à l'homme des conditions d'existence telle qu'il se sente réellement un homme libre et capable de le demeurer; un homme libre qui est débarrassé de toutes sortes de préjugés coloniaux, [...] un homme qui ne vit plus sous l'emprise de la superstition et des croyances déshumanisantes", un homme de principes qui refuse de se complaire dans le mensonge et la gabegie, et qui ne vit pas " sous le régime de la peur et de l'ignorance". Cette société nouvelle, plus démocratique, plus humaine qu'il appelle de tous ses vœux est celle au sein de laquelle aucun Camerounais n'aura besoin, pour exprimer ses idées et opinions de prendre la clé des champs. Les slogans: " rigueur, moralisation, intégration nationale, stade suprême de l'unité nationale" mobilisent ses compatriotes qui y croient et envisagent l'avenir avec beaucoup d'optimisme.

Très tôt cependant, les Camerounais déchantent. Ils se rendent compte que Paul Biya est un démagogue, un spécialiste du mensonge politique. Bon jouisseur et toujours en vacances, le catalogue d'illusions qu'il a faites aux Camerounais restent au stade de promesses. Face à la recrudescence du vol, du viol des conscience, du népotisme, du tribalisme, de la gabegie, des détournements des deniers publics, ils comprennent que les "valeurs morales qu'était sensé promouvoir le renouveau ont été sacrifiées sur l'autel du mercantilisme, de la corruption, de la complaisance, du trafic d'influence, du mépris pour la vie humaine, de l'humiliation comme instrument de dialogue, du crime multidimensionnel, du vagabondage politique ... tant et si bien qu'il est difficile, aujourd'hui, même à ce renouveau, d'indiquer dans ce pays un seul modèle de vertu auquel il peut s'identifier" (Njawé, 1995). De nos jours les slogans tels que: " rigueur, moralisation et intégration nationale " laissent un goût très amer dans la bouche des Camerounais. Ceux-ci sont devenus, pour la plupart des citoyens des mythes pour idiots, des dieux constamment évoqués par les partisans du régime mais que très peu adorent.

C'est que la galaxie paupolienne est peuplée de vampires, de sorciers et de cannibales. Pour reprendre les mots du philosophe Fabien Eboussi Boulaga, disons que les vampires et/ou les sorciers (noir) se nourrissent du sang et de l'énergie vitale des autres. Ils les vident de leur substance et énergie vitales jusqu'à les transformer en zombies serviles (les morts vivants) ou jusqu'à ce que mort s'en suive. Les pratiques quotidiennes de Paul Biya et de certains de ses plus proches collaborateurs obéissent au principe et à la logique du vampirisme et de la sorcellerie. Ils s'accaparent ou donnent à des sectes maléfiques occidentales de l'argent qui aurait permis la survie de nombreux camerounais sans envisager l'impact et les conséquences de ces vols qui privent les malades et des hôpitaux de médicaments, les institutions scolaires et universitaires de bibliothèques, de laboratoires, de tables blancs, de toilettes, de salles de classe et d'infirmeries, etc.

Leurs pratiques sexuelles déviantes et déshumanisantes participent de la même logique. En demandant à leurs partenaires sexuels, le plus souvent de même sexe, de se courber pour ramasser argent et promotion dans la haute administration, ils veulent non seulement dominer (avoir ou conserver la puissance qu'ils confondent avec le pouvoir), mais aussi et surtout aspirer, mieux pomper ou sucer l'énergie vitale de leurs multiples partenaires (vampirisme énergétique) en entrant en contact direct (" full contact ") avec le lieu où est logée la pointe du coccyx ou sacrum au de dessus de l'anus et que les Hindous appellent kundalini, point à partir duquel l'énergie commence son ascension dans la colonne vertébrale puis pénètre dans le système nerveux central.
Ainsi va la république de Paul Biya. Une république des vampires, des barbares où la violence et la cruauté n'épargne pas les morts et les disparus, une république où il ne suffit pas que les morts soient morts, mais où il faut " les signer (eux-mêmes et ce dont leur vie et mort avaient été le témoignage) à jamais dans l'inexistence et les exiler dans le chaos de l'innommé ", pour parler comme Achille Mbembé.

Sa Majesté Paul Biya, Roi du Cameroun, devrait écouter le sang de ses compatriotes qui crie dans un " État " où la justice, accroupie et pourrie ne dispose d'aucune indépendance véritable ; un " État " assassin et cannibale où les acteurs des crimes crapuleux et odieux se pavanent impunément en bénéficiant des réseaux de brigandage, de corruption et de concussion, après avoir confisqué les appareils de l'État.

En tout cas, Paul Biya doit se montrer capable de réconcilier les Camerounais, de surmonter les tensions et crises réelles et latentes qui secouent son régime. Ses doutes et hésitations à prendre certaines décisions et à siffler la fin de la récréation inquiètent. Si la politique est la science de la maîtrise des choses fondées sur la prévision, la projection et l'organisation, il est dangereux qu'un chef d'État (ou un homme politique) donne l'impression que les événements lui échappent et qu'il n'est plus qu'une marionnette, c'est-à-dire (en français facile) une personne que certains collaborateurs hypocrites, vicieux et ambitieux manœuvrent à leur gré et lui font faire ce qu'ils veulent. C'est ce qui fait la force des grands hommes d'État. Paul Biya un grand homme d'État ? Qu'il le prouve.
Par Jean-Bosco Talla
Source: Les dossiers et documents de Germinal. Certains articles de ce dossier ont été améliorés


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