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Les dernières folies de Paul Biya à Paris - Le Dossier

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Index de l'article
Les dernières folies de Paul Biya à Paris
Paul Biya boude l’hôtel de Sarkozy
Les reliques de l’histoire
L’appel du Crillon
La bombe de La Baule
Intercontinental : le meilleur et le pire
En court séjour privé
Paul Biya serait-il malade ?
Les fleurs du mal
Comme une vache à lait
PostSriptum
Toutes les pages

Paul Biya serait-il malade?

Le couple présidentiel avait quitté le Cameroun, le vendredi 7 mai 2010. Un départ précipité qui n'avait pas permis à l'ensemble des habituels accompagnateurs du président de la République d'embarquer dans le même avion que lui. Le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune avait pour sa part observé la plus totale discrétion sur ce déplacement présidentiel. Idem pour les deux sites internet de la présidence de la République. Des sources du palais de l'Unité indiquaient notamment qu'un blocus a été opposé par les responsables de la sécurité présidentielle pour la prise d'images du chef de l'État et de son épouse à leur départ de Yaoundé. Un départ que les mêmes sources annonçaient avoir été organisé "dans la précipitation."
Quelques jours avant le lancement des festivités des Cinquantenaires de l'indépendance et de la réunification du Cameroun, une rumeur folle selon laquelle Paul Biya est gravement malade a circulé à Yaoundé comme une trainée de poudre. Celle-ci était alimentée par le fait que le président de la République était sorti du pays, comme à l'accoutumée, pour un court séjour privé en Europe. Mais, cette fois-ci, sans tambour ni trompette : routes non barrées, pas photos ni camera de la Crtv à l'aéroport international de Nsimalen. D'aucuns ont affirmé qu'il y a eu branle-bas à l'hôpital général de Yaoundé, qui avait été envahi par les éléments de la garde présidentielle, comme si cette structure hospitalière devait accueillir un illustre malade. Mais, jusque-là, personne ne sait où se situe la vérité, tout le monde parle! Paul Biya, le chef de l'État camerounais, serait malade. En théorie, la santé du locataire provisoire du palais de l'Unité est plutôt gardée au grand secret. Mais, quelques indiscrétions se sont échappées.
Résumons : officiellement notre président va bien. Officieusement les doutes subsistent. Il est devenu très nonchalant dans sa démarche, comme si quelque chose n'allait pas. Il a l'air fatigué. Son pas n'est plus alerte. Les signes de souffrance se lisent sur son visage. Peut-être est-ce le poids de l'âge et des responsabilités. Le pire dans cette affaire reste le même : on réduit les Camerounais, à des voyeurs accrochés à des rebords de fenêtres pour distinguer ce que fait le Pouvoir, ce qu'il mange, avec qui il se marie cette nuit-là et ce qu'il va faire de nous et de notre terre. La communication institutionnelle est au Cameroun soit de la propagande, soit elle n'est pas.
Ceux qui sont payés pour gouverner le pays se comportent encore et encore comme une sorte de famille agacée par le devoir de communication et insultée par l'obligation de dire ce qui se passe. La fonction de porte-parole du gouvernement a toujours été un emploi bref car l'obligation de communiquer n'a jamais été perçue comme une obligation. Le freedom act de la démocratie américaine et l'accès à l'information restent encore aléatoires dans un pays envahi par le syndrome de la clandestinité et géré comme une lointaine plaine par un maquis souverain et avare en paroles. La réduction de tout un peuple à des ramasseurs de feuilles mortes n'est pas seulement un manquement au droit à l'information, mais une insulte qui lui est faite depuis l'Indépendance.
Source: Germinal n°058, 10 juin 2010