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Présidentielle 2018: Paul Biya est Responsable et Coupable de la Désintégration avancée du Cameroun

Présidentielle 2018: Paul Biya est Responsable et Coupable de la Désintégration avancée du Cameroun

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Index de l'article
Présidentielle 2018: Paul Biya est Responsable et Coupable de la Désintégration avancée du Cameroun
Présidentielle 2018: le pire est à venir, par Jean-Bosco Talla
Opération Epervier: un grotesque défilé de boucs-émissaires, par Hilaire Sikounmo
Peut-on vendre les oeufs pourris ad vitam aeternam? par Jean-Bosco Talla
Paul Biya ou la stratégie du fond de l'Abîme ou de l'Enfer, par Hilaire Sikounmo
Paul Biya applique à la lettre la leçon de son maître
Paul Biya, un obstacle pour la sécurité du Cameroun, par Pierre Ela
Paul Biya prend la petite porte démocratique de l'histoire
PostScriptum: Au voleur!!! Au violeur!!!, par Jean-Bosco Talla
Toutes les pages

Bullocratie
Paul Biya le Très Grand Saint Naufrageur du Cameroun n’aime pas le Cameroun. Ce sera là son seul fait de gloire après 36 printemps de galère. Ces derniers temps, son équipe et lui se manifestent par quelques tâches odorantes et soporifiques sur la nappe maculée de sang et de leurs imperfections faites de malfaçons, de médiocrité, de faiblesse, de carence, de mensonges, d'hypocrisie et de crimes odieux. Alors que tous les clignotants sont au rouge, le président de la République tarde toujours, après 56 années passées dans les hautes sphères de l’Etat à identifier la panne. Il se complait, comme dans toute bullocratie, dans une autosatisfaction. Lors de la prochaine présidentielle, le bilan des 36 années désastreuses sera soigneusement occulté ou enjolivé, les médias aux ordres seront requestionnés pour relayer « l'information ». Le gouvernement s'illustrera par la célébration de la pensée inique et se glorifiera de la vitalité de la démocrature camerounaise.
Au moment où les uns et les autres s’apprêtent à entrer en campagne, les voix discordantes ont de la peine à se faire entendre.

La justice est aux ordres. Elecam est devenu le garage des militants convaincus du Rdpc. La censure refait surface,  cette fois-ci, elle est sournoise, déguisée. Le pays est abandonné à une problématique organisation de la CAN Total 2019 avec une équipe nationale qui ne sait toujours pas à quel entraineur se vouer. Ce sport qui pourtant était utilisé comme l'opium du peuple camerounais.
La tactique du mensonge, en politique, s'est transmise de génération en génération et plusieurs croient que s'indigner d'un tel travers est, par conséquent, inutile ou constitue une perte de temps. Pourtant, même s'il y a toujours eu des injustices, il ne faut, pour rien monde, baisser les bras. Le danger est, justement, d'accepter cette politique du mensonge et de la considérer comme normale. Un risque d'autant plus grand que le mensonge tant à devenir de plus en plus subtil. Il engendre, non pas la révolte des citoyens, mais leur désenchantement.
Certains parmi ceux-ci ont été tellement trompés qu'ils ne croient plus à rien. Même aux propos et promesses de ceux qui se disent de l’opposition, surtout de cette opposition abdominale qui a très tôt montré son véritable visage.
D’autres intérieurement prient pour que Dieu ne le oublie pas, étant donné que la mort est une autre dimension de la vie.

Source: Germinal n°115, du 25 juillet 2018


Présidentielle 2018: le pire est à venir, par Jean-Bosco Talla
La candidature de Paul Biya à la présidentielle du 07 octobre 2018 est inutile. Elle est d’autant plus inutile que le prolongement de notre satrapie sclérosée constituera le moyen le plus sûr d’enfoncer le Cameroun et les Camerounais dans l’abime de la malgouvernance et de la décomposition avancée. En 36 ans de despostisme, Paul Biya a suffisamment démontré son incapacité à gouverner et à mainternir l’unité nationale si chère aux Camerounais. Méfions-nous des slogans!
Le 7 octobre 2018, comme nous l’avions annoncé dans une de nos précédentes éditions, les citoyens camerounais, ceux qui ont décidé de s’inscrire sur les listes électorales et qui pourront avant le jour du scrutin retirer leurs cartes d’électeur, iront élire le président de la République du Cameroun. A quelques semaines de cette importante échéance, M. Paul Biya, chef de l’État et président national du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), pour des raisons qui lui sont propres et par calculs politiciens, a choisi de proroger les mandats des députés et ceux des conseillers municipaux. Aussi a-t-il, par twitter interposé, et dans un message laconique, annoncé sa candidature à sa propre succession, après 36 ans passés à présidence de la République et 56 ans passés dans les hautes sphères de l’Etat, répondant selon ses propos, à l’appel de ses compatriotes et prenant à contre pieds ses camarades du parti qui avaient pensé à tort, que c’est lors d’un congrès ordinaire que le candidat du Rdpc à la présidentielle du 7 octobre 2018, sera désigné. Sur son compte twitter, on peut lire, « Chers Compatriotes du Cameroun et de la Diaspora, conscient des défis que nous devons ensemble relever pour un Cameroun encore plus uni, stable et prospère, j’accepte de répondre favorablement à vos appels pressants. Je serai Votre Candidat à la prochaine élection présidentielle ».
Il fallait bien s’y attendre, au regard de l’horrible brouhaha qui se faisait entendre autour de sa potentielle candidature
On connait la position de Paul Biya par rapport aux élections, mode par excellence de dévolution du pouvoir dans un système démocratique. A la veille des élections couplées du 22 juillet 2007, il l’avait déjà for opportunément rappelée à ses concitoyens en des termes clairs. Selon lui, les « élections libres sont le seul moyen qui permette à chacun en son âme et conscience […] de se prononcer sur le devenir d’un pays […] et qui puisse donner à tous les Camerounais une chance égale de participer à la gestion des affaires publiques ».
Autrement dit, dans l’entendement de Paul Biya, la démocratie présuppose les élections. Ses propos laissent transparaître l’idée selon laquelle un peuple ne se gouverne qu’en choisissant les femmes et les hommes à qui il confie des missions précises. « La souveraineté nationale appartient au peuple camerounais qui l’exerce soit par l’intermédiaire du président de la République et des membres du Parlement, soit par voie de référendum », dispose d’ailleurs l’article 2 de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996.
Au regard de tout ce qui s’est dit sur l’organisation et le déroulement des élections ces dernières années au Cameroun, et compte tenu du fait que plusieurs Camerounais ne croient plus à l’accession au pouvoir par les urnes, les actions quotidiennes du régime en place et celles de ses défenseurs semblent toujours s’inscrire en faux contre les discours lancinants et lénifiants de leur champion. Cette situation et leurs pratiques ont rendu plusieurs Camerounais sceptiques quant à la volonté réelle du régime en place d’organiser les élections libres, transparentes et justes au Cameroun.
Pour ces Camerounais défaitistes, toutes les dispositions ont déjà été prises pour que Paul Biya soit élu le 7 octobre 2018. Aussi estiment-ils qu’il n’est pas possible, après 58 ans de règne sans partage d’un régime d’abord dictatorial, puis pseudo-démocratique et d’un État administratif partisan, que ses dirigeants - englués dans la corruption et les privilèges matériels et sociaux, frappés pour certains d’amnésie et de sclérose intellectuelles - se prétendent encore être en mesure d’impulser et de piloter unilatéralement une nouvelle gouvernance, les réformes administratives, économiques et surtout institutionnelles qui s’imposent, pour libérer les énergies créatrices d’un peuple qui devra les juger.  
Ils pensent aussi qu’un régime - qui fait semblant d’être démocratique, mais qui ne se hâte pas pour le devenir véritablement, qui ne fait que des concessions formelles en les vidant de tout contenu - ne peut pas organiser les élections sincères et impulser les mutations profondes souhaitées par de nombreux Camerounais. Même Saint Augustin aurait douté des bonnes intentions de Paul Biya et de son régime, lui qui pensait très simplement et sans hésitation que « pour rendre un homme meilleur, il faut s’obstiner à le croire bon »
Face à ce que d’aucuns considèrent comme étant une mise en scène démocratique, il est tout de même aisé de s’interroger sur les capacités de l’opposition patriotique ou de ce qui en reste, d’impulser un changement démocratique dans notre pays. Cette opposition patriotique est encerclée par une opposition incohérente qui a privilégiée la politique abdominale. Fragilisée par des faux jetons, constituée de satellites du Rdpc, d’opportunistes et de joueurs de Pari mutuel urbain camerounais (Pmuc), de saprophytes et d’indigents intellectuels et matériels en mal d’immunité-refuge, elle s’obstine à penser qu’en allant en rang dispersé elle peut faire contrepoids à une organisation mafieuse bien huilée, constituée de l’’administration, du parti au pouvoir et ses affidés.
Répétons-le quitte à choquer, les candidats de l’opposition à la prochaine présidentielle glaneront quelques voix, principalement dans les grandes villes où les citoyens sont suffisamment  politisés, ce faisant, l’opposition ne cessera de jouer le rôle de faire valoir démocratique qu’elle a toujours joué avec le concours intéressé du pouvoir en place. Tout cela parce que cette opposition, qui versent trop facilement dans le populisme et des sophismes qui ne trompent plus grand-monde, fait semblant de ne pas comprendre l’importance des coalitions, des alliances et des regroupements stratégiques, face à un adversaire hyperpuissant qui utilise les moyens de l’État et qui fait flèche de tout bois pour conserver le pouvoir.
C’est dire si la présidentielle à venir se présente comme un jeu sans enjeux au cours duquel de nombreux Camerounais assisteront à une reconduction inutile d’un satrape dont le bilan sur tous les plans est calamiteux et dont le seul et unique projet politique est de durer et de mourir au pouvoir.
C’est d’ailleurs une lapalissade : le Cameroun va très mal. Cette Afrique en miniature se trouve aujourd’hui dans une phase critique de désagrégation et de putréfaction avancées. Il a mal à sa gouvernance politique, économique, socioculturelle et environnementale. Une situation facilitée par une clique de vampires et d’imposteurs amorphes qui ont pris en otage tous les rouages de l’État mais qui entretiennent dans l’ombre des velléités de conquête du pouvoir. Leur stratagème est fort simple : le jour, ils présentent Paul Biya comme leur idole à travers motions et émotions de soutien farfelues ; la nuit, en espérant que survienne un coup d’Etat biologique, ils affinent leurs stratégies de conquête du pouvoir.
Au moment où le charisme de certains leaders est en crise ; au moment où les querelles ethniques, de leadership effritent la cohésion nécessaire à l’élaboration des stratégies pertinentes, le moment semble venu pour un renouvellement de la pensée au sein de l’opposition et de la société civile afin que les actions à entreprendre en faveur de l’enracinement des projets de l’alternance dans un vaste mouvement social, soient efficaces.
Cet enracinement ne peut avoir lieu que si et seulement si les acteurs, mus par la conviction d’œuvrer pour l’intérêt général relèvent le défi de l’organisation qui transcende les intérêts individuels, les clivages politiques et idéologiques. On ne le dira jamais assez, on ne peut vaincre l’organisé que par l’autrement organisé.
Jean-Bosco Talla


Opération Epervier: un grotesque défilé de boucs-émissaires, par Hilaire Sikounmo
Hilaire Sikounmo, écrivain et observateur averti, n’avait pas tort, il y a quelques années, quand il disait que l’opération épervier est comme un linceul en haillons d’un Renouveau National mort-né. Avec le temps et les décisions de justice rendues, le rapprochement saute même aux yeux des sourds-muets-aveugles de naissance. Le Père très Saint du Renouveau National a besoin d’alibis pour justifier ses échecs, il a besoin d’infliger souffrances et désolation pour détourner les regards de l’opinion publique et les bailleurs de fonds sur son bilan catastrophique. Avec des procès plus ou moins métaphysiques. Et dire que Paul Biya est un excellent métaphysicien!!!
Tout d’abord l’Inquisition, ce fameux tribunal catholique de la légende. Il y a le côté décidément théâtral du procès comme de l’exécution du verdict final – pour servir d’exemple des plus dissuasifs à la populace piaillante : Candide et Pangloss sont fouettés en cadence, tout au long de leur messe solennelle de requiem ; le maître philosophe de l’Optimisme est pendu peu de temps après. A Yaoundé, arrestation musclée des Premiers de l’Etat sous caméras de télévision ; condamnation à mort en série des plus que quinquagénaires, et sexagénaires maquillée en 25, 50 ans de prison ferme.
Volonté jamais prise en défaut d’humilier les suppliciés, de les discréditer à jamais. Au XVIIe siècle, Galilée n’échappa à la pendaison sur la Place Publique de Rome, aux regards de nombreux curieux venus de tous les coins d’Europe, qu’en se dédisant « de gaîté de cœur » : « La Terre ne tournait pas ! », devait-il crier à la face du monde, une fois installé au podium. La vanité pompeuse, le pédantisme jargonnant des théologiens vedettes étaient saufs.
Ils proclamaient partout qu’il ne peut plus y avoir de vérités neuves. Dieu avait déjà tout révélé sous la plume des Prophètes, par le sang des Martyrs. Si la Terre tourne vraiment, c’est qu’on peut la voir tourner, c’est qu’elle peut se casser ; c’est que nous ne sommes pas ici chez nous ; c’est que le Bon Dieu ne nous aime pas ; c’est que c’est dans la Bible. Tant pis pour la Science éternellement aux prises corrosives avec l’obscurantisme religieux.
De son côté, les Tribunaux de Yaoundé ont du mal à prouver la culpabilité de ses condamnés de luxe. Mais s’ils paient, s’ils « remboursent », le Tribunal Criminel Spécial les libère – si le garde des sceaux n’y trouve rien à redire. Ils ont donc « avoué » leurs criminels forfaits. On leur a ainsi ôté les verres du nez. Ils ont dû faire un aller et retour du lieu de leur planque de la fortune publique dérobée au Trésor Public ; tant mieux ! Et Même libérés, ils ne sont par pour autant innocentés. Au contraire, ils demeurent aux yeux de l’Opinion des fossoyeurs de la Nation, des poules mouillées, impropres à la sélection nationale pour la course à l’Alternance Politique de tous les vœux.

Des Procès dignes de Frantz Kafka, le Prince de l’Absurde. Aux principales caractéristiques bien connues :
- les vrais procureurs-juges se font inaccessibles dans la mythologie kafkaïenne. Au Cameroun le Tout-Puissant Juge Suprême n’est jamais aperçu à l’audience ; il se contente de disposer ses pions et de tirer les ficelles depuis Etoudi, Mvomeka’a, la Baule ou Genève, sa ville receleuse d’adoption ;
- il n’est pas prévu que les juges d’instruction puissent un jour se tromper ; alors être inculpé par eux c’est déjà être condamné. Et la seule peine définitive est de mort - Capitale. Tout le procès est conçu pour y conduire, tôt ou tard. Entre-temps, avant l’heure fatidique, il n’y a de la place que pour les diverses sortes d’« atermoiements illimités », des demi-mesures toutes destinées à installer de plus en plus le justiciable, le supplicié, dans l’incertitude des lendemains ;
- pour jouer sur le même registre Biya dispose de la stratégie, de l’expertise consommée du Rouleau Compresseur : une implacable succession de « menus » procès à dormir debout, jusqu’à ce que mort s’en suive – dans l’habitude du désarroi, celui des destins confisqués, des consciences en lambeaux, d’une société déstabilisée, dépouillée de fond en comble ;
- Dieu et ses condisciples, ses archanges (dont Lucifer), ne s’amusent pas. Comment des inculpés peuvent-ils se dire innocents alors qu’ils ne connaissent pas la Loi, toute la Loi ? Peuvent-ils jamais parvenir à devenir tout ce que le Juge Suprême a derrière la tête ? Les prétentieux ! Les avocats ne sont que tolérés – pour amuser longtemps la galerie et se remplir les poches aussi. On n’est même pas sûr que la Loi les tolère vraiment. En tout cas, on les laisse gesticuler comme ils peuvent, en vraies bêtes de cirque. On verra s’ils disposent de quoi embarrasser le Juge Suprême – ne fût-ce que l’instant d’un battement de paupières.

Le côté divertissement (pascalien) du feuilleton Epervier.
Une interminable chaîne de prestidigitation juridico-policière, de production de dossiers « en béton », d’enquête administrative au sommet, de « solides » preuves bruyamment brandies – pourtant non perceptibles à l’œil nu du citoyen lambda. Il y a une trentaine d’années, la même lame de fond maffieuse en était à se déployer pour tenter de voiler le soleil aveuglant de la gabegie naissante.
« Où sont les preuves !? », avait lancé l’illustre Parrain Donateur du Gand Festin funéraire dévoyé (au vaste cimetière des martyrs de l’indépendance nationale), sur un ton courroucé de défi à un Eric Chinje qui croyait, en posant sa question « historique », ne faire que répercuter en Haut Lieu ce que le petit peuple continue de murmurer dans les chaumières.
Il dut aller ailleurs, en exil, plus ou moins volontaire, à l’étranger pour pouvoir continuer à manquer de respect aux Autorités de l’ordre établi. Flagrant délit de provocation publique de tout l’Etat en la personne de son Chef par un agent téméraire, on vous dit ! Comme s’il ne savait pas qu’il aurait suffi d’un « anodin » coup de tête de l’interviewé de marque pour que l’« insolent » arrête aussitôt de respirer.
La Série Epervier est destinée à produire sur les Camerounais tous les effets pervers d’un abcès de fixation. Qu’ils n’aient point assez de temps, de quiétude pour se sentir complètement abandonnés aux traumatismes d’un déluge de corruptions décidé à atteindre ses quarante ans, la force de l’âge – au lieu de seulement « quarante jours et quarante nuits » de la Genèse.
Quand il faut battre des records, même mythologiques, le Lion de Mvomeka’a sait s’en procurer, et « la volonté et les moyens ». On n’entre pas dans l’Histoire -  même au fin fond de sa poubelle - à pas comptés. Tant pis pour ses « chers compatriotes » qui, très naïvement, persistent à croire que l’on peut faire des omelettes sans casser des œufs. Sans décidément générer des crises à rebondissement – de consciences, économiques, sociopolitiques, et tout le reste. S’il le faut la mère-poule doit y passer. A la guerre comme à la guerre !
Tant mieux si les vingt-cinq millions de Crevettes du fond du Golfe de Guinée peuvent en rire – d’autodérision, de pitié ou de rage, peu importe ! Ça leur fait tenir encore sur leurs jambes, au moins par moments, perdre leur grise mine et croire un peu aux fumeuses Grandes Ambitions-Réalisations, à l’Emergence de 2035 des calendes camerounaises. L’Espoir fait vivre, en attendant que la foi (naïve) soulève les montagnes (de la dictature), une ancestrale sagesse du conservatisme religieux bourgeois.
Tant mieux si la Paix Sociale, l’Unité Nationale si chèrement conquises, « le rayonnement sans précédent » de notre pays dans le monde entier, doivent s’acheter à ce prix-là. Le sens du sacrifice, même suprême, le Père très Saint du Renouveau National n’a jamais cessé de l’inculquer à ses si têtus, autant ingrats qu’inconsolables « compatriotes ». Quoi qu’en pensent les « esprits chagrins » !
Qu’est-ce que ça leur coûte de se donner la petite peine de suivre l’auguste exemple rayonnant de leur Chef Suprême chaque fois démocratiquement élu qu’ils se sont donnés – toujours librement ? Qui leur a donné la Démocratie ! comme ça, pour rien, on dirait. Sans attendre qu’ils en aient clairement manifesté le désir. La Providence existe, en chair et en os ! Cherchez du côté de ce qui reste de la forêt équatoriale, au fond du Golfe de Guinée plus précisément, et vous serez édifié.
Paul Biya, comme un support attitré de l’idéologie coloniale, vu son réflexe mécanique à  ne réaliser tout à fait que tout le contraire de ce que fait espérer son idéal d’humanisme incessamment proclamé :
- L’ethnisme débridé, malignement érigé sur les cendres de ce qui est resté de l’unité nationale après la bourrasque de la répression coloniale que l’on sait ;
- Rigueur et Moralisation, en gant velouté sur la main acérée d’une gouvernance de corruption pandémique ;
- Une promesse de démocratie jamais sincèrement tenue – même par petits bouts ; à la place, un multipartisme administratif de plusieurs centaines de partis cellulaires, chacun étant implicitement constitué propriété privée de son Père Fondateur ; ils apparaissent presque tous comme autant d’excroissances nées stérilisées du parti resté unique, maintenant dit « proche du Pouvoir. »
Paul Biya, un insouciant « vacancier au pouvoir » ou un « Roi-Fainéant » ? Surtout un éternel et sombre prestidigitateur arracheur de dents.
Hilaire Sikounmo


Peut-on vendre les oeufs pourris ad vitam aeternam? par Jean-Bosco Talla

Les tenants provisoires de pouvoir au Cameroun pensent, à tort, qu’ils peuvent indéfiniment duper les Camerounais.
A cette question, apparemment simple, de prime abord et de réponse tout aussi évidente, se joue pour les Camerounaises et les Camerounais une mise en scène d’habitudes qui au  fil du temps s’inscrit dans la curialisation des mœurs politico-administratifs et laisse voir toutes les contorsions et les logiques reptiliennes  à l’origine d’une gouvernance  basée sur la roublardise, le mensonge et la mauvaise foi.
Ainsi, comment vendre des œufs pourris, est devenu le sport favori du groupe gouvernant Renouveau-Rdpc. Cela peut arriver une fois. Mais les vendre tout le temps, voilà qui pose au moins le problème de l’honnêteté dans le champ commercial et par ricochet dans le champ politique des trente six dernières années. Il faut dire que depuis l’entame du Renouveau-Rdpc, (presque) rien de ce qui a été promis n’a été réalisé. La rigueur, la moralisation sont venus inaugurer une gouvernance d’affichage, de mots et slogans soporifiques. Ce Renouveau, c’est trop peu dire, ce vaste malentendu, ce cauchemar, cette erreur originelle, ce mythe pour idiots - même si tous les partisans de Paul Biya ne le sont pas, ce dieu que tout les courtisans et ventriloques évoquent, mais auquel personne, même celui qui prétends l'incarner, ne voue un culte. Peut-être manquait-on de preuves comme l’avait fait alors savoir le président-illusionniste Biya, visiblement étonné lors d’une interview devant la rage de détournement dont on signalait déjà les prémisses.
Cela dit, la comparaison entre les marchés financiers et n’importe quel marché, dont le marché politique ou aux fruits et légumes, précise alors ce que cache l’oubli volontaire de la parole librement donnée. Dans les deux cas, le marché, quel qu’il soit, n’est là que pour permettre à une offre et à une demande de se rencontrer et de se mettre d’accord sur un prix, ici une promesse, une règle d’accord partie.
Restons maintenant sur le marché aux fruits et légumes. Imaginez qu’un vendeur ne sache pas comment se débarrasser d’un œuf pourri qui empeste son étalage, mais qu’il se refuse d’essuyer une perte en décidant de le jeter. Il utilisera alors une astuce vieille comme le monde : il cachera l’œuf pourri dans un panier de magnifiques œufs frais et vendra le tout au prix d’œufs de bonne qualité.

Un commerçant, par ricochet un politicien très à l'aise sur le marché politique, peut-il être honnête? Non! Evidemment. Toute richesse, comme tout pouvoir politique derrière lequel se cachent l'égotisme, l'égoïsme et  la volonté d'accumuler les richesses,  vient de la ruse ou de la violence (même symbolique). Toute possession, l'avoir, le pouvoir politique, sont fille et fils d'injustice et d'instinct pléonexique, pour parler comme Jankélévitch.
Pour en venir aux réalités bien camerounaises, quand l'efficacité de cette méthode devient questionnable, les thuriféraires de Nnom Ngui n'hésitent pas -  en plus de la méthode Pavlov en permanence usitée qui consiste à affirmer que tout ce que Paul Biya et son Gouvernement font est toujours bon - d'utiliser, pour duper les électeurs niais, la méthode Monoprix, c'est-à-dire une technique consistant à transformer l'amballage pour donner l'illusion de la nouveauté; cette technique destinée à faire du neuf avec du vieux, voire du très vieux. En d’autres termes et en français facile, face aux difficultés du petit peuple, le politicien, Paul Biya en premier, ne se gêne pas pour lui faire avaler les couleuvres. Il le gave de slogans, certes mobilisateurs et moralisateurs, au moment de leur déclamation, mais combien inopérante et ravageurs en termes de déception et d’insatisfaction. C'est encore ce que le président sortant et ses créatures monstrueuses réservent au peuple camerounais lors de la prochaine campagne électorale. Chassez le naturel, il revient au galop, souligne un aphorisme populaire.

L’avalanche de promesses ayant rythmées les différents mandats du Très Saint Père du Renouveau, on est au moins surpris de se rendre à l’évidence que la réalité contraste avec les engagements même répétés. C’est à croire que le monarque présidentiel, alors qu’il a l'habitude de tancer, comme un adolescent de plus de 80 ans, ses adversaires en leur trouvant des qualificatifs peu amènes dans une logorrhée jubilatoire et attentatoire, assouvit l’ambition de se mesurer au verbe qui se fait chaire. « Kund fire kund », comme dans la cosmogonie orientale. Cela saute aux yeux que, plus les promesses de l’homme-lion - du lion-paresseux comme dans la jungle où le Roi des animaux  profite et jouit des produits de la chasse à courre menée par les lionnes -  se sont faites insistantes, moins leur matérialisation a été concrète. On se souvient alors des formules qui sont devenues au fil des discours de ses créatures, autant de fétiches inopérants que des vœux pieux. A trop se prendre au sérieux, ils se prennent, leurs incantations avec, pour des deus ex machina, confondant la posture de leur idole à celle de Dieu sur terre, comme le répètent dans un élan de flagornerie, certains de ses sinistres, pardon ministres attitrés. La seule fois où Paul Biya a tenu parole, c’est quand il avait refusé la tenue de la Conférence nationale souveraine alors revendiquée par une bonne frange de Camerounais. Il avait déjà habitué ses concitoyens à se dédire à la manière de quelqu’un dont les discours n’étaient autre chose que des moments de décompression ou d’abaissement des tensions sociales accumulées par les politiques malhabiles et inopérantes qui laissent de nombreux Camerounais sur leur faim.
Pourra-t-il continuer à duper le peuple Camerounais ? Le doute est permis. D’ailleurs, la crise dite anglophone et les crises sécuritaires en lien avec les crises sociales sont venues titiller la proactivité de la gouvernance du Renouveau- Rdpc. Elles testent leur capacité d’anticipation. Elles mettent à rude épreuve l’ingénierie politique des acteurs et autres entrepreneurs politiques. Et les Camerounais payent ainsi le prix de la filouterie, de la roublardise et surtout de l’inertie, autrement dit de la gestion différée de leurs problèmes. Nul n’est éternel…
Jean-Bosco Talla

Paul Biya ou la stratégie du fond de l'Abîme ou de l'Enfer, par Hilaire Sikounmo
Touche pas à mon pouvoir ! sinon le chaos, l’Apocalypse.
Sous le sceau de la fourberie. Après une vingtaine d’années d’observation au quotidien Ahidjo s’était révélé incapable de se faire une idée claire du vrai caractère de son successeur désigné – Par Aujoulat, et finalement par lui-même, persuadé que les intérêts néocoloniaux que les deux poulains du gaullisme incarnaient allaient être préservés dans un minimum de dignité, de respect pour les intérêts supérieurs de l’Etat, du pays de Moumié et ses milliers de camarades martyrs. Il n’avait qu’à suivre dès 1961, l’avis pertinent de Eteki Mboumoua : « Inapte au commandement !!! »
Un slogan, une devise au départ appât des âmes sensibles : « Rigueur et Moralisation ! » Et sur le terrain, cinq années de tolérance administrative pour la presse, qui s’engouffre dans la brèche avec ardeur – même Cameroon Tribune , le poste national de radiodiffusion, et la jeune télévision naissante. Puis les beaux jours du Messager et consorts. Des intellectuels accourent pour l’épauler contre son prédécesseur hanté par le souci d’un certain retour aux affaires ; ils rédigent ses premiers discours, son livre fétiche : Pour le Libéralisme communautaire.
Au bout de cinq ans, il commence à les rouler dans la farine et leur préfère les militaires qui ont pu l’intimider sous le masque d’un simulacre de coup d’Etat discrètement sanglant. Puis, point de retraite pour les généraux ; assez d’argent mobilisé pour combler tout le corps – sans oublier la police. Le reste du pays peut attendre, plus trente années durant : l’éducation, la santé, l’emploi des jeunes, l’économie, la sécurité publique, …
L’art consommé de nager entre deux eaux, avant de retrouver son naturel de démolisseur en douce de tous les espoirs placés en lui : le pays profond attend la dissolution de l’UNC de triste mémoire pour élever sur ses cendres une formation politique à même de sauver le pays des séquelles d’une colonisation féroce. Le prince se limite à un geste cosmétique, à rebaptiser en RDPC le forum national de la mangeoire aujoulatiste, et prend de nouveaux appuis sur son arrière-garde ; en changeant carrément de direction pour un parcours en somnambules d’insouciants gérontocrates qui forcément traînent la patte, en caméléons amnésiques depuis lors.
Plus de trois décennies de mensonges et de fausses promesses. De cynisme ostentatoire ; de mépris hautain de la canaille et sa misère galopante. « Quand Yaoundé (Etoudi-Mvomeka) respire, le Cameroun vit ! » « Et me voici donc à Douala !!! » « Je ne commente pas les commentaires ! »
Du stalinisme tropicalisé. Pour accuser et abattre l’ennemi politique au nom des crimes que l’Accusateur en chef incarne le mieux depuis si longtemps ; sur la base desquels les réseaux occultes recrutent ses agents les plus sûrs. « Ce qui se ressemble, … » Tourmenter quelques corrompus sans rien tenter de sincèrement soutenu contre la corruption, parce qu’on en fait un mode privilégié de gouvernement. L’institution de la Cour des comptes indéfiniment repoussée.
Trente-six années d’un laxisme caractériel décapant. « Un vacancier au pouvoir ! » A la tête du pays de Um Nyobe. En contremaître quelque peu apathique, somnambule, mais des plus fidèles aux diktats des Réseaux occultes ; presque tout le temps en incessants « cours séjours privés » à l’étranger pour recevoir les ordres les plus urgents de l’heure. Il y a longtemps que le record d’Ahidjo de 120 visites à Paris en vingt-deux ans de pouvoir a été battu par son successeur ; qui n’en a plus le temps pour les sommets de l’Union Africaine, de l’Udeac, de la Cemac, pour être à Yaoundé, mais qui se précipite chaque fois pour être présent aux sommets France-Afrique et de la Francophonie. Pour voir mourir le Cameroun.
A quoi se réduit au fond le pouvoir d’un potentat du gaullisme équatorial ? Il est « sans croûte ni mie », à en croire Aimé Césaire. Jusque de quoi tenir le bâton (clouté) pour apprendre à ses sujets à vivre, à rester tranquille pendant que les multinationales pillent leur pays, à savoir jeûner, prier pour ne pas avoir trop faim ; à laisser leur avenir aux bons soins des sectes apocalyptiques.
H.S


Paul Biya applique à la lettre la leçon de son maître
A la lecture du texte ci-dessous, il suffit de substituer Ahidjo par Biya, le Nord par le Sud pour appréhender la manière de régner de Pau Biya
« […] L’habileté exceptionnelle du chef de l’Etat du Cameroun à tenir et à cultiver le secret témoigne mieux que tout de sa force de caractère. Le secret engendre la rumeur, et Ahidjo laisse courir bruits et calomnies, à commencer par toutes les intentions et motivations, souvent diffamatoires, qu’on lui prête, à l’exception des fausses nouvelles qu’il estime dangereuses pour la nation, à un titre ou à un autre. Est-il insensible aux attaques, voire masochiste? Pas le moins du monde, mais son orgueil lui interdit de répliquer ou de démentir, pis encore, de produire des preuves, ce qui serait à ses yeux s’avilir.
Recueillir des informations, on l’a vu, est chez lui une préoccupation permanente, un objectif de toutes ses audiences. Il écoute chaque jour Radio France internationale, la BBC et la Voix de l’Amérique. Il consacre du temps à la lecture des principaux quotidiens et hebdomadaires français. Il lit les rapports de police dès qu’ils lui parviennent. Il reçoit discrètement des indicateurs, de préférence lors d’un séjour privé dans le Nord, à Kribi ou sur la Côte d’Azur plutôt qu’au palais de Yaoundé. Il les écoute tout aussi attentivement que les informateurs respectables, personnalités camerounaises ou étrangères qui ont intérêt à le renseigner ou qui sont enclines au bavardage. Et il se laisse rarement intoxiquer : il est sur ses gardes, il recoupe, il demande les sources avec insistance et, s’il ne les obtient pas, il ne prend pas en compte. Toutefois, cette inquisition méticuleuse a un inconvénient : citant lui-même volontiers ses sources pour faire réagir un interlocuteur, il les tarit parfois. Car le simple « Untel m’a dit », rapporté à l’auteur du propos, incite celui-ci à tenir sa langue. Et car les proches du Président, sa femme elle-même, en viennent à lui taire des informations utiles mais improuvables, sachant qu’ils seraient accusés de colporter des ragots. »
Source : Philippe Gaillard, Ahmadou Ahidjo, Patriote et despote, bâtisseur de l’Etat camerounais, Paris, JALIVRES, 1994, p. 184.


Paul Biya, un obstacle pour la sécurité du Cameroun, par Pierre Ela
Un regard de Pierre Ela, ancien chef de service secret de 1985 à 1990.
A la fin de l’année 2017, un membre du Gouvernement qui occupe une fonction élevée au sein du parti au pouvoir, vient faire une curieuse « confidence politique » au Cardinal Tumi : « Le Chef va à nouveau se présenter au prochain scrutin présidentiel ; que devons-nous faire ? » Et le Cardinal lui répond derechef : « Vous avez l’obligation de soutenir votre Chef ». Cette « confession politique » est significative du moral et de l’esprit des membres du clan restreint du Président. Dans ce combat de l’ombre d’une rare férocité en vue de la succession quasi ouverte de Paul Biya, le locataire du Palais d’Etoudi reste passif. Je marque ma désapprobation auprès du Cardinal. Et pour cause : son précieux visiteur est celui-là même qui va vilipender Mgr Samuel Kléda, accusé d’avoir osé conseiller au Président Paul Biya de se retirer volontairement du pouvoir pour ouvrir la voie à une alternance en douceur.

La déstabilisation de Mgr Samuel Kléda
La déstabilisation contre Mgr Samuel Kléda, sur la base des faits troublants en ma possession, s’est faite en deux étapes successives : celle qui vient de se produire, la plus spectaculaire, et la précédente, plus sournoise, qui a eu lieu il y a quatre ans, au second trimestre de l’année 2014. Tout débuta, en 2014, par un curieux vol sans effraction, de l’ordinateur de service du président de la Conférence épiscopale nationale (CEN) au siège de Mvolye. Ces deux formes de déstabilisation ont un dénominateur commun : l’atteinte à la sécurité nationale du Cameroun par une organisation occulte dont j’ai identifié le cerveau. Cette organisation est directement responsable de l’assassinat de Guerandi Mbara, grand frère de Mgr Samuel Kléda, en 2013 (acte 1) et du déclenchement de la guerre « sans cause » en 2014 (acte 2). Si on y ajoute deux autres affaires qui ébranleront l’opinion publique, à savoir la tragédie d’Eséka en 2016, et l’assassinat de l’ancien évêque de Bafia, Mgr Bala, en 2017, on obtient un cocktail explosif dans lequel Paul Biya n’est plus le maitre de la situation.
Je mets en évidence, la liaison de problèmes entre la tourmente actuelle que connait le Cameroun et les tristes événements passés dont j’ai été le témoin, notamment : les assassinats des prélats et des religieuses, celle d’un laïc, et la crise anglophone.

Une affaire de subversion
En octobre 1988, un double assassinat perpétré respectivement le 2 et le 7, plonge la capitale Yaoundé et tout le pays dans l’émoi et la stupeur : l’abbé Joseph Mbassi et Me Ngongo Ottou sont assassinés. Mgr Jean Zoa, archevêque de Yaoundé, interpelle les pouvoirs publics et exige une enquête approfondie et des résultats de cette enquête. Trois ans plus tard, c’est le tour de Mgr Yves Plumey de subir le même sort. La série noire continuera par les assassinats des religieuses de Djoum.
Cette série de disparitions prend sa source au dernier trimestre de l’année 1988. De septembre 1988 à mars 1989, je diligentai, avec succès, une enquête relative au « complot en vue de l’élimination physique du Président Paul Biya ». J’étais chef du service « Action », le service de contre-espionnage de la Direction de la Surveillance du Territoire au Secrétariat d’Etat à la Sûreté Nationale. Cette enquête sensible avait été confiée, sur ordre du chef de l’Etat, au Secrétaire d’Etat à la Sûreté Nationale, monsieur Dénis Ekani. Ce dernier transmit le dossier d’enquête au directeur de la Surveillance du Territoire qui, à son tour, me le confia. Les conclusions de l’enquête que je menai me permirent d’identifier, d’une part, les membres de l’Organisation occulte responsables de ce complot, et, d’autre part, la « taupe » qui était d’intelligence avec les services secrets étrangers qui assuraient la coordination de cette conspiration macabre. Je découvris avec stupéfaction que Dénis Ekani était la « taupe » qui couvrait l’Organisation secrète dirigée, sous couverture diplomatique, par un consul étranger résidant à Yaoundé. L’abbé Joseph Mbassi et Me Ngongo Ottou en savaient un peu trop sur ce complot.
L’assassinat des religieuses de Djoum ne constitue pas un fait isolé. Il a un lien a posteriori avec les disparitions précédentes, où l’assassinat de l’abbé Joseph Mbassi a servi de détonateur. Les religieuses de Djoum ont eu connaissance, a posteriori, de l’effet dévastateur que l’affaire d’atteinte à la sécurité de l’Etat avait eu sur l’équilibre harmonieux du couple présidentiel. La Première dame, avant son contact avec ces religieuses, avait, en février 1989, pris connaissance de mon rapport d’enquête. Elle fut outrée et dépitée de découvrir l’identité des « comploteurs » contre son illustre époux : des supposés « amis » ou proches du chef de l’Etat. Ce fut le point de départ d’une longue période de déréliction et de déchirement intérieur pour la Première dame. L’histoire retiendra que l’illustre Première dame conseilla en vain son époux de quitter volontairement le pouvoir. Ce qui était apparu, au départ, comme un complot contre le Président, aura des conséquences graves et des ramifications néfastes non seulement sur l’équilibre du couple présidentiel, mais encore et surtout sur le bon fonctionnement de la sécurité nationale du Cameroun, toutes choses qui accéléreront la mal gouvernance et la corruption généralisée de l’appareil d’Etat.
Il faut dire que c’est l’assassinat de l’abbé Joesph Mbassi qui a servi de détonateur aux assassinats qui suivront. Simplement parce que l’abbé Joseph Mbassi était le rédacteur en chef du journal catholique L’Effort Camerounais. A ce titre, il collectait les informations pour le compte de son journal. Mais dans l’affaire de la sécurité de l’Etat, l’abbé Joseph Mbassi travaillait en « solo ». Sa hiérarchie n’était pas au courant de ses investigations secrètes.
J’apporte ici un témoignage poignant de Son Eminence Christian Cardinal Tumi, qui était le supérieur hiérarchique de l’abbé Joseph Mbassi. Le Cardinal me confie : « Les évêques se rendaient à Rome pour leur visite Ad Limina auprès du Saint Siège. Nous fîmes une escale à Lyon pour un briefing médiatique. Je fus surpris de rencontrer l’abbé Joseph Mbassi. Je lui dis : ‘Ta place n’est pas ici’. Il me répondit : ‘Eminence, je suis en France pour mener des investigations sur « Les Miens ».»
Les « Miens » ! Il s’agit du clan régional originaire du Centre/Sud qui projetait de prendre le pouvoir par la violence. Je touche là le point névralgique du « noyau dur » qui opère dans l’ombre contre la sécurité nationale du Cameroun de 1986 à nos jours.
Les membres de ce noyau dur sont en mutation permanente. Mais l’esprit de déstabilisation n’a pas changé. La problématique sur la cause profonde de la mal gouvernance chronique de notre pays, doublée de la corruption généralisée de l’appareil d’Etat, s’est toujours posée sur la base de deux hypothèses : qui du Président Paul Biya (hypothèse 1), ou de son entourage (hypothèse 2), est responsable de la dégradation prononcée de notre sécurité nationale ? J’énumère les faits saillants de cette entreprise hautement subversive de déstabilisation : le complot contre le chef de l’Etat dont j’ai parlé, les assassinats des prélats et des religieuses, l’assassinat des 27 soldats camerounais par d’autres soldats camerounais en novembre 2007, la déclaration de guerre contre Boko Haram, la disparition suspecte de l’ancien évêque de Bafia, la transformation maligne de la noble question anglophone en tragique guerre d’usure entre l’armée et des groupes sécessionnistes.
Les responsables de cette déstabilisation sont tous des proches collaborateurs du chef de l’Etat, soit dans le domaine de la Sécurité ou du Renseignement – cas du complot de 1988 suivi des assassinats des prélats et religieux -, soit du domaine de la Défense – cas de l’assassinat des 27 de nos soldats de l’Opération Delta, sous l’instigation du ministre de la Défense au moment des faits. Dans le processus ayant conduit le chef de l’Etat à déclarer, depuis l’extérieur, la guerre contre Boko Haram, il y a l’audacieuse initiative funeste de son ex-ministre de la Défense. Ce dernier inondait le Bureau présidentiel de notes de renseignements militaires erronées, sans possibilité de recoupement par les services spécialisés de la Délégation générale de la Sûreté nationale. Cette opération de haute subversion sans précédent dressera, trois ans plus tard, le lit des sécessionnistes anglophones.

De la « Question anglophone » à la guerre dans les Régions anglophones
Il faut remonter à la fin de l’année 2016 pour recentrer la « Question anglophone ». À la fin de l’année 2016, l’archevêque de Bamenda transmet au chef de l’Etat le Mémorandum des évêques anglophones. Les hauts prélats des deux Régions anglophones veulent que la plus haute autorité de l’Etat désamorce la bombe qui explosera et qui bloquera les écoles au début du mois de janvier 2017. Mais Paul Biya ignore la lettre des évêques anglophones. Au soir du 1er octobre 2017, certainement ébranlé par l’ampleur d’actes illégaux survenus dans les deux Régions anglophones, le chef de l’Etat lance un appel au dialogue depuis l’étranger. A son retour, Paul Biya crée, à la surprise générale, le Conseil National pour la Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme, une coquille sans textes réglementaires devant régir son fonctionnement. La manœuvre du chef de l’Etat vise à recruter et à « neutraliser » l’élite anglophone et anglophile censée être interlocutrice de la cause anglophone. Mais la manœuvre du chef de l’Etat échoue. La crise anglophone s’enflamme, et la panique s’installe. C’est alors que des proches collaborateurs du Président prennent contact avec moi et me pressent d’obtenir l’accord du Cardinal de Douala pour une rencontre avec le chef de l’Etat. Le 3 janvier 2018, Christian Cardinal Tumi donne son accord, qui est aussitôt transmis par mes soins.  Jusqu’à ce jour, l’invitation du Président est toujours attendue.

La solution à la « Question anglophone »
La solution à la « Question anglophone » passe nécessairement par la connaissance de l’histoire précoloniale de l’Afrique. La crise malienne et centrafricaine prennent leur source dans ce passé méconnu et déconstruit.
Pierre-François Gonidec, éminent constitutionnaliste français, a décrypté les formes de l’Etat en Afrique, depuis la période précoloniale jusqu’à la naissance des Etats à l’indépendance. Deux cas méritent une attention particulière : le royaume ashanti (actuel Ghana), et le Mali.
Le royaume ashanti, dit Pierre-François Gonidec, s’était formé progressivement au XVIIe siècle… Le monarque ne réussit cependant pas à créer un Etat unitaire… La politique adoptée pour gouverner l’Etat autochtone peut être résumée en un seul mot : ‘décentralisation’ »
Pierre-Francois Gonidec cite ensuite J. Ki-Zerbo (Histoire de l’Afrique noire, Paris, Hatier, p. 40) : le Mali possédait « un système très décentralisé. Son empire ressemblait à une mangue. Au centre, un noyau dur soumis à l’administration directe du roi qui y apparaissait partout de temps à autre [...] Autour de ce noyau central, une pulpe de royaumes maintenus dans une stricte dépendance, mais qui n’étaient gouvernés que par leurs chefs traditionnels [...] Enfin une troisième zone, en général périphérique, instituait la peau de ce fruit. C’étaient les royaumes subordonnés qui reconnaissaient l’hégémonie de l’empereur mais n’étaient pas organiquement et constamment reliés avec le centre » (Encyclopédie Juridique de l’Afrique, vol. 2, p. 19).
Le système britannique a su combiner avec tact et harmonie la réalité historique des Etats africains devenus ses colonies. Quand l’indépendance est octroyée à ces derniers, la forme de l’Etat est celle de l’Etat décentralisée. Pierre-François Gonidec ne parle pas de fédéralisme, mais de « décentralisation » et de « confédération ». Le fédéralisme est une forme péjorative de « décentralisation ».
Le système français a brisé les structures décentralisées des Etats pré coloniaux africains devenus colonies françaises. Au moment de l’accession de ces Etats à l’indépendance, deux options s’ouvraient à eux : l’application de la Loi-cadre de 1956 élaborée sous la IVe République dite la Loi-cadre Gaston Defferre. Pierre-Mendes France qui s’illustrera comme le libéral et l’anticolonialiste, a été l’inspirateur de la Loi-cadre. L’ancien Premier ministre français sera un redoutable antidote au Général de Gaulle, qui mettra un terme à l’application de la Loi-cadre. Et c’est cette seconde option « anti Loi-cadre » de Gaulle, élaborée par la Constitution française de 1958, qui sera imposée aux anciennes colonies françaises.
La Loi-cadre était calquée sur le modèle britannique. Elle était d’essence parlementaire et libérale. Elle institutionnalisait la forme décentralisée de l’Etat. De Gaulle, grand artisan du néocolonialisme, choisit la forme centralisée de l’Etat. Le même De Gaulle inventa la formule maligne de « présidentialisme », pour consolider le centralisme lapidaire des institutions. La mise en œuvre de cette formule « magique » de De Gaulle fut la création du mode de scrutin inique : l’élection du président de la République au suffrage universel direct. Le monarque constitutionnel voulu par De Gaulle était différent, dans  l’esprit et dans la forme, du monarque britannique. La crise malienne, centrafricaine et camerounaise trouve leur genèse dans le néo colonialisme imposé par De Gaulle.
Le cas du Cameroun est encore très particulier. Les deux Régions anglophones n’ont jamais été administrées par la France. Sous le protectorat allemand, la forme de l’administration était identique, voire renforcée, au modèle britannique.
C’est ici, qu’au-delà des contingences liées à la nature et aux circonstances, il apparait évident que Paul Biya, qui est un pur produit de Louis-Paul Aujoulat, le maitre d’œuvre de la politique de centralisation de De Gaulle au Cameroun, est ontologiquement inapte à trouver une issue favorable à la « Question anglophone ». Paul Biya, trompé par « Les Siens », a transformée non seulement la « Question anglophone » en crise ouverte, mais pire encore, en guerre fratricide entre Camerounais. Ce que l’Histoire ne lui pardonnera pas. A moins que le locataire du Palais d’Etoudi face son mea culpa, ici et maintenant.
La vieille garde de la grande famille des Forces armées et police, très soucieuse du bon équilibre de notre sécurité nationale, doit prendre ses responsabilités en accompagnant le chef de l’Etat à faire son mea culpa, dans l’élégance institutionnelle.
 En définitive, le Président Paul Biya est plus que jamais prisonnier des « Siens ». Il les maintient aux postes stratégiques de la Défense, de la Sécurité intérieure et du Renseignement. Jamais le Président Ahmadou Ahidjo n’avait procédé à un choix aussi dévastateur ! Le Président Paul Biya est un chef d’Etat qui subit les événements, là où ses partisans parlent de « silence réparateur » ou de « sagesse politique ». Le successeur de Paul Biya fera rentrer nos soldats dans leurs familles. Il libérera les prisonniers politiques. Il se réconciliera avec l’esprit du premier président de la République. Il restaurera la paix véritable, qui repose sur quatre conditions : la Vérité, la Justice, la Liberté, l’Amour.
Pierre Ela


Paul Biya prend la petite porte démocratique de l'histoire
Au lendemain de la chute du mur de Berlin en 1989 et de l’avènement de la Perestroïka, un vent de libertés souffle qui annonce le printemps des libertés pour des peuples opprimés. Il est le présage du crépuscule des dictatures et des totalitarismes. Le 20 juin 1990 à l’occasion de la 16e conférence des chefs d’État d’Afrique et de France, tenue à la Baule, François Mitterrand, tirant la leçon de ce moment capital de l’histoire contemporaine, déclarait dans son allocution marquant l’ouverture solennelle du sommet, aux dirigeants africains : « [la] démocratie […] vient d’apparaître aux peuples de l’Europe centrale comme une évidence absolue au point qu’en l’espace de quelques semaines, les régimes considérés comme les plus forts ont été bouleversés. Le peuple (est) dans les rues […] le pouvoir ancien (a cessé) toute résistance […] cette révolution des peuples […] va continuer […] ce souffle fera le tour de la planète(…) ce plus de liberté, ce ne sont pas simplement les États qui peuvent le faire, ce sont les citoyens [et] j’ai naturellement un schéma tout prêt :système représentatif, élections libres, multipartisme, liberté de la presse, indépendance de la magistrature, refus de la censure… ». À la suite de cette rencontre au sommet, beaucoup de pays africains s’ouvrent à la démocratie multipartiste. Au Cameroun, ce retour au pluripartisme va être marqué par la violence de part et d’autre des parties prenantes au jeu politique, au début des années 91. En effet, sous l’égide de la Coordination des partis politiques de l’opposition, des villes mortes vont être organisées sur toute l’étendue territoire. Les conséquences en sont terribles, socialement et économiquement, et le pays est au bord du précipice, peu s’en faut pour qu’il sombre. La Coordination revendique au départ la tenue d’une conférence nationale, qu’elle voudra souveraine par la suite. Le régime semble exsangue, et tout le monde pense alors que Paul Biya va céder. Ce n’est plus qu’une question de temps.
Jeudi 27 juin 1991. Les Camerounais attendent avec anxiété le discours de Paul Biya qui est attendu à l’hémicycle réuni en session ordinaire consacrée à l’examen du budget de l’État pour l’année législative 1991/1992. Le message est transmis en direct à la radio et à, la télévision. C’est alors que contre toute attente Paul Biya laisse tomber tel un couperet : « la conférence nationale est sans objet pour le Cameroun ». Dans les rangs de l’opposition, les réactions ne se font pas attendre. « Douala est dans la rue. Ça gronde de colère, et on peut craindre le pire » déclare alors le prince Dika Akwa Nya Bonambela, Président de l’UPC. Flambeau Ngayap de la Convention libérale dira quant à lui que « Paul Biya est tombé sur la tête ». Jean-Jacques Ekindi du Mouvement progressiste affirmera pour sa part que le discours de M. Biya est « une déclaration de guerre ». De toutes parts les réactions fusent qui en appellent à passer des « villes mortes » au « pays mort ». Une marche sur Etoudi est prévue alors pour le 5 juillet dont l’objectif est de déloger Biya et de donner le pouvoir au peuple. Cette radicalisation de l’opposition s’explique par le fait qu’elle vient de se rendre compte qu’elle a été dupée, flouée et narguée par Paul Biya. En effet, il faut remonter à quelques mois avant ce discours, entre le 30 octobre et le 13 novembre, période qui voit tenir au palais des congrès, une rencontre entre le Gouvernement, les partis politiques et la société civile, baptisée tripartite et présider par le Premier ministre d’alors Sadou Hayatou. Il est question de débattre de l’ensemble des problèmes que le pays traverse. Il est prévu notamment un « grand débat » sur la constitution qui dans la bouche de M.Kontchou Kouomeni, ministre de la communication d’alors, se transforme en « large débat » et aboutit en un comité restreint dans une salle exigüe du premier ministère duquel sortira « la constitution étriquée et corsetée » de 1996. Au sortir de la tripartite, la Coordination de l’opposition, forte des résolutions prises, lève le mot d’ordre des villes mortes. En retour, elle s’attend à ce que M. Biya tienne également ses promesses. Grande est donc sa surprise ce 27 juin quand elle réalise que Biya  vient de narguer l’opposition et le Cameroun tout entier. Sadou Hayatou lui-même n’en revient pas et se sent trahi par le président. Tout le monde à ce moment-là a eu la mémoire courte. Personne ne se souvenait alors de ce que déclara un jour feu le président Ahidjo qui disait de Biya qu’ « en plus d’être lâche, il était fourbe et hypocrite ». Paul Biya va alors réquisitionner contre la coordination les forces de 3e et 4e catégories qui empêcheront la marche du 5 juillet sur Etoudi dont les meneurs,  retranchés au domicile de Ndam Njoya à Essos,  sont assiégés. La montagne venait d’accoucher d’une souris. Les Camerounais sont loin de se douter qu’ils ne font que commencer à découvrir les visages de l’homme du 6 novembre, dont certains exégètes proclamés disent de lui qu’il a Le Prince de Machiavel comme livre de chevet.
Déjà paru dans Germinal n°105


PostScriptum: Au voleur!!! Au violeur!!!, par Jean-Bosco Talla
«Au voleur! au voleur! à l'assassin! au meurtrier! justice! juste ciel!» Qui a volé et violé la morale politique?, Qui a transformé le microscome et l’arène politique camerounais en une caverne d’Ali Baba ? N’est-ce pas le bonimenteur Paul Biya. ?
Quel est l'événement politique le plus important de ces sept dernières années. On cherche en vain. Mais ce qui nous vient à l’esprit, c’est le flot de sang qui coule et s’écoule dans le Nord-Ouest, le Sud-Ouest et dans l’Extrême Nord du Cameroun et de milliers de réfugiés ayant fui leur pays pour sauver leur vie.
En attendant, la prochaine et certaine élection du Satrape Paul Biya à la Mangeoire suprême, ce qui domine notre environnement politique, c'est la dégradation inouïe de nos mœurs politiques. Mensonges, truquages, sophismes, populismes, corruption ont fait leur lit dans notre quotidien. Germinal en a plusieurs fois fait l'écho. De nombreux Camerounais, à leurs manières franches et désabusées, n'y sont pas allés par quatre chemins, pour dénoncer, entre autres, la violation des droits humains et la boucherie humaine, devenus partie intégrante de notre vie politique.
Voyons, par exemple, le jeu pervers auquel se livrent certains acteurs politiques dits de l’opposition et le candidat Paul Biya à chaque échéance importante. Les premiers font monter les enchères au maximum avant de se décider, après de multiples tractations incestueuses, de le soutenir moyennant de fortes sommes d’argent nuitamment distribués, tandis que le second finit par laisser échapper des promesses qu'il sait ne pas pouvoir tenir : c'est le prix à payer pour l'élection. Une fois celle-là acquise, les promesses sont renvoyées aux calendes camerounaises, ou bien on agite, le feu aux fesses, de purs symboles ou quelques réformettes telles que la fameuse décentralisation en préparation.
Aussi longtemps que la démocratie électorale reposera sur des promesses, et non sur un contrat entre l'électeur et l'élu, elle ne sera rien d'autre qu'un jeu infantilisant, digne des satrapies et des monarchies de bas empire.
Mais il y a encore plus grave : il y a l'imposture permanente du microcosme politique et la scène politique transformée en caverne d'Ali Baba. Ces leaders dits de la vraie opposition, incapables de placer l’intérêt général au-dessous de leurs intérêts égoïstes, idéologiques et politiques, comme s’ils avaient signé, sur le dos du peuple dont ils prétendent défendre la cause, un deal avec Paul Biya et ses affidés, deal selon lequel ils ne s’entendront jamais pour déloger le Très Saint Père d’Etoudi dont la stratégie du fond de l’Abîme ou de l’Enfer saute même aux yeux des sourds-muets-aveugles de naissance.
Disons-le sans ambages, si l'élection est l'honneur de la démocratie, la réélection d’un homme qui a passé 36 ans au pouvoir sans résultats probants est son fléau. Le souci de la réélection est à la base de toutes les lâchetés, de toutes les faiblesses, de toutes les capitulations. Il n’y a de démocratie véritable que s’il y a organisation de la rotation des citoyens au pouvoir, afin que la vie politique cesse d'être tout pour quelques-uns et devienne quelque chose pour tous.
Jean-Bosco Talla